La politique d'intégration
des Technologie de l'Information et de la Communication
dans le Système éducatif marocain

Khalid Ahaji, Abdelkrim El Hajjami, Ilham Laaziz
 

Résumé :
Les Technologies de l'Information et de la Communication connaissent de plus en plus des développements constatés, et sont introduites dans tous les secteurs. Cette vogue d'utilisation a rendu ces technologies des outils incontournables et oblige tous les pays de bâtir des politiques de généralisation de ces technologies pour relever les défis auxquels ils sont confrontés.

Ces dernières années, au Maroc, le Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des Cadres, s'est lancé dans un programme ambitieux (GENIE) et qui vise la généralisation des technologies de l'information et de la communication pour leur intégration dans le Système d'Éducation et de Formation. Lequel programme est axé sur trois objectifs principaux à savoir : 1- l'infrastructure ; 2- la formation ; 3- et le développement de contenus.

Dans cette communication, nous parlerons d'abord des principaux constats nationaux et internationaux qui justifient l'importance accordée aux TIC, puis nous situerons les pays nord africains dans la société de l'information, ensuite nous aborderons la politique d'intégration des technologies de l'information et de la communication dans le système éducatif marocain. Et pour conclure nous entamerons les perspectives en matière d'évaluation des TICE.

Mots clés : Intégration, Politique, TIC, Infrastructure, Formation, Contenu, Situation, Société de l'information, Stratégie, Éducation et Formation.

Introduction

   Les pays en développement sont pour la plupart en train de devenir des économies du savoir, d'où une pression accrue sur les systèmes éducatifs formels pour assurer une éducation et une formation de la population active à la fois pertinentes, à la pointe de la technologie et adaptées au marché du travail. Comme de nombreuses autres régions du monde, l'Afrique connaît une situation encore plus difficile sous l'effet des pressions simultanées exercées pour concrétiser les objectifs d'Éducation pour tous (EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), mais aussi pour satisfaire les exigences en matière d'enseignement supérieur (Biennale ADEA, 2006). Loin d'être une panacée, les TIC sont un vecteur de progrès et propose à ce titre des solutions viables à court et long terme pour les dilemmes éducatifs d'une nation. Elles sont actuellement comptées parmi les secteurs les plus dynamiques dans les développements des états. Leur intégration affecte toutes les composantes et nécessitent des stratégies nationales intégrées pour faciliter l'adhésion dans la société de l'information.

   Devant le fossé numérique entre les pays du nord et ceux du Sud, le gouvernement marocain oeuvre pour la préparation d'une plate forme, en menant une nouvelle politique ayant pour objectifs stratégiques l'exécution d'un réseau intergouvernemental, l'appui d'une économie basée sur le savoir et l'innovation au Maroc ; le développement des ressources humaines et infrastructures pour l'utilisation des Technologies de l'Information et de la Communication (Nations Unies, 2004).

   Le monde de l'éducation connaît lui aussi des changements qui touchent les techniques d'enseignement et influencent probablement les styles d'apprentissage. C'est l'un des thèmes qui ont formé la base de la stratégie nationale pour le développement des Technologies de l'Information et de la Communication, afin d'en enregistrer des améliorations. En effet, ces dernières années le Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des Cadres, s'est lancé dans un programme ambitieux visant la généralisation des technologies de l'information et de la communication pour leur intégration dans le système d'éducation et de formation. Lequel programme est axé sur trois objectifs principaux à savoir : l'infrastructure ; la formation ; et le développement des contenus (Programme GENIE MEN, 2006).

Problématique

   Les TIC sont attribuées d'un caractère transformateur et peuvent contribuer significativement à accroître les niveaux de richesse des pays en développement. Le constat de la fracture numérique entre le nord et le sud, a incité la prise de plusieurs initiatives à l'échelle internationale pour permettre aux pays du nord de profiter des opportunités pouvant être offertes par les TIC (Ramata, M., 2002).

   En outre, le thème du développement régional s'impose avec intensité ; les indicateurs sociaux et économiques, entre autres l'Indice de Développement Humain (IDH), révèlent des disparités très accentuées entre les régions les plus développées et les plus pauvres. Quant aux TIC, on vérifie ces dernières années un changement intense de régionalisation (César R. et al., 2000). Le niveau de développement et la différenciation des systèmes de télécommunications et de l'audiovisuel sont des facteurs déterminants des choix politiques à disposition des pays en matière de diffusion par transfert ou développement interne de technologie de l'information.

