Le genre et le logiciel libre Jean-Pierre Archambault, Ayuko Sedooka, Georges-Louis Baron Le texte qui suit est fondé sur l'expérience d'une recherche menée sur les femmes et le logiciel libre depuis la fin 2009 auprès de la communauté des acteurs du libre en France. Il ne s'agit pas d'un texte scientifique à proprement parler mais d'une réflexion étayée par une série de contacts et de discussions avec des militants et des praticiens, qui vise à inciter à la discussion et au débat. Il est également fondé sur les résultats d'une enquête quantitative du projet européen PREDIL, portant sur les opinions d'élèves de lycée concernant le genre et l'informatique. Contexte Toutes les statistiques le montrent : les femmes ne sont que 6 % dans le logiciel libre. Ce chiffre est surprenant. Il signale une distorsion particulière entre la réalité et les valeurs, les principes et la philosophie du logiciel libre. Richard Stallman se plaît à dire : « Liberté-Égalité-Fraternité ». Ces 6 % interrogent car, si l'on fait des constats analogues concernant la proportion de femmes dans les métiers et carrières scientifiques, on compte environ 25 % de femmes dans le secteur des TIC (plus large que l'informatique stricto sensu). Or l'on s'attendrait à des chiffres meilleurs pour l'informatique libre que pour l'informatique propriétaire et l'informatique en général. Notons par ailleurs qu'il y a apparemment plus de femmes dans le libre au sein des entreprises que dans les communautés de développeurs. Ces « 6 % » ont provoqué un légitime souci de comprendre le pourquoi de cette situation et le thème du genre a émergé ces dernières années dans différentes manifestations du logiciel libre. Cela fut le cas lors du salon Solutions Linux 2010 à Paris et aux 11es Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, début juillet 2010 à Bordeaux. Ce le sera à nouveau les 30 septembre et 1er octobre prochains dans le cadre du Forum Mondial du Libre 2010 à Paris. Dans ces événements, des tables rondes ont été organisées, des entretiens collectifs sont menés, des questionnaires à remplir en ligne sont proposés. Des premiers résultats obtenus, il ressort que le thème du « genre dans le logiciel libre » constitue une déclinaison, un cas particulier de problématiques plus générales, à savoir le genre et l'informatique, le genre et la science et, en définitive, la condition féminine dans la société. On pouvait raisonnablement le conjecturer. On trouvera ci-après une première synthèse issue des initiatives mentionnées. Au-delà des contextes plus généraux évoqués à l'instant, quelques pistes sur la spécificité du phénomène se dégagent. Des hypothèses sont faites, qu'il est tout à fait légitime, attendu et souhaité de contester. L'objectif, dont les débats ont clairement montré qu'il est largement partagé, est de mieux comprendre les raisons de la situation constatée. 1. Conditions générales 1. 1. Un éclairage de la question de la condition féminine Il est intéressant de remarquer que les pouvoirs publics, dans notre pays comme dans la plupart des pays industrialisés, adoptent des politiques d'équité ([1] ; [2]). Dans le même temps, le sujet est fréquemment traité par les médias et des résultats de recherche viennent souvent nourrir la réflexion des acteurs et des actrices. Par exemple, récemment, l'idée selon laquelle on assiste à une régression de la condition féminine par rapport aux années 1970 a été souvent avancée. La raison en serait qu'après des victoires significatives (dont la plus emblématique est celle de la légalisation de l'avortement en 1974), la vigilance des femmes pour faire respecter leurs droits aurait diminué. Dans les débats sur le genre et le logiciel libre, on retrouve des clivages anciens sur la mixité ou non du combat pour les droits des femmes, souvent exprimés en des termes empreints d'une certaine véhémence. Pour les unes, l'homme serait un ennemi plus ou moins irréductible. Pour les autres, on peut et doit faire des alliances. Les avis divergent sur la pertinence de listes de diffusion réservées aux femmes, de la constitution de groupes spécifiques au sein