Présentation des freins et des facteurs de changement pour Prospective des tendances et des évolutions des méthodes d'apprentissage Élise Chomienne, Marouane Badaoui, Nathalie Gonzalves, Yassine Zene, Christophe Gentil Résumé Mots clefs : e-learning, Enseignement assisté par ordinateur, Université virtuelle, technologies de l'information et de la communication, cyber formation. État des lieux « Un des principes les plus nécessaires à une réforme (de l'éducation), Évoquer le sujet du e-learning ne s'avère pas être une chose aisée. En effet, la formation à distance a divisé, et divise encore, les experts comme les praticiens tant sur les pratiques que sur les perspectives. L'Union européenne définit l'e-learning comme « l'utilisation des nouvelles technologies multimédias de l'Internet pour améliorer la qualité de l'apprentissage en facilitant d'une part l'accès à des ressources et à des services, d'autre part les échanges et la collaboration à distance ». Il s'agit donc bien d'améliorer l'apprentissage et non de remplacer un type d'apprentissage par un autre. Il est question de partager de la connaissance avec des acteurs distants et d'enrichir les échanges. Pourquoi, malgré ces bonnes intentions, ce sujet est-il tout de même complexe et attise-t-il les polémiques ? Une des réponses se trouve peut-être dans le fait que l'apprentissage en ligne entremêle deux domaines souvent confrontés, pour des raisons respectives, à la polémique : l'apprentissage et les technologies numériques. Il semble donc important de dépasser cette situation. Les origines Les études par correspondance autrefois appelées formation ouverte à distance (FOAD), télé-enseignement ou enseignement à distance (EAD) ne sont aujourd'hui que de lointaines cousines du e-learning, dans la mesure où cet apprentissage en ligne non synchrone ne nécessitait pas forcément d'équipement particulier de la part des acteurs : formateurs et apprenants. Il s'agissait juste de permettre à un enseigné distant de recevoir des contenus pédagogiques. En effet, les technologies de l'information et de la communication sont en train de bouleverser cette discipline. Il n'est aujourd'hui plus seulement question d'apprendre à distance mais bien de participer en ligne à un apprentissage. Le mot e-learning commence à être employé vers le milieu des années 90 et recouvre une foule d'acceptations. Les réelles évolutions dans le domaine de l'apprentissage en ligne sont évidemment liées aux avancées technologiques et à la simplification des usages. L'aspect intuitif du web d'aujourd'hui favorise la prise en main des systèmes d'apprentissage en ligne, qu'il s'agisse d'environnement numérique de travail, d'université virtuelle, de campus numérique ou de bureau virtuel. Les termes sont nombreux, l'objectif est quasiment le même : apprendre de façon plus adaptée à la vie actuelle. Venons-en aux perspectives tangibles du e-learning à court, moyen et long terme. Les bouleversements apportés par les nouveaux réseaux donneront-ils une nouvelle chance à ce type d'apprentissage ? Ne permettent-ils pas de dépasser tous les scepticismes des pédagogues ? Peut-être est-il temps de cesser d'opposer présentiel et à distance, en acceptant l'idée qu'ils peuvent s'apporter l'un à l'autre. Conflit de génération ? Évidemment, le « je veux tout, quand je veux, où je veux et tout de suite » apparaît peut-être dans un premier temps exaspérant et immature. Justement, il faut prendre en compte sa dimension. Se trouve-t-on face à un conflit de générations ? Repartons du principe fondateur de l'école : transmettre un savoir et éduquer des enfants (apprenants) afin qu'ils se réalisent. Nous sommes tous d'accord pour admettre qu'il serait dangereux de ne pas regarder clairement le rapport des jeunes et de la technologie. Leur ordinateur a remplacé la télé, le lecteur mp3 synchronisé le walkman – et le blog le journal intime. « Internet est dangereux ! » est une réplique encore entendue fréquemment. Cette forte critique peut toutefois se justifier par le « coté obscur » de cet outil : accès à des ressources non vérifiées voire non autorisées, surveillance (« big brother ») et exploitation des données des usagers, fausse recommandation, etc. Cette inquiétante vision des réseaux vient aussi de cette difficulté à cerner l'Internet. Où cela s'arrête-t-il ? Qui est acteur de cette production numérique circulante ? Si c'est tout le monde c'est aussi n'importe qui ? Pour beaucoup d'enseignants aujourd'hui en poste, internet comme les nouvelles technologies restent très mystérieux. Les formateurs se sentent dépassés par rapport à la technique et ne peuvent alors envisager des usages pédagogiques. Devant eux, ils trouvent des jeunes