Les différents niveaux de l'optimisme
des hackers francophones
Pourquoi l'optimisme est un facteur inopérant
dans la Performance ?
Sophie Léac
Résumé
Les différents niveaux de l'optimisme des hackers francophones est l'objet de cet article. Nous démontrons en quoi l'optimisme n'est pas un facteur opérant de la performance.
Cette étude s'inscrit dans une recherche sur les facteurs de la performance en sécurité informatique. L'optimisme n'est qu'un élément parmi d'autres de notre dossier « le tempérament ». L'optimisme jouit d'une excellente réputation dans la littérature et les médias. Et pourtant aucune différence significative n'a été relevé entre nos deux groupes de hackers (experts et amateurs).
Ce travail est issu de l'analyse des réponses de quarante-deux professionnels de la cybersécurité (quarante hommes et deux femmes dont la moyenne d'âge est de 31 ans environ), résidant dans toutes les parties du monde. Le questionnaire comprend 371 items. Soixante-trois associations avec l'optimisme ont été décelées avec le test exact de Fisher. Ces données nous ont permis d'infirmer notre hypothèse principale « l'optimisme est un facteur de performance ».
Nous avons classé nos participants en trois catégories selon leur niveau d'optimisme : bas, moyen et élevé. Les résultats sont homogènes au niveau de la réussite scolaire, universitaire et du statut socioprofessionnel.
Les seules émotions relevées - pas forcément négatives ou positives d'ailleurs - sont la colère et la peur chez les hackers peu optimistes ; et la surprise, chez les hackers très optimistes. Leurs objectifs élevés et atteints résultent d'une régulation émotionnelle apparemment efficace. Le tempérament, les traits de personnalité et les aspects conatifs des différentes catégories de hackers (dont le score de l'optimisme est bas, moyen ou élevé) présentent des contrastes mais aussi des similitudes. Les points communs entre les profils des hackers peu optimistes et très optimistes nous questionnent tout particulièrement (objectifs, valeurs).
L'optimisme ne doit pas faire l'objet d'un examen contre-productif dans les process de recrutement et techniques managériales.
Nous n'avons pas pu - et est-ce que cela est possible du reste ? - appliquer la taxinomie actuelle la plus achevée (comprenant les divers types de l'optimisme et du pessimisme [1]).
Les recherches américaines sont d'une grande portée pour la compréhension non seulement de l'optimisme et du pessimisme mais aussi de ces deux facteurs en tant que stratégies (optimisme stratégique et pessimisme défensif). Ces recherches ne sont peut-être pas néanmoins abouties : la taxinomie doit par exemple être beaucoup plus affinée. D'autre part, les recherches devraient aussi s'orienter vers la psychobiologie.
Mots-clés : Optimisme, Optimisme stratégique, Pessimisme, Pessimisme défensif, Performance, Hacking.
Un « hacker », à son origine, signifiait un amateur, une personne sans talent (B. Dupont, 2010). Le terme a été ultérieurement repris par le secteur informatique et a revêtu un sens différent voire quasiment opposé : le hacker est devenu un expert technique (B. Dupont, 2010).
Plus généralement le hacker était le « bidouilleur » ou le passionné d'un domaine particulier. Les définitions ultérieures ont souligné le défi intellectuel et le dépassement de soi et parfois celui des limites jusqu'à la transgression des lois.
Le hacker est enfin, pour certains, le pirate informatique opérant dans un monde secret et opaque, exclusivement motivé par le mal.
Chaque auteur a sa propre définition des hackers. Les représentations ne sont pas forcément objectives et sont en contradiction les unes avec les autres (Chiesa, 2008). Fantasmé, le hacker est soit le diable soit le Robin des Bois de l'ère numérique.
Le hacking est une technique. Mais pas seulement.
Chiesa (2008) va plus loin : le hacking est « un état d'esprit, un instinct et un sixième sens » [notre traduction] (Chiesa, 2008, p. 111).
On admet que l'optimisme est un facteur de performance car il influencerait positivement les dimensions affectives, cognitives, conatives et sociales.
Dans le questionnaire de la recherche en cours figure un item concernant l'optimisme.
Nous n'avons pas relevé de différences significatives entre les deux groupes de hackers (experts et amateurs) concernant l' « optimisme » aussi nous avions souhaité réagir à l'ouvrage de P. Gabilliet (2018) : « Éloge de l'optimisme : Quand les enthousiastes font bouger le monde ».
En effet les hackers experts présentent une performance plus élevée que les hackers amateurs. Les premiers se différencient des seconds par le tempérament et autres dimensions de la personnalité. Par conséquent le document de Julie Norem (2015) : « Découvrez le pouvoir positif du pessimisme » nous a donné un autre éclairage sur les résultats apparemment paradoxaux.
Notre hypothèse principale est « les hackers sont optimistes ». Pour confirmer ou infirmer, nous nous efforcerons de répondre à cinq principales questions : est-ce que l'optimisme a un rapport avec les performances (scolaires, universitaires, professionnelles) ? Est-ce que l'optimisme est le garant de la régulation fonctionnelle des émotions et synonyme de l'absence d'affects négatifs ? Est-ce que les optimistes présentent un tempérament et des traits de personnalités plus désirables aux niveaux social et professionnel ? Sont-ils notamment plus motivés et persévérants ? Nous essaierons également de caractériser les scores bas de l'optimisme de notre population d'étude : s'agit-il tout de même de l'optimisme ? ou bien du pessimisme ou du pessimisme défensif ?
Nous passerons en revue les définitions classiques de l'optimisme (l'optimisme dispositionnel de Scheier et Carver et le style explicatif de Seligman et al.) ainsi que les avantages et inconvénients que présente l'optimisme. Puis nous exposerons la classification de Julie Norem (2015) : l'optimisme et le pessimisme ordinaires (ou classiques), l'optimisme stratégique et le pessimisme défensif [2].
Nous porterons à votre connaissance les outils méthodologiques, nous communiquerons et discuterons les résultats obtenus auprès de nos 42 participants, professionnels de la sécurité informatique, œuvrant dans un environnement risqué et incertain s'il en est.
1. Cadre théorique
1.1. L'optimisme
En 2021 45 % de la population française se déclarait optimiste [3].
Mais qu'est-ce l'optimisme ?
