La politique d'intégration Khalid Ahaji, Abdelkrim El Hajjami, Ilham Laaziz Résumé : Ces dernières années, au Maroc, le Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des Cadres, s'est lancé dans un programme ambitieux (GENIE) et qui vise la généralisation des technologies de l'information et de la communication pour leur intégration dans le Système d'Éducation et de Formation. Lequel programme est axé sur trois objectifs principaux à savoir : 1- l'infrastructure ; 2- la formation ; 3- et le développement de contenus. Dans cette communication, nous parlerons d'abord des principaux constats nationaux et internationaux qui justifient l'importance accordée aux TIC, puis nous situerons les pays nord africains dans la société de l'information, ensuite nous aborderons la politique d'intégration des technologies de l'information et de la communication dans le système éducatif marocain. Et pour conclure nous entamerons les perspectives en matière d'évaluation des TICE. Mots clés : Intégration, Politique, TIC, Infrastructure, Formation, Contenu, Situation, Société de l'information, Stratégie, Éducation et Formation. Introduction Les pays en développement sont pour la plupart en train de devenir des économies du savoir, d'où une pression accrue sur les systèmes éducatifs formels pour assurer une éducation et une formation de la population active à la fois pertinentes, à la pointe de la technologie et adaptées au marché du travail. Comme de nombreuses autres régions du monde, l'Afrique connaît une situation encore plus difficile sous l'effet des pressions simultanées exercées pour concrétiser les objectifs d'Éducation pour tous (EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), mais aussi pour satisfaire les exigences en matière d'enseignement supérieur (Biennale ADEA, 2006). Loin d'être une panacée, les TIC sont un vecteur de progrès et propose à ce titre des solutions viables à court et long terme pour les dilemmes éducatifs d'une nation. Elles sont actuellement comptées parmi les secteurs les plus dynamiques dans les développements des états. Leur intégration affecte toutes les composantes et nécessitent des stratégies nationales intégrées pour faciliter l'adhésion dans la société de l'information. Devant le fossé numérique entre les pays du nord et ceux du Sud, le gouvernement marocain oeuvre pour la préparation d'une plate forme, en menant une nouvelle politique ayant pour objectifs stratégiques l'exécution d'un réseau intergouvernemental, l'appui d'une économie basée sur le savoir et l'innovation au Maroc ; le développement des ressources humaines et infrastructures pour l'utilisation des Technologies de l'Information et de la Communication (Nations Unies, 2004). Le monde de l'éducation connaît lui aussi des changements qui touchent les techniques d'enseignement et influencent probablement les styles d'apprentissage. C'est l'un des thèmes qui ont formé la base de la stratégie nationale pour le développement des Technologies de l'Information et de la Communication, afin d'en enregistrer des améliorations. En effet, ces dernières années le Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des Cadres, s'est lancé dans un programme ambitieux visant la généralisation des technologies de l'information et de la communication pour leur intégration dans le système d'éducation et de formation. Lequel programme est axé sur trois objectifs principaux à savoir : l'infrastructure ; la formation ; et le développement des contenus (Programme GENIE MEN, 2006). Problématique Les TIC sont attribuées d'un caractère transformateur et peuvent contribuer significativement à accroître les niveaux de richesse des pays en développement. Le constat de la fracture numérique entre le nord et le sud, a incité la prise de plusieurs initiatives à l'échelle internationale pour permettre aux pays du nord de profiter des opportunités pouvant être offertes par les TIC (Ramata, M., 2002). En outre, le thème du développement régional s'impose avec intensité ; les indicateurs sociaux et économiques, entre autres l'Indice de Développement Humain (IDH), révèlent des disparités très accentuées entre les régions les plus développées et les plus pauvres. Quant aux TIC, on vérifie ces dernières années un changement intense de régionalisation (César R. et al., 2000). Le niveau de développement et la différenciation des systèmes de télécommunications et de l'audiovisuel sont des facteurs déterminants des choix politiques à disposition des pays en matière de diffusion par transfert ou développement interne de technologie de l'information. Plusieurs autres obstacles s'accumulent et entravent le développement d'une société de l'information : Régulation d'institutions juridiques ; manque de moyens consacrés à la Recherche-développement, dépendance exagérée vis-à-vis des technologies importées. Ce constat se manifeste dans plusieurs pays du monde, en particulier dans les pays arabes où de multiples facteurs retardent leur assimilation des TIC et leur intégration dans la société de l'information : Le faible nombre de sites proposés en la langue du pays, la qualité des infrastructures, et les raisons socioculturelles, les politiques spécifiques propres au pays, les faibles parts de dépenses consacrées à la recherche scientifique (Touati, K., 2007). Constats nationaux et internationaux Plusieurs constats se réunissent pour justifier l'importance accordée au développement des TIC :