surfeurs, blogueurs, tagueurs. Deux mondes semblent s'opposer. Toutefois ces jeunes bien que très à l'aise, n'ont souvent qu'une vague idée du fonctionnement de ces réseaux et, chose plus grave encore, sont loin de distinguer la valeur ou l'intégrité de l'information qu'il survole. Ils sont souvent submergés par cette infobésité (surcharge d'information) et n'ont jamais appris à faire le tri. L'apprenant ne doit pas simplement acquérir des connaissances mais il doit apprendre à les acquérir. Les deux mondes ne sont pas si loin et le remède est connu. Dans les deux positions, il faut apprendre. Apprendre pour maîtriser. Il faut donc d'abord comprendre ces nouvelles technologies pour ne pas en avoir peur. Nous ne devons pas oublier ce qu'on le demande aux enseignés : « être ouvert d'esprit ». N'est-il pas justement largement temps, en tant que formateur / enseignant de plonger dans ce monde afin d'appréhender le plus finement les réseaux et les nouveaux échanges. Un formateur et des contenus de qualité indispensables En transformant les échanges du savoir, le rôle du formateur apparaît alors comme essentiel. Comment loin de se voir remplacer par du virtuel, peut-il, en s'appuyant sur des facteurs inébranlables, réussir avec plus d'aisance sa mission d'enseigner ? L'intégration du e-learning à l'université ne peut réussir qu'en dépassant de nombreux freins subjectifs comme objectifs. Quels sont les facteurs clés d'une réussite ? Quels sont les leviers pour le formateur et les établissements ? Il est, par exemple, évident que, quels que soient les équipements, les vitesses de connexion et l'ergonomie des interfaces d'apprentissage, certains facteurs, tels que la qualité et la fiabilité du contenu, restent des valeurs clés de réussite. Il est important de rappeler que les technologies de l'information et de la communication ne font pas l'apprentissage, en soulignant toutefois qu'ils sont en train de bouleverser les rapports enseignants-enseignés et enseignés-enseignés. Effectivement, les modes de communication sont le reflet d'une façon de fonctionner, de vivre. Même si beaucoup s'accordent sur le fait que réfléchir à un apprentissage toujours meilleur ne peut être qu'une bonne chose, l'e-learning se heurte aussi aux massives craintes que suscite Internet. Comment maîtriser la diffusion de l'information et assurer sa fiabilité ? Si tout le monde peut discuter et commenter un savoir diffusé, où se trouve la place du maître responsable ? Il n'est pas seulement question de transmission de supports pédagogiques car les technologies de l'information et de la communication actuelles bouleversent tous les cadres habituels de la formation. L'enseignant a pour habitude de donner son cours à un groupe donné, à une heure donnée dans un lieu donné. L'e-learning abolit toutes ces limites. En ouvrant sa classe sur internet, les frontières se modifient. Une maîtrise doit être obligatoirement mise de coté car les limites comme les frontières sont troubles (limites de la classe ? du temps ? de la durée ? de la géographie ?). D'autres points restent en suspend pour assurer la réussite du passage au e-learning. Une appropriation des outils apparaît comme primordiale pour ne pas aggraver la fracture numérique. De plus, les équipements devront assurer une égalité aux accès. En ouvrant sa classe, l'enseignant doit aussi prendre en compte le fait qu'il peut être jugé par ses pairs, d'une part. D'autre part, il est nécessaire que les questions de plagiat soient abordées et que des solutions adaptées aux diffusions actuelles soient trouvées, afin de garantir aux formateurs le respect du droit d'auteur et du droit de diffusion. Une formation sur ce sujet peut-être envisagée destinée aux responsables de contenus, comme aux destinataires. Cette ouverture sur les réseaux comme cet enseignement asynchrone permet à l'apprenant de consulter les contenus lorsqu'il le veut, le peut. Il n'est pas non plus nécessaire d'être à un emplacement géographique particulier pour apprendre. Le rôle du formateur prend tout son sens. Il doit de par sa fonction être le guide. Un guide de confiance pour les apprenants pour se repérer, identifier les ressources, accroître la curiosité. Le défi pour le formateur est de donner aux apprenants les clés pour utiliser le web et ses ressources. Valoriser les ressources électroniques peut aller de pair avec la valorisation du savoir. Il ne s'agit pas seulement de poster des contenus pédagogiques sur un réseau comme dans une boîte aux lettres. C'est un véritable travail qui engage donc des droits et des devoirs.
