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Des enjeux d'actualité
 

   Tout au long de l'année scolaire passée, on a beaucoup parlé de l'enseignement de l'informatique. On a même continué à en parler en juillet suite à l'interview de Benoît Hamon au Journal du Dimanche annonçant l'initiation à la programmation dans le cadre périscolaire pour les élèves du primaire.

   Dans sa conférence de presse de rentrée du 1er septembre dernier, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem a abordé les problématiques du numérique et de l'informatique. Dans son dossier de presse [1], on peut lire : « Quel que soit le niveau de scolarité visé, l'EMI (Éducation aux Médias et à l'Information) doit intégrer dans les disciplines des nouvelles compétences de littératie numérique, indispensables à la formation du futur citoyen, ainsi que des connaissances de base relatives à la programmation et à la construction d'une véritable culture numérique. Le projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture prévoit une initiation des élèves à l'informatique, et notamment à son langage. Cet enseignement sera dispensé à tous dès 2016. En outre, dès l'école primaire, des activités pourront être organisées sur le temps périscolaire. » En réponse à une question, elle a déclaré que l'apprentissage de la programmation se fera en deux temps : cette année dans le cadre périscolaire, à la rentrée prochaine, après avoir identifié les professeurs, qui peuvent être chargés de cette formation, cette formation se fera dans le cadre du temps scolaire.

   L'EPI et la SIF ont fait une demande d'audience à Najat Vallaud-Belkacem.

   D'une manière générale, l'EPI se félicite des évolutions en cours relatives à la prise en compte des enjeux sociétaux et éducatifs de donner à tous les élèves une culture générale informatique, scientifique et technique, correspondant aux besoins de notre époque. Faut-il rappeler que c'est notre association qui a relancé la question d'un enseignement de la discipline informatique à la faveur d'une audience à l'Élysée en septembre 2007 ?

   Le 15 juillet, dans un communiqué de presse [2], considérant qu'il s'agissait d'une avancée, l'EPI a salué l'annonce pour le primaire d'une initiation au code informatique, de manière facultative et sur le temps périscolaire, annonce précisant que « la question n'est plus de savoir s'il faut apprendre l'informatique et son langage, mais de savoir comment ». Il faut donner une cohérence nationale à l'initiative en définissant les grandes lignes d'un « programme » [3]. Mais, pour notre association entre autres, répétons-le, il ne peut s'agir effectivement que d'une mesure d'urgence. En effet, à terme, le périscolaire ne peut pas être une solution car, entre autres, il est très loin de toucher tous les enfants et est donc générateur d'injustice sociale. Or, on ne le dira jamais assez, l'enjeu est la culture générale de tous au 21e siècle. Il faut donc fixer sans attendre le cap d'une sensibilisation de tous les élèves à l'école primaire ((incluant le lancement d'un grand plan de formation des professeurs dans les ESPE) et un passage progressif le plus rapide possible du périscolaire au scolaire), avec une montée en charge à la fois ambitieuse et réaliste. En explicitant les échéances.

   Il faut aussi fixer le cap d'une discipline et d'un enseignement de la science et technologie informatique pour tous les élèves au collège et au lycée. En effet, cet enseignement – comme le préconise le rapport de l'Académie des Sciences (L'enseignement de l'informatique en France - Il est urgent de ne plus attendre [4]) – doit débuter dès le collège au même titre que celui de la physique ou de la biologie. Il ne doit pas être à caractère optionnel, puisque ce sont bien tous les citoyens qui sont déjà confrontés à des questions qui ne sauront se résoudre que grâce à une compréhension du monde numérique, rendue possible par une initiation à la science informatique.

   Au collège aussi il y a le cap et la montée en charge. Lors de sa 22e réunion, le 20 juin dernier [5], le groupe « Informatique et Technologies de l'Information et de la communication » (ITIC-EPI-SIF) mettait en avant trois conditions à remplir pour le collège : dans un premier temps, certification et habilitation des enseignants issus des différentes disciplines ; faire figurer explicitement, dans les emplois du temps et les horaires des élèves, l'informatique en tant que telle ; la définition des programmes étant pilotée par un Inspecteur général recruté sur un profil informatique.

   Le groupe ITIC-EPI-SIF a aussi fait référence au texte « Esquisse d'un programme d'informatique pour le Collège » adressé au Conseil Supérieur des Programmes en janvier 2014 [6].