   Plusieurs autres obstacles s'accumulent et entravent le développement d'une société de l'information : Régulation d'institutions juridiques ; manque de moyens consacrés à la Recherche-développement, dépendance exagérée vis-à-vis des technologies importées. Ce constat se manifeste dans plusieurs pays du monde, en particulier dans les pays arabes où de multiples facteurs retardent leur assimilation des TIC et leur intégration dans la société de l'information : Le faible nombre de sites proposés en la langue du pays, la qualité des infrastructures, et les raisons socioculturelles, les politiques spécifiques propres au pays, les faibles parts de dépenses consacrées à la recherche scientifique (Touati, K., 2007).

Constats nationaux et internationaux

   Plusieurs constats se réunissent pour justifier l'importance accordée au développement des TIC :

  • Le rapport de la banque mondiale sur la coopération pour le développement avec les pays à revenu intermédiaire (Banque mondiale, 2007), souligne l'importance de faire reposer sur des bases nationales des processus soutenus d'accumulation des capacités technologiques et d'encourager les investissements en recherche et développement (R&D) ainsi qu'en capital physique et humain, car le rythme d'accumulation des capacités technologiques conditionne la dynamique de croissance d'une économie et ses possibilités concurrentielles sur les marchés extérieurs.

  • Le Conseil européen de printemps 2005 a qualifié la connaissance et l'innovation de moteurs d'une croissance durable et a indiqué qu'il est essentiel de construire une société de l'information fondée sur l'inclusion, basée sur un large usage des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans les services publics, les PME et les ménages.

  • Le Sommet de la francophonie (Bucarest, 2006) a souligné que le développement des TIC traduit une vision stratégique judicieuse face au processus irréversible de la mondialisation, constituent un important potentiel d'innovation pédagogique et un réservoir quasi infini de nouvelles donnes capables d'assurer le meilleur essor aux systèmes éducatifs et de permettre de relever les nouveaux défis qui se posent en ce début du troisième millénaire (MAP, 2006).

  • En outre, le Sommet organisé à Ouagadougou en 2004, a relié les TIC au développement durable. Cette thématique a porté sur plusieurs points, entre autres : le rôle des États dans le développement des TIC ; le rôle du logiciel libre dans les processus de développement de la société de l'information au Sud ; les TIC et bonne gouvernance ; les TIC et promotion de la diversité ; les Systèmes d'information et développement et l'impact des TIC sur les systèmes éducatifs.

  • De plus, le SMSI [1], tenu à Genève en 2003, souligne que l'ébauche de la société d'information nécessite l'élaboration d'un plan des infrastructures nationales d'information et de communication dans chaque pays de la région africaine, devrait prendre en considération les priorités nationales de développement tout en favorisant la coopération régionale. Le SMSI (Tunis, 2005) appuie les institutions à buts éducatif, scientifique et culturel, la confiance dans l'utilisation des TIC par l'amélioration et la mise en oeuvre de programmes et de systèmes d'éducation et de formation adaptés, intégrant entre autres, l'enseignement à distance et la formation permanente.

  • La Déclaration de Rabat (TMSI, 2003), issue de la conférence ministérielle francophone sur la société de l'information a mis en valeur les axes suivants : le renforcement des capacités pour que l'usage des TIC devienne une compétence de base afin que tous, individuellement et collectivement, puissent contribuer à l'innovation et à la croissance, l'appropriation, la maîtrise et l'utilisation généralisée des TIC, le développement de la recherche et la production locale de contenus, d'applications et de services devant ouvrir des perspectives professionnelles motivantes, en particulier par :

    • l'intégration de l'usage des TIC dans les systèmes d'enseignement et de formation, dès le niveau de l'éducation de base et tout au long de la vie, notamment par l'enseignement à distance ;
    • la formation des formateurs et la formation des maîtres ;
    • l'encouragement des jeunes à jouer un rôle spécial de promotion et de diffusion de ces nouveaux instruments de connaissance sur le terrain, auprès des différents acteurs sociaux et notamment de leurs aînés
    • le développement, la diffusion et l'usage des logiciels libres ;
    • la définition d'indicateurs permettant d'apprécier le degré d'appropriation des TIC et la mise en place d'observatoires nationaux de la société de l'information facilitant l'échange d'expériences.

