Les travaux du groupe Informatique et TIC de l'ASTI Un programme informatique pour le lycée Jean-Pierre Archambault L'EPI [1] a été à l'origine, à la rentrée scolaire 2007, de la création au sein de l'ASTI d'un groupe ITIC (Informatique et technologies de l'information de la communication) [2]. L'objectif de ce groupe est de contribuer à ce que l'informatique devienne une discipline scolaire à part entière pour tous les élèves, au lycée en particulier. Il a notamment élaboré, suite à une entrevue au cabinet du Ministre de l'Éducation [3], un projet de programme pour les sections scientifiques du lycée, dans le contexte de la « réforme du lycée » actuellement en cours. Objet et/ou outil d'enseignement Enseigner l'informatique en tant que telle, ou pas : un vieux et vif débat qui, depuis les années 70, accompagne le développement de l'informatique pédagogique. Nous rappellerons que dans les années 80, il y avait dans les lycées une option informatique, d'enseignement général, qui donnait satisfaction. Ce qui n'a pas empêché qu'on la supprime une première fois en 1992 et une seconde fois en 1998, pour de mauvaises raisons, après qu'elle ait été rétablie en 1995, alors qu'elle était en voie de généralisation au début de la décennie 90. Si, au fil des années, un consensus s'est progressivement dégagé sur l'idée que l'informatique était désormais une composante de la culture générale de « l'honnête homme » de notre époque et, à ce titre, un élément de la culture générale scolaire, les avis continuent à diverger sur les modalités pédagogiques permettant de la donner véritablement à tous les élèves. Le « nouveau » émerge toujours dans la douleur. Nous avons encore en mémoire ces discours selon lesquels l'informatique n'était qu'une mode qui passerait comme passent les modes. Mais les faits sont têtus et Internet a définitivement « tordu le cou » à ces propos. Discipline ou pas ? Deux lignes éducatives s'affrontent donc. Pour l'une, les apprentissages doivent se faire à travers les usages de l'outil informatique dans les différentes disciplines existantes. Pour l'autre, l'informatique étant partout, elle doit être quelque part en particulier, à un moment donné, sous la forme d'une discipline scolaire en tant que telle. Pour les uns l'utilisation des TIC suffit. Pour les autres, l'utilisation d'un outil, matériel ou conceptuel, ne suffit pas pour le maîtriser. Jean-Michel Bérard, Inspecteur général de l'Éducation nationale, disait sans ambages que « l'utilisation d'un outil, si fréquente et diversifiée soit-elle, ne porte pas en elle-même les éléments qui permettent d'éclairer sa propre pratique » [4]. Évitons un faux débat. Si l'informatique peut et doit être un objet d'enseignement dans le secondaire (ce qu'elle est pour une part au collège dans le cours de technologie), elle est évidemment aussi outil d'enseignement. En fait, ses statuts et enjeux éducatifs sont multiples. Outil pédagogique, l'ordinateur enrichit la panoplie des outils de l'enseignant. Il se prête à la création de situations de communication « réelles » ayant du sens pour des élèves en difficulté. Il constitue un outil pour la motivation. Il favorise l'activité... Tout cela est bien connu. L'informatique s'immisce dans des objets, des méthodes et des outils, des savoirs constitués, transformant leur « essence », et leur enseignement doit en tenir compte. C'est particulièrement vrai pour les enseignements techniques et professionnels mais, peu ou prou, toutes les disciplines sont concernées. L'ordinateur est également outil de travail personnel et collectif des enseignants, des élèves et de la communauté éducative, notamment dans le cadre des ENT. Le choix a été fait par l'institution éducative, depuis une quinzaine d'années, de l'apprentissage par l'intermédiaire des usages. On peut donc tirer un certain nombre de conclusions de la réalité telle que l'on peut la constater. Un constat Le B2i, qui concrétise l'orientation retenue, a vu le jour en 2001. Il se veut évaluation de compétences. Il est assez difficile d'avoir des chiffres sur le nombre d'élèves réellement concernés. De plus, les pourcentages que l'on peut trouver ici et là sont très variables, d'une manière