des associations du libre ou d'associations dédiées dans le cadre de la communauté du libre. On retrouve également parfois le déni de l'existence du problème et l'argument, repris aussi bien par des hommes que par des femmes, selon lequel les femmes en « rajouteraient », de par l'intériorisation de leur situation, allant ainsi jusqu'à le créer. Le manque de confiance en soi, la peur de ne pas réussir dans un milieu perçu comme étant hostile, la dévalorisation par les hommes des contributions des femmes (documentation par exemple) sont mentionnés. À propos des facteurs externes qui semblent empêcher l'augmentation du nombre des femmes dans le secteur, la question de leur temps libre dans la société actuelle est souvent évoquée. En effet, quand il ne s'agit pas d'une activité professionnelle, les programmeurs du libre codent en dehors de leur temps de travail, la nuit notamment. De nombreu/x/ses participant/s/es ne manquent pas de faire remarquer que le temps libre n'est pas (encore) la chose la mieux partagée dans le monde des genres. Les femmes sont davantage ancrées dans les servitudes de la vie quotidienne. Il convient de mentionner l'absence de consensus quant à l'évolution possible dans les années à venir. On constate ainsi, schématiquement, une opposition entre ce que l'on pourrait appeler une orientation « optimiste », fondée sur la confiance dans la possibilité d'une amélioration de la condition féminine au sein des communautés du libre et une approche plus pessimiste, considérant que s'accomplit ici aussi une vieille malédiction subordonnant les femmes aux hommes, aux machos. Ce qui nous semble important, c'est que le débat est désormais sur la place publique et que des chercheurs s'intéressent à la problématique, en nombre sans doute croissant. 1.2. Genre et science, l'informatique en particulier Au lycée, les filles réussissent aussi bien, mieux même, que les garçons dans les matières scientifiques. Et pourtant, elles ne choisissent pas ensuite les filières et carrières scientifiques comme elles pourraient y prétendre. Avec des différenciations au sein des disciplines (par exemple les statistiques et les probabilités par rapport aux autres domaines mathématiques) ou d'une discipline à l'autre. Il y a beaucoup de filles en biologie, plus qu'en sciences physiques [1]. Qu'observe-t-on en informatique ? Dans ses professions, on constate une régression. En effet, au début de cette industrie, les femmes y étaient nombreuses : les stéréotypes ne jouaient pas. Il y avait un espace à occuper, à conquérir, notamment pour celles et ceux qui pouvaient se sentir « mal à l'aise » dans d'autres domaines tels que les mathématiques. Dans cette période, l'informatique entretenait une relation avec les mathématiques un peu analogue à celle de la biologie par rapport aux sciences physiques [3]. On peut penser que cette relation avait une influence sur les vocations. du point de vue des vocations. L'informatique ne porte en elle-même rien d'hostile aux femmes. Mais on retrouve la relation habituelle avec la technique. Ainsi y a-t-il moins de femmes dans les domaines du matériel et de l'architecture. Le rapport au tableur a une connotation masculine dans les formations techniques (industrielles) mais pas dans le domaine tertiaire où l'on compte beaucoup de femmes. Et l'on ne constatait pas de différences pour la programmation dans les années 70. Sur ce point précis, il faudrait savoir si la situation a évolué depuis ces années-là. Car la question du code semble essentielle dans l'identité de membres des communautés du libre. 2. Genre et logiciel libre Les lignes qui suivent présentent une synthèse des observations auprès des acteurs des communautés du libre que nous avons menées en 2010. 