Cadre théorique

Situation des pays nord africains dans la société mondiale de l'information

   L'Afrique de façon générale, et les pays de l'UMA [2] en particulier, ne sont pas très représentatifs dans tous les chiffres relatifs aux indicateurs globaux de la société mondiale actuelle de l'information en général et celle de l'économie de l'information en particulier (Tanger, 2005). En effet :

  • À la fin de 2003, près de 676 millions de personnes (11,8 % de la population mondiale) avaient accès à l'Internet, soit 49,5 millions ou 7,8 % de plus qu'à la fin de 2002 ;
  • Les pays en développement regroupent plus de 36 % des internautes et leur part dans le total a augmenté de près de 50 % entre 2000 et 2003 ;
  • Les utilisateurs du tiers monde sont concentrés dans un tout petit nombre de pays : 61,52 % d'entre eux vivent en Chine, dans la République de Corée, en Inde, au Brésil et au Mexique ;
  • L'augmentation du nombre d'internautes dans le monde est essentiellement attribuable (pour près de 75 %) aux pays en développement ;
  • Les taux de pénétration dans ces pays, malgré une amélioration rapide, demeurent toutefois 10 fois inférieurs à la moyenne enregistrée dans les pays développés.

   Les tableaux (1, 2 et 3 en annexes) informent sur le retard que connaissent les pays en développement, surtout en Afrique par rapport au reste du monde. Toutes les études et réflexion sur les TIC et leur apport au développement reviennent à recommander le renforcement des capacités liées à 5 ou 6 catégories de la vie socioéconomique du pays, à savoir : L'infrastructure, l'accès et la connectivité, l'éducation, le leadership, L'économie et la société civile.

Aperçu sur le secteur des Télécommunications au Maroc

   Le secteur de la communication est actuellement l'un des secteurs les plus dynamiques dans l'économie marocaine. Selon Un rapport établi par le CEA [3], le Maroc est l'un des cinq pays de l'Afrique du nord qui s'est lancé dans une politique de mise en place de stratégies nationales pour promouvoir les infrastructures des TIC. Les politiques TIC élaborées au Maroc (1998-1999 et 2003) ont pour objectifs : de faciliter l'entrée du Maroc à la société de l'information, l'exécution d'un réseau intergouvernemental, l'appui d'une économie basée sur le savoir et l'innovation au Maroc ; le développement des ressources humaines et infrastructures pour l'utilisation des Technologies de l'Information .

   Les thèses ayant formé la base de la stratégie nationale pour le développement des TIC sont : l'éducation, la gouvernance, le développement du secteur privé, l'e-commerce et l'accessibilité.

La stratégie « e-Maroc »

   Conscient de la réalité des TIC, le Royaume du Maroc s'est engagé dans une réforme profonde de son système éducatif. Celle-ci prévoit notamment la promotion des TIC et leur extension à l'ensemble des établissements scolaires. Cette stratégie globale appelée « e-Maroc », vise deux objectifs névralgiques, en l'occurrence la réduction de la « fracture numérique » et le positionnement du Maroc à l'échelle internationale en matière de NTIC (MAP, 2006). Cet effort continu qui vise à faire de l'école un vecteur incontournable du développement durable, s'est également traduit par l'élaboration du programme national « GENIE » [4], destiné à assurer l'accès des nouvelles technologies de l'information à plus de 6 millions d'élèves .

   Quatre principaux plans d'intérêt marquent la généralisation de l'utilisation des technologies de l'information au Maroc : le plan individuel ; le plan de l'emploi ; le plan régional et le plan social (Maroc Plan quinquennal, 1999-2003).

Le contrat progrès 2006-2012

   Le contrat progrès 2006-2012 est une politique publique volontariste d'appui au secteur des TIC affirmant la volonté et l'engagement du gouvernement. Il permettra de développer et de généraliser l'utilisation des TIC. L'atteinte de ces objectifs repose sur des axes principaux, entre autres : le développement du contenu et des services en ligne ; l'amélioration des infrastructures des télécommunications et des équipements informatiques ; la généralisation de l'accès à l'Internet ; la formation et la qualification des ressources humaines.

