40 ans : un bel âge pour une association Si l'histoire de l'EPI. ne coïncide pas totalement avec celle du développement de l'informatique dans le système éducatif, les parcours furent néanmoins très liés, comme le rappelle l'historique de l'association publié dans ce 132e numéro d'EpiNet. Fondée en 1971 (JO du 1er février) par les premiers stagiaires « lourds » chez les constructeurs de l'époque (IBM, CII, Honeywell-Bull), l'EPI a été partie prenante de tous les épisodes du déploiement, parfois hésitant, parfois accéléré, de l'informatique pédagogique [1] au sein du système éducatif. Dès sa création, l'EPI s'est donnée des orientations qui sont restées globalement les siennes au fil des années. Il en est ainsi de la pluralité et de la complémentarité des approches qui depuis l'éditorial du premier Bulletin [2] (décembre 1971) sont restées le fil d'Ariane de l'association. Il en est ainsi également pour ce qui concerne la formation des enseignants ou la nécessité d'une recherche pédagogique active. Pour ne citer que ces deux dossiers. Au fil des années, force de proposition et d'action, l'EPI s'est toujours attachée à la promotion du Service public. Si un certain nombre de ses analyses dans différents domaines ont fini par s'imposer comme allant de soi, ce ne fut pas toujours évident : il faut se souvenir qu'à la fin du siècle dernier, il était encore de bon ton dans certains milieux de proclamer que l'informatique était une mode et que comme toute mode elle passerait. Le développement d'Internet a définitivement tordu le cou à ce genre de propos. Ces résistances à l'émergence du « nouveau informatique » ne sont pas une exception. Au contraire c'est la loi du genre qui ne date pas d'hier. Déjà, Confucius mettait en garde : « Lorsque tu fais quelque chose, sache que tu auras contre toi ceux qui voulaient faire la même chose, ceux qui voulaient faire le contraire et l'immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire. » À l'instar des autres associations de spécialistes, ses consoeurs, l'EPI a toujours considéré que ses actions étaient complémentaires de celles du Ministère de l'Éducation nationale et de l'ensemble de l'institution éducative (il peut en effet arriver que ces actions soient parfois bien lentes à venir). Si beaucoup a été fait en 40 ans, beaucoup reste à faire relativement aux enjeux de société dans « un monde qui devient numérique » [3]. Ces dernières années, l'action de l'EPI s'est inscrite dans la continuité des périodes précédentes. En intégrant le nouveau, par exemple les logiciels et ressources libres dont l'approche et la « philosophie » sont en phase avec les missions du système éducatif et la culture enseignante : accès et appropriation par tous de la connaissance. Le libre, un « nouveau » qui ne l'était pas vraiment puisque l'informatique était libre à ses débuts. Pour l'EPI, on ne le dira jamais assez, les enjeux et les statuts de l'informatique dans le système éducatif sont divers et il faut bien les distinguer. L'informatique est un outil pédagogique, transversal et spécifique, qui a fait ses preuves et qu'il faut utiliser à bon escient d'une manière raisonnée. L'informatique contribue à l'évolution de l'« essence » des disciplines (leurs objets et leurs méthodes). Il suffit de penser aux sciences expérimentales avec l'EXAO et la simulation, à la géographie avec les SIG, aux disciplines des enseignements techniques et professionnels. L'informatique est outil de travail personnel et collectif des enseignants, des élèves, de l'ensemble de la communauté éducative. Et, l'informatique est discipline scientifique et technique, composante de la culture générale scolaire au XXIe siècle. Tous ces statuts sont complémentaires et se renforcent mutuellement. Ils doivent être tous présents. Et l'un ne saurait se substituer à l'autre. Nous avons mené de multiples actions en faveur d'une discipline informatique dans l'enseignement scolaire, ne ménageant pas nos efforts de conviction. Nous nous sommes donc félicités de la création d'un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » en Terminale S à la rentrée 2012. Il s'agit en effet d'un premier pas important. Les programmes sont en cours d'élaboration. Des professeurs sont en formation pour assurer cet enseignement. D'autres le seront d'ici la rentrée 2011, dans toutes les académies. La question est posée du recrutement des futurs professeurs de la discipline (option dans les concours de recrutement, puis Capes et agrégation disciplinaires). Un grand chantier éducatif et culturel s'est rouvert [4]. L'EPI continuera à y tenir sa place, l'enjeu étant que l'informatique, composante de premier plan de la science contemporaine, ait toute sa nécessaire place dans l'enseignement des sciences. Le 15 février 2011 Jean-Pierre Archambault NOTES [1] Voir l'historique de l'EPI réalisé par Jacques Baudé, président d'honneur de l'EPI : L'expression « informatique pédagogique » couramment utilisée par l'association et largement reprise, a été lancée par l'EPI dès les années 80. Elle englobe à la fois – dans l'esprit de ses créateurs – l'informatique « outil » pour les différentes disciplines et l'informatique « objet » d'enseignement. Une mise au point sera faite par le président de l'EPI dans l'éditorial du numéro de décembre 1987. [2] Éditorial du premier Bulletin de l'EPI (1971). [3] « Pourquoi et comment le monde devient numérique », conférence inaugurale de Gérard Berry au Collège de France. [4] Dans les années quatre-vingts, il y avait une option informatique d'enseignement général dans les lycées. En voie de généralisation, elle fut supprimée en 1992, rétablie en 1994 puis à nouveau supprimée en 1998. D'autres chantiers, anciens ou récents, relèvent de la même mouvance : le cours de technologie au collège ; l'informatique dans la filière STI2D, les options de seconde ; la formation de tous les enseignants qui, dans l'exercice de leur métier, utilisent l'informatique sans être des professionnels de l'informatique. ___________________ |
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