globale et selon les académies. De l'avis général, les résultats observés sont plus que modestes. On pourra se référer aux chiffres donnés en décembre 2006 par le Baromètre Délégation aux Usages Internet. Médiamétrie [5]. Le B2i a été rendu obligatoire pour la session 2008 du brevet. Il y aura beaucoup à dire sur la tournure prise par les évènements. On vient d'assister à des attributions massives et systématiques afin que les élèves ne soient pas recalés à l'examen. Le B2i s'est révélé être une machine administrative, donnant lieu à des « courses à la croix » sans réalités ni finalités pédagogiques. Un résultat prévisible Cela doit-il étonner ? Pas vraiment. En effet, le B2i suppose implicitement un apport de connaissances mais ne dit pas où les trouver, dans quelles disciplines. Il n'est donc déjà pas évident d'organiser des apprentissages progressifs sur la durée lorsque les compétences recherchées sont formulées de manière très générale (du type « maîtriser les fonctions de base » ou « effectuer une recherche simple »), éventuellement répétitives à l'identique d'un cycle à l'autre, et que les contenus scientifiques, savoirs et savoir-faire précis permettant de les acquérir, ne sont pas explicités. Mais, quand, en plus, cela doit se faire dans des contributions multiples et partielles des disciplines, à partir de leurs points de vue, sans le fil conducteur de la cohérence didactique des outils et notions informatiques, par des enseignants insuffisamment formés, on imagine aisément le caractère ardu de la tâche au plan de l'organisation concrète. Ainsi, un rapport de l'IGEN souligne-t-il que, « si différentes circulaires précisent les compétences qui doivent être validées et le support de l'évaluation (feuille de position), elles laissent néanmoins dans l'ombre de l'autonomie les modalités concrètes de mise en oeuvre » [6]. Pour se faire une idée de ces difficultés, il suffit d'imaginer l'apprentissage du passé composé et du subjonctif qui serait confié à d'autres disciplines que le français, au gré de leurs besoins propres (de leur « bon vouloir »), pour la raison que l'enseignement s'y fait en français. Handicaps et pénuries Il y a en France, comme dans l'ensemble des pays développés, une pénurie d'informaticiens qualifiés, un niveau non optimal en informatique des ingénieurs en général. Ainsi Gilles Dowek, professeur d'informatique à l'École Polytechnique, fait le constat du faible niveau en informatique des ingénieurs généralistes en France, et de « nos étudiants, comparés à leurs camarades indiens et chinois, bien entendu, mais aussi européens » [7]. Le Syntec Informatique souligne le manque d'attractivité des métiers de l'informatique chez les jeunes. Dans leur rapport sur l'économie de l'immatériel, Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet soulignent que, dans l'économie de l'immatériel, « l'incapacité à maîtriser les TIC constituera (...) une nouvelle forme d'illettrisme, aussi dommageable que le fait de ne pas savoir lire et écrire ». Ils mettent en évidence les obstacles qui freinent l'adaptation de notre pays à l'économie de l'immatériel, notamment « notre manière de penser », invitant à changer un certain nombre de « nos réflexes collectifs fondés sur une économie essentiellement industrielle ». Ils citent l'édition de logiciels parmi quatre technologies représentatives des enjeux de la croissance des années à venir. Ils insistent « sur le risque qu'induit également la capacité trop faible de notre système d'enseignement secondaire à répondre aux exigences de l'économie de l'immatériel dans le contenu même des formations dispensées... ». C'est l'informatique, pour ne prendre que ces exemples, qui a récemment fait faire de très spectaculaires progrès à l'imagerie médicale et qui permet ceux de la génétique. Elle modifie progressivement, et de manière irréversible, notre manière de poser et de résoudre les questions dans quasiment toutes les sciences expérimentales ou théoriques qui ne peuvent se concevoir aujourd'hui sans ordinateurs et réseaux. Elle change la manière dont nous voyons le monde et dont nous nous voyons nous-mêmes. Or l'on connaît la crise générale des vocations scientifiques, informatiques en