1- La politique d'intégration des TIC dans le système éducatif Marocain

   Dans l'optique de progresser dans un monde très compétitif, le système éducatif marocain doit faire face, d'une part, à une demande croissante pour des qualifications toujours plus élevées et la nécessité d'une mise à niveau (requalification) professionnelle. Et d'autre part à de fortes pressions en faveur d'un développement des compétences qui répondent aux besoins économiques et professionnels. Ce contexte a incité les décideurs de l'éducation à s'intéresser entre autres à la question des technologies de l'information et de la communication (COSEF, 1999).

   La politique visant l'intégration des TIC dans l'enseignement, s'est articulée autour de trois axes complémentaires et indissociables (ANRT [5], 2005) :

1- L'Axe « infrastructure » sédia connectées à Internet dans les établissements scolaires.

   Cet axe vise la mise en place de salles multimédias connectées à Internet dans les établissements scolaires. L'objectif à travers cet axe est de garantir un volume horaire hebdomadaire minimal par élève, selon le niveau scolaire.

Volume hebdomadaire par type d'établissement scolaire

Primaire

Collège

Lycée

1 heure

2 heures

3 heures

Composition et configuration des salles :

   Ainsi, les établissements scolaires seront dotés de salles multimédias à même de répondre à cet objectif et qui tiennent compte de la capacité d'accueil des élèves.

  • Chaque salle est équipée d'un minimum de huit ordinateurs. En même temps, il est recommandé que le nombre d'ordinateurs par salle ne dépasserait pas quinze.

  • Chaque salle est dotée d'installations en réseau et d'équipements supplémentaires (Rétroprojecteur, imprimante, onduleur (le cas échéant)...) favorisant un bon fonctionnement de la salle. Elle est également équipée de logiciels dont ceux assurant la sécurité nécessaire des accès.

  • Chaque salle multimédia équipée est connectée à Internet, avec des débits permettant une meilleure navigation ainsi que l'intégration de solutions techniques évoluées (télémaintenance, télédistribution).

   Pour accompagner la formation des élèves, la stratégie a mis en place des dispositifs et des solutions de maintenance et de continuité de service pour toute la durée d'exploitation des équipements. Chaque établissement est doté d'un animateur, responsable des salles multimédias. Dans le même cadre, une stratégie de maintenance du matériel est mise en place pour être déployée dans les différents établissements scolaires.

Calendrier de déploiement

   Partant du principe d'uniformité de l'équipement des salles multimédia (indépendamment d'un environnement rural ou urbain) et de la nécessité que les efforts déployés ne soient pas étalés sur une longue période, les objectifs de déploiement suivants ont été arrêtés :

Nombre cible par type d'établissement scolaire et par année

Primaire

Collège

Lycée

Total

En %

En Ets

En %

En Ets

En %

En Ets

En Ets

Année1

50 %

3 387

75 %

897

75 %

474

4 758

Année 2

25 %

1 694

25 %

299

25 %

159

2 152

Année 3

25 %

1 694

---

---

---

---

1 694

Total

104 000 PC et 17 200 imprimantes sur trois années.

2- L'Axe « formation des enseignants »

   L'enseignant est un déterminant majeur du plan de généralisation des TIC dans le système éducatif et de leur intégration effective dans l'acte enseignement apprentissage. Une importance particulière a été accordée à la formation des enseignants en TIC. Pour garantir que l'équipement des établissements scolaires par des salles multimédias puisse être efficacement accompagné par les enseignants, un plan d'action ambitieux a été mis en place, en tenant compte des programmes de formations déjà réalisés à cet effet et qui répond à une urgence en matière de formation des enseignants dans le domaine des TIC.

Les objectifs de la formation

   Les principaux objectifs escomptés de cette formation seraient de :

  • permettre une participation active des enseignants dans l'intégration des TIC dans l'éducation ;
  • contribuer à l'amélioration la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage par l'exploitation pédagogique des TIC ;
  • permettre aux enseignants de s'approprier les outils multimédias en vue de les utiliser dans leurs cours ;
  • se doter des ressources humaines afin d'assurer une maintenance préventive des équipements au niveau le plus proche, et notamment au niveau des provinces.