Reconnaissance du e-learning : une urgence comme une nécessité La question de la rémunération des enseignants en e-learning est cruciale. Si le formateur ne reçoit ni salaire ni une décharge de travail cela sous-entend que cette action de formation en ligne n'a pas de valeur et elle n'est donc pas soutenue. C'est un problème majeur en France car de nombreuses actions individuelles voient le jour mais comme elles ne trouvent pas le soutien officiel d'une hiérarchie, elles ne peuvent que difficilement s'apporter les unes aux autres et perdurer. Le formateur ne peut s'investir dans ces nouvelles pratiques que s'il est assuré de leurs pérennités. Les acteurs d'un établissement sont motivés lorsqu'ils perçoivent l'engagement et la maîtrise par les décideurs. En effet, ce type de projet, porteur de beaucoup de changement, doit être pris à bras le corps par les responsables d'un établissement. Ceux-ci prendront en compte le rôle de chaque individu, la nécessité de distinguer des personnes ressources. Ils ne négligeront aucune difficulté et feront preuve à la fois d'une écoute bienveillante et d'une volonté assurée. Un établissement d'enseignement est une petite cité. Cette configuration en collectivité peut-être à la fois le meilleur atout pour la réussite du projet comme la pire des faiblesses. Si les individus sont isolés, ils ne développeront que très rarement le sens des responsabilités personnelles. (D'ailleurs, ceci explique-t-il peut-être le très lent démarrage du droit individuel de formation en France). Si les acteurs de cette micro société doivent ressentir les prises de responsabilités de ces décideurs, l'État a aussi son rôle a joué. Effectivement, les autorités compétences servent de pierre angulaire pour ce type de montages de projets. Leur rôle est de proposer des scénarios pédagogiques solides à chaque établissement. Ces scénarios répondront à la fois aux aspirations des personnels tout en prenant en compte les besoins de la société. Une communauté virtuelle d'apprenants : vers une université 2.0 Du point de vue de l'apprenant, le facteur réseau social offre de grandes opportunités pour l'apprentissage. Le groupe d'apprenants mobilise l'individu. Si les plates-formes en ligne permettent dans un premier temps à l'apprenant de retrouver son bureau virtuel avec toutes ces données, elles favorisent l'implication dans la mesure où chacun fait partie d'un groupe. Il est reconnu par cette micro société et devient presque intuitivement responsable de la bonne marche de cette société. Il n'est pas naïf de penser que la révolution du web 2.0 donne un coup de jeune à l'apprentissage en ligne. En ne dramatisant pas le coté gadget du 2.0, nous pouvons peut-être nous appuyer sur ses atouts : les lecteurs deviennent des acteurs. Un internaute aujourd'hui n'est pas passif devant son écran. Il participe. Il devient donc acteur du contenu. L'élève, l'apprenant, en devenant lui aussi acteur s'approprie le savoir. Concevoir un espace d'apprentissage en ligne dans un établissement doit être vu comme un projet à part entière. En se plaçant dans une démarche projet, il est plus facile de comprendre la nécessité du soutien des décideurs, l'information/formation de tous les acteurs du projet, le calcul des risques et des coûts, les objectifs à court, moyen et long terme. Cette stratégie permet de réussir une conduite du changement car tous les acteurs de l'établissement sont concernés et informés. Ils sont alors plus confiants et plus impliqués. Tout au long de la vie d'un projet, l'accompagnement est primordial. À des niveaux différents, tous les acteurs doivent savoir trouver une réponse à toutes leurs questions, qu'elles soient techniques ou pédagogiques. L'un des freins majeurs à l'intégration des technologies de l'information et de la communication dans l'apprentissage est le facteur humain. Il faut donc définir un programme de formations afin de former les techniciens, les enseignants, les apprenants et les décideurs. Une fois les acteurs formés, il faut leur assurer un accompagnement (tutoriel, formation spécialisée, etc.). Le haut débit à l'horizon 2010 Il y une dizaine d'années, l'internaute se satisfaisait de modems à 56 Kbit/s. En effet, à cette époque, le transfert de fichiers à très fort volume de stockage comme des images ou de la vidéo, n'était pas entré dans les us et coutumes des internautes. Cependant, au fur et à mesure de l'introduction des techniques de communication dans la société contemporaine, les usages se sont diversifiés, les applications développées et la demande de débit subit une croissance exponentielle. La courbe ci-dessous, décrit l'évolution des débits depuis 1850 :