particulier. Exercice de la citoyenneté Tous ces constats amènent à penser que les réponses apportées par le système éducatif en matière de culture générale informatique ne sont pas à la hauteur des enjeux et des exigences de la société de l'immatériel, aux plans de la formation de « l'homme, du travailleur et du citoyen ». De plus, si l'informatique est « partout », dans la vie de tous les jours, au domicile de chacun, avec l'ordinateur personnel et l'accès à Internet ; dans l'entreprise... elle s'est également invitée au Parlement, on s'en souvient, en 2006, pour la transposition de la directive européenne sur les Droits d'auteur et les droits voisins dans la société de l'information (DADVSI), suscitant des débats complexes où exercice de la citoyenneté rimait avec technicité et culture scientifique. En effet, s'il fut abondamment question de copie privée, de propriété intellectuelle... ce fut sur fond d'interopérabilité, de DRM, de code source, de logiciels en tant que tels. La question se pose de savoir quelles sont les représentations mentales opérationnelles, les connaissances scientifiques et techniques qui permettent à tout un chacun d'exercer pleinement sa citoyenneté. Sans risque de se tromper, on peut penser que « cliquer sur une souris » ou utiliser les fonctions simples d'un logiciel ne suffisent pas à les acquérir. Nous pensons donc qu'une discipline informatique est incontournable au lycée, dans le prolongement des premiers pas faits à l'école primaire (souvenons-nous que les élèves y programmaient en Logo dans les années quatre-vingts) et du cours de technologie au collège. L'action de l'EPI et du groupe ITIC de l'ASTI Le groupe ITIC de l'ASTI a donc élaboré un programme informatique et TIC pour les sections scientifiques des lycées. Nous y reviendrons ci-après. D'autres documents seront produits ultérieurement : des programmes pour le collège, les autres sections des lycées, des propositions spécifiques pour l'école primaire. Afin de favoriser la réflexion collective, le groupe ITIC de l'ASTI a organisé un séminaire le 2 avril 2008 à Marseille, dans le cadre des Rencontres de l'Orme (Observatoire des ressources multimédia en éducation) en 2008. On en trouvera un compte rendu détaillé sur le site de l'Orme [8]. L'EPI et SPECIF (Société des Personnels Enseignants et Chercheurs en Informatique de France) ont co-organisé, les 28 et 29 mai 2008, les journées « Printemps pédagogiques », consacrées à l'enseignement de l'informatique au lycée et en L1 [9]. Les participants ont adopté à l'unanimité une déclaration indiquant qu'« un enseignement des fondements de l'informatique, par des professeurs d'informatique, doit débuter avec l'enseignement scolaire, notamment sous la forme d'une discipline à part entière au lycée ». Ils ont pris notamment connaissance du programme informatique et TIC pour les séries scientifiques du lycée, élaboré par le groupe « ITIC » de l'ASTI et ont considéré qu'« il s'agit d'une première étape vers un enseignement, diversifié selon les séries, pour tous les lycéens » [10]. Lors de l'année scolaire 2007-2008, l'EPI et le groupe ITIC-ASTI ont été reçus en diverses audiences sur « la culture informatique et l'enseignement de l'informatique ». On peut y voir la confirmation que la question est réellement posée dans la société française. L'EPI a été reçue à l'Élysée, le 25 septembre 2007, par Jean-Baptiste de Froment, conseiller technique de Nicolas Sarkozy pour l'éducation [11]. L'EPI avait interrogé les candidats à l'élection présidentielle sur l'opportunité d'un enseignement spécifique de l'informatique, complémentaire de l'approche par les différentes disciplines et activités. Nicolas Sarkozy avait répondu qu'il « considère que l'enseignement informatique prévu au socle commun des connaissances et des compétences doit être renforcé, et inclure notamment l'enseignement des bases essentielles à l'écriture de programmes informatiques ». Il proposait alors une « refonte des programmes éducatifs consacrés à l'informatique, trop centrés sur la pratique, et le renforcement des moyens consacrés à ces formations informatiques ». Pour Nicolas Sarkozy, « en se concentrant sur la pratique, on crée une