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Les signataires

à

Monsieur le Président du Sénat

Paris, le 03-05-2013

 
Objet : pour une discipline informatique dans l'enseignement secondaire. Enjeu majeur pour notre pays. Demande d'intervention lors du débat sur la « Refondation de l'École ».

 
 
Monsieur le Président
 

Le projet de loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République, qui va bientôt venir en débat au Sénat, prévoit qu'« une option "Informatique et sciences du numérique" sera ouverte de façon adaptée à chacune des séries du baccalauréat technologique et général ». Il est en effet essentiel de faire aborder aux élèves des différentes séries les principaux concepts informatiques.

Cette extension, aux autres filières, de l'enseignement de spécialité « Informatique et Sciences du Numérique » créée en Terminale S à la rentrée 2012 est pour nous une avancée importante. En effet, l'informatique est au coeur des activités numériques essentielles pour notre pays. L'informatique sous-tend le numérique comme la biologie sous-tend le vivant et les sciences physiques l'industrie de l'énergie. Son impact sociétal et économique explose au XXIe siècle. L'informatisation est la forme contemporaine de l'industrialisation. On ne compte plus les débats de société suscités par le numérique et l'informatique (loi Hadopi, neutralité du Net...). En conséquence l'informatique doit être une composante de la culture générale scientifique et technique de tous les élèves.

Cette avancée est bienvenue mais insuffisante ; en effet une discipline de science informatique est indispensable pour tous et pour l'ensemble des niveaux. Son enseignement – comme le préconise le rapport de l'Académie des Sciences qui sera prochainement mis en ligne – doit débuter dès le collège au même titre que celui de la physique ou de la biologie, après une sensibilisation à l'école primaire. Enfin, il ne doit pas être à caractère optionnel, puisque ce sont bien tous les citoyens qui sont déjà confrontés à des questions qui ne sauront se résoudre que grâce à une compréhension du monde numérique, rendue possible par une initiation à la science informatique.

Certes, les jeunes ont une certaine familiarité avec l'utilisation d'outils numériques mais pour que celle-ci se transforme en créativité il faut qu'ils comprennent tôt les formes de pensée nouvelles et spécifiques à l'informatique. Ce n'est pas le cas actuellement.

Ajoutons enfin que les pays autour de nous prennent conscience aussi de ces enjeux et de l'importance d'enseigner l'informatique dès le collège voire l'école. À ce stade, le projet sur l'École nous semble encore très en retrait de ce qui devrait être fait et de ce que font nos voisins. Une des raisons de cette frilosité réside peut-être dans le fait qu'un problème de l'oeuf et de la poule se pose en France : pour être ambitieux en matière de formation à l'informatique il faut des enseignants formés pour cela, et pour recruter des enseignants dont la discipline est l'informatique, il faut qu'un volume d'enseignement le justifie. Or il n'y a quasiment pas d'enseignants formés à l'informatique dans l'enseignement secondaire.

Si vous pensez qu'il est utile d'intervenir sur ce thème lors du débat parlementaire, nous proposons de vous rencontrer pour vous présenter plus en détail notre analyse et examiner avec vous le déploiement de l'informatique dans le système éducatif, indispensable au développement scientifique, technologique et donc économique de notre pays. Ce déploiement, enjeu majeur pour notre pays, nécessite qu'une formation informatique initiale et continue des enseignants soit rapidement organisée.

Nous vous prions d'accepter, Monsieur le Président, l'expression de notre considération distinguée.

 

- Serge Abiteboul, membre de l'Académie des Sciences, Professeur au Collège de France (2012)
- Jean-Pierre Archambault, Président de l'association Enseignement Public et Informatique (EPI)

- Gérard Berry, professeur au Collège de France, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie des technologies
- Colin de La Higuera, Président de la Société Informatique de France (SIF)
- Gilles Dowek, Directeur de recherche à l'INRIA Grand Prix de philosophie de l'Académie Française
- Maurice Nivat, membre de l'Académie des Sciences.


Contact : Jean-Pierre Archambault
bureau@epi.asso.fr

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Mai 2013

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