Cadre théorique Situation des pays nord africains dans la société mondiale de l'information L'Afrique de façon générale, et les pays de l'UMA [2] en particulier, ne sont pas très représentatifs dans tous les chiffres relatifs aux indicateurs globaux de la société mondiale actuelle de l'information en général et celle de l'économie de l'information en particulier (Tanger, 2005). En effet :
Les tableaux (1, 2 et 3 en annexes) informent sur le retard que connaissent les pays en développement, surtout en Afrique par rapport au reste du monde. Toutes les études et réflexion sur les TIC et leur apport au développement reviennent à recommander le renforcement des capacités liées à 5 ou 6 catégories de la vie socioéconomique du pays, à savoir : L'infrastructure, l'accès et la connectivité, l'éducation, le leadership, L'économie et la société civile. Aperçu sur le secteur des Télécommunications au Maroc Le secteur de la communication est actuellement l'un des secteurs les plus dynamiques dans l'économie marocaine. Selon Un rapport établi par le CEA [3], le Maroc est l'un des cinq pays de l'Afrique du nord qui s'est lancé dans une politique de mise en place de stratégies nationales pour promouvoir les infrastructures des TIC. Les politiques TIC élaborées au Maroc (1998-1999 et 2003) ont pour objectifs : de faciliter l'entrée du Maroc à la société de l'information, l'exécution d'un réseau intergouvernemental, l'appui d'une économie basée sur le savoir et l'innovation au Maroc ; le développement des ressources humaines et infrastructures pour l'utilisation des Technologies de l'Information . Les thèses ayant formé la base de la stratégie nationale pour le développement des TIC sont : l'éducation, la gouvernance, le développement du secteur privé, l'e-commerce et l'accessibilité. La stratégie « e-Maroc » Conscient de la réalité des TIC, le Royaume du Maroc s'est engagé dans une réforme profonde de son système éducatif. Celle-ci prévoit notamment la promotion des TIC et leur extension à l'ensemble des établissements scolaires. Cette stratégie globale appelée « e-Maroc », vise deux objectifs névralgiques, en l'occurrence la réduction de la « fracture numérique » et le positionnement du Maroc à l'échelle internationale en matière de NTIC (MAP, 2006). Cet effort continu qui vise à faire de l'école un vecteur incontournable du développement durable, s'est également traduit par l'élaboration du programme national « GENIE » [4], destiné à assurer l'accès des nouvelles technologies de l'information à plus de 6 millions d'élèves . Quatre principaux plans d'intérêt marquent la généralisation de l'utilisation des technologies de l'information au Maroc : le plan individuel ; le plan de l'emploi ; le plan régional et le plan social (Maroc Plan quinquennal, 1999-2003). Le contrat progrès 2006-2012 Le contrat progrès 2006-2012 est une politique publique volontariste d'appui au secteur des TIC affirmant la volonté et l'engagement du gouvernement. Il permettra de développer et de généraliser l'utilisation des TIC. L'atteinte de ces objectifs repose sur des axes principaux, entre autres : le développement du contenu et des services en ligne ; l'amélioration des infrastructures des télécommunications et des équipements informatiques ; la généralisation de l'accès à l'Internet ; la formation et la qualification des ressources humaines. 1- La politique d'intégration des TIC dans le système éducatif Marocain Dans l'optique de progresser dans un monde très compétitif, le système éducatif marocain doit faire face, d'une part, à une demande croissante pour des qualifications toujours plus élevées et la nécessité d'une mise à niveau (requalification) professionnelle. Et d'autre part à de fortes pressions en faveur d'un développement des compétences qui répondent aux besoins économiques et professionnels. Ce contexte a incité les décideurs de l'éducation à s'intéresser entre autres à la question des technologies de l'information et de la communication (COSEF, 1999). La politique visant l'intégration des TIC dans l'enseignement, s'est articulée autour de trois axes complémentaires et indissociables (ANRT [5], 2005) : 1- L'Axe « infrastructure » sédia connectées à Internet dans les établissements scolaires. Cet axe vise la mise en place de salles multimédias connectées à Internet dans les établissements scolaires. L'objectif à travers cet axe est de garantir un volume horaire hebdomadaire minimal par élève, selon le niveau scolaire.