L'optimisme est un construit complexe. Ce terme a pour origine latine « optimus », il signifie « le meilleur ». Avant d'être un concept en psychologie, il était celui d'une doctrine philosophique en 1737 qui « (...) soutient que tout ce qui existe est le mieux possible » (Mémoires de Trévoux, p.207 [à propos des Essais de Théodicée de Leibnitz] [4] ».
D'après le Littré, la personne optimiste a tendance à voir « tout en rose », à anticiper les événements de manière positive et à ignorer les aspects les plus sombres de son environnement (Philippe Gabilliet, 2018).
Il influence positivement les aspects cognitifs, affectifs et comportementaux (Charles-Martin Krumm, 2012). Des auteurs comme P. Gabilliet soulignent en particulier son pouvoir sur l'incitation à agir.
L'optimisme correspond à une caractéristique du tempérament pour de nombreux auteurs tels que Sigmund Freud (Gabilliet, 2018).
Il existe divers niveaux de l'optimisme. Ce n'est pas parce qu'une personne a un score bas qu'il est forcément pessimiste.
En effet le niveau d'optimisme n'est pas superposable à la présence ou l'absence du pessimisme (Julie Norem, 2015).
Traditionnellement il existe deux grandes conceptions de l'optimisme : directe et indirecte.
La première est celle de Carver et Scheier fondée sur les attentes de la personne (conception directe) ; et la seconde est relative aux styles explicatifs ou aux attributions « trait » basée sur les interprétations des sujets (conception indirecte) (Charles-Martin Krumm, 2012).
Pour Scheier et Carver (1985 ; 1992 ; 2002), l'optimisme est un trait de la personnalité. Mais pour Seligman et al., il est juste un « style explicatif » (C. Trottier et al., 2007).
D'après la première définition, la personne optimiste s'attend exclusivement à vivre des événements positifs. Carver et Scheier (2001) ont élaboré une théorie cognitive de l'optimisme, celle de l'optimisme dispositionnel (C.-M. Krumm, 2012).
Scheier et Carver (1981) (dans Trottier et al., 2007) évoquent précisément la disposition à l'optimisme » qui est un affect positif rencontré chez les personnes qui fournissent des efforts pour l'atteinte d'objectifs difficiles mais réalisables selon eux. Si les attentes des optimistes et des pessimistes diffèrent, leur comportement est différent aussi. Les premiers sont persévérants alors que les seconds abandonnent ou changent de carrière. Il a été constaté de même que les optimistes géraient mieux les situations stressantes et la forte pression. Pour vaincre l'adversité, ils ont le dynamisme nécessaire pour trouver des solutions et des stratégies. Ils ne reculent pas et semblent même tirer bénéfice des expériences négatives. Les sportifs de haut niveau disposés à l'optimisme récupèrent aussi plus vite suite à des blessures ou autres désagréments. De même les optimistes gèrent et contrôlent mieux l'anxiété, se concentrent davantage et acquièrent plus de connaissances (« coachability »). Dans le développement du Talent et le maintien d'une carrière réussie, l'optimisme est un facteur important.
Puisque Scheier et Carver (1981) pensent que cette disposition est un trait de la personnalité, cela implique l'influence de la génétique mais aussi de l'environnement : l'individu apprend de ses échecs et succès, et auprès de ses parents (modeling).
Selon la seconde définition (théorie des styles attributionnels ou explicatifs), le sujet est enclin à donner une explication similaire aux différents événements (internalité, stabilité et globalité (tableau 1).
Les attentes passent, dans cette optique, au second plan (Krumm, 2012).
Tableau 1 - les styles explicatifs (C.-M. Krumm, 2012).
|
Pessimisme |
Optimisme |
Locus |
Échecs |
Succès |
Échecs |
Succès |
Causalité |
Interne
(personnalisation) |
Externe
(extériorisation) |
Externe
(extériorisation) |
Interne
(personnalisation) |
Stabilité |
Stable
(permanence) |
Instable
(transitoire) |
Instable
(transitoire) |
Stable
(permanence) |
Globalité |
Global
(général) |
Spécifique
(particulier) |
Spécifique
(particulier) |
Global
(général) |
Les trois axes explicatifs de M. Seligman sont :
La causalité : « ce qui m'est arrivé est-il plutôt de mon fait (personnalisation) ou dû à des circonstances extérieures ?
La stabilité : ce qui m'est arrivé est-il appelé à se répéter à chaque fois (durable) ou était-ce exceptionnel (temporaire) ?
La globalité : ce qui m'est arrivé est-il valable dans tous les domaines de ma vie (universalité) ou concerne-t-il uniquement le domaine concerné (spécificité) ? » (Philippe Gabilliet, 2018, p. 26-27).
Nous verrons ultérieurement les différentes formes de l'optimisme distinguées par Julie Norem (2015) : l'optimisme ordinaire et l'optimisme stratégique. De même cet auteur dédouble le pessimisme : l'auto-handicap (pessimisme ordinaire) et le pessimisme défensif [5].
Pour Julie Norem (2015), la théorie des styles explicatifs s'applique essentiellement aux sujets de culture occidentale. Si on considère par exemple la place donnée à la confiance en soi, elle n'est pas si importante dans d'autres cultures, elle serait même à la limite suspecte.
L'optimisme est partiellement culturel pour certains auteurs (ceux qui pensent en particulier que l'optimisme est un trait de personnalité). Pour d'autres, l'optimisme est une caractéristique du tempérament (peu modifiable par nature). Quelle est la part de l'inné ?
Philippe Gabilliet écrit : « Nous avons tous une attitude optimiste ou pessimiste dominante, comme nous avons une main dominante ou un œil directeur. » (2018, p.39).
Richard Davidson évoque le tempérament enjoué. Il proviendrait de la plus grande activité du lobe préfrontal gauche et d'une moindre activité du lobe préfrontal droit. Chez les individus maussades, l'hémisphère droit est plus actif (Goleman, 1995).
P. Gabilliet précise : « Ces personnes semblent aussi être à même, toujours via leur cortex cérébral gauche (lieu des images mentales et des émotions), « d'inhiber » littéralement les zones du cerveau générant peurs et angoisses, et tout particulièrement au niveau de l'amygdale du système limbique. Dans ce cas de figure, l'hypothalamus n'est plus stimulé, n'engendre plus sa diffusion d'hormones et les taux de cortisol sanguin restent normaux. Le stress s'éloigne dans la foulée, emportant avec lui le risque d'humeur dépressive et de dérèglements inflammatoires. » (2018, p. 44).