génération dépendante de la technique ; en se concentrant sur la technique, on crée une génération autonome et capable d'inventer toutes sortes d'usages ». L'EPI a souligné qu'elle se reconnaissait dans de pareils propos. L'EPI a plaidé pour un enseignement spécifique de l'informatique au lycée devant la commission Attali [12], formulant deux propositions en ce sens [13]. Lors de l'audience au cabinet de Xavier Darcos mentionnée ci-dessus [3], Mark Sherringham a indiqué que, pour lui, l'approche de l'EPI revêtait un réel intérêt et qu'« elle avait du sens ». Il a demandé un document explicitant les grandes lignes d'un programme pour le lycée, qui lui a été transmis en mars 2008. Le 13 février 2008, l'EPI a rencontré Gérard Berry, professeur au Collège de France et membre de l'Académie des Sciences, qui s'est montré très préoccupé par « l'immobilisme » du système éducatif en matière d'enseignement de l'informatique. La rencontre a mis en évidence la convergence des analyses [14]. L'EPI a été auditionnée par la mission E-educ le jeudi 27 mars 2008, l'occasion de « suggérer » qu'une vraie réponse au manque d'attractivité des métiers de l'informatique serait que les élèves la « rencontrent » véritablement lors de leur scolarité [15]. Reçue par Frédéric Reiss, au nom de la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale, l'EPI a souligné qu'un enseignement de l'informatique en tant que tel était de nature à accroître la culture générale informatique et TIC des citoyens au siècle de l'information et de la communication, diversifier les approches scientifiques, susciter des vocations pour les métiers de l'informatique dont la France a de plus en plus besoin, faciliter l'intégration de l'informatique et des technologies de l'information et de la communication dans les différentes disciplines [16]. L'EPI et le groupe ITIC de l'ASTI ont été reçus, le 30 avril 2008, par François Jacq, conseiller à l'industrie auprès du Premier Ministre. L'accent a notamment été mis sur la pénurie d'informaticiens qualifiés et un niveau non optimal en informatique des ingénieurs en général [17]. Une proposition de programme (pour les sections scientifiques du lycée) On peut la consulter dans son intégralité sur le site de l'EPI [18]. Il s'agit d'un enseignement de culture générale qui se voudra essentiellement pratique (en classe dédoublée), qui apportera connaissances, savoirs et savoir-faire, qui développera l'esprit d'initiative, de création et le travail en équipe, qui établira des liens étroits avec l'ensemble des disciplines (notamment pour le choix et la réalisation des projets). Il s'inscrit dans une approche globale qui considère qu'« objet » et « outil » d'enseignement, loin de s'opposer, sont complémentaires et se renforcent mutuellement. À terme (de préférence « court »), la création d'une discipline « Informatique et Technologies de l'Information et de la Communication » va bien entendu de pair avec celles d'un CAPES et d'une Agrégation, d'un concours PLP2. Ces créations peuvent coexister avec des options « ITIC » dans les concours de recrutement des autres disciplines et la reconnaissance des compétences acquises, selon des modalités variées, par les enseignants. Le programme comporte six grands chapitres. 1) Consolidation des acquis du collège et enseignement de pré-requis en classe de seconde En début de classe de seconde, un retour sur le traitement de texte, le tableur, les logiciels de messagerie et de navigation sur le web permettra de consolider et d'approfondir les savoirs et savoir-faire acquis au collège. 2) Programmation et algorithmique Objectif : acquérir les notions de base en programmation et en algorithmique ; acquérir les savoir-faire relatifs à l'écriture et à l'exécution d'un programme simple. 3) Traitement des données Objectif : comprendre les principes du traitement et de la structuration des données. 4) Réseaux (locaux, longue distance, Internet) Objectif : dispenser des éléments de culture générale, permettant l'exercice de la citoyenneté (dans des situations comme celle de la transposition de la directive européenne DADVSI en 2006) ; développer des savoirs et savoir-faire opérationnels indispensables dans la vie quotidienne et dans l'entreprise et les administrations. 