Discours de M. le Président de la République

Voeux au monde de l'éducation et de la recherche
Plateau de Saclay – Lundi 11 janvier 2010
 

Jean-Pierre Archambault, Président de l'EPI, a assisté aux voeux que le Président de la République a adressés à l'éducation, à l'enseignement supérieur et à la recherche, répondant à l'invitation qui lui avait été faite.

Nous publions ci-dessous quelques extraits.

   À l'aube de cette nouvelle décennie, (...) je veux dire que je suis heureux de vous retrouver ici, sur ce beau site de l'École Supérieure d'électricité, au coeur du plateau de Saclay que j'ai visité à de très nombreuses reprises. Ce lieu est emblématique des défis que nous avons à relever pour l'avenir. La majorité de ces défis intéresseront la science, – au sens large, la connaissance –, dans un monde où le savoir et l'innovation sont devenus des atouts absolument cruciaux pour le progrès d'une société, la puissance d'un pays et la maîtrise de son avenir.

   Il n'est pas inutile de rappeler cette vérité qui me semble être une vérité d'évidence, à l'heure où les sciences connaissent une certaine désaffection, parmi la jeune génération. À l'heure aussi, où se fait jour un dangereux discours de défiance vis-à-vis de la science. En la matière, le doute n'est pas permis : notre société ne souffre pas d'un excès, mais d'un manque de science. Dans un monde bouleversé par une crise économique sans précédent, le savoir est notre arme principale pour comprendre une réalité de plus en plus complexe et dessiner dans ce champ des possibles un nouveau modèle de progrès.

   Depuis l'origine, il y a un pacte entre la République et la science. Il faut renouveler ce pacte et même le développer.

   Nous devons encourager la diffusion et la production des savoirs, de tous les savoirs, de toutes les sciences, des sciences exactes et expérimentales comme des sciences humaines et sociales.

   Au-delà des disciplines, l'unité de la science s'incarne dans la diversité de vos professions. C'est pourquoi j'ai tenu à rencontrer, réunis en un seul et même lieu, l'ensemble des représentants du monde de l'éducation et de la recherche : depuis les professeurs des écoles jusqu'aux présidents d'universités.

   Vous exercez chacun des métiers bien différents. Les uns accompagnent les premiers pas de nos enfants dans l'acquisition des savoirs fondamentaux : lecture, écriture, calcul. Les autres transmettent et élaborent de nouveaux savoirs, en repoussant les limites des connaissances humaines dans les domaines les plus variés – de l'histoire ancienne à la physique quantique.

   Tous, vous êtes animés de la même passion pour le savoir. Vous avez la même conviction que ce savoir doit être partagé.
...

   J'ajoute que nous avons le devoir d'être innovants :
...

- c'est pourquoi je souhaite, je le dis à Luc Chatel et à Nathalie Kosciusko-Morizet, que continuent à se développer les usages numériques à l'école : le grand emprunt va vous y aider. Les nouvelles technologies dans le domaine éducatif constituent une véritable révolution au service des apprentissages. Nous n'avons pas le droit de passer à côté.
...

   Cette année, nous allons réformer le lycée général et technologique pour que, dès la rentrée prochaine, le lycée prépare mieux à l'enseignement supérieur.
...

   Le nouveau lycée nous permettra d'atteindre, enfin, le taux de 50 % de diplômés dans l'enseignement supérieur.

- Notre système d'orientation sera plus progressif et plus souple, chaque élève aura la possibilité de se réorienter en cours de première,

- deux heures d'accompagnement personnalisé par semaine, les élèves pourront acquérir les méthodes de travail dont ils manquent parfois aujourd'hui cruellement lorsqu'ils arrivent à l'université,

- enfin, grâce à un renouvellement de l'offre de formation proposée dans le cycle terminal, nous allons diversifier les profils d'excellence. Le baccalauréat littéraire doit redevenir la voie privilégiée pour préparer aux formations d'excellence dans le domaine des sciences humaines, ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être. Pour cela, nous allons renforcer les langues étrangères et leur apprentissage, domaine où la France est encore beaucoup trop en retard, alors que les langues sont un atout crucial pour l'avenir. Nous allons également revaloriser la série Sciences et technologies industrielles (STI), afin qu'elle puisse fournir le vivier de techniciens supérieurs et d'ingénieurs dont notre pays aura besoin dans les années à venir.

   Ce rééquilibrage des filières devrait mettre fin à la domination sans partage de la série scientifique, en permettant à chaque filière de faire valoir ses propres avantages. Mais je veux vous le dire ici, cette évolution sera également bénéfique pour les sciences elles-mêmes. Aujourd'hui, la filière scientifique concentre la très grande majorité des meilleurs élèves, mais elle se révèle incapable de former le nombre de scientifiques dont notre pays a besoin. On doit être dans la filière sciences parce qu'on a envie de faire des sciences, pas parce que c'est la filière où les bons élèves se trouvent, sacrifiant ainsi la moitié de ceux qui n'y sont pas. Ce n'est pas possible de continuer comme cela. La plupart des élèves qui s'y inscrivent aujourd'hui ne s'orientent pas ensuite vers les formations scientifiques. La filière science doit redevenir une véritable filière scientifique et, ainsi, enrayer la désaffection pour les sciences que j'évoquais il y a un instant.
...

   Mais dans le monde moderne, les applications de la science ont une valeur de plus en plus forte pour le développement économique et la croissance. La France ne peut se tenir en retrait de cette évolution, car il en va de sa capacité à rester une grande puissance.
...

http://www.elysee.fr/documents/index.php?cat_id=7.

___________________
Association EPI
Janvier 2010

Accueil Rapports et Documents