Appel et questions aux candidats à l'élection présidentielle de 2012 La place éminente de notre pays dans les deux premières révolutions industrielles s'explique, en grande partie, par l'excellence de notre formation dans les sciences qui ont sous-tendu ces révolutions : la thermodynamique, la mécanique, l'électricité, la chimie, etc. La révolution industrielle que nous vivons aujourd'hui prend pour beaucoup sa source dans l'informatique et les sciences et techniques connexes. Depuis longtemps nous savons qu'il est indispensable que tous les jeunes soient initiés aux notions fondamentales de nombre et d'opération, de vitesse et de force, d'atome et de molécule, de microbe et de virus, etc. Il est indispensable aujourd'hui de les initier également aux notions non moins fondamentales de l'informatique : celles d'algorithme et de programme, de réseau et de protocole, d'information et de communication, de données et de formats, etc. Les insuffisances en matière d'innovation dans notre pays tiennent pour beaucoup à la faiblesse de la culture générale en informatique de nos ingénieurs, techniciens et dirigeants. Les pays émergents, comme la Chine, l'Inde ou le Brésil ont compris l'intérêt d'investir dans l'enseignement de l'informatique pour favoriser l'innovation. Au-delà de son importance stratégique pour l'industrie, l'informatique a radicalement changé la manière dont nous administrons les États, créons et diffusons des oeuvres d'art et de l'esprit, accédons à la connaissance, échangeons des informations entre individus, gardons trace de notre passé, etc. Cette culture informatique concerne non seulement le monde du travail, mais aussi tous les citoyens afin qu'ils puissent véritablement exercer leurs droits et leurs devoirs en toute connaissance. La création d'un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et Sciences du Numérique » (ISN) en Terminale S pour la rentrée 2012 constitue un premier pas important mais qui ne saurait répondre, à lui seul, aux enjeux de la révolution informatique. L'informatique doit devenir une discipline scientifique et technique enseignée à tous par des spécialistes reconnus comme tels. Questions : 1. Êtes-vous favorable à ce que tous les élèves, y compris ceux des séries L et ES, reçoivent un enseignement en informatique de quelques centaines d'heures au cours de leur scolarité au collège et au lycée ? 2. Êtes-vous favorable à ce que les futurs enseignants de la discipline informatique soient recrutés à l'issue d'une formation dans cette discipline et d'un concours national spécifique comme pour les autres disciplines ? Cet appel est signé par : L'informatique, l'innovation, la relance de l'économie L'informatique intervient dans l'économie de trois façons essentielles : Au niveau de la production de biens manufacturés ou agricoles par l'automatisation de plus en plus poussée des processus de production, automatisation partielle ou de plus en plus souvent totale (robotisation) et contrôle permanent du bon déroulement des processus. Au niveau de la création de nouveaux produits ou de l'amélioration de produits anciens par l'introduction, dans la plupart des objets ou machines vendus, de puces qui assurent des fonctions de plus en plus nombreuses avec plus de précision et de fiabilité que ne pouvaient le faire l'utilisateur humain ou des mécanismes anciens. Les exemples paradigmatiques en sont la carburation et le freinage des voitures automobiles ; le vaste chantier des économies d'énergie dans la construction et l'habitat repose aussi sur leur informatisation. Au niveau de la gestion des entreprises comme des administrations, les programmes informatiques, qui ont dès le début de celle-ci remplacé les méthodes traditionnelles de comptabilité et de gestion des stocks ou des commandes, font place désormais à des « systèmes d'information » qui gèrent tous les flux d'information nécessaires à chaque acteur, du directeur au plus modeste employé, aussi bien ceux dont il doit disposer venus d'ailleurs que ceux qu'engendre son activité quotidienne. En ce sens le système d'information devient le coeur même de l'entreprise, qui en irrigue toutes les parties et permet de savoir, donc de contrôler et rationaliser, tout ce qui s'y passe : il est l'outil stratégique par excellence sur lequel repose toutes les décisions à prendre concernant les diverses composantes de l'entreprise. Ces trois façons sont également génératrices d'innovation, l'innovation que tous les gouvernements soucieux du bien-être économique des pays qu'ils gouvernent cherchent à développer, tant l'innovation parait être le plus sûr garant du succès face à la concurrence dans l'économie mondialisée. Informatiser suppose évidemment une connaissance parfaite des outils en perpétuel progrès, depuis un demi-siècle, qu'offrent les techniques informatiques mais cette connaissance n'est pas suffisante : car l'informatique est aussi une science qui a dégagé des outils intellectuels, et une démarche intellectuelle aboutissant à une modélisation de tout ce qui est processus dynamique, chaîne d'actions devant aboutir à un