En cette année 2010, en France, en termes de proportion, trois foyers connectés à Internet sur quatre le sont via le haut débit. Cette progression est en grande partie le fruit de la baisse globale du prix des abonnements, au nombre grandissant d'appareils pouvant accéder au haut débit – téléphones portables, assistants personnels, consoles de jeux vidéo, etc. – et à l'augmentation du nombre d'applications utilisant la connexion haut débit – VoIP (voix sur IP), VOD (Vidéo à la demande), etc. Usage des TIC Après l'adoption de certaines mesures par le gouvernement français, en 2010, visant à développer le taux d'équipement des foyers en ordinateur, former à l'utilisation des TIC, faciliter l'accès à internet et réduire les freins psychologique, 80 % des foyers français sont équipés d'un ordinateur, connectés à l'Internet et formés à son utilisation. De plus, le Ministère de l'Éducation nationale vient de lancer un vaste programme de promotion des nouvelles technologies d'information et de communication éducatives. Tout d'abord, il y a la mise en place d'un brevet à destination des collégiens qui validera les compétences numériques acquises au collège. Enfin, le plan B2i, le projet Plumel d'Espace Numérique de Travail en partenariat avec les collectivités régionales et départementales ainsi que le développement de l'offre de formation à distance constituent trois dispositifs d'accompagnement de cette évolution. Puis, à un niveau supérieur, il existe le Certificat Informatique et Internet de niveau 1 (C2i) pour les étudiants et de niveau 2 à destination des professeurs. L'Espace Numérique de Travail vise à mettre à la disposition des communautés éducatives les services utiles selon le profil des acteurs : services de vie scolaire, services pédagogiques, ressources numériques. Il sera accessible de tout poste connecté à internet et permettra aux familles de suivre le parcours des enfants, aux élèves d'être soutenus dans leurs apprentissages, aux éducateurs de personnaliser et de mutualiser leurs travaux et leurs productions. Il constituera un outil d'importance pour le développement et la mobilisation des compétences TICE L'e-learning 2010 : l'apprentissage mixte L'apprentissage mixte, également appelé apprentissage hybride, est une approche qui s'est développée avec ténacité dans le domaine de l'éducation. Il ne s'agit en aucun cas d'un nouveau terme ou d'une nouvelle méthode, celle-ci a ses caractéristiques propres. Dorénavant, l'apprentissage et l'enseignement mixtes sont et continuent à être une façon intelligente de s'adapter aux différents besoins de formation des individus. Cependant, l'analyse de l'apprentissage mixte par comparaison avec l'e-learning suscite des réflexions et des évaluations qui permettent de mieux appréhender ses limites et ses possibilités. L'idée clé est le choix du type d'apprentissage. Il est essentiel, dans l'apprentissage mixte, de pouvoir sélectionner les méthodes les plus adaptées en fonction des besoins détectés. La comparaison de l'apprentissage mixte avec l'e-learning peut néanmoins parfois susciter des controverses susceptibles de nous empêcher d'accorder toute l'attention qui leur est due aux besoins réels des personnes concernées par l'apprentissage. En fin de compte, la rentabilité du modèle n'est pas l'essentiel, même si on ne peut la négliger. Ce qui importe avant tout, c'est de pouvoir disposer d'un mode d'apprentissage vraiment efficace, permettant l'acquisition des compétences les plus nécessaires. L'apprentissage virtuel et les compétences TIC sont devenus une composante permanente des programmes scolaires. Les principaux facteurs de ce succès ont été l'approche consistant à utiliser l'e-learning afin d'améliorer l'ensemble des méthodes d'enseignement, le système d'e-tuteurs personnalisés et la politique de formation et d'information en continu. Actuellement, les universités françaises préparent une proposition de projet pour l'année scolaire 2010-2011, visant à améliorer l'élaboration des contenus et la formation des enseignants dans l'optique d'une approche véritablement intégrée de l'apprentissage mixte. L'e-Learning en entreprise De plus en plus, la formation des salariés se retrouve être au coeur des préoccupations des ressources humaines. Avec pour question principale : comment motiver et responsabiliser les salariés dont les formations ne sont pas forcément adaptées à l'évolution de l'entreprise ? Pour y répondre, de multiples formations ont vu le jour ces dernières années : cours, stages... et, aujourd'hui, e-learning. Une formule qui représente actuellement entre 10 et 15 % du budget de formation des entreprises françaises. Compte tenu du niveau de maturité du marché de l'e-learning, celui-ci devient et est devenu de plus en plus accessible à un plus grand nombre d'entreprises. L'offre est de plus en plus variée et large, et les prix sont