Composition et configuration des salles : Ainsi, les établissements scolaires seront dotés de salles multimédias à même de répondre à cet objectif et qui tiennent compte de la capacité d'accueil des élèves.
Pour accompagner la formation des élèves, la stratégie a mis en place des dispositifs et des solutions de maintenance et de continuité de service pour toute la durée d'exploitation des équipements. Chaque établissement est doté d'un animateur, responsable des salles multimédias. Dans le même cadre, une stratégie de maintenance du matériel est mise en place pour être déployée dans les différents établissements scolaires. Calendrier de déploiement Partant du principe d'uniformité de l'équipement des salles multimédia (indépendamment d'un environnement rural ou urbain) et de la nécessité que les efforts déployés ne soient pas étalés sur une longue période, les objectifs de déploiement suivants ont été arrêtés :
2- L'Axe « formation des enseignants » L'enseignant est un déterminant majeur du plan de généralisation des TIC dans le système éducatif et de leur intégration effective dans l'acte enseignement apprentissage. Une importance particulière a été accordée à la formation des enseignants en TIC. Pour garantir que l'équipement des établissements scolaires par des salles multimédias puisse être efficacement accompagné par les enseignants, un plan d'action ambitieux a été mis en place, en tenant compte des programmes de formations déjà réalisés à cet effet et qui répond à une urgence en matière de formation des enseignants dans le domaine des TIC. Les objectifs de la formation Les principaux objectifs escomptés de cette formation seraient de :
Le Modèle de formation Étant donné le nombre important de la population cible constituée d'enseignants, de personnel administratif et de techniciens, le modèle de formation en cascade est retenu à plusieurs niveaux et dont chacun repose sur une catégorie de formateurs bien déterminée : a) Niveau de démarrage (formateurs principaux) b) Niveau central (formateurs des formateurs) c) Niveau régional (formateurs) d) Niveau de l'établissement scolaire (bénéficiaire final) Schéma de la formation 3- Axe « développement des contenus Le développement des contenus est l'un des axes le plus important dans la réussite de l'intégration des TIC dans le système éducatif national. Il concerne le développement de contenus pédagogiques adaptés à l'enseignement au Maroc. Les principales actions de la stratégie en matière de développement de contenus La réflexion menée au sujet de l'axe « développement de contenus » a essentiellement visé un usage efficace et utile des espaces multimédias qui seraient installés dans les établissements scolaires et ce dans le cadre du cursus éducatif des élèves, l'amélioration des apprentissages et tenant compte du plan de formation des enseignants. Dans ce cadre, trois principales actions ont été identifiées : a) Développement de contenus TIC relatifs aux programmes scolaires nationaux
Chaque salle multimédia est dotée d'une « bibliothèque » ou « coin » multimédia comportant des outils ou didacticiels validés par la Direction des Curricula. Les thématiques proposées dans ce package correspondront en partie aux besoins préliminaires :
b) Mise en place d'un laboratoire national pour le développement de contenus
c) Mise en place d'un portail éducatif national
Autres actions pouvant s'inscrire dans le cadre du développement des contenus
Conclusion Dans les situations d'apprentissage, quatre fonctions essentielles peuvent être attribuées aux TIC (Tardif, 1998) : elles sont des outils de production ; de communication ; d'accès à l'information et d'archivage. Leur Plan d'intégration constitue un outil de développement privilégié qu'un établissement d'éducation et de formation doit mettre en place pour s'assurer de remplir sa mission auprès des apprenants et pour réaliser le plan stratégique de généralisation des TIC. La maîtrise de l'ensemble des habiletés TIC, nécessaire à la poursuite efficace des études à d'autres niveaux académiques et à l'exercice d'une profession, est aussi un élément clé de