Des chercheurs américains ont repéré une zone cérébrale de l'optimisme, situé dans le mésencéphale. Cette zone appelée « le cortex cingulaire antérieur rostral [6] » (CCAr) est peu activée dans les syndromes dépressifs. Une émotion positive résulterait d'une pensée optimiste (P. Gabilliet, 2018).
La part héréditaire serait de 25 % de la variance selon Plomin, Scheier et al. (1992) (cités dans Krumm, 2012).
Christopher Peterson (cité dans Philippe Gabilliet, 2018) a identifié l'attitude mentale (ou la programmation mentale) qu'il qualifie d'« Optimisme fort ». Le sujet ne prend en compte que les aspects positifs des événements que cela soit à court ou long terme. La personne dotée d'un tel optimisme se distingue par son énergie et sa confiance élevée voire de puissance. C. Peterson a aussi spécifié une autre catégorie « L'optimisme faible » que tout le monde partage, même les plus pessimistes.
Non seulement il y aurait une zone cérébrale de l'optimisme mais aussi un gène de l'optimisme. La longueur du gène 5HTT, selon une équipe de recherche néo-zélandaise, est impliquée dans la régulation des humeurs. En effet ce gène transporte la sérotonine, et plus il est long et plus il est efficace contre le stress et les sentiments dépressifs (P. Gabilliet, 2018).
Plus récemment, les chercheurs admettent que nous héritons de nos attitudes mentales positives, entre 30 et 50 % (P. Gabilliet, 2018). Ces attitudes innées exigent un environnement propice pour qu'elles se manifestent. C'est pour cette raison que l'optimisme peut être « cultivé » par la pratique.
Pour d'autres auteurs tels que Martin Seligman (cité dans P. Gabilliet, 2018), l'optimisme n'est pas inné. Seligman explique l'optimisme ou le pessimisme par les particularités des relations entretenues précocement avec les proches. Ces derniers influent sur la façon dont l'individu interprète les événements.
L'histoire personnelle intervient de façon importante dans la disposition à l'optimisme (Scheier et Carver, dans C. Krumm, 2012).
Le style explicatif intègre les facteurs génétiques, le vécu et les facteurs environnementaux (Krumm, 2012). Des relations entre la génétique et les dimensions psychologiques ou physiques sont probables. Ces dimensions incitent l'individu à vivre telle ou telle expérience qui elle-même influencera son style explicatif.
Les événements traumatiques plus ou moins précoces sont susceptibles d'être responsables d'un développement du style explicatif pessimiste (Krumm, 2012).
Dans son analyse synthétique sur l'optimisme, Charles-Martin Krumm (2012) cite également les médias outre les « autrui significatifs » et le vécu.
Krumm (2012) met l'accent sur l'importance de la confiance que les parents ont à l'égard de leur enfant dans le style explicatif. De même, la violence omniprésente dans les médias favorise la genèse d'un style explicatif pessimiste.
Le style explicatif et la survenue d'événements entretiennent un rapport bidirectionnel. Krumm explicite : « Un style explicatif pessimiste maximise la probabilité d'occurrence d'événements négatifs, qui en retour renforcent le style pessimiste de l'individu. » (2012, p. 136).
Le style est aussi fonction de l'âge, du genre et du contexte culturel. L'éducation peut expliquer les différences de style (Krumm, 2012).
Dans la théorie des styles explicatifs, l'optimisme est lié à un système immunitaire efficace et à la performance sportive (Krumm, 2012). Mais Julie Norem (2015) se demande si l'efficacité de ce système n'est pas dû à l'absence du pessimisme plutôt qu'à la présence de l'optimisme !
Dans l'optimisme dispositionnel de Carver et Scheier (2001) - la première conception de l'optimisme (directe) - l'individu optimiste calcule la probabilité de réussite en fonction de ses forces personnelles. La démarche est profondément rationnelle, l'individu étant attentif à chaque phase entre la mise en action et le but. S'il observe un écart entre l'entrée et la sortie de cette boucle, il rectifie afin que ses objectifs soient atteints. Le sujet optimiste ne se décourage pas, il rectifie au besoin le tir (C. Krumm, 2012).
Selon qu'on soit optimiste ou pessimiste, on pense pouvoir ou non contrôler la situation. Nous pouvons en déduire que l'optimisme est corrélé au locus interne ; et le pessimisme, au locus externe selon la théorie du locus de contrôle [7]. Ainsi le sujet optimiste dont la croyance est la maîtrise des événements, est enclin à agir et à prendre des décisions (Gabilliet, 2018).
Les sujets optimistes ont tendance à écarter les informations négatives, jugées psychiquement nuisibles (P. Gabilliet, 2018). En revanche ils identifient et se focalisent sur les événements susceptibles de les faire agir. P. Gabilliet (2018) évoque une vision optimisée du monde (p. 83) comprenant les contacts positifs ainsi que la réception et la diffusion d'informations positives.
Concernant leur prise de décision, elle pourrait être considérée comme « risquée » par les individus non optimistes. L'auteur énonce : « Ainsi, pour l'optimiste, la "bonne décision" sera la décision qu'il va prendre (quelle qu'elle soit) et qu'il fera tout, ensuite, pour rendre vraiment "bonne". Car pour un optimiste, ce qui détermine la qualité d'une décision qu'il prend, c'est toujours ce qu'il va faire APRÈS l'avoir prise ! » (2018, p. 92).
Quatre types de comportements optimistes peuvent être observés : le pari positif permanent (prise de risque), l'action et l'engagement (qui sont le contraire de l'attente et du désengagement), la régulation émotionnelle et la persévérance (Gabilliet, 2018).
L'optimisme présente de nombreux avantages. P. Gabilliet (2018) souligne le « sentiment de confiance heureuse » des optimistes.
De nombreux auteurs mettent en exergue l'aptitude des optimistes à réguler leurs émotions négatives.
