L'économie de l'immatériel Maurice Lévy, Jean-Pierre Jouyet (extraits : réflexions générales - enseignement secondaire)
INTRODUCTION GÉNÉRALE ... PREMIÈRE PARTIE ... Tel est donc le paradoxe de la propriété intellectuelle dans l'économie de l'immatériel : elle en constitue un des fondements en protégeant les revenus de l'innovation mais, face à l'accélération des échanges intellectuels et le développement des réseaux, elle devient de plus en plus fragile. Ces points, et notamment le système de propriété intellectuelle en vigueur en France, font l'objet d'une analyse détaillée dans la deuxième partie de ce rapport. L'économie de l'immatériel a ses propres exigences en matière éducative. Cette économie, en faisant de la connaissance sa matière première, augmente les besoins de main-d'oeuvre qualifiée, qui représenteront l'essentiel des créations nettes d'emploi dans les dix prochaines années : elle valorise donc les structures éducatives favorisant l'élévation des compétences et la qualité des formations. DEUXIÈME PARTIE Chapitre 1 – L'économie de l'immatériel accélère l'obsolescence de nos institutions de la connaissance et de la création I. Les choix qui structurent notre politique éducative ont de moins en moins de pertinence dans l'économie de l'immatériel A. Les failles de notre enseignement secondaire affaiblissent notre capacité à répondre aux exigences de l'économie de l'immatériel (page 41) ... La Commission souhaite insister sur le risque qu'induit également la capacité trop faible de notre système d'enseignement secondaire à répondre aux exigences de l'économie de l'immatériel dans le contenu même des formations dispensées... L'adaptation du contenu éducatif secondaire aux besoins de l'économie de l'immatériel implique également de renforcer la capacité à utiliser les technologies innovantes. Nous sommes parvenus à améliorer l'équipement scolaire dans ce domaine. Mais pas encore à passer du stade du développement du parc d'ordinateurs dans les établissements scolaires à la mise en oeuvre d'une véritable pédagogie des outils éducatifs innovants. L'enjeu est d'importance. Dans l'économie de l'immatériel, l'incapacité à maîtriser les TIC constituera en effet une nouvelle forme d'illettrisme aussi dommageable que le fait de ne pas savoir lire et écrire. Maîtrise de l'anglais et d'autres langues étrangères, aptitude à manier les nouvelles technologies, mais également capacité à la polyvalence et à la mobilité. Même si les emplois peu qualifiés devraient encore représenter 45 % environ des emplois en 2010, l'évolution de l'économie conduira les individus peu qualifiés à changer d'emploi ou de secteur d'activité et à renouveler fréquemment leurs compétences. Leur aptitude à la polyvalence et à la mobilité constituera donc un critère décisif de leur employabilité. Tel sera également le cas pour les emplois qualifiés. La question de la pertinence des filières professionnelles très ciblées mériterait à ce titre d'être soulevée. En effet, l'enseignement professionnel français (CAP, BEP, bac professionnel) repose sur une cinquantaine de filières souvent étroites. Cette césure initiale entre l'univers éducatif et l'univers économique nous distingue des modèles éducatifs, en particulier anglo-saxons, qui font du temps scolaire un espace consacré non pas seulement à l'apprentissage d'un programme éducatif, mais également à la valorisation d'autres atouts, par exemple en encourageant les activités extra-scolaires et la compréhension des systèmes économiques ainsi que de la vie des entreprises. TROISIÈME PARTIE Devenir une référence de l'économie de l'immatériel, tel devrait être notre objectif des 10 prochaines années. Notre pays a en a les moyens. Les talents ne lui manquent pas pour s'imposer parmi les premiers producteurs de la matière première désormais essentielle, les idées. Mais nous n'y parviendrons pas spontanément. Trop d'obstacles pénalisent aujourd'hui l'expression de notre créativité et de notre inventivité pour considérer que nous sommes d'ores et déjà préparés à un modèle de croissance en profonde évolution. Les prochaines années seront à cet égard essentielles. Dans bien des domaines, en particulier en matière sociale, d'éducation, de recherche et de fiscalité, la plupart des économies développées engagent des réformes pour faire le saut de l'économie de l'immatériel. C'est aujourd'hui que se jouent notre avance ou notre retard futurs. C'est en prenant conscience de nos faiblesses mais aussi de nos singularités et de nos forces que nous nous donnerons les moyens de faire de l'immatériel un puissant accélérateur de croissance. Chapitre 3 – Changer de modèle I. Faire un saut éducatif A. Pour l'ensemble du système de formation (page 155) L'économie de la connaissance repose sur un certain nombre de principes de fonctionnement (réactivité, créativité, esprit d'initiative, travail en réseau, usage intensif des nouvelles technologies, maîtrise de l'information, ouverture internationale...). Notre principale richesse, c'est l'homme et il convient donc de traiter économiquement le capital humain comme nous traitions hier le capital physique et le capital industriel. Dans ce cadre, l'investissement dans l'éducation et la formation doit être d'une part mieux organisé, d'autre part encouragé. Assez logiquement, l'École doit participer à former les jeunes, mais aussi les moins jeunes, à ce nouvel environnement. Les programmes doivent être adaptés en conséquence, non seulement dans la formation générale, mais aussi par exemple dans la formation des ingénieurs ou des avocats. Différents axes permettent de mesurer les enjeux et l'ampleur des changements à accomplir. ___________________ RECOMMANDATION N° 68 : Créer un Haut-Conseil pour la croissance par l'immatériel présidé par le Premier ministre. __________________________________________________________________________________ 184 pages au format pdf : http://www.minefi.gouv.fr/directions_services/sircom/technologies_info/immateriel/immateriel.pdf NDLR-EPI : un rappel parmi d'autres, la conclusion de la déclaration de l'Assemblée Générale de l'EPI en 1994. « ... nous restons persuadés qu'un pays comme le nôtre, et l'Europe toute entière, ne pourront garder leur identité, résister à la concurrence internationale, créer des emplois et dégager des ressources pour la collectivité que s'ils développent des secteurs de haute technologie nécessitant une main d'oeuvre hautement qualifiée. Les entreprises, petites et moyennes, doivent également se moderniser et ne peuvent le faire qu'en disposant d'une main d'oeuvre compétente en matière de technologies modernes, issue d'une société dont la culture globale aura intégré, grâce au système éducatif, ces technologies. Existe-t-il d'autres choix ? » ___________________ |
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