5) Ordinateur, espace et temps Objectif : comprendre qu'un calcul s'effectue dans le temps et dans l'espace. Se décline en plusieurs chapitres : architecture des ordinateurs, terminaison et complexité (sensibilisation aux notions principales en terminale scientifique). 6) Projets interdisciplinaires – conférences – stages Une réforme du lycée est en cours : une occasion à ne pas manquer pour créer cette ardente obligation qu'est un enseignement de l'informatique dans le lycée du 21e siècle. Juillet 2008 Jean-Pierre Archambault Le texte ci-dessus correspond à l'intervention de J.-P. Archambault, « présentation du groupe ITIC et des ses travaux », au troisième colloque Didapro, le 21 avril 2008. Post-Scriptum Lors de l'année scolaire 2008-2009, le long fleuve pas toujours tranquille de l'enseignement de l'informatique continue son cours. Le 29 août, une cinquantaine d'enseignants d'une vingtaine de Grandes Écoles ont adressé une lettre à la Conférence des Grandes Écoles [19]. Ils souhaitaient attirer l'attention sur « l'urgence qu'il y a à introduire un enseignement en informatique de qualité pour tous les élèves des classes préparatoires scientifiques ». Ils pointaient « un retard français et européen en recherche & développement en informatique ». Pour eux, « ce retard s'explique en grande partie par l'insuffisance de la formation en informatique des jeunes Européens et en particulier des jeunes Français ». Et cette insuffisance « handicape nos futurs ingénieurs en les privant des outils qui permettent de concevoir les systèmes industriels modernes ». Elle handicape également « nos futurs scientifiques, toutes disciplines confondues, en les privant d'outils pour comprendre le monde ». Le 24 septembre l'EPI et le groupe ITIC-ASTI (Jean-Pierre Archambault et Gilles Dowek) ont été reçus par le Recteur Jean-Paul de Gaudemar, qui pilotait la mission sur la réforme du lycée, et Érick Roser, IGEN de mathématiques. L'objet de la rencontre portait sur l'opportunité de créer un enseignement de l'informatique au lycée, une discipline de culture générale scientifique et technique ayant pour finalité de préparer les élèves à la société numérique. Jean-Paul de Gaudemar a demandé de lui faire des propositions sur ce que pourraient être un module de présentation de la discipline en seconde (semestriel de 54 heures) et des modules en première et terminale, ceux-ci étant soit thématiques soit d'« initiation et d'approfondissement ». En seconde, l'objectif est, dans une démarche exploratoire, de faire découvrir aux élèves ce qu'est l'informatique, de leur donner à voir les bases (programmation, algorithmes, traitement des données) en s'appuyant sur leurs pratiques [20]. Le Ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, a annoncé le 21 octobre dernier que, parmi les disciplines nouvelles introduites dans le cadre de la réforme du lycée, figurerait « Informatique et société numérique », indiquant qu'un module serait proposé en classe de seconde à la rentrée 2009 [21]. Un groupe d'experts ministériel a notamment auditionné Gérard Berry, professeur au Collège de France et membre de l'Académie des Sciences, Maurice Nivat, membre correspondant de l'Académie des Sciences, Gilles Dowek, professeur d'informatique à l'École Polytechnique, Monique Grandbastien, professeur d'informatique à l'Université Nancy I. L'EPI a également été reçue [22]. Le dialogue, riche et constructif, avait mis en évidence un consensus sur les contenus scientifiques et techniques à enseigner. L'EPI a proposé une table ronde à l'occasion du salon Educatice 2008 intitulée « Comment donner une culture générale informatique à tous les élèves ? » [23]. Gérard Berry y a fortement insisté sur la différence essentielle qui existe entre la « consommation » et la « création » d'informatique. Il a rappelé que, dans le monde, plus de 30 % de la R&D était consacré à l'informatique (la France est en deçà). Il a posé la question de savoir si notre pays se destinait à utiliser des produits conçus et réalisés par d'autres. Dans cette même table ronde, Gilles Dowek a demandé de se souvenir que les sciences physiques étaient devenues une matière