but ou à remplir une fonction complexe. Et c'est cette démarche, cette modélisation, la réflexion systématique sur les processus et leur mise en oeuvre par des moyens électroniques ou encore plus généralement par un mélange de moyens électroniques et d'interventions humaines, qui permet une informatisation féconde sur tous les plans : celui de la compétitivité économique comme celui de la réduction des tâches pénibles anciennement confiées à des êtres humains. Il est essentiel que le plus grand nombre de nos concitoyens sache de l'informatique, sache en utiliser correctement et avec aisance les nombreux outils qu'ils sont de plus en plus nombreux à devoir utiliser quotidiennement dans leur travail, et aussi ait été familiarisé avec les concepts fondamentaux qui servent de base à la science informatique : algorithmes, langages, programmes, réseaux, protocoles... Ces concepts sont de même nature que ceux qui servent de base à la mathématique : nombres, ensembles, fonctions... et, comme eux, ne s'apprennent pas en un jour ni même en quelques heures, et c'est donc un enseignement long, commençant tôt et étalé sur l'ensemble de la scolarité qui est indispensable. Les terreaux favorables à l'innovation, sur lesquels celle-ci peut s'épanouir comme le fait une plante dans une terre fertile, se constituent lentement et l'éducation joue un rôle essentiel. La création des grandes écoles, des Mines ou des Ponts a été le point de départ de la première révolution industrielle en France dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle ; les très beaux succès de l'industrie française pendant la période dite des trente glorieuses de 1945 à 1975 ont été obtenus grâce à l'excellente formation de nos ingénieurs et techniciens dans des domaines traditionnels de mathématique, de mécanique, d'hydraulique ou d'aérodynamique. Il est plus qu'urgent de prendre conscience du rôle fondamental que joue aujourd'hui l'informatique dans l'innovation pour lui donner une place aussi essentielle dans l'éducation. Si nous ne le faisons pas notre pays risque fort d'être réduit à jouer les seconds rôles, face aux États-Unis, terre d'élection de l'informatique, et à de grands pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil qui, en ce moment, investissent massivement dans la formation à cette discipline. En dehors de l'économie productrice de biens et de services, il est évident qu'aujourd'hui l'informatique par ses réseaux, par les nouvelles et assez prodigieuses possibilités de communication et d'information qu'elle apporte, joue également un rôle dans une transformation de toute la société qui se déroule sous nos yeux, sans que l'on sache bien d'ailleurs quand et où elle va s'arrêter. Toute la vie du citoyen est touchée par la surveillance, par le monitoring des malades, par la diffusion de nouvelles et d'idées sur le Net, par l'automatisation de sanctions pénales ou financières. Tout le secteur non marchand des activités humaines, tout ce qui permet le vivre ensemble, la prise en charge des malades, des handicapés, de la dépendance, et jusqu'à la politique, jusqu'aux rapports que peuvent entretenir les citoyens avec le pouvoir est aussi touché par l'informatisation. Comme les citoyens ont dû apprendre à se servir de, ou à vivre avec, les grands inventions qu'ont été le chemin de fer, l'automobile, le téléphone, la radio, notre collectivité nationale doit parvenir à définir les règles d'un bon usage de toutes les nouvelles possibilités offertes et doit aussi s'en assurer la maîtrise. Et tout ceci constitue une raison supplémentaire de donner à tous nos jeunes, futurs citoyens, les connaissances et les concepts nécessaires en informatique. On ne peut plus réfléchir, si peu que ce soit, à l'évolution du monde sans tenir compte d'un des facteurs majeurs de son évolution. Février 2012 Des propositions pour 5 ans La création d'un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et Sciences du Numérique » (ISN) en Terminale S à la rentrée 2012 constitue un premier pas qui doit être suivi d'autres. L'informatique doit être une composante de la culture générale scientifique et technique de tous les élèves sous la forme d'une discipline scolaire en tant que telle. ________________ Des mesures sur un mandat présidentiel et une législature, au nom des trois missions de l'École : former l'Homme, le travailleur et le citoyen. Au lycée Cette option ISN devient un enseignement obligatoire en TS puis en Première. Une option puis un enseignement obligatoire dans les séries ES et L, d'abord en Terminale puis en Première. Un enseignement pour tous en Seconde Au collège Un enseignement de l'informatique pour tous, par exemple selon une modalité où l'informatique représenterait de l'ordre de 40 % des contenus de la discipline Technologie. Une formation complémentaire en informatique devant être donnée aux enseignants de cette discipline. À l'école primaire Initiation pour tous. Formations initiale et continue des enseignants Création d'une Agrégation et d'un Capes. ___________________ |
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