bas de page
 

Formation encore et toujours
Un Avis de l'Académie des sciences
 

   En cette fin d'année scolaire nous rappellerons les différentes mesures annoncées récemment par le Président de la République et la Ministre de l'Éducation nationale concernant l'enseignement de l'informatique. Nous reviendrons encore sur les incontournables et décisives questions d'une discipline informatique en tant que telle et de la formation des enseignants avec notamment un important avis de l'Académie des sciences [1].

   Au lycée, en Seconde, un enseignement d'exploration sera mis en place à la prochaine rentrée [2]. Et une sensibilisation à l'informatique et au numérique se fait jour dans le programme de maternelle. À partir de la rentrée 2016, dès le primaire au CE1, les élèves seront initiés au codage (informatique) et à la culture digitale, cet apprentissage se poursuivant jusqu'au lycée. Au collège, cet enseignement sera confié aux professeurs de mathématiques et de technologie. L'enseignement de spécialité optionnel de Terminale S « Informatique et sciences du numérique » sera généralisé à toutes les filières et étendu à la classe de Première sous la forme d'une option.

   Le 27 mai 2015, l'Académie des sciences a donc publié un avis sur le projet de programmes pour l'école élémentaire et le collège. On peut y lire : « L'excellence pour tous - Le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) vient de présenter à la ministre de l'éducation nationale un projet de programmes couvrant tous les enseignements de l'école élémentaire et du collège. Ce projet fait l'objet d'une consultation nationale. Après examen de ces projets, l'Académie des sciences considère que ces programmes ne sont pas satisfaisants pour des raisons structurelles. (...) Le découragement des professeurs est profond. Heureusement, l'importance du rôle des professeurs dépasse largement celle des programmes qu'on leur impose. (...) Il faudra aider les enseignants, en mettant la priorité sur leur formation, initiale ou continue.(...) La question de la formation est particulièrement importante pour les quelques éléments d'informatique introduits au cycle 4 qui seront enseignés par des professeurs sans formation à cette discipline. »

   Dans un communiqué du 28 mai 2015 l'Académie précise [3] : « Bien que deux des cinq missions de l'Académie des sciences "promouvoir l'enseignement des sciences" et "transmettre les connaissances" concernent l'enseignement, celle-ci n'a pas été consultée à l'occasion des projets de programmes élaborés par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP). Aussi vient-elle de publier sur son site internet un bref "avis" sur ces projets.(...) L'Académie constate de graves manques dans les projets du CSP en ce qui concerne l'enseignement des sciences : manque de progressivité dans la délivrance des connaissances, dénaturation des mathématiques, émiettement de l'informatique, recul du raisonnement scientifique. Parce que les "projets" du CSP sont encore des projets, l'Académie des sciences espère que son avis aidera à les restructurer (et à les formuler simplement, dans un langage accessible à tous) dans la direction de l'excellence, une excellence dont l'objet varie selon l'élève mais qu'il faut découvrir chez chacun, et encourager, pour le bien de l'élève et celui du pays. »

   On sait le rôle que l'EPI a joué depuis de longues années en faveur d'un nécessaire enseignement de l'informatique pour tous, élément de culture générale, enseignement complémentaire des usages pédagogiques de l'informatique et du numérique. Malgré leurs évidentes limites, l'EPI s'est félicité des annonces présidentielles et ministérielles concernant l'enseignement de l'informatique dans la mesure où elles constituent des avancées qu'il va falloir mettre en oeuvre. Mais notre association ne cesse de dire qu'il reste en suspens les questions fondamentales de la création d'une discipline informatique en tant que telle et de la formation des enseignants. Elle se félicite donc de cet avis de l'Académie des sciences. Des professeurs spécialisés, des professeurs d'informatique titulaires d'un Capes ou d'une agrégation d'informatique sont indispensables pour mettre en oeuvre les mesures. Il faut fixer le cap d'un enseignement pour tous. S'il faut créer sans tarder ce Capes et cette agrégation, d'autres mesures ont leur place, de manière plus ou moins transitoire : des Capes et agrégations bivalents, externes et internes, des listes d'aptitude, des habilitations du type de celles prévues pour les enseignants d'ISN et un renforcement de la formation continue. Et des certifications pour les professeurs des écoles dans les ESPE. Pour l'EPI, et pas que pour elle, cette question de la formation des enseignants, trop longtemps différée, est primordiale. Nous ne nous lasserons pas de le dire et le redire.