Toutefois Grove et Heard nuancent en se référant au monde sportif : l'optimisme est utile dans la gestion des difficultés mais non pas spécialement pour la régulation émotionnelle (dans Krumm, 2012). Mais il reste certain que les sportifs de haut niveau américains présentent, outre l'optimisme, la maîtrise de l'anxiété (Gould, Dieffenbach et Moffett, dans Krumm, 2012). L'optimisme et la maîtrise de l'anxiété renvoient bien à deux concepts distincts.
L'optimisme est lié au bonheur. Gould et al. (2002) (dans Trottier et al., 2007) ont relevé un lien entre l'optimisme et la résilience.
Chez les athlètes, des particularités psychologiques ont été mentionnées : la régulation des sentiments anxieux, la confiance, la résilience, la concentration, la maîtrise des éléments distractifs, l'esprit compétitif, la fixation et la réalisation de ses objectifs, l'aptitude élevée à apprendre et un perfectionnisme « raisonnable » (Gould, Dieffenbach et Moffett, dans Krumm, 2012).
Les individus optimistes sont perçus comme chanceux. Richard Wiseman (cité dans P. Gabilliet, 2018) cite quatre attitudes de l'individu chanceux : l'identification et l'exploitation d'une opportunité grâce à un réseau étendu et à son ouverture d'esprit ; la prise en compte de leur intuition ; l'anticipation positive ; et le refus de ruminer et de se focaliser sur un échec.
Néanmoins pour que le réseau soit opérant, précise P. Gabilliet (2018), il faut que l'individu soit lui-même une chance pour les autres.
Cela implique des compétences sociales certaines.
L'optimisation de la réalité présente de nombreux avantages. Sur quelle base s'appuie-t-elle ? P. Gabilliet cite en premier la perception temporelle des événements. Ainsi le présent est-il « une sorte de réservoir d'avenir favorable » (P. Gabilliet, 2018, p. 23).
Savourer le présent est corrélé, pour de nombreux chercheurs, à l'aptitude de réguler ses émotions (voir en particulier Moïra Mikolajczak (2020).
En raison de ses particularités perceptuelles, la personne optimiste est portée à l'action créative et elle présente une capacité élevée à résoudre des problèmes. Grâce à une grande confiance en l'avenir, en ses forces et dans celles des autres, l'optimiste va de l'avant et prend des risques.
P. Gabilliet souligne qu'il est « possibiliste » car rien n'est impossible ou fatal pour lui. L'optimiste est persuadé qu'il existe toujours une manière de résoudre un problème. L'optimisme est le contraire du déterminisme. Dans l'optimisme, on a en effet toujours le choix. L'optimisme, c'est la certitude, même en milieu incertain (Christophe André, dans P. Gabilliet, 2018).
P. Gabilliet explique : « Pour l'optimiste, il faut risquer, car on regrette beaucoup plus souvent ce que l'on n'a pas osé faire que ce que l'on a tenté et qui a échoué. Car en ne risquant rien, on n'aurait rien appris. » (2018, p. 96).
Quel est alors le soubassement conatif des individus qui prennent des risques ?
Le risque est pris par des individus poursuivant de façon importante la récompense (renforcement positif élevé) et évitant de manière aussi importante la menace ou la punition (renforcement négatif faible). Il en est de même pour les chercheurs de sensations fortes.
L'anticipation étant habituellement positive, elle incite à la prise de risque, le futur ne pouvant offrir que des opportunités.
La prise de risque est également facilitée par l'enthousiasme et selon Philippe Gabilliet (2018), seul l'optimisme peut nous rendre et rendre les autres, enthousiastes. Qu'est-ce l'enthousiasme ?
D'après le CNTRL, l'enthousiasme est : « [la] Force naturelle ou mystique qui pousse à créer ou à agir avec ardeur et dans la joie », « joie très vive, tendant à s'extérioriser et exprimant une adhésion totale, une approbation complète. »
Il renvoie à la joie. Cela résulte bien d'une excellente régulation émotionnelle.
Selon de nombreuses études, l'optimisme et les affects négatifs entretiennent un rapport négatif. Le niveau élevé de l'optimisme a également été corrélé à un niveau académique élevé (Anderson dans Krumm, 2012).
D'ailleurs seul l'optimisme motive sur la longue durée et donne la force de faire bouger les lignes ((Anderson dans Krumm, 2012).
Parmi les nombreux avantages de l'optimisme P. Gabilliet (2018) cite aussi le dynamisme (p.55), la créativité, l'engagement, l'investissement dans le travail, la motivation et la performance. Le sujet optimiste se donne le droit d'échouer mais également le devoir d'optimiser c'est-à-dire de s'efforcer à atteindre les objectifs conformément à ses forces. Il ne connaît pas la tiédeur, l'enthousiasme et le militantisme étant au rendez-vous (Gabilliet, 2018).
Mais en réalité la créativité n'est pas exclusivement corrélée à une humeur positive. Elle l'est si on ne considère que le rythme de la production d'idées. En revanche si on tient compte de la qualité des idées, force est de constater que la créativité a un rapport avec l'humeur négative (Norem, 2015).
P. Gabilliet (2018) va plus loin : le recrutement des personnes optimistes est à privilégier pour des postes de manager ou des postes requérant de la persévérance, des initiatives ou comportant un niveau de stress élevé (P. Gabilliet, 2018).
Puisque nous évoquons le recrutement, précisons que d'une manière générale, les optimistes inspirent confiance aussi font-ils une excellente impression sur les recruteurs. Ces derniers pensent que les optimistes ne peuvent être que compétents. Il est vrai que les optimistes ont la capacité de rendre leur compagnie, agréable (J. Norem , 2015).
Mais l'optimisme n'est pas approprié dans toutes les situations.
L'inconvénient principal est la focalisation exclusive de l'optimiste sur les aspects positifs des événements. Freud évoquait les « illusions dangereuses » des personnes optimistes (Gabilliet, 2018).
P. Gabilliet évoque à ce propos l'optimisme radical. Il correspond à la perception déformée de la réalité, aux attentes irréalistes, à la prise de risque impulsive et au biais de confiance. L'individu optimiste radical est égocentrique et insensible.
Candide de Voltaire est une illustration parfaite de ce type d'optimisme (P. Gabilliet, 2018).
Sans aller jusqu'à cet extrême, l'optimisme ordinaire et l'optimisme stratégique ne sont pas toujours non plus des attitudes adaptées à tout contexte.
