NOUS AVONS LU Réflexions sur l'enseignement des sciences au lycée Texte d'étape, rédigé par le Comité sur l'Enseignement des sciences de l'Académie des sciences - 15 juillet 2008.
... Pour donner le goût de la science à un élève, mieux vaut l'introduire à une compréhension approfondie des concepts fondamentaux que de lui décrire superficiellement un trop large ensemble de notions. Dans une société dite « de l'information », ce devrait être une part de la culture générale que d'apprendre aux élèves du Lycée à bien se servir de l'information. S'agissant des sciences, il existe malheureusement des sites aux qualités scientifiques sujettes à caution, parfois même à la limite de l'escroquerie ; de même certaines émissions de télévision sont scientifiquement très douteuses. À ce propos, beaucoup de professeurs de science désirent guider leurs élèves dans leur discernement et corriger rapidement la diffusion d'informations scientifiquement fausses. Pour les y aider, il est nécessaire de documenter et mettre à jour des sites dont la rigueur scientifique soit indiscutable car garantie par des instances adaptées. Nous recommandons que les élèves de tous les parcours scientifiques du lycée soient initiés à l'interdisciplinarité, chaque lycée mettant en place un module scientifique bi- ou tri-disciplinaire sur un thème transversal aux disciplines, ... Les pays asiatiques comme la Corée, Singapour ou Taiwan ont en général des exigences scolaires nettement plus élevées que les pays occidentaux, souvent avec des programmes plus resserrés sur les savoirs fondamentaux. (note EPI : dont l'informatique) Classe de seconde Dans la perspective que le Lycée redevienne une préparation solide et exigeante à des études scientifiques ultérieures (Université, CPGE, STS), il est donc impératif que les élèves de la voie scientifique reçoivent dès la classe de Seconde un enseignement de science plus approfondi qu'actuellement. Cela requiert de mieux structurer l'organisation des études durant les trois années de Lycée, avec des parcours où l'enseignement puisse être plus approfondi dans les matières dominantes. Nous recommandons d'éviter les systèmes de tronc commun avec options, où le programme est nécessairement déterminé comme un plus petit commun dénominateur. Cette organisation est cause d'horaires émiettés, et elle induit des différences de rythme et d'état d'esprit entre les groupes d'élèves. Ceci est dommageable à la qualité des enseignements, et ne nous paraît pas garantir un niveau solide de connaissances, d'autant plus qu'il s'agit de disciplines principales sur lesquelles se brancheront encore des choix ultérieurs d'orientation. À une telle organisation il faut préférer un système de parcours diversifiés. Les programmes et horaires peuvent ainsi être adaptés de manière libre et souple :
En résumé de ce point essentiel, nous exprimons avec force l'opinion qu'il est nuisible de retarder le processus d'orientation jusqu'à la fin de la classe de Seconde. Au Lycée d'enseignement général et technologique nous préconisons au contraire de mettre en place dès la Seconde une voie scientifique clairement identifiée, se différenciant ensuite en plusieurs parcours, et passible de la remarque suivante. Première et Terminale Ensuite, des parcours de type scientifique clairement identifiés. Pour l'année de Première, une diversification des parcours de type scientifique doit intervenir, certains choix pouvant même intervenir au cours de l'année de Seconde. Selon ses goûts et capacités, l'élève sortant de Seconde ST choisirait par exemple entre les trois classes suivantes :
Dans chacune de ces classes un enseignement minimal d'informatique devrait être introduit, nous revenons plus loin sur ce point. Notons qu'un élève sortant de Seconde H doit aussi pouvoir rejoindre la Première E grâce à une passerelle adaptée. Pour l'année de Terminale, la Première S devrait s'ouvrir sur plusieurs possibilités selon les diverses sciences, par exemple
De même, la Première T devrait être suivie de plusieurs classes de Terminale technologiques, plus spécialisées, tout en évitant l'éparpillement actuel. La Première E, quant à elle, devrait se poursuivre naturellement en Terminale E. L'enseignement de l'informatique L'informatique a pris, à l'évidence, une place considérable dans notre société de l'information et de la communication. La question de l'enseignement de cette discipline au lycée est donc un sujet important sur lequel l'Académie des sciences met actuellement en place un groupe de réflexion. Les remarques qui suivent sont préliminaires aux conclusions plus détaillées qu'elle publiera à la fin de cette réflexion. En même temps qu'elles procurent des outils de traitement des données pour les autres domaines