2.1. Une dimension de « combat politique » La philosophie générale du libre, sa transférabilité à la production d'autres biens immatériels au plan des méthodes de réalisation et des réponses en terme de propriété intellectuelle (voir les licences Creative Commons) font que le mouvement du libre dépasse le cadre de l'informatique proprement dite. Ces dimensions sociétales, éthiques sont de nature à susciter l'intérêt des femmes et donc à contribuer à un « rééquilibrage ». Mais, contradictoirement, cette dimension « politique » au sens large avec ses rapports de force, ses luttes pour une influence et des pouvoirs joue en sens inverse. Cette dimension de « combat » est explicitement plus marquée que dans l'informatique en général. Les débats peuvent être « vifs », que ce soit avec l'informatique propriétaire ou lors de l'examen de grandes questions comme la transposition de la directive européenne DADVSI (Droits d'auteurs et droits voisins dans la société de l'information) ou la loi Hadopi. Les affrontements que signifie la teneur idéologique et politique prononcée du libre ne sont pas nécessairement prisés par les femmes qui peuvent s'y sentir mal à l'aise. On retombe là sur le phénomène bien connu de la place des femmes dans la vie politique. 2.2. Le primat du codage ? Dans le libre également, les femmes s'investissent davantage dans les travaux « annexes », moins valorisés, dans des démarches de bien commun, de but collectif, d'intérêt général. Les hommes, plus engagés dans les stratégies de pouvoir, privilégient ce qui se voit, les activités « nobles ». Le primat du codage dans le libre contribue à minorer l'importance d'autres activités, pourtant nécessaires et incontournables (documentation des logiciels, promotion...) qui se trouvent de fait dévalorisées. Ce primat de la programmation, très marqué dans les communautés de développeurs du libre, n'existe pas dans les entreprises. Dans le monde de l'entreprise, au contraire, le programmeur peut être confiné dans des tâches répétitives, parcellisées et de moindre intérêt. « Il faut faire vite à défaut de faire bien ». Le programmeur doit se contenter de « pisser du code » sans participer à la conception générale du logiciel, à l'élaboration de son architecture. Intégrer une communauté du libre est alors vécu comme une opportunité de se réaliser pleinement en mettant en oeuvre toutes ses compétences et ses potentialités, de s'épanouir et d'être reconnu. L'adhésion au libre recèle donc pour certains une composante « revanche des opprimés, des "prolétaires" de l'informatique ». Et, comme dans d'autres circonstances de la vie, cette promotion sociale peut entraîner contradictoirement à la fois des attitudes de solidarité, de partage, générosité, ouverture mais aussi d'intolérance, de fermeture, de sexisme. Pour se conforter dans l'idée d'appartenir nouvellement à une élite certains peuvent avoir tendance à rejeter les autres, en premier lieu ceux et celles qu'ils perçoivent comme étant plus « faibles » dans leur domaine d'excellence. 2.3. Des comportements individualistes Si les valeurs du libre sont partagées par l'ensemble des membres de sa vaste mouvance, ces derniers n'en sont pas moins très divers quant à leurs visions du monde qui recouvrent la quasi-totalité du spectre politique. Les motivations personnelles sont également très variées. Comme dans tous les mouvements humains existent des comportements élitistes. Nos interlocuteurs témoignent avoir rencontré des geeks aux capacités communicatives limitées, ce qui ne prédispose guère au travail collaboratif. La recherche de la perfection complique l'acceptation des différences. Des trajectoires personnelles peuvent engendrer des attitudes de rejet, à l'encontre des autres en général et des femmes en particulier. Ces comportements pourraient avoir tendance à être sur-représentés dans les noyaux les plus actifs, chez « ceux qui comptent » et qui sont les plus visibles. Indubitablement, le geek est marqué au masculin et le libre garde une aura de transgression, un côté « Robin des bois ». Cela étant, le « geek », un passionné, est généralement perçu d'une façon plutôt positive dans les communautés. Et, dans le libre comme ailleurs, on rencontre des gens qui s'affirment haut et fort comme ils ne sont pas car ils ne s'assument pas comme ils sont. D'où, pour toutes ces raisons, des comportements orthogonaux aux valeurs du libre (non partage, travail dans son coin, suspicion vis-à-vis des contributions d'autrui...). Même s'ils sont loin d'être majoritaires - le libre ne se réduit pas à ça et il est dans bien des circonstances conforme à ses valeurs -, ces comportements n'en existent pas moins, inégalement répartis dans l'écosystème. Et l'on peut avoir le sentiment que leur pouvoir de nuisance est plus efficace dans le domaine du genre que dans d'autres. 