Association Enseignement Public et Informatique
A l'attention du Bureau National

Paris, le 19 février 2007

Madame, Monsieur,

J'ai bien reçu votre lettre et je vous en remercie.

Comme vous-même, je considère que la place de la culture scientifique et technique devient de plus en plus stratégique dans la société de la connaissance. Sa composante informatique est incontournable.

L'ordinateur est omniprésent dans la société. Il en résulte un défi et une ambition pour l'école, à savoir réussir l'intégration des TIC, dans toutes leurs dimensions. Dans le système éducatif, les TIC sont plurielles : instrument pour la pédagogie, "faire mieux et autrement" quand c'est pertinent, outil de travail personnel et collectif pour les enseignants et les élèves, point d'appui pour la modernisation de l'administration, outil de l'enseignement à distance, facteur d'évolution des disciplines dans leurs contenus et leurs méthodes, par exemple dans les enseignements techniques et professionnels, élément de la culture générale scolaire scientifique et technique.

Inscrire le numérique dans la culture commune partagée par tous suppose donc que l'école joue pleinement son rôle majeur dans la lutte contre les inégalités sociales. Cela suppose aussi que l'informatique et les technologies de l'information et de la communication soient traitées comme les mathématiques ou le français, c'est-à-dire enseignées pour elles-mêmes au titre de la culture générale à certains moments de la scolarité dans le cadre d'une discipline scolaire, sans conception utilitariste à court terme qui hypothéquerait l'avenir.

Dans l'école, l'informatique est un outil qu'il faut donc enseigner en soi, mais qui modifie également la façon même dont sont enseignées les différentes matières. L'école doit rattraper les inégalités du corps social et les inégalités dans l'école elle-même, celles de la pénétration de l'équipement et de la culture informatique. Les pays développés ont accéléré depuis le début des années 1990 leurs programmes d'investissement dans les outils et contenus numériques à vocation pédagogique afin de préparer leurs élèves à un environnement fortement marqué par la technologie et la communication et, d'autre part, de réaliser à la fois des progrès dans la transmission des savoirs et des compétences et dans l'efficacité des organisations.

Mais malgré de réels efforts d'équipement (supportés en large partie par les collectivités locales), la France obtient un classement moyen dans les comparaisons internationales. Des disparités fortes existent entre les niveaux d'enseignement, avec notamment un retard préoccupant du primaire, et entre les régions. Surtout, les contenus et les usages pédagogiques ne seraient pas aux niveaux de qualité et d'exigence observés dans les pays qui obtiennent les meilleurs résultats.

L'Éducation nationale doit enfin garantir son indépendance vis à vis des éditeurs, et assurer le pluralisme des sources comme des outils matériels et logiciels.

Dans le domaine sur lequel vous m'interrogez, je propose les mesures suivantes

La lutte contre l'analphabétisme numérique sera une priorité par une politique massive d"'alphabétisation".

- Le système éducatif dans son ensemble intégrera une formation "culturelle" d'informatique de base, une représentation mentale du monde et de la société numérique en réseau, indépendante des techniques et des logiciels du moment.

- La formation initiale, professionnelle et continue ayant pour objet les techniques d'information et de communication en réseau fera l'objet de plan de formation d'urgence des enseignants et des élèves.

- À côté du B2i (brevet informatique et internet) et du cours de technologie au collège, une discipline "informatique et technologies de l'information et de la communication" (ITIC) en tant que telle prendra place au lycée.

La production de contenus pédagogiques libres sera encouragée.

- Des synergies seront créées en regroupant l'institution éducative, les enseignants et leurs associations, les éditeurs publics et privés et les collectivités territoriales. Elles pourraient être favorisées par la création d'un pôle public de l'édition scolaire dans lequel le CNDP devrait jouer un rôle essentiel, permettant de libérer l'édition scolaire de l'emprise des concentrations éditoriales et des groupes de pression politico-idéologiques.

- Un ENT (Espace Numérique de Travail) Libre sera développé. - Un crédit temps pour les producteurs sera installé.

- Le pluralisme des sources sera partout la règle.

L'équipement des établissements en réseaux. matériel, logiciel sera harmonisé pour aller vers

- Un ordinateur et une clé USB par élève, embarquant son espace de travail, le tout fonctionnant avec des systèmes d'exploitation, des logiciels et des contenus sous licences libres.

- Le transfert de budget des licences propriétaires financera l'équipement.

Évidemment, toutes ces mesures supposent une augmentation des moyens de l'Éducation. Très globalement, je propose le recrutement et la formation, sur cinq ans de 150 000 enseignants et 45 000 personnels d'accompagnement et de porter le budget de l'Éducation nationale à 7% du PIB.

En souhaitant avoir répondu à vos préoccupations,

Recevez, Madame, Monsieur, l'expression de mes sincères salutations.

 
 


 

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Association EPI
Février 2007

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