Le Modèle de formation

   Étant donné le nombre important de la population cible constituée d'enseignants, de personnel administratif et de techniciens, le modèle de formation en cascade est retenu à plusieurs niveaux et dont chacun repose sur une catégorie de formateurs bien déterminée :

a) Niveau de démarrage (formateurs principaux)
Les formateurs principaux constituent un nombre très limité, auront l'ultime responsabilité de former des personnes dont la charge sera de dupliquer la formation au profit des autres enseignants.

b) Niveau central (formateurs des formateurs)
Une fois les formateurs principaux disponibles, il est procédée à la formation des formateurs au niveau central. Le but est de former, par l'intermédiaire des formateurs principaux, les personnes qui auraient la responsabilité de dupliquer en masse la formation aux formateurs.

c) Niveau régional (formateurs)
Des formations hebdomadaires sont organisées au niveau de chaque Académie Régionale de l'Éducation et de la Formation, pour former un certain nombre de formateurs ou d'enseignants (selon le cas) et atteindre les objectifs fixés. La priorité est accordée aux établissements scolaires équipés. L'objectif, est d'arriver à ce que chaque établissement scolaire dispose d'un ou deux formateurs.

d) Niveau de l'établissement scolaire (bénéficiaire final)
À ce niveau, il s'agit d'assurer la formation des paires au sein de chaque établissement scolaire équipé par son formateur. Ainsi, il est procédé à la transformation, pendant des durées limitées, de la salle multimédia de l'établissement en un centre de formation.

Schéma de la formation

3- Axe « développement des contenus

   Le développement des contenus est l'un des axes le plus important dans la réussite de l'intégration des TIC dans le système éducatif national. Il concerne le développement de contenus pédagogiques adaptés à l'enseignement au Maroc.

Les principales actions de la stratégie en matière de développement de contenus

   La réflexion menée au sujet de l'axe « développement de contenus » a essentiellement visé un usage efficace et utile des espaces multimédias qui seraient installés dans les établissements scolaires et ce dans le cadre du cursus éducatif des élèves, l'amélioration des apprentissages et tenant compte du plan de formation des enseignants. Dans ce cadre, trois principales actions ont été identifiées :

a) Développement de contenus TIC relatifs aux programmes scolaires nationaux
Les principales facettes portent sur :

  • l'identification des disciplines dont l'apport de l'introduction des TIC serait tangible et bénéfique tant pour les enseignants que les élèves, pour chaque discipline choisie ;
  • l'identification des parties du cours qui ce prêtent le mieux à la numérisation.

   Chaque salle multimédia est dotée d'une « bibliothèque » ou « coin » multimédia comportant des outils ou didacticiels validés par la Direction des Curricula. Les thématiques proposées dans ce package correspondront en partie aux besoins préliminaires : 

  • consolidation des apprentissages (langues, mathématiques...) ;
  • vulgarisation des sciences ;
  • et l'initiation à l'informatique.

b) Mise en place d'un laboratoire national pour le développement de contenus
La réussite de l'intégration des TIC dans le système éducatif est tributaire du développement de contenus pédagogiques et de leurs améliorations. L'idée de création du laboratoire national pour le développement de contenu est née pour accompagner cette tâche qui deviendrait permanente. La mission de cette entité serait de piloter, en collaboration avec secteur privé, des projets de développement de contenus numériques jugés pertinents. Ainsi, ce laboratoire serait en charge de la définition des spécifications techniques de ces produits pédagogiques. Le laboratoire aura pour missions :

  • l'identification des cours où l'introduction des TIC est la plus appropriée ;
  • la définition des spécifications techniques pour le développement des contenus correspondants ;
  • piloter les projets de développement de contenus numériques ;
  • la validation des contenus numériques développés.