2.4. L'APRIL et SPIP Nous avons eu l'occasion de discuter avec les acteurs de deux entités qui jouent un rôle de premier plan dans le monde du libre, à savoir l'association APRIL, forte de ses plus de 5 000 membres et la communauté SPIP. Toutes les deux portent une réelle attention à la question du genre. Il y a encore aujourd'hui peu de femmes dans l'APRIL. La question du pourquoi est posée dans l'association sans qu'il y ait encore vraiment de réponses. Cela étant, les femmes sont mises en avant de manière positive. Parmi les axes du développement de l'association, la recherche de la diversité figure en bonne place. Un groupe spécifique a été créé qui travaille beaucoup sur la communication. Par exemple sur la manière de s'adresser aux gens : ne pas rédiger un courriel qui implicitement est destiné aux hommes et non aux deux sexes. La communauté francophone de SPIP fait figure d'exception. Ses membres décrivent un contexte dans lequel la ségrégation sexiste n'a pas sa place. Ils l'expliquent d'abord par une communauté de valeurs (égalité, bien commun, pas de leader, fonctionnement au consensus), un engagement où l'aspect « politique » est revendiqué en tant que tel. Et la conscience de la possibilité de comportements machistes amène à prendre des mesures pour les « étouffer dans l'oeuf » dès qu'ils se manifestent. Le codeur n'est pas sur-valorisé. En revanche, la conception est valorisée. Le caractère légitime du conflit est affirmé et il fait l'objet d'un apprentissage. Toutes choses de nature à favoriser l'égalité des sexes. 3. Éducation : des perspectives On sait l'importance de l'éducation reçue dans les déterminations de chacun et dans la formation des stéréotypes. Dans le système éducatif, ils jouent notamment au moment des décisions d'orientation. Que les filles (et les garçons) ne rencontrent pas la discipline informatique dans leur scolarité, jusqu'à maintenant à l'exception de l'option informatique des lycées dans les années 80, ne facilitent pas les vocations, la connaissance du logiciel libre (les outils utilisés à l'École sont encore majoritairement propriétaires) et le goût pour la programmation. De ce point de vue, la création en Terminale S à la rentrée 2012 d'un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » est une bonne chose, étant entendu que les logiciels libres y auront leur place. Nous avons donc mené une enquête auprès des lycéens qui a produit 278 réponses exploitables. Nous reprenons ici la conclusion d'un article récent (Baron et al., 2010), qui tendent à suggérer les points suivants. Les élèves disent utiliser peu l'ordinateur à l'école et beaucoup à la maison. Le questionnaire ne permet pas de repérer de différences très marquantes entre les filles et les garçons, sauf pour trois points :
Plus surprenant sans doute est la teneur des conseils que les élèves aimeraient donner aux enseignants. Bien sûr, la taille très limitée de notre échantillon ne permet pas de généraliser, mais il existe une attente de la part des élèves pour recevoir un enseignement leur permettant de mieux prendre en compte la dimension technique de l'informatique. La dernière question de l'enquête consistait en la demande de citation d'un logiciel libre. Les réponses obtenues concernent en premier lieu des logiciels propriétaires, les produits Microsoft étant en bonne place ! On peut penser que c'est dû à la méconnaissance de la notion de logiciel libre. Il est également possible de noter que les garçons ont eu tendance à citer des dispositifs de communication (par exemple le système du « peer to peer ») et les filles plutôt des noms de sites web, des systèmes pour l'usage des musiques et des vidéo, etc. Ils manifestent ainsi, une plus grande tendance à la technicité. Il est donc notable que