plus avantageux et accessibles. Étant donné le niveau de maturité du marché de l'e-learning, celui-ci devient de plus en plus accessible à un plus grand nombre d'entreprises. L'offre est de plus en plus diversifiée et large, et les prix sont plus avantageux. L'e-learning dans l'enseignement supérieur L'e-learning, est aujourd'hui plus utilisé dans les entreprises et les centres de formation professionnels que dans l'enseignement supérieur. Dans le secteur de l'éducation, se former derrière et par l'intermédiaire d'un ordinateur a été pendant longtemps considéré comme incompatible, voire contraire à la pédagogie. Mais l'Internet, qui fait aujourd'hui partie intégrante de la vie des jeunes générations, ne pouvait être ignoré par le milieu éducatif, donc l'e-learning a fait son entrée sur les campus. Et aujourd'hui l'e-learning a encore du chemin à parcourir avant d'être totalement intégré dans les programmes pédagogiques et considéré comme une véritable valeur ajoutée pédagogique. L'e-learning, pour les universités et écoles françaises, a pour intérêt principal de pallier les difficultés qu'implique une formation continue ou à distance. C'est en effet le cas de la plupart des universités et écoles françaises. « L'avenir n'est pas une amélioration du présent. C'est autre chose. » La génération numérique Janvier 2018 : près de 20 ans après l'arrivée d'Internet chez le grand public, une nouvelle génération d'apprenants est prête à prendre son indépendance. Leur prénom a été choisi sur Internet, ils ont su très tôt manipuler une souris, utiliser un ordinateur. L'informatique a été intégrée dans leur quotidien scolaire. Le développement de l'administration en ligne, l'implication des grandes entreprises sur Internet, puis dans les univers virtuels, la convergence des médias : tous ces facteurs ont contribué à imprégner l'existence de cette génération par les nouvelles technologies. Ces pratiques deviennent à la fois naturelles et indispensables pour s'informer et communiquer dans le monde moderne. Pour la génération numérique, il ne s'agit ni de découvrir, ni de s'adapter. Les téléphones, les GPS, les ordinateurs ont toujours été là, sous une forme ou une autre. Discuter par messagerie instantanée n'est pas plus étrange qu'une conversation téléphonique ou qu'une entrevue en chair et en os. C'est simplement un autre moyen, une autre façon de faire, qui implique une relation sensiblement différente. En 2018, le combat contre les technologies n'est plus d'actualités : elles couvrent désormais tous les domaines de notre vie quotidienne, qu'il s'agisse des usages professionnels ou des usages privés. Le jeu vidéo, depuis plus d'une décennie le premier produit culturel en France, s'est inspiré de la littérature, du cinéma, de la musique et des arts graphiques, pour développer toute une série de courants culturels. Des musées, des expositions, des manifestations sont organisés de plus en plus chaque année en sa faveur et en celles de tous les arts numériques. Être étudiant en 2018 Mais la vie citadine en 2018 n'est pas simple : en effet, la transition entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables et le nucléaire est à peine amorcée, tandis que les phénomènes climatiques se sont accentués. Dans les zones les plus épargnées par les canicules, les inondations et les tempêtes saisonnières, les flux migratoires s'accentuent. Les loyers augmentent, notamment dans les grandes villes bien desservies par les transports en commun. Cette situation est particulièrement pénalisante pour les étudiants issus des classes moyennes, qui éprouvent d'avantages de difficultés pour acquérir leur autonomie, vivre seul ou partir étudier dans une autre ville ou dans un pays étranger. Ainsi, plus de 50 % des étudiants vivent dans un logement familial, qu'il s'agisse du domicile des parents ou d'autres membres de la famille, tandis que 25 % sont contraints à la cohabitation ou à la sous-location. De plus, près de 40 % des jeunes exercent une activité concurrente avec leurs études. C'est pourquoi, au début du mois de février 2018, les principaux syndicats étudiants commencent une grève. Ils réclament des emplois du temps aménagés et des diplômes plus personnalisés. Le maître mot de cette génération est la maîtrise du temps : chaque unité d'enseignement, chaque heure passée à l'étude doit être rentable et profitable. Mais pendant que la grève s'organise, avec le blocage des universités, les étudiants, soutenus par leurs professeurs, continuent d'étudier par e-learning. Des plates-formes d'enseignement spontanées se créent, tandis que le mouvement se durcit. Deux mois après la grève étudiante, certains partis politiques, notamment ceux à tendances