c) Mise en place d'un portail éducatif national
Le portail éducatif représentera à terme l'outil fondamental dans le cadre des développements de contenus éducatifs numériques. Présentant les avantages de la centralisation et de la large diffusion des productions éducatives, en offrant leur meilleure valorisation (en raison de leur large disponibilité), le portail est le moyen qui permettra de toucher la majorité des utilisateurs et des établissements scolaires. Il permettra la structuration des réalisations éducatives existantes à l'échelle nationale et celles élaborées par différentes entités du Ministère. Le portail éducatif a pour actions de :

  • fournir des contenus éducatifs en ligne, généralement gratuits, à destination de diverses communautés (élèves, enseignants, parents d'élèves...) ;
  • permettre l'accès à différentes ressources (événements, calendrier des examens, exercices, anciens examens, circulaires, notes internes, données statistiques...) ;
  • visiter des bibliothèques virtuelles ;
  • accéder à des moteurs de recherches thématiques ;
  • accéder à la messagerie électronique pour tous les enseignants ;
  • intervenir sur des forums de discussions créés par discipline ou par thématique.

Autres actions pouvant s'inscrire dans le cadre du développement des contenus
Pour contribuer à une intégration profonde des TIC dans l'enseignement, plusieurs autres actions peuvent être menées, entre autres :

  • L'encouragement du développement de didacticiels et d'outils multimédias pédagogiques par les enseignants et par les élèves ;

  • L'encouragement de la création au niveau régional de bibliothèques numériques, qui seraient hébergées dans le portail national ;

  • L'encouragement de l'usage du e-learning qui représente aujourd'hui un des moyens pour faciliter et accélérer la formation tant des élèves que des enseignants ;

  • L'implication des délégations et des académies dans le développement des contenus conformément à la Charte Nationale de l'Éducation et de la Formation (COSEF) [6], 15 % de contenus devra avoir une particularité locale ;

  • L'encouragement des enseignants à utiliser les TIC au niveau de leurs cours en leur accordant une certaine liberté d'intégrer l'utilisation des TIC au niveau de leurs cours ;

  • L'encouragement de développement de contenus par les initiatives privées : la proposition de développer des programmes adaptés au système éducatif marocain ;

  • L'appui à l'usage des outils TIC dans la gestion des établissements scolaires : le renforcement de l'utilisation des TIC dans l'administration des établissements scolaires pour alléger les tâches opérationnelles du corps administratif et d'autre part, à améliorer la qualité du service à rendre aux usagers du système éducatif. L'apport des TIC pourrait se concrétiser par une gestion informatisée des établissements scolaires à plusieurs niveaux : la gestion de la scolarité des élèves (inscription, classes, santé scolaire, absences, orientations, la gestion des boursiers et des internes...) ; la gestion pédagogique des enseignants ; la gestion des emplois du temps ; la gestion des examens et évaluation pédagogique ; la gestion de la carte scolaire de l'établissement et la gestion de la loi cadre de l'établissement.

Conclusion

   Dans les situations d'apprentissage, quatre fonctions essentielles peuvent être attribuées aux TIC (Tardif, 1998) : elles sont des outils de production ; de communication ; d'accès à l'information et d'archivage. Leur Plan d'intégration constitue un outil de développement privilégié qu'un établissement d'éducation et de formation doit mettre en place pour s'assurer de remplir sa mission auprès des apprenants et pour réaliser le plan stratégique de généralisation des TIC. La maîtrise de l'ensemble des habiletés TIC, nécessaire à la poursuite efficace des études à d'autres niveaux académiques et à l'exercice d'une profession, est aussi un élément clé de la formation (Bilodeau, C. et al., juin 2006).

   L'évaluation de l'impact d'intégration des TIC dans le système éducatif marocain est prévue pour chaque rentrée scolaire (FADES [7], 2006). Des expériences sur l'effet de l'intégration des TIC (Ahaji, K., El Hajjami, A. et al., 2006) sont déjà réalisées en plus des états d'avancement du projet de généralisation des TIC. Le Centre National des Innovations Pédagogiques et de l'Expérimentation, est en train d'élaborer des plans d'expérimentation de quelques produits d'enseignants innovants pour en généraliser l'utilisation.

Khalid Ahaji 1, 4, 5
Abdelkrim El Hajjami 2, 4, 5
Ilham Laaziz 3

1- Ingénieur d'état chercheur au Centre National des Innovations Pédagogiques et de l'Expérimentation (CNIPE).
73, Avenue Moulay Ismail. Hassan. Rabat. Maroc. ahaji.khalid@gmail.com ou ahaji_khalid@hotmail.com.