la formation (Bilodeau, C. et al., juin 2006). L'évaluation de l'impact d'intégration des TIC dans le système éducatif marocain est prévue pour chaque rentrée scolaire (FADES [7], 2006). Des expériences sur l'effet de l'intégration des TIC (Ahaji, K., El Hajjami, A. et al., 2006) sont déjà réalisées en plus des états d'avancement du projet de généralisation des TIC. Le Centre National des Innovations Pédagogiques et de l'Expérimentation, est en train d'élaborer des plans d'expérimentation de quelques produits d'enseignants innovants pour en généraliser l'utilisation. Khalid Ahaji 1, 4, 5 1- Ingénieur d'état chercheur au Centre National des Innovations Pédagogiques et de l'Expérimentation (CNIPE). 2- Directeur adjoint de l'ENS de Fès et Directeur du Laboratoire TICFSP. 3- Directrice du programme GENIE (Généralisation des TICE dans le Système Éducatif Marocain). 4- Laboratoire des Technologies de l'Information et de communication pour la Formation et l'Enseignement des Sciences Physiques TICFSP. 5- Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique des Sciences et Techniques (LIRDIST). Bibliographie Accord entre le gouvernement du Maroc et la fédération des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (l'APEBI). Contrat progrès 2006-2012. Secteur TIC. Une vision Stratégique de Développement du Secteur des TIC. Ahaji, K., El Hajjami, A., et al. (2006). Effet de l'intégration des TIC dans l'enseignement et l'apprentissage des sciences physiques : Cas de l'utilisation d'un logiciel de simulation en optique géométrique. CEMAFORAD 3 Sousse'2006 - 13, 14 et 15 novembre 2006 – ISET de Sousse – Tunisie. Publié dans les actes du colloque. César, R., Siqueira, B et al. (2000). Pour une nouvelle approche sur le développement régional :TIC et développement régional. Revue de l'Économie Politique des Technologies de l'Information et de la Communication, vol. 2, n° 2, Bilodeau, C. et al. (juin 2006). Conception d'un modèle de plan d'intégration des TIC pour le réseau collégial. Colloque international (juin 2004). « Développement durable : leçons et perspectives. Ouagadougou (Burkina Faso). Commission des communautés européennes. Bruxelles (2005). Communication de la commission au conseil, au parlement européen, au comité économique et social européen et aux comités des régions. « i2010 – Une société de l'information pour la croissance et l'emploi ». Commission Économique pour l'Afrique. Bureau de la CEA pour l'Afrique du nord (CEA-AN). Réunion Ad Hoc d'experts sur les perspectives à long terme de développement des infrastructures de télécommunications en Afrique du nord. Casablanca (Maroc). 18-19 juin 2004. Perspectives à long terme de développement des Infrastructures de Télécommunications En Afrique du Nord. Nation Unies. Fond Arabe de Développement Économique et Sociale (2006). Convention de prêt entre le gouvernement du Maroc et le FADES pour le financement du programme de généralisation des TIC dans l'enseignement. 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Intégrer les nouvelles technologies de l'information. Quel cadre pédagogique ? ESF éditeur. Touati, K. (2007). Le défi des technologies l'information et de la communication (TIC) pour le monde arabe. Tour Mondial de la Société de l'Information TMSI, de Genève à Tunis. Rappel des priorités et orientations définies par les instances de la Francophonie à Rabat (Maroc, 4-5 septembre 2003). Annexes Tableau n° 1
Bande passante en Mo/s par région du monde. Tableau n° 2
Utilisateurs de l'Internet (en milliers) par région, 2000-2003. Tableau n° 3
Présentation de quelques agrégats généraux liés aux TIs dans les pays du Maghreb. NOTES [1] SMSI : Sommet Mondial sur la Société d'Information. [2] UMA : Union du Maghreb Arabe. [3] CEA : Commission Économique pour l'Afrique. [4] GENIE : Généralisation des Technologies de l'Information dans l'Enseignement. [5] ANRT : Agende Nationale de Réglementation de Télécommunication. [6] (COSEF) : Commission Spéciale Éducation Formation. [7] (FADES) : Fond Arabe de Développement Économique et Sociale. |
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