écologiques, appellent à la grève des salariés pour soutenir l'effort des étudiants. Ils réclament une prise de conscience politique des problèmes énergétiques et environnementaux, qui se sont accentués depuis l'abandon des protocoles de Kyoto en 2012. Après 15 jours de grèves dans les secteurs de l'enseignement, des transports et de quelques entreprises privées, le gouvernement français décide de proposer un ensemble de programmes pour améliorer les problèmes soulevés par les grévistes. Parmi ces programmes on distinguera un plan de développement pour l'e-learning, baptisé E-Learning 2022. E-Learning 2022 Le gouvernement français a fixé en juillet 2018 comme objectif de permettre aux étudiants la poursuite d'une activité salariée en parallèle avec leur cursus universitaire. Ainsi, il est prévu d'assouplir leurs contraintes de temps et de lieu par le développement de l'enseignement à distance, et notamment le développement de l'e-learning. C'est pourquoi le programme E-Learning 2022 prévoit de multiplier le nombre de formations accessibles totalement à distance, de façon à ce que d'ici 4 ans 25 % des formations de l'enseignement supérieur soit totalement accessibles à la fois en présentiel, en enseignement mixte et totalement à distance. Cependant, pour réaliser cet objectif, le gouvernement va devoir établir un certain nombre de mesures pour pallier les réticences des enseignants qui s'expriment depuis plusieurs années à ce sujet. En effet, ils ont dénoncé le mode de reconnaissance professionnelle de l'enseignement universitaire : basé sur la recherche, il ne prend pas en compte le temps et l'investissement des professeurs dans le cadre de l'e-learning. Selon une enquête menée par le ministère de l'enseignement et de la recherche, il s'agit du principal obstacle à l'exercice du e-learning dans l'enseignement supérieur. À coté de cela, il reste également quelques vestiges de freins pédagogiques et culturels au sujet de l'enseignement à distance, notamment concernant les échanges entre apprenants et formateurs, ainsi que la diversité des formes d'interventions. C'est pourquoi, le programme E-Learning 2022 prévoit :
L'essor du privé Ainsi, des moyens importants sont mis en oeuvre pour développer le e-learning et notamment pour faire face à toutes les réticences des enseignants à prodiguer des cours via des technologies numériques. Cependant, si le nombre d'inscrits à ces formations est très important, et si le nombre d'enseignants volontaires augmente, les taux de réussite de ces formations ne sont pas aussi élevés qu'on aurait pu l'espérer. En effet, il apparaît que les étudiants peinent à gérer leur autonomie et à s'investir, et qu'étudiants et enseignants ne parviennent pas à établir de nouveaux repères. Dans le même temps, on observe une progression très importante de l'enseignement en e-learning au sein d'établissements privés, qui saisissent l'opportunité économique que représente ce nouveau marché. On distingue plusieurs nouvelles tendances dans les formations dispensées par ces établissements :
États des lieux et remises en questions En 2021, un an avant la fin du programme E-Learning 2022, le conseil de l'Établissement national des Enseignements numériques organise une consultation publique sous forme d'un forum étalé sur 15 jours. Le but est de découvrir quels sont les freins au développement du programme et quels facteurs pourraient lui permettre de gagner en efficacité et en popularité. Le but est également d'observer les pratiques qui ont lieu dans l'enseignement privé afin de s'en inspirer. On découvre qu'au delà des tendances mises en exergues plus haut, les établissements de l'enseignement privé font appel à des professeurs plus jeunes, souvent des professionnels reconvertit en enseignants, qui expérimentent de nouvelles méthodes d'apprentissages. Le jeu, la stimulation de la mémoire, la simulation et la gestion par projet ont une grande place dans ces expérimentations. Fort de ces réflexions, l'Établissement national des Enseignements numériques développe en juillet 2023 une plate-forme d'enseignement en trois dimensions, et inaugure de nouveaux types de diplômes et de nouvelles méthodes d'apprentissage. - L'ENEN met en place le PPU, le Parcours Personnalisé Universitaire, qui permet à chaque étudiant de créer son propre diplôme en étroite interaction avec les services d'orientation de l'établissement. L'étudiant devient donc véritablement acteur de son cursus, il a pour mission de définir les unités d'enseignements qui composeront son futur diplôme, sur 2, 3, 4 ou 5 ans selon les ambitions de son projet. Cela nécessite que l'étudiant ait une vision claire de la fonction qu'il souhaite exercer, et qu'en fonction