scolaire car elles sous-tendaient les réalisations de la société industrielle (mécanique, électricité...). Or le monde moderne « se numérise » à grands pas. Ce qui a valu, et vaut toujours pour la physique, vaut aujourd'hui pour l'informatique (et ses fondamentaux : algorithmique, programmation, théorie de l'information, architecture des matériels et réseaux). Gilles Dowek a souligné que ces concepts existent depuis très longtemps déjà, les mêmes depuis les années trente, et qu'il s'agit donc de connaissances stables. En décembre, lors du Forum Mondial du libre 2008, dans une session consacrée à la formation, Roberto Di Cosmo indiquait qu'« écrire un programme » et « bien écrire un programme » étaient deux choses fort différentes [24]. Or l'on sait que le lycée est à la fois un moment de la vie et un lieu où naissent bien des vocations. En décembre toujours, le report à la rentrée 2010-2011 de la réforme lycée était annoncé. Si la création du module « Informatique et société numérique » en classe de seconde s'inscrit dans le cadre de cette réforme, il n'en demeure pas moins que la nécessité d'un enseignement de l'informatique à notre époque est d'évidence indépendante de l'analyse que les uns et les autres peuvent faire de la dite réforme. Pour relever les défis de la société et de l'économie numériques, une solide culture générale informatique de nature scientifique et technique est incontournable : être un simple consommateur d'internet ne suffit pas. Affaire à suivre... NOTES [1] Association Enseignement Public et Informatique (EPI). [2] Fédération des Associations des Sciences et Techniques de l'Information (ASTI). [3] L'EPI a été reçue le 12 décembre 2007 par Mark Sherringham, Inspecteur général de l'Éducation nationale, Conseiller au cabinet du ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos. [4] Jean-Michel Bérard, « Ordinateur et système éducatif : quelques questions » in Utilisations de l'ordinateur dans l'enseignement secondaire, Hachette Éducation, 1993. [5] En 2006, six ans après la création du B2i collège, de l'ordre de 25 % seulement des collégiens obtiennent une attestation (complète ou partielle). Environ 20 % des enseignants de collège participent activement au B2i. Moins de 10 % des enseignants utilisent les TIC de façon significative avec leurs élèves dans leur discipline. Selon Médiamétrie, si plus de 85 % des élèves de 11 à 18 ans utilisent l'ordinateur hors de l'École, 33 % disent l'utiliser « une ou deux fois par semaine », 30 % « au moins une fois par mois » et 30 % « moins souvent » dans le cadre scolaire (en classe ou au CDI). [6] L'EPLE et ses missions. Rapport à monsieur le ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. [7] G. Dowek, « Quelle informatique enseigner au lycée ? », intervention à l'Académie des Sciences du 15 mars 2005. [8] Séminaire de l'ASTI aux 13èmes Rencontres de l'Orme. [9] Société des Personnels Enseignants et Chercheurs en Informatique de France (SPECIF). [10] Déclaration SPECIF-EPI du 29 mai 2008. [11] L'association EPI défend à l'Élysée l'enseignement de l'informatique à l'École. [12] L'association EPI plaide pour un enseignement spécifique de l'informatique au lycée devant la commission Attali. [13] Le rôle de l'informatique et des technologies de l'information et de la communication (ITIC) dans la croissance de l'économie de l'immatériel. [14] L'EPI a rencontré Gérard Berry le 13-02-2008. [15] Rencontre de l'EPI avec la mission E-educ. [16] Audience EPI à la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale. [17] Audience EPI-ASTI à Matignon. [18] La formation à l'informatique et aux TIC au lycée. Proposition de programme Seconde, Première, Terminale [19] Enseigner l'informatique au lycée. Enseigner l'informatique en Classes Préparatoires. [20] On peut prendre connaissance des propositions pour le module à : [21] Réforme du lycée : point d'étape. [22] L'EPI auditionnée par le groupe d'experts pour l'élaboration du module « Informatique et société numérique » pour la classe de seconde. [23] Comment donner une culture générale informatique à tous les élèves ? [24] Open World Forum. ___________________ |
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