2- Directeur adjoint de l'ENS de Fès et Directeur du Laboratoire TICFSP.
UFR didactique des Mathématiques et de la Physique, Fac des sciences drah el mahraz. Fès. Maroc.
École Nationale Supérieure de Fès Ibn Souda. Fès. Maroc. El Hajjami@yahoo.com.

3- Directrice du programme GENIE (Généralisation des TICE dans le Système Éducatif Marocain).
Ministère de l'Éducation nationale. Bab rouah. Rabat. Maroc. ilaaziz@men.gov.ma ou laaziz@enssup.gov.ma.

4- Laboratoire des Technologies de l'Information et de communication pour la Formation et l'Enseignement des Sciences Physiques TICFSP.
École Nationale Supérieure de Fès Ibn Souda. Fès. Maroc.

5- Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique des Sciences et Techniques (LIRDIST).
Faculté des Sciences Dhar El Mehraz. Fès. Maroc.
UFR didactique des Mathématiques et de la Physique.

Bibliographie

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Tour Mondial de la Société de l'Information TMSI, de Genève à Tunis. Rappel des priorités et orientations définies par les instances de la Francophonie à Rabat (Maroc, 4-5 septembre 2003).

Annexes

Tableau n° 1

Année

Région

2002

2001

2000

Afrique

2 118

1 231

649

Asie

78 584

51 044

22 965

Europe

909 159

675 348

232 317

Amérique Latine

26 287

15 893

2 785

Amérique du Nord

381 904

272 187

112 222

Bande passante en Mo/s par région du monde.
Source : TeleGeography (2002).

Tableau n° 2

2003

% croiss.

2002

% croiss.

2001

% croiss.

2000

Afrique

12 123

21,38

9 988

63

6 119

34

4 559

Asie

243 406

15,25

2 211 202

40

150 535

38

109 257

Europe

188 997

7,24

176 232

23

143 584

30

110 824

Amérique Latine et Caraïbes

44 217

4,19

42 439

45

29 224

65

17 673

Amérique du Nord (2002)

175 110

0,00

175 110

12

156 823

14

136 971

Océanie

11 825

1,88

11 607

21

9 601

16

8 248

Pays développés

396 754

2,06

388 746

15

339 427

19

285 480

Pays en développement

246 290

17,53

209 556

50

139 317

48

94 352

Autres

32 634

15,41

28 277

65

17 142

123

7 700

Total

6 750 678

7,84

626 579

26,36

495 886

27,96

387 532

Utilisateurs de l'Internet (en milliers) par région, 2000-2003.
Source : ITU (2004) – Calculs CNUCED.

Tableau n° 3

Algérie

Maroc

Mauritanie

Tunisie

Libye

INTERNET

         

Nombre d'usagers

650 000

1 000 000

25 000

750 000

250 000

Accès Dial-UP

x

x

x

x

x

Accès LS

x

x

x

x

x

Accès rapide ADSL

x

x

 

x

 

Adéquation des contenus

Moyenne

Moyenne

Moyenne

Correcte

Moyenne

Exhaustivité des contenus

Non

Non

Non

Non

Non

Proportion à caractère commerciale

Insignifiante

Insignifiante

Nulle

Insignifiante

Nulle

TELEPHONIE

         

Fixe

         

Mobile

4 500 000

9 500 000

500 000

4 000 000

1 000 000

Contenu mobile

Insignifiant

Insignifiant

Insignifiant

Insignifiant

Insignifiant

Présentation de quelques agrégats généraux liés aux TIs dans les pays du Maghreb.

NOTES

[1] SMSI : Sommet Mondial sur la Société d'Information.

[2] UMA : Union du Maghreb Arabe.

[3] CEA : Commission Économique pour l'Afrique.

[4] GENIE : Généralisation des Technologies de l'Information dans l'Enseignement.

[5] ANRT : Agende Nationale de Réglementation de Télécommunication.

[6] (COSEF) : Commission Spéciale Éducation Formation.

[7] (FADES) : Fond Arabe de Développement Économique et Sociale.

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