de l'état du marché de l'emploi dans ce domaine, il sélectionne toutes les matières ou formations qui lui permettront d'être polyvalent ou spécialisé, selon son besoin. Ainsi, les 6 premiers mois de la première année universitaire seront consacrés à l'établissement du PPU de chaque étudiant, qui suivra des unités d'enseignement découvertes, des stages d'observation en entreprise et réalisera des enquêtes auprès de professionnels afin de comprendre la réalité du métier qu'il souhaite exercer. Les services d'orientation auront pour mission d'encadrer l'étudiant dans sa recherche, de le conseiller et de valider chacune des étapes de son parcours. Un encadrement appuyé est donc nécessaire pour parvenir à la réussite de ces objectifs, et l'ENEN prévoit la création de postes de conseiller d'orientation supplémentaires. - L'ENEN met en place une organisation de l'apprentissage e-learning par la gestion par projet. Le but est que tous les acteurs de l'université virtuelle (Enseignants, tuteurs et étudiants) puissent s'organiser et interagir avec le plus d'efficacité et d'efficience possible. C'est pourquoi, les rôles et statuts de chacun seront redéfinis. Les nouveaux statuts des acteurs de l'université virtuelle Les enseignants Les tuteurs (rebaptisés animateurs) Les étudiants Les nouvelles dispositions prisent par l'ENEN deviennent rapidement populaires, et génèrent un engouement important pour l'apprentissage à distance, tandis qu'on observe certains disfonctionnements au sein de la gestion par projet, notamment un manque d'échanges et de communication entre les enseignants chercheurs et les animateurs. Professeurs d'un nouveau genre, les animateurs devront se faire une place dans la hiérarchie de l'éducation nationale.
« Le futur a été créé pour être changé. » E-learning en 2025 L'afficheur numérique 3D plus Les méthodes, que nous avons citées, sur lesquelles se base l'e-learning seront dépassées, finies les méthodes traditionnelles d'e-learning, place aux innovations et à l'e-learning futur. L'enseignement par e-learning en 2025 sera basé sur la technologie « 3D plus », c'est-à-dire que la lecture des cours se fera par vision en 3D dans l'air et non pas comme une vidéo. Ce sera grâce à un support qui émettra des électrons, ils feront l'objet d'une succession d'images parue dans le vide et ne dépasseront pas un périmètre précis et de taille modifiable. Cet appareil s'appellera l'afficheur numérique 3D Plus (AN 3d+), on aura le choix soit de lire le contenu du cours comme nous lisons un article dans un journal, ou bien, de l'afficher dans sa chambre de travail en 3 dimensions non pas en écrit mais en image (par exemple : une personne qui explique le cours mais vue de tous les angles) ce qui donne une impression d'assister à un cours, mais en plus amélioré, puisqu'on peut suspendre, voir, et revoir le cours autant de fois que nous le désirons sans gêner un enseignant ou un formateur. Tous les étudiants auront cet appareil indispensable pour gagner du temps, quand aux enseignants, cet objet leur permettra de réaliser leur cours. La machine possèdera des fonctions très développées qui permettront de filmer et mettre directement en ligne le cours filmé, ceci donnera la possibilité d'effectuer des cours en directe pour les matières qui nécessite une intervention effective de la part des enseignants. Branché à un ordinateur, l'AN 3d+ permet de se mettre en relation en instantanée avec tous les appareils similaires qui seront connecté au même serveur, cela donnera la possibilité aux étudiants de participer au cours, poser leurs questions en cas d'incompréhension, et aux professeurs d'y répondre directement ce qui ne changera pas des habitudes des cours en présentiel. L'électrocam Nous pourrons simuler la présence des formés qui seront dans la même formation que nous, en passant en « mode classe », pour avoir l'impression d'assister à un cours collectif avec des personnes autours de soi. Ils seront aussi sur le même mode et nous aurons la possibilité de leur parler en instantanée comme en vrai, c'est la visiophonie 3D plus amélioré. Son principe est assez simple, chaque étudiant devra avoir ce qu'on appelle une Électrocam : c'est une caméra qui enregistre des vidéos et qui les diffuse aussitôt en électron visible sur un espace prédéfini par l'utilisateur et sur l'adresse souhaitée, exemple : A veut voir la personne B, les deux ont l'électrocam, l'utilisateur A va donc envoyer une requête à l'utilisateur B pour qu'il puisse accéder à son électrocam, l'utilisateur B accepte, l'appareil de l'utilisateur A projette alors les images prises par l'électrocam de l'utilisateur B et l'affiche dans le lieu où se trouve cet utilisateur A. Les