nos répondants n'ont à l'évidence pas d'idée extrêmement claire de ce que représente un logiciel libre. Cela nous semble confirmer la responsabilité qui incombe aux systèmes éducatifs pour donner aux élèves les références techniques et théoriques nécessaires à la compréhension de ce qui se joue, tout en restant dans le cadre de méthodes actives fondées sur le développement de projets. Pour cela, les enseignants sont bien entendu des acteurs irremplaçables. Comme ils opèrent dans un cadre très contraint par des règlements et des coutumes, l'intervention des prescripteurs intermédiaires est indispensable. Cette dernière peut se faire par l'intermédiaire d'enseignements spécifiques, mais aussi par la mise en place de projets, comme en témoigne par exemple (Lin & Zini, 2008). Jean-Pierre Archambault Ayuko Sedooka Georges-Louis Baron Références Archambault, J.-P. (2007, juin). Informatique et TIC : une vraie discipline ? EpiNet n° 96. Archambault, J.-P. (2008). Favoriser l'essor du libre à l'École. Médialog n° 66 de juin 2008, Forum, p. 38-43. Archambault, J.-P. (2009, avril). Numérique, droit d'auteur et pédagogie. Terminal n° 02, Automne-Hiver 2008-2009, édition l'Harmattan, p. 143-155. Baron, G.-L. ; Dané, E. (2007, septembre). Pédagogie et ressources numériques en ligne : quelques réflexions. EpiNet n° 97. Baron, G.-L. ; Drot-Delange, B. ; Khaneboubi, M. ; Sedooka, A. (2010, septembre). Genre et informatique : compte rendu d'une enquête récente par questionnaire sur les opinions d'élèves de lycée. EpiNet n° 127. Baron, G.-L. (2009). Des TICE aux environnements numériques en milieu scolaire ? Contexte et perspectives. Dans F. Poyet & J. L. Rinaudo (Éd.), Environnements numériques en milieu scolaire. Quels usages et quelles pratiques ? (p. 215- 226). Lyon : INRP. Hourbette, D. ; Baron, G.-L. (2008). Promoting Equity in Maths Achievement. The Current Discussion. Dans M. Chionidou-Moskofoglou, A. Blunk, R. Siemprinska, Y. Solomon, & R. Tanzberger (Éd.), Promoting Equity in Maths Achievement. The Current Discussion, Future Learning (p. 73–82). Barcelona : Universitat de Barcelona. Hourbette, D. ; Baron, G. ; Khaneboubi, M. (2008). Towards mathematical gender sensitive teacher education Lessons from researchers, institutions and practitioners : First elements for a state of the art. PREMA2 deliverable. Lin, Y. ; Zini, E. (2008). Free/libre open source software implementation in schools : Evidence from the field and implications for the future. Computers & Education, 50 (3), 1092-1102. Pochon, L. ; Bruillard, É. ; Maréchal, A. (2006). Apprendre (avec) les progiciels. Entre apprentissage scolaire et pratiques professionnelles. Neuchâtel / Lyon : IRDP ; INRP. NOTES [1] S. Dauphin, « L'élaboration des politiques d'égalité ou les incertitudes du féminisme d'État une comparaison France/Canada », Féminisme(s) : recompositions et mutations (2006): 95. [2] A. Touraine, Pourrons-nous vivre ensemble ? (Fayard, 1999). [3] En une phrase, Ernest Rutherford (1871-1937) énonce la suprématie de la physique en son siècle, en l'opposant à la biologie : « En sciences, il y a deux choses : la physique et la collection de timbres. » À l'époque, la technique n'avait pas sa place et les mathématiques se justifiaient par leur utilité en physique. Aujourd'hui, la biologie modélise ses objets en insistant sur leur caractère algorithmique. Les nouveaux déploiements de la démarche scientifique accordent une place importante au choix du langage utilisé pour décrire les objets. Le séquençage du génome, par exemple, repose sur une abstraction nouvelle de ce qu'est un brin d'ADN ou d'ARN : une suite finie à valeur dans un ensemble à quatre éléments – les informaticiens disent « un mot dans un alphabet de quatre lettres ». Cette question de la représentation informationnelle des objets est une question récurrente en informatique. La biologie s'est dotée d'un appareillage théorique qui se fonde beaucoup sur l'informatique. Son statut a évolué. Il sera intéressant de voir si cela influe sur la question du genre. ___________________ |
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