Julie Norem et Nancy Cantor (1986) ont élaboré deux concepts qui ne manquent pas d'intérêt : l'« optimisme stratégique » et le « pessimisme défensif ».
En tant que stratégies, l'optimisme stratégique et le pessimisme défensif sont des outils adaptés à la situation et à l'atteinte des objectifs précis. La stratégie est non seulement appropriée au contexte mais elle est aussi une composante de la personnalité. L'une des stratégies - l'optimisme stratégique ou le pessimisme défensif - convenant à un individu A est tout à fait inadaptée à un individu B. La performance optimale ne serait pas au rendez-vous si la personne n'applique pas sa stratégie habituelle. Aucune des stratégies est supérieure à l'autre car chacune comporte des avantages et des inconvénients (J. Norem, 2015).
Nous allons étudier successivement l'optimisme stratégique, l'auto-handicap et le pessimisme défensif.
Julie Norem (2015) différencie deux types d'optimisme (dispositionnel et stratégique) et deux types de pessimisme (dispositionnel et défensif).
1.2. Deux stratégies : L'optimisme stratégique et le pessimisme défensif
Dans son ouvrage, Julie Norem (2015) compare l'optimisme stratégique et le pessimisme défensif qui sont tous les deux des stratégies. Par contre l'optimisme dispositionnel et le pessimisme dispositionnel qui ne sont pas des stratégies ne sont pas circonscrits et se manifestent par conséquent dans tous les secteurs de la vie. L'auteur différencie fortement la stratégie des dispositions.
Les optimistes stratégiques et les pessimistes défensifs ne se distinguent pas des autres individus dans les circonstances qui n'incitent pas une application de leur stratégie. Julie Norem l'illustre avec plusieurs cas cliniques. Ainsi Caroline, pessimiste défensive dans la sphère professionnelle est-elle plutôt optimiste vis-à-vis des finances. Benoît, son époux, bien qu'optimiste stratégique dans son travail est plutôt pessimiste quant à l'éducation de sa fille etc.
1.3. L'optimisme stratégique
L'optimiste stratégique écarte toute pensée négative dans le but d'atteindre ses objectifs. Il va même jusqu'à se distraire ce qui peut être jugé comme de l'insouciance par ceux qui n'ont pas cette stratégie.
L'optimiste stratégique évite l'anxiété grâce à la « distraction ». C'est le fait de ne pas penser à l'événement. Norem (2015) parle d'effet rebond. Le sujet pense à des choses positives afin de ne pas s'angoisser pour le futur... ou de ne pas penser du tout !
Cette stratégie ne présente pas que des avantages.
Le refoulement des affects négatifs a des effets délétères sur le long terme. D'autre part ignorer les feed-back négatifs ou pas assez positifs limite les possibilités d'apprentissage. Pire Julie Norem (2015) évoque à leur propos une vulnérabilité « aux attaques du monde extérieur » (p. 182). L'auteur nuance en affirmant que les positions extrêmes sont surtout tenues par des optimistes stratégiques « non experts » (p.202).
Lorsque les attentes sont trop élevées comme dans le cadre de l'excès de confiance, le sentiment de contrôle irréaliste entraîne des comportements risqués : l'optimiste stratégique est enclin à sous-évaluer les feedbacks négatifs qui remettraient en question l'image positive qu'il a de lui-même (Norem, 2015).
Les compétences sociales dont font preuve les optimistes stratégiques n'excluent pas l'absence de véritable empathie.
J. Norem (2015) fait, entre autres, allusion à la « comparaison sociale descendante » de certains optimistes stratégiques. Ceux-ci se comparent aux personnes dont la situation est moins favorable à la leur afin d'y trouver un réconfort. Ainsi peuvent-ils être méprisants, condescendants ou même enclins à préjuger négativement. Dans la même logique, ils survalorisent leurs proches. J. Norem explique : « Quelqu'un qui a des amis et une famille si exemplaires doit lui-même être assez exceptionnel. » (2015, p. 185).
J. Norem note également une certaine agressivité de la part de certains optimistes stratégiques en raison de leur inflexibilité et protection défensive.
Si le mépris, la pitié ou autre attitude sociale négative sont absents, force est de constater que les stéréotypes sont susceptibles d'être vivaces en raison d'une moindre aptitude à remettre en question ce qu'ils ont initialement établi, le principal bénéfice étant la consolidation d'une image de soi positive (Norem, 2015).
1.4. Le pessimisme
Étymologiquement, le pessimisme est le contraire de l'optimisme et ce vocable a été élaboré à partir du latin pessimus, superlatif de « malus », mauvais (CNTRL).
Pour beaucoup d'auteurs, le pessimisme relève du névrosisme et donc de la mauvaise régulation des émotions négatives (C.- M. Krumm, 2012).
L'anticipation négative, la culpabilité en cas d'échec et la faible estime de soi relèvent du mécanisme du pessimisme.
En cas de réussite, le sujet pessimiste est enclin à croire que cet événement est dû au hasard ou à la chance et que très inattendu, il ne se reproduira pas.
L'individu n'est pas apte, d'autre part, à saisir les opportunités (Gabilliet, 2018). Il est persuadé pourtant d'être très lucide. N'avoir aucune maîtrise sur rien lui semble réaliste aussi il aura tendance à rester passif, généralisant à l'excès les événements négatifs. Logiquement se met en place un cercle vicieux : « inaction → aggravation → sentiment d'impuissance → résignation → inaction, etc. » (2018, p. 47).
L'un des inconvénients les plus graves du pessimisme est le « rétrécissement cognitif » résultant de l'anxiété. Le sujet ne peut plus entrevoir de solutions alternatives (Norem, 2015).
Par ailleurs le sujet pessimiste n'est pas de très bonne compagnie (démoralisation, défaitisme...). Outre la problématique des relations interpersonnelles comme l'isolement social, il s'expose à divers risques comme les maladies psychosomatiques, l'hypocondrie, la dépression et autres pathologies somatiques. Son système immunitaire est le plus souvent affaibli. À vrai dire ces deux facteurs - l'isolement et les maladies - sont corrélés selon de nombreuses recherches (Gabilliet, 2018).
Concernant la performance, les auteurs ont relevé, chez les très pessimistes, un perfectionnisme incontesté (Gabilliet, 2018).
Des avantages du pessimisme ont aussi été mentionnés (le perfectionnisme n'est pas pas toujours une qualité [8]).