   Un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » a été créé en terminale S à la rentrée 2012, un enseignement de l'informatique pour tous les élèves des CPGE scientifiques a été ouvert en septembre 2013. La loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République prévoit qu'« une option « Informatique et sciences du numérique » sera ouverte de façon adaptée à chacune des séries du baccalauréat technologique et général ». Prévue pour la rentrée 2014, cette option se fait toujours attendre. Pour l'EPI, il est souhaitable d'étendre l'option ISN également en Première S et en classe de Seconde. Puis de la généraliser dans la filière scientifique. Concernant les programmes, on pourra se référer aux textes mis en notes [7].

 
   Reste la question de la formation des enseignants, trop longtemps différée, qui est essentielle. Il faut d'urgence mettre en place des démarches pérennes. Cela signifie un Capes et une agrégation d'informatique, des Capes et agrégations bivalents, externes et internes, des listes d'aptitude ; des habilitations du type de celles prévues pour les enseignants d'ISN et un renforcement de la formation continue ; des certifications dans les ESPE pour les professeurs des écoles, en formations initiale et continue dès cette année.

   Pour élaborer les contenus de formation des enseignants, il faut partir des programmes scolaires avec une licence et un master d'approfondissement significatif de ces programmes procurant le recul nécessaire, comme on procède pour les autres disciplines [8]. Il faut donner une culture générale d'informaticien et non pas une formation pointue dans un domaine particulier. Puis viennent les concours de recrutement avec leur dimension pédagogique.

   Il est question d'une consultation des enseignants à l'automne. Une bonne occasion de dire que l'informatique doit être une discipline à part entière. Ce sont les enjeux de l'époque, et l'actualité française de cette rentrée, qui le commandent. L'informatisation est la forme contemporaine de l'industrialisation. L'informatique est omniprésente dans la société. Il s'agit ni plus ni moins que de former l'homme, le travailleur et le citoyen du XXIe siècle.

Le 15 septembre 2014

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

NOTES

[1] Dossier de présentation de la Rentrée scolaire 2014-2015, page 35 :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/DP_Rentree/56/1/2014_dpresserentree2014 _complet_bdef_345561.pdf
http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1409a.htm

[2] Communiqué de l'EPI du 15 juillet 2014 :
http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1407b.htm

[3] On pourra se référer à « Proposition d'orientations générales pour un programme d'informatique à l'école primaire », Serge Abiteboul, Jean-Pierre Archambault, Gérard Berry, Colin de la Higuera, Gilles Dowek, Maurice Nivat :
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/itic-ecole-prog_2013-12.htm

[4] Rapport de l'Académie des Sciences de mai 2013 : L'enseignement de l'informatique en France - Il est urgent de ne plus attendre :.
http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/rads_0513.pdf

[5] Compte-rendu de la 22e réunion du groupe ITIC-EPI-SIF :
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/groupe-itic-cr_14-06.htm

[6] « Esquisse d'un programme d'informatique pour le Collège », Serge Abiteboul, Jean-Pierre Archambault, Gérard Berry, Colin de La Higuera, Gilles Dowek, Maurice Nivat :
http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1402a.htm

[7] « Enseignement de spécialité d'informatique et sciences du numérique de la série scientifique - classe terminale », Bulletin officiel spécial n° 8 du 13 octobre 2011 :
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=57572
« Pour un enseignement de l'Informatique et des Technologies de l'Information et de la Communication au lycée », Groupe ITIC de l'ASTI, EpiNet n° 100, décembre 2007 :
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/asti-itic-txt_0711.htm
Proposition de programme 2de, 1re et Terminale :
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/asti-itic-lycee-prog.htm
Un manuel scolaire pour ISN en Terminale S :
https://wiki.inria.fr/sciencinfolycee/Informatique_et_Sciences_du_Numérique_-_Spécialité_ISN_en_Terminale_S

[8] « Proposition de programme de formation pour les enseignants chargés de la spécialité Informatique et sciences du numérique en terminale S » :
http://www.epi.asso.fr/revue/editic/asti-itic-prog-prof_1004.htm
Introduction à la science informatique :
http://crdp.ac-paris.fr/Introduction-a-la-science,27388
« Sortie du manuel Introduction à la science informatique » :
http://www.framablog.org/index.php/post/2011/09/06/manuel-informatique-sciences-numeriques

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Septembre 2014

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