enseignants pourront utiliser cette méthode lors d'une visioconférence pour expliquer un cours, ou pour un professeur qui suivra les évolutions du travail d'un stagiaire dans un monde de nomades, une méthode très pratique pour casser les barrières de la solitude et de la communauté individualiste qui seront établies à cause de l'e-learning. Il est important de signaler qu'avec toutes ces nouvelles technologies, dont le but est de faciliter la vie quotidienne des citoyens, le contact avec les personnes sera remarquablement réduit, et ce sont ces mêmes technologies qui devront résoudre ces problèmes engendrés. La relation interpersonnelle Souciant des impacts conséquents des technologies du futur sur la vie sociale des individus, les chercheurs opteront pour une nouvelle solution qui favorisera le contact avec les objets et les personnes en utilisant la conductivité naturelle du corps humain comme mode de transport de données. Ce seront des badges d'accès spéciaux qui transmettront leur identifiant à des capteurs placés sur les poignées de porte ou sur le sol. Ces derniers seront eux-mêmes reliés à un dispositif de contrôle. Plus besoin de chercher sa carte d'accès, le badge transporté dans la poche émettra un signal qui transitera par le corps jusqu'aux bras puis aux mains, ou aux jambes puis aux pieds de la personne, pour atteindre la poignée de porte ou le plancher. Si l'individu est reconnu, l'accès sera autorisé. Cette solution favorisera la relation Homme-Machine, mais qu'en sera-t-il de la relation interpersonnelle ?! Pour répondre au besoin du contact humain appauvri, la technologie prévoira la création d'un téléphone mobile qui, muni d'un émetteur, enverra un signal via le corps humain. Nous pourrons donc nous échanger nos coordonnées ou d'autres informations, grâce à ces appareils, rien qu'en nous serrant les mains. Cette technologie, utilisée pour améliorer le e-learning, pourra servir considérablement pour créer un contact humain dans une communauté virtuelle d'une même ville. Le compagnon numérique Apprendre ses cours lors d'un déplacement dans le métro sera une banalité, ce sera l'ère des nomades, aucune perte de temps, le cours pourra être suivi partout grâce au nouveau compagnon numérique qui se situera entre le téléphone portable et l'ordinateur, l'appareil par lequel il sera possible de se procurer des cours sous tout type de support (audio, vidéos, etc.) avec la possibilité de se connecter via internet au serveur local de la formation, ce qui permettra, même quand la personne n'est pas chez elle, de suivre les cours en instantané, dans le bus ou dans le métro, avec les nouvelles bornes Wifi et la volonté des communes de franchir le cap vers de nouvelles découvertes, l'accès à internet sans fil sera généralisé partout dans toutes les villes, même dans les endroits les plus cachés. C'est l'imbrication du virtuel, l'immatériel et d'internet avec la réalité de la vie quotidienne. Et avec l'apparition des nouveaux objets communicants, l'e-learning pourra s'ouvrir à l'univers des plus jeunes, ce sera un objet sous la forme d'un petit animal ou d'un héros des mangas, afin d'être attractif aux yeux des enfants, qui apprendra en vocal aux petits leurs cours quand les écoles seront inaccessibles pour causes naturelles ou administratives ou quand l'e-learning deviendra l'atout de l'enseignement. Connexion satellite C'est l'époque du web 4.0 ; le web symbiotique, c'est à dire le web qui sera autour de nous en permanence. Seulement, un incident chez le fournisseur d'accès à internet pourra engendrer de sérieux dégâts, qui pourront aller jusqu'à l'arrêt relatif de la croissance économique du pays. Pour éviter ces drames, l'état prendra l'initiative d'adopter la solution VSAT (Very small aperture terminal) comme mode d'interconnexion en cas de panne, VSAT signifie un terminal à très petite ouverture, il s'agit d'une technique de communication par satellite, grâce à une antenne parabolique, le transfert des données se subira aucune perte, aucune coupure de connexion n'est probable sauf en cassant la parabole ou le satellite. La solution VSAT sera très favorable pour les utilisateurs fixes dans la mesure où il faut une antenne parabolique, mais pour les nomades, il y aura la solution. Tous les futurs appareils destinés aux professionnels et aux grands publics seront conçus avec des récepteurs satellite intégrés, ce sera le début de la fin du grand empire d'internet. Élise Chomienne, Université de Limoges Bibliographie Bahry, Jacques (introd.). « La formation ouverte et à distance : l'heure des solutions mixtes » [en ligne]. Les 3èmes rencontres du Fffod. [s.l.] : Algora, 2003. 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