Bien que nous associions aisément l'optimisme au locus de contrôle, on ne peut pour autant assimiler le pessimisme à l'absence de contrôle (Charles-Martin Krumm, 2012).
Dans certains contextes mieux vaut être pessimiste que trop optimiste (Gabilliet, 2018). Philippe Gabilliet évoque le pessimisme ou l'optimisme paradoxal qui prévaut par exemple, en sport et dans les secteurs à haut risque.
Il énonce : « (...) le pessimisme demeure le fondement de la prudence, qualité vitale en environnement incertain et hostile. » (20018, p. 34)
Donc dans certains contextes, le pessimisme est plus approprié (Dember cité dans C.- M. Krumm, 2012).
Plus globalement, un certain nombre de chercheurs ont constaté que la performance n'était pas affectée par le niveau de pessimisme. D'autre part le lien entre la performance élevée et l'optimisme n'a jamais été prouvé. L'optimisme et le pessimisme ne sont pas respectivement corrélés au succès et à l'échec (Krumm, 2012).
Ainsi le recrutement des personnes pessimistes se révèle utile pour les postes exigeant par exemple l'évitement du risque et le respect strict des process. P. Gabilliet indique la capacité de concentration et donc la faiblesse de l'attention chez les pessimistes. Ce que Norem (2015) explicite de la manière suivante au sujet des optimistes et pessimistes : « De manière générale, une humeur positive augmente notre tendance à nous concentrer sur l'essentiel de la situation, sans que l'on porte attention aux choses plus triviales. Une humeur négative nous conduit à une pensée davantage axée sur les détails et plus minutieuse. » (2015, p.150).
Faudrait-il par conséquent recruter des pessimistes pour des tâches exigeant une grande concentration ?
1.5. L'auto-handicap et l'évitement
Julie Norem (2015) a décrit deux catégories du pessimisme « ordinaire » : l'évitement et l'auto-handicap [9]. Ces deux stratégies permettent au sujet de fuir et de gérer l'anxiété.
Dans l'évitement, les individus, redoutant à l'extrême l'échec, esquivent toute épreuve qui pourrait remettre en question l'estime de soi. J. Norem illustre l'évitement avec le cas de Jérémie, jeune homme brillant et terriblement anxieux ne supportant aucune pression. Les coûts de cette stratégie sont élevés : insatisfaction, vigilance éreintante, refus de l'inconnu...
La seconde stratégie est l'auto-handicap. Muriel en est le cas typique. Malgré son acharnement au travail, elle doit faire face à la procrastination et sa mauvaise organisation. Muriel est convaincue que son anxiété est dû à la surcharge de travail alors qu'elle résulte de son perfectionnisme. Elle doute. La procrastination et l'organisation défaillante lui permettent d'échapper à l'anxiété (Norem, 2015).
Le perfectionnisme fait partie aussi du tableau clinique du pessimisme défensif (J. Norem, 2015, p.193).
Les personnes ayant, comme Muriel, recours à l'auto-handicap ont tendance à interpréter les échecs à des causes externes, instables et spécifiques. Ce sont les causes les moins perturbantes pour les sujets car elles permettent de se dédouaner. Il en est de même pour les pessimistes défensifs en cas d'échec (Norem, 2015).
Les coûts de cette stratégie sont importants : l'individu frôle la catastrophe (réussite relative), ne peut pas vivre le moment présent et saisir des opportunités. Mais les bénéfices le sont également : l'estime de soi est sauvegardée ; et l' auto-valorisation, sauve. D'autre part travailler au dernier moment, « sous la pression » procure de l'adrénaline.
Julie Norem (2015) mentionne également, dans l'auto-handicap [10], la consommation excessive d'alcool et de drogue ainsi que la musique « à haute dose ». Si le sujet échoue, il pourra toujours justifier l'échec par un taux d'alcoolémie etc.
Bien que l'adoption d'une autre stratégie serait plus efficace, le sujet ne peut se résoudre à abandonner sa stratégie habituelle en raison de l'angoisse supplémentaire que cela entraînerait.
Dans tous les cas, l'auto-handicap rend quasiment impossible tout apprentissage. C'est différent dans le pessimisme défensif.
Si nous ne percevons pas notre réussite ou notre échec comme conséquentes à notre action, nous ne pouvons avoir un sentiment de contrôle.
En cas de réussite, la joie est de courte durée et elle est vite substituée par l'angoisse de l'avenir. Cette attitude est commune aux personnes dont l'estime de soi est faible.
Le sentiment de contrôle même irréaliste est, selon certaines recherches, utile pour s'adapter, se motiver et être efficace. A contrario le sentiment même réaliste de ne rien contrôler est à la source de l'anxiété et de l'abandon (Norem, 2015).
1.6. Le pessimisme défensif
Le pessimisme défensif est une stratégie tout aussi efficace que l'optimisme stratégique. Il comprend des aspects positifs et négatifs (beaucoup moins invalidants que ceux de l'évitement et de l'auto-handicap). Tout comme l'optimisme stratégique, il se manifeste dans des contextes très spécifiques et circonscrits.
Le pessimisme défensif consiste à se dire : « Nous réussirons mais nous devons nous attendre à de grosses difficultés » (P. Gabilliet, 2018, p.38).
Le pessimisme défensif se distingue à divers niveaux du pessimisme classique. Ainsi la causalité de l'échec, chez le pessimiste défensif, n'est pas obligatoirement interne, le sujet pessimiste défensif ne remettant pas systématiquement ses compétences en question (Julie Norem, 2015).
D'autre part, le pessimiste défensif n'est pas plus psychiquement vulnérable que l'individu lambda et ne risque pas la dépression comme dans le pessimisme ordinaire. Effectivement. Il est résolu à prendre le contrôle de sa vie, tant il est plein d'espérance. Ainsi peut-il élaborer des objectifs et planifier pour les atteindre. Le pessimiste défensif n'a pas l'illusion de tout contrôler, l'environnement étant par définition imprévisible mais il pense avoir la maîtrise de ses actions (Norem, 2015).
Lorsqu'on demande aux différents pessimistes défensifs de se décrire, ils citent des défauts liés à des situations très spécifiques alors que les pessimistes ordinaires s'octroient des caractéristiques négatives beaucoup plus générales.
