NOUS AVONS LU
 

La querelle des algorithmes scolaires

Léa Lejeune, Libération du 24 mars 2014 (extraits).

Les rudiments de la programmation et du code informatique enseignés dès le primaire ?
L'idée agite la sphère geek. Lubie ou projet visionnaire ?

   Depuis quelques années, des passionnés de toutes obédiences apprennent à nos bambins les rudiments de la programmation informatique et des algorithmes, regroupés sous le terme vague et tendance de « code ». Il y a d'abord les « coding goûters » où des groupes de parents et d'enfants de 5 à 15 ans se réunissent pour bidouiller des programmes. Il y a aussi Devoxx4kids, des ateliers d'initiation sur une journée, ou les ateliers Magic makers accessibles dès 8 ans. La méthode est ludique. On y utilise des robots Lego programmables, l'ordinateur Open source Kano, le jeu Minecraft, Kodu pour fabriquer son propre jeu vidéo sur Xbox... L'important est de comprendre ce qui se passe derrière l'écran, comment fonctionnent les logiciels qu'on utilise au quotidien, que les enfants scotchés devant leurs PC et tablettes ne soient plus passifs face à la machine. Les plus grands se tournent vers la « code academy ».
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   Mais de plus en plus de groupes d'intérêts (sic) défendent l'apprentissage du code comme un outil d'empowerment. Une lettre ouverte au président de la République, envoyée en janvier 2014 par des universitaires, des associatifs et des entrepreneurs, prône l'enseignement de cette informatique dès l'âge de 7-8 ans, soit l'entrée en primaire. « L'enseignement de l'informatique ne répond pas aux nécessités économiques et sociales du pays. Tous les élèves devraient apprendre à programmer de petits logiciels » résume Colin de la Higuera, l'un des signataires, professeur à l'université de Nantes et président de la Société Informatique de France. Ces zélotes (sic) du code défendent l'instauration d'une nouvelle matière, inscrite en bonne et due forme dans les programmes, afin que les étudiants et salariés français de la nouvelle génération soient adaptés au monde de demain. Mais quel est donc l'intérêt d'une intégration dans les programmes alors que les initiatives privées se multiplient ? Éviter une nouvelle fracture numérique entre les élèves selon les territoires. Les campagnes, les banlieues pourraient être délaissées par les associa lions de geeks. « À terme, le code pourrait faire partie de la literacy ordinaire. Si on ne transmet pas la culture informatique nécessaire équitablement, on bloque le pouvoir d'agir des citoyens, on les laisse être dominés par la machine », s'inquiète Sophie Pène, professeur à l'université Paris Descartes et membre du Conseil national du numérique (CNNum).

   Les journalistes de Libé, qui visiblement ont dû rencontrer un responsable du MEN, écrivent et font dire : « Le ministère se défausse derrière le Conseil supérieur des programmes. (...) [le MEN] cherchons à définir un socle commun de compétences et de culture nécessaire, considère-t-on que le code doit en faire partie ?... » Autre point de dispute (sic) la France ne disposerait pas des forces pour enseigner cette hypothétique nouvelle matière.

   Jean-Pierre Archambault est naturellement intervenu pour rappeler la pluralité des approches et l'impérieuse nécessité de former les enseignants.

   « Les lobbyistes* du système binaire » seront reçus à l'Élysée le 2 avril prochain pour présenter la lettre ouverte au Président (voir par ailleurs).

* NDLR-EPI : On peut relever les termes élégants de : nouvelle lubie, groupes d'intérêt, zélotes... La journée du 2 avril au CNAM est « une journée de conférences et de bidouille ». Tout un état d'esprit transparaît quand il s'agit de parler d'informatique !

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Association EPI
Avril 2014

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