Émilien,
Nous avons appris avec tristesse le décès d'Émilien Pélisset survenu le 7 juillet 2023 dans sa 94e année.
Né le 10 février 1929 à Nuits-Saint-Georges (Côte d'Or), ancien élève de l'École Normale Supérieure de l'Enseignement Technique (ENSET), professeur agrégé de géographie hors classe, il avait été plusieurs années professeur de Première Supérieure au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine.
Il fut également militant du Syndicat national de l'enseignement technique (SNET) puis membre du bureau national de 1962 à 1966, date à laquelle le SNET a fusionné avec le SNES.
Passionné de tout, il avait été parmi les premiers enseignants à suivre une formation approfondie (dite formation « lourde) en informatique au Centre Éducation d'lBM en 1970-1971 et à ce titre un des fondateurs de l'EPl en janvier 1971.
En tant que responsable informatique du lycée Gabriel Fauré (Paris 13e) et membre du groupe de recherche « Informatique et Sciences Humaines » de l'lNRP de 1971 à 1980, il avait parfaitement perçu les apports de l'informatique à l'enseignement. Mais en même temps, il en voyait en praticien les difficultés et les limites : les effectifs des classes, la gadgétisation « la pratique de l'ordinateur ne donne pas la culture informatique » avait-il coutume de dire, l'insuffisance de la recherche pédagogique et de la formation initiale et continue des enseignants
Sur tous ces dossiers, il forçait à réfléchir et à intervenir auprès des pouvoirs publics.
Adhérent de l'EPl depuis sa création à laquelle il a efficacement participé, membre du bureau national de 1977 à 1989, il fut président de 1982 à 1988, puis Président d'Honneur.
Émilien était très attaché au Service public d'éducation. Plus que tout, il avait la volonté de le défendre et de l'améliorer en promouvant une informatique pédagogique de qualité. ll le faisait avec fougue et conviction. Il avait gardé de sa période syndicale au SNET une façon « musclée » d'aborder ses interlocuteurs quel que fut leur niveau hiérarchique.
J 'avoue avoir vécu quelques situations étonnantes au MEN et ailleurs.
Il fut un des corédacteur du premier éditorial du Bulletin de l'EPI dans lequel l'association se soucie de complémentarité des approches « Notre attitude doit rester accueillante à l'égard des diverses expériences pédagogiques ». Dans l'éditorial n° 48 de novembre 1987, il s'attache à rappeler ce que l'EPl entend par « Informatique pédagogique » expression que l'association utilise couramment à partir des années 80 quand toute équivoque a été levée entre « informatique outil » et « informatique objet » par la création de l'option informatique des lycées. Il s'agit pour nous d'une complémentarité entre les différents apports de l'informatique à l'enseignement c'est à dire in fine aux élèves. C'est resté le fil d'Ariane de l'EPI.
Ainsi, Émilien avait tenu à ce que l'association soit représentée au sein du Conseil Scientifique National (CSN) chargé de piloter l'option informatique. Ce fut mon rôle pendant une décennie.
En même temps, il encourageait au sein de l'EPI la création de commissions école, collège, lycée, formation, pour favoriser les échanges sur les expérimentations et réalisations pédagogiques dans les différentes disciplines. Son souci était d'améliorer la qualité de l'enseignement et de contribuer à la transformation du système éducatif en se gardant de faire de l'informatique un nouvel instrument de ségrégation scolaire et sociale.
Curieux de tout, il a signé nombre d'articles et éditoriaux qu'il venait m'apporter à domicile la veille du jour où je déposais la maquette du Bulletin chez l'imprimeur. Puis il a tenu à ce que nous signions à deux l'éditorial, une façon de me manifester sa confiance sans mots inutiles et de passer le relais.
L'EPI est fière de l'avoir eu comme président pendant six années. Puis comme président d'honneur toujours prêt à aider et à prodiguer ses conseils après son départ à la retraite.
Personnellement, je garde un souvenir inoubliable de ces années passées ensemble, lui comme président, moi comme secrétaire général. Ces années ont été très denses, achat d'un local, obtention de subventions et de décharges de service, reconnaissance officielle de l'association, audiences aux plus hauts niveaux, création de régionales académiques, liaisons avec les syndicats, et j'en passe. Ce fut en très grande partie grâce à lui.
Jacques Baudé
Secrétaire général de l'EPI de 1981 à 1994
Président 1994 - 1995
Président d'honneur
Membre d'honneur de la Société Informatique de France
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Court extrait de sa webographie
- L'éditorial du Bulletin EPI n° 1 de décembre 1971 dont Émilien Pélisset a été l'un des principaux rédacteurs : https://www.epi.asso.fr/revue/01/b01p001.htm
- Un historique écrit par Émilien Pélisset, alors président de l'EPI, « Pour une histoire de l'informatique dans l'enseignement français, premiers jalons » publié dans Système éducatif et révolution informatique (Cahiers de la FEN). Il va des débuts, dans les années 50, jusqu'au plan Informatique Pour Tous (IPT) si souvent décrié par celles et ceux qui ne l'ont pas connu.
https://www.epi.asso.fr/revue/histo/h85ep.htm
- Enseigner autrement avec l'informatique. Intervention d'Émilien Pélisset, Président de l'EPI, au colloque national « Informatique et Enseignement », (21-22 novembre 1983 à Paris).
http://www.epi.asso.fr/revue/33/b33p056.htm
- L'éditorial du Bulletin n° 48 de décembre 1987 dans lequel Émilien Pélisset, précise que l'expression INFORMATIQUE PÉDAGOGIQUE, couramment utilisée par l'association et largement reprise, a été lancée par l'EPI dès le début des années 80. Elle englobe à la fois – dans l'esprit de ses créateurs – l'informatique « outil » pour les différentes disciplines et l'informatique « objet » d'enseignement.
https://www.epi.asso.fr/revue/48/b48p003.htm
- Et les nombreux éditoriaux de la Revue et dans la bibliographie de l'EPI :
https://www.epi.asso.fr/revue/som.htm#revues
https://www.epi.asso.fr/biblio/epi_auteurs_n.htm#P
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