NOUS AVONS LU La pensée informatique Gérard Berry. Les grandes voix de la recherche, CNRS éditions, De vive voix, 2019. Un ouvrage de 77 pages pour celles et ceux qui n'auraient pas eu le temps de lire L'Hyperpuissance de l'informatique dont nous avons parlé dans EpiNet de novembre 2017 : https://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1711d.htm Nous ne résistons pas au plaisir de reproduire le dernier chapitre (pages 77, 78 et 79) : Enseignement informatique L'enseignement de l'informatique va entrer pour la première fois au lycée. D'assez nombreux rapports ont été écrits sur la nécessité d'enseigner l'informatique à la population. Le premier date de 1983. Il n'existait alors un petit enseignement optionnel de programmation, qui a été supprimé en 1997, pile au moment où Internet explosait – belle prescience. À l'époque, en France, mais pas aux États-Unis, on disait que l'informatique était une mode qui passerait. On a fait depuis de nombreux rapports, dont un de l'Académie des Sciences en 2013, qui a conduit à des progrès. Cette année, on vient d'introduire de nouveaux enseignements, dont le programme a été publié début novembre 2018. Je me suis personnellement occupé de coordonner la construction de ces programmes, avec Laurent Chéno, brillant inspecteur général, et tout un groupe de professeurs, d'inspecteurs généraux et de chercheurs. On va ainsi introduire un enseignement général pour tous en seconde et un enseignement de spécialité en première et en terminale, à égalité théorique avec les 11 autres. Mais une très grande difficulté réside dans la formation des professeurs, qui n'ont jamais enseigné cette discipline. Car il ne s'agit pas uniquement d'apprendre à coder, ce n'est en fait qu'une petite partie, mais bien d'enseigner tous les aspects de l'informatique. C'est la première fois que ça se fait en grand en France. On plonge donc un peu dans l'inconnu. On utilise encore les mots « nouvelles technologies » alors que l'ordinateur est plus vieux que moi, qui pars à la retraite, ce qui dénote clairement la persistance d'un problème de perception. L'ordinateur a été construit largement avant qu'on sache ce que c'est que l'ADN, et on ne dit pas que la biologie cellulaire est une nouvelle technologie. L'enseignement introduit en seconde s'appelle « Sciences numériques et technologie ». Son titre ne contient même pas le mot informatique, alors même qu'il ne parle que de ça. C'est encore visiblement un mot tabou. En première et en terminale, l'enseignement de spécialité s'appelle « Numérique et sciences informatiques », au pluriel, alors qu'il n'y en a qu'une... On le voit, le système éducatif met en place des choses, un pied devant, un pied derrière. Mais ce qui compte, c'est le pied devant, et on poussera collectivement les fesses pour qu'elles passent la porte ! ___________________ |