Nous avons vu que l'optimisme stratégique ne se superposait pas à l'optimisme dispositionnel. Le pessimisme défensif ne s'associe pas davantage au pessimisme classique : les attributions sont dissemblables (J. Norem, 2015).
Julie Norem indique au sujet du pessimisme défensif des : « (...) attributions complexes, que ce soit pour des événements positifs ou négatifs, et celles-ci sont par conséquent difficiles à évaluer comme étant systématiquement positives ou négatives (internes ou externes, stables ou instables) » (2015, p. 111)
Certes les pessimistes défensifs souscrivent à la possibilité des causes internes des événements qu'ils soient positifs ou négatifs, à l'instabilité de leurs efforts mais aussi à la stabilité de leurs aptitudes (Norem, 2015).
Le pessimiste défensif et le pessimiste ordinaire sont anxieux mais l'anxiété du pessimiste défensif concerne les événements futurs et non pas ceux du passé.
Et à part l'anxiété, les pessimistes défensifs n'éprouvent pas d'autres types d'émotions négatives. C'est peut-être pour cette raison qu'ils sont aussi motivés que les optimistes stratégiques (Norem, 2015). Mais ils connaissent une labilité émotionnelle plus importante que celle des optimistes stratégiques (Norem, 2015).
Le pessimisme défensif est une stratégie qui permet de réguler l'anxiété et les émotions négatives ce qui n'est pas le cas, comme nous l'avons vu pour le pessimisme « classique » [11] (Julie Norem, 2015). Ainsi dans ce contexte d'absence de déni de l'anxiété, la performance est-elle préservée.
Par conséquent le pessimisme défensif fait tout autant partie de la psychologie positive que l'optimisme stratégique. Effectivement les deux stratégies visent le développement de son potentiel et l'atteinte de ses objectifs.
L'action n'est pas entravée dans le pessimisme défensif puisque les affects négatifs y subissent une mutation. Julie Norem parle d'« émotion utile ».
Par contre ce qui est différent de l'optimisme stratégique est que l'action du pessimiste défensif ne constitue pas la phase initiale. Elle fait suite à une phase de « préparation mentale » fondée sur l'anticipation de l'échec. Norem (2015) illustre cette phase très particulière avec le cas de Caroline pour qui le moindre détail est une obsession. Pendant la préparation mentale [12] - le stade premier du processus - les pessimistes défensifs ruminent, envisagent toutes les éventualités négatives ce qui engendre, bien sûr, une certaine dose d'anxiété. Cette phase est inconnue des optimistes stratégiques qui ne pratiquent que la « distraction », étape qui leur permet d'échapper à toute anxiété.
La rumination des dépressifs défensifs peut être improductive dans le cas d'une pensée négative rétroactive (J. Norem (2015).
Le point commun entre le pessimisme ordinaire et le pessimisme défensif est bien l'attente d'un événement négatif d'où l'anxiété mais la différence fondamentale est que le pessimiste « ordinaire », à l'instar de l'optimiste stratégique n'expérimente pas cette « préparation mentale ».
En quoi consiste-t-elle ? C'est le fait de « s'immerger à l'intérieur des détails pratiques sans être distrait par son anxiété. » (Julie Norem, 2015, p. 43). Non seulement ce stade permet de maîtriser l'anxiété mais il donne naissance aux motivations. Le pessimiste défensif, contrairement au pessimiste ordinaire, est apte à planifier ou à élaborer un plan d'action et agir. Supporter les affects négatifs est la condition sine qua non.
Cette stratégie a une structure interne cohérente. Aussi la moindre intervention à l'une des phases peut s'avérer fatale pour la Performance.
Julie Norem (2015) indique que la répétition mentale des pessimistes défensifs est similaire à la technique visuelle d'adaptation pratiquée par les préparateurs mentaux d'athlètes.
Ces techniques ne sont pas adaptées à tous. Cette méthode consiste à visualiser tous les gestes par le menu détail.
Les deux autres techniques des experts de la performance sont la visualisation de la maîtrise et la visualisation de la relaxation (Norem, 2015).
Le but de la visualisation de la maîtrise est de redonner confiance en soi ; et celui de la visualisation de la relaxation, celui de faire le « vide » avant une épreuve (« distraction »).
Les techniques de la visualisation ne peuvent être appliquées aux sujets dont la stratégie est le pessimisme défensif car elles interféreraient très négativement dans le process (Norem, 2015).
Les stratégies ne sont pas toujours appliquées volontairement. Parfois même elles sont adoptées dans des situations qui ne s'y prêtent pas. Il est donc impératif que les pessimistes défensifs et les optimistes stratégiques soient capables de changer de stratégie si le contexte l'exige.
1.7. Quelle stratégie adopter ? L'optimisme stratégique ou le pessimisme défensif ?
Il n'existe pas de supériorité ou d'infériorité concernant l'optimisme stratégique et le pessimisme défensif (J. Norem, 2015).
La stratégie entretient des rapports étroits avec la personnalité et les expériences (J. Norem, 2015).
En tous les cas pour les métiers qui exigent un temps de réflexion très court comme dans le trading, les pessimistes défensifs ne seraient pas forcément des candidats idéaux à moins que leur préparation mentale les ait disposés à toute éventualité (Nolem, 2015). A contrario, les optimistes stratégiques ne seraient pas de bonnes recrues pour des missions nécessitant une analyse précise des problèmes impliquant la proposition d'une solution. Par contre ils seraient des candidats idéaux pour une tâche exigeant de grandes aptitudes synthétiques rapides (Nolem, 2015).
En ce qui concerne la performance, bien des préjugés subsistent. Cette dernière n'est pas impactée par l'humeur négative. Bien au contraire les personnes sujets à des pensées négatives sont bien souvent incitées à relever le niveau de leur performance. De surcroît les anticipations négatives ont leur nécessité.
Julie Norem écrit : « Une humeur négative peut nous alerter à propos de certaines données issues de notre environnement et nous maintenir dans une approche propre à résoudre les problèmes ; cela peut aussi nous amener à nous fixer des standards plus élevés pour notre performance. » (2015, p.151).
La confiance et les compétences sont de plus corrélées négativement : les personnes se croyant les plus compétentes ne le sont pas nécessairement.
Julie Norem explique : « Ceux qui sont les plus instruits et compétents sont conscients de leurs points faibles, et cette connaissance rend leur véritable confiance plus nuancée. Cela ne veut bien sûr pas dire que la confiance élevée de tous les optimistes stratégiques n'est pas justifiée ou qu'ils sont moins compétents que les pessimistes défensifs (...) Par ailleurs cela n'implique pas non plus que tous les pessimistes défensifs soient compétents. » (1995, p. 167).
Il est dommage que l'anxiété effarouche tant les recruteurs. Ils assimilent trop vite cette humeur à des échecs passés. Heureusement que des pessimistes défensifs ont assez de contrôle pour ne projeter aucune image négative lors de leur entretien d'embauche (Norem, 2015).
La différence entre le pessimisme défensif et l'optimisme stratégique réside également dans les causes internes de la réussite avancées par les sujets : elles correspondent au travail et à l'effort pour le pessimiste défensif ; et aux capacités innées pour l'optimiste stratégique (Norem, 2015).
Dans les deux stratégies, la réalité est de toutes les façons déformée. Les optimistes stratégiques n'entrevoient que les aspects positifs alors que les pessimistes défensifs ont une « analyse du pire » (Norem, 2015).
L'apprentissage pour ces acteurs exige la reconnaissance des erreurs, la prise en compte des feedbacks négatifs ou de l'anticipation positive exagérée.
Les pessimistes défensifs seraient plus aptes à faire des efforts pour s'améliorer (Norem, 2015).
Les binômes composés d'un optimiste stratégique et d'un pessimiste défensif devraient être favorisés puisque les profils sont complémentaires : l'enthousiasme de l'optimiste stratégique serait rationnellement contrebalancé par la réflexion indispensable du pessimiste défensif etc. Mais pour que ces associations fonctionnent, il serait judicieux que les rôles des partenaires soient différenciés dans l'organisation (Norem, 2015).
Cette complémentarité ne fonctionne hélas pas toujours en dépit des précautions. Dans une équipe, le pessimiste défensif joue parfois le rabat-joie. C'est pour cette raison que Julie Norem (2015) conseille aux pessimistes défensifs de ne jamais révéler publiquement la préparation mentale (le process) mais uniquement le résultat de celle-ci. Selon bien des préjugés, l'hésitation d'un leader est encore perçue comme une faiblesse ; et les messages du pessimiste défensif seraient alors jugés abscons et indirects (Norem, 2015).
1.8. La coexistence banale de l'optimisme et du pessimisme
Tout le monde expérimente, sur le plus ou moins long terme, l'optimisme et le pessimisme (Charles-Martin Krumm, 2012). Selon Dember (cité dans C.-M. Krumm, 2012), des individus sont optimistes ou pessimistes selon les situations.
Des personnes ne peuvent être d'ailleurs être qualifiées d'optimistes ou de pessimistes tant leurs perspectives ou attentes sont multiples (Julie Norem, 2015).
L'optimisme et le pessimisme sont les deux pôles d'un axe sur lequel nous sommes plus ou moins éloignés de l'un ou de l'autre selon les moments.
La nature de l'expérience imprévue a aussi son importance. Connu ou inconnu, l'événement n'a pas le même impact (Norem, 2015).
L'individu optimiste pragmatique est apte à se mettre transitoirement sous « tension pessimiste » afin de démasquer les risques éventuels mais aussi d'adopter les solutions qui s'imposent pour éviter le danger potentiel.
De même l'optimisme peut être adopté défensivement et servir alors de protection dans les moments difficiles (Scheier et Carver dans Krumm, 2012).
2 - Cadre méthodologique
2.1. Test exact de Fisher
Les données du questionnaire et ont été analysées avec le test exact de Fisher en raison de la taille de notre échantillon .
Ce test non paramétrique se base sur la loi géométrique.
La p-valeur (degré de signification) calculée correspond au niveau de présomption contre l'hypothèse nulle (H0) qui stipule l'indépendance de deux variables (absence d'association). Donc selon l'hypothèse alternative (H1), les événements ne sont pas indépendants.
Valeur de p |
Niveau de la présomption contre H0 |
≤ 0,01 |
Très forte présomption |
0,01 < p ≤ 0,05 |
Forte présomption |
0,05 < p ≤ 0,01 |
Faible présomption |
p > 0,1 |
Pas de présomption |
Par conséquent plus la valeur de p est faible, plus il est aisé de rejeter l'hypothèse nulle. Nous avons pris le parti de fixer le risque d'erreur (α) ΰ 10 %.
Si p < α , nous admettrons que l'étude est statistiquement significative.
Les résultats sont communiqués avec l'intervalle de confiance à 95 %.
Nous dénommons le groupe des hackers, le groupe 1 ; et celui des hackers moins expérimentés, le groupe 2. Leurs effectifs respectifs sont n1 et n2.
2.2. La population
Nous analysons les réponses de 42 hackers. Dix-sept participants sont des hackers experts et 25 sont des hackers amateurs.
Ils sont francophones. La moitié réside en France ; et l'autre moitié, en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, au Canada, en Asie et au Moyen-Orient.
Ils sont tous majeurs. Nous avons finalement pris la décision de ne pas faire participer les sujets mineurs en raison de questions qui exigent une maturité certaine. L'âge moyen de la population d'étude est 31,04 ans.
Le premier groupe est composé de 18 hackers. L'âge moyen est de 29,72 ans. Le deuxième groupe est constitué de 31 néophytes. L'âge moyen est de 31,29 ans.
C'est à 15 ans en moyenne qu'on commence les activités de hacking (min. 8,10 - max. 27,80).
Plus de la moitié ont le niveau bac + 5, et 12 % ont le niveau doctorat.
Les diplômes se répartissent de manière homogène (N = 49 ; p-value = 9,8). 13 personnes du premier groupe et 23 du second groupe sont titulaires d'un diplôme de niveau Bac+8 à Bac+5. Les autres personnes qui ont un niveau inférieur d'étude à Bac + 5 sont au nombre de 5 dans le premier groupe, et de 8 dans le second.
Les cadres (supérieurs et moyens), les CEO et les personnes exerçant une profession libérale sont plus nombreux dans le second groupe.
p = 0,014 (test exact de Fisher).
Le statut socio-professionnel est plus élevé dans le second groupe (80 % contