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ASSEMBLÉE NATIONALE
14 mai 2014

Rapport d'information
déposé par la commission
des affaires économiques sur le développement
de l'économie numérique française

Présenté par Mmes Corinne Erhel et Laure de La Raudière,
Députées

extraits
 

L'Éducation nationale se met au numérique

Dans le cadre de la réorganisation de ses services, le Ministère de l'Éducation nationale a créé, le 1er février 2014, une « direction du numérique pour l'éducation » (DNE).
...

« Dans le cadre de ce service public, la détermination du choix des ressources utilisées tient compte de l'offre de logiciels libres et de documents au format ouvert, si elle existe. »

2. « Soit ils programmeront, soit ils seront programmés » - Fleur Pellerin

La formation au numérique interroge également sur la liste des savoirs fondamentaux que l'école devrait prodiguer, et ce dès le plus jeune âge. « Apprendre à lire, à écrire, à compter... et à coder », plusieurs articles de presse ont récemment mis en avant la nécessité de renforcer l'apprentissage du code dès les premières années de la formation initiale, en primaire, reprenant ainsi la proposition formulée par Tariq Krim, pour qui apprendre à coder dès l'école primaire pourrait ainsi « susciter un éveil », de la même manière que l'on insuffle aux enfants les bases du dessin, de la musique ou de la gymnastique.

Plus largement, se pose la question de l'enseignement de l'informatique dès le plus jeune âge.

Certes, des choses ont déjà été faites. Ainsi, le « Brevet informatique et internet » dit B2i, instauré en 2000 et renouvelé maintes fois depuis , atteste du niveau acquis par les élèves dans la maîtrise des outils multimédia et de l'internet. Les élèves de l'école au lycée et les apprentis, gérés par les établissements publics locaux d'enseignement (EPLE) et les centres de formation d'apprentis (CFA), sont concernés par cette attestation. Pour l'obtention du B2i, les élèves doivent « maîtriser les bases des techniques de l'information et de la communication (composants matériels, logiciels et services courants, traitement et échange de l'information, caractéristiques techniques, fichiers, documents, structuration de l'espace de travail, produits multimédias...) et savoir que les équipements informatiques traitent une information codée pour produire des résultats et peuvent communiquer entre eux et que l'usage de ces outils est régi par des règles qui permettent de protéger la propriété intellectuelle, les droits et libertés des citoyens et de se protéger soi-même ». Il existe un B2i par cycle d'enseignement. Par ailleurs, la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République précitée a également, en son article 38, procédé à une nouvelle rédaction de l'article L. 312-9 du code de l'éducation, en précisant que « la formation à l'utilisation des outils et des ressources numériques est dispensée dans les écoles et les établissements d'enseignement ainsi que dans les unités d'enseignement des établissements et services médico-sociaux et des établissements de santé. Elle comporte une sensibilisation aux droits et aux devoirs liés à l'usage de l'internet et des réseaux, dont la protection de la vie privée et le respect de la propriété intellectuelle ». Auparavant, la loi dite « Hadopi » prévoyait que les enseignants devaient informer les élèves « sur les risques liés aux usages des services de communication au public en ligne, sur les dangers du téléchargement et de la mise à disposition illicites d'oeuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin pour la création artistique, ainsi que sur les sanctions encourues en cas de délit de contrefaçon (...) [et] sur l'existence d'une offre légale d'oeuvres ou d'objets protégés par un droit d'auteur ou un droit voisin sur les services de communication au public en ligne ». Si ces évolutions vont dans le bon sens, il faut aller plus loin !

Le 8 avril dernier, Colin de la Higuera, président de la Société informatique de France, Serge Abiteboul, professeur au Collège de France, et Gilles Dowek, chercheur à l'Inria – ont remis au Président de la République une lettre plaidant pour la mise en place d'un enseignement de la science informatique à égalité de traitement avec les mathématiques ou les sciences naturelles, c'est-à-dire dispensé du primaire au lycée. Cette lettre fait suite au rapport publié par l'Académie des Sciences l'an dernier sur l'enseignement de l'informatique. Cette revendication correspond d'ailleurs à une demande de nos concitoyens, puisque selon un sondage commandé par l'Inria, 75 % des Français estiment que des cours d'informatique et de sciences du numérique doivent être proposés aux élèves avant la terminale.

Des expériences ont déjà été lancées. Ainsi, depuis la rentrée 2012, plusieurs lycées proposent aux élèves de terminale scientifique une option « informatique et sciences du numérique (ISN) ». Toutefois, seuls 20 % des lycées proposent cette option, faute d'enseignants. Partout ailleurs, l'informatique a été inscrite dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge. Ainsi, en Chine, au Japon et en Corée du Sud, l'informatique est enseignée dès l'âge de 8-10 ans et jusqu'à l'équivalent du bac. En Allemagne, certains Länder, comme la Bavière, ont rendu obligatoire l'enseignement de l'informatique depuis une quinzaine d'années. Par ailleurs, au Royaume-Uni, un rapport publié en 2012 par la Royal Society, intitulé Shutdown or Restart a conduit à faire de l'informatique une matière aussi importante que les mathématiques, la physique ou la biologie.

Notre pays est extrêmement en retard sur l'enseignement de l'informatique. Il faut absolument assurer l'équipement technologique des établissements, qui n'est qu'une première étape, et garantir la maintenance des matériels, et rendre obligatoire l'enseignement de l'informatique à l'école, tout en accroissant le nombre d'enseignants qualifiés.

Propositions :

– Éveiller les élèves du primaire au codage et à la programmation, sur le modèle de l'éveil au dessin, à la musique et aux langues étrangères.

– Rendre obligatoire l'enseignement de l'informatique dès le collège.

– Créer un CAPES et une Agrégation d'informatique.

A. FORMER AUX MÉTIERS DU NUMÉRIQUE

Voir un entrepreneur créer sa propre école  amène nécessairement à s'interroger sur notre capacité à former aux métiers de demain, en même temps qu'elle interroge sur l'adaptation du modèle républicain de formation initiale et sur la modernisation des dispositifs de formation continue. Selon Nicolas Sadirac, l'un des concepteurs de l'École 42, 70 % des entreprises qui recherchent des personnes compétentes en informatique ne trouvent pas les talents nécessaires. D'ailleurs, le fondateur de l'entreprise française Blablacar, Frédéric Mazella, a indiqué à vos rapporteures que le manque de développeurs dans notre pays était le principal frein au développement de son entreprise, qui revendique pourtant six millions d'utilisateurs sur sa plate-forme communautaire de covoiturage.

L'enjeu de la formation aux métiers du numérique concerne surtout l'avenir, alors que selon Marc Giget, « les « digital jobs », d'ingénieurs et techniciens maîtrisant les nouvelles technologies de l'information et de la communication s'élèvent à plus de 100 000 en Europe, mais les postes non pourvus ne cessent de croître. De plus de 200 000 aujourd'hui, ils pourraient atteindre 900 000 en 2020 ».

1. La formation initiale

Cela passe d'abord par une meilleure identification des besoins, en accroissant la coopération avec les branches professionnelles et l'industrie pour comprendre les manques et les besoins. Ce constat, qui concerne l'ensemble des secteurs économiques, est particulièrement criant s'agissant des métiers numériques. Comme l'a indiqué à vos rapporteures François Germinet, président de l'université de Cergy-Pontoise et président du comité numérique de la Conférence des présidents d'université (CPU), « tout le monde sait que certains métiers sont sous tension, mais les responsables pédagogiques ne disposent pas toujours des bons retours de la part des acteurs économiques ». Parfois, l'identification des besoins est complexe, notamment pour les secteurs où l'impact de la numérisation est le moins visible.

L'école 42, révélateur des difficultés du système éducatif à former aux métiers de demain.
...

Au cours de sa réunion du 14 mai 2014, la commission des affaires économiques a examiné le rapport d'information sur l'économie numérique.

Court extrait de l'intervention de Mme Laure de La Raudière, rapporteure :
« 
Nous pensons qu'il faut aller plus loin et beaucoup plus vite. Nous suggérons d'éveiller les élèves de primaire au code informatique et à la programmation, sur le mode de l'éveil au dessin, à la musique, aux langues étrangères. Nous souhaitons que l'enseignement de l'informatique soit obligatoire au collège quitte, selon moi, à peut-être supprimer – osons le terme ! – certains autres enseignements moins prioritaires que l'informatique. Bien évidemment, la commission des affaires culturelles devrait se pencher sur cette question car nous sommes bien conscientes qu'un tel sujet ne relève pas de notre compétence. C'est pourquoi nous n'avons pas été aussi loin dans le rapport. Nous préconisons également la création d'un CAPES et d'une agrégation d'informatique. »

http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i1936.asp#P348_116247
http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-info/i1936.pdf

NDLR-EPI : « certains autres enseignements » et non « certaines autres disciplines ». Ceci mérite néanmoins d'être clarifié.

Lire également la proposition de loi visant à rendre obligatoire l'enseignement du codage informatique à l'école.
http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1406d.htm

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Association EPI
Juin 2014

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