de la connaissance, les nouvelles sciences dites « de l'information », qui englobent l'informatique, fournissent un ensemble de concepts et de méthodes pour comprendre une partie du monde réel qui nous entoure et pour agir sur lui. Ces concepts incluent bien sûr les algorithmes, les programmes susceptibles de les implémenter, les structures et le traitement des données. Ils s'étendent à des mécanismes logiques subtils comme la transposition en langage symbolique de la pensée universelle, à des problèmes complexes comme la modélisation numérique, la reconnaissance des formes, l'apprentissage automatique, la traduction automatisée des langues naturelles, etc. L'enseignement de l'informatique peut répondre à un esprit différent selon le type de Lycée et le parcours suivi [19], mais aucun ne doit confondre l'enseignement de la discipline informatique avec l'apprentissage de ses outils. Dans la voie scientifique du Lycée, il serait absurde d'enseigner le maniement de l'outil sans compréhension des concepts. Il faut au contraire y enseigner les bases de l'informatique : algorithmes, programmation, méthodes de calcul, structures et traitement des données, et ce depuis la Seconde jusqu'à la Terminale [20]. De plus, comme nous l'avons dit plus haut, cet enseignement doit être donné en synergie avec les autres disciplines. Pour éviter un grand retard dans la course à l'innovation scientifique, technologique et industrielle, la France ne peut plus différer la mise en place systématique au Lycée d'un tel enseignement. Durant les vingt dernières années, de manière autodidacte, ou en suivant des formations en sus de leur service statutaire d'enseignement, un certain nombre de professeurs de mathématiques ou d'autres disciplines ont fait l'effort d'acquérir des bases d'informatique suffisantes pour en faire bénéficier leurs élèves. Acceptant un lourd surcroît de travail, sans en tirer nécessairement de récompense dans leur déroulement de carrière, ils ont néanmoins fait oeuvre de pionniers. Il faut les saluer ici. Mais ces professeurs ne suffiront pas pour systématiser, au Lycée, cet enseignement nouveau. Pour le futur, il est indispensable d'envisager un effort considérable de formation initiale et continuée, en s'appuyant en particulier sur les universités. À ce sujet, ainsi que sur l'attribution des responsabilités, sur les programmes ou sur les horaires de cet enseignement, le groupe de travail de l'Académie mentionné plus haut fournira des recommandations plus précises. Les options facultatives d'approfondissement Durant les trois années de Lycée, des options facultatives d'approfondissement doivent aussi être proposées au choix des élèves [21] : langue supplémentaire, arts plastiques, musique, sport, économie en Première et Terminale, français en Terminale, etc. Comme mentionné ci-dessus, certaines de ces options pourront servir aussi de passerelles entre parcours. 8. Une proposition à expérimenter : les unités de valeur. Nous proposons que soit expérimenté au long des trois années de Lycée – sur volontariat – un système d'unités de valeur (UV), chacune couvrant une période limitée, l'ensemble des résultats comptant pour une part significative dans l'acquisition du diplôme de baccalauréat. Le schéma indicatif suivant se réfère au cas déjà évoqué de la Finlande. Dans quelques académies et à titre expérimental, on mettrait ainsi en place un système du genre ci-dessous. Dans chaque matière, le programme des trois années de Lycée serait découpé en périodes (par exemple trimestrielles ou selon des périodes entre vacances scolaires). Chaque période comporterait plusieurs UV de différentes matières. Un contrôle, en fin de période, de chacune de ces UV attesterait si l'élève a, ou non, acquis l'UV en question. Pour les matières principales, ces UV seraient offertes au choix des élèves en niveau « de base » (UVb) et niveau « approfondi » (UVa). Par ailleurs, afin de ne pas augmenter au-delà du raisonnable le volume d'évaluations subi par les élèves, les contrôles effectués pour la délivrance des UV se substitueraient en partie au contrôle continu. L'examen du baccalauréat serait alors accessible à tout élève ayant obtenu, en cours des trois années de Lycée, un nombre minimum x d'UV. http://www.academie-sciences.fr/enseignement/enseign_lycee_07_08.pdf NOTES [19] Les Lycées professionnels et les parcours technologiques du LGT peuvent introduire l'informatique (ainsi d'ailleurs que les mathématiques) à partir de préoccupations qui leur sont propres. [20] Même si le présent rapport ne porte pas sur la voie des humanités, on imagine mal que l'informatique ne tienne pas là aussi une certaine place ! [21] peut-être pour environ deux heures par semaine. (...) ___________________ |