   Les initiatives se multiplient concernant cet enjeu majeur qu'est l'enseignement de l'informatique et la formation des enseignants. La PEEP a tenu son 93e congrès les 14, 15 et 16 mai derniers. Le thème en était « l'École au coeur du numérique ». Le premier jour du congrès a eu lieu une table ronde consacrée à l'enseignement de l'informatique à l'école primaire, au collège et au lycée. La SIF et l'EPI y ont participé [4]. « Enseigner l'informatique, éduquer au numérique ? » était le thème des Rencontres de l'Orme 2015 qui se sont déroulées les 20 et 21 mai [5]. Ce fut l'occasion de débats assez vifs sur la question de savoir s'il faut ou non créer une discipline informatique. Pour le représentant du ministère, l'informatique étant présente dans tous les programmes, c'est un enseignement et non une discipline. Le français ne serait-il pas une discipline bien qu'il soit présent dans toutes ses consoeurs ? Le 27 mai, à l'Espace Mendès France de Poitiers, dans le cadre des journées « Cultures numériques pour citoyenneté active », organisées en partenariat avec le laboratoire Techné et les laboratoires d'informatique (SIC, LIAS) de l'Université de Poitiers, l'INRIA, Canopé, la Société d'informatique de France, Les Petits Débrouillards et Rur'art, avec le soutien de la région Poitou-Charentes, une journée de débats et de rencontres proposait notamment une table ronde « Programmer pour ne pas être programmé ? Dans et hors l'École » à laquelle la SIF et l'EPI ont aussi participé [6].

   « Informatique pour les humanités et les sciences sociales : aspects didactiques », tel est le thème des Journées pédagogiques de la SIF qui auront lieu cette année les 23 et 24 juin prochains (au CNAM à Paris) [7]. Le 8 juillet, à Beauvais aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre 2015 (les RMLL), l'enseignement de l'informatique, la place des logiciels libres, les enjeux seront présents, à l'initiative de l'EPI, dans le cadre de la session Sciences et formation [8].

   Formation, encore et toujours formation [9].

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

NOTES

[1] http://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/avis_270515.pdf
http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1506b.htm

[2] http://www.education.gouv.fr/cid89179/projet-de-programme-pour-un-enseignement-d- exploration-d-informatique-et-de-creation-numerique.html
On pourra aussi se référer à la circulaire de rentrée dans laquelle on peut lire : « Le déploiement généralisé des technologies numériques dans la société implique aussi l'acquisition par les élèves, dès l'école primaire, de nouvelles compétences. La connaissance des principes fondamentaux de l'informatique doit permettre à tous les élèves de mieux comprendre les enjeux d'un monde toujours plus connecté et d'en être des acteurs demain. »
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=89301
Programme maternelle 2015 :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/MEN_SPE_2/84/6/2015_BO_SPE_2_404846.pdf

[3] http://www.academie-sciences.fr/pdf/communique/avis_280515.pdf

[4] http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1506c.htm

[5] http://www.orme-multimedia.org/r2015/
http://www.touteduc.fr/fr/

[6] http://emf.fr/21209/
https://vimeo.com/album/3437482

[7] http://www.societe-informatique-de-france.fr/enseignement/j-pedago/j-pedago-2015/

[8] https://2015.rmll.info/
https://2015.rmll.info/sciences-et-formation
https://2015.rmll.info/enseignement-de-l-informatique-et-logiciels-libres-enjeux

[9] La problématique est universelle. Un exemple parmi d'autres, sept universités chinoises proposent désormais une formation de « data scientist », comprenez d'expert en données. Avec 40 000 diplômés prévus d'ici à la fin de l'année. La Chine entend ainsi se tailler la part du lion dans le secteur très convoité du Big Data.
http://fr.euronews.com/2015/05/22/l-enseignement-a-l-heure-du-big-data/

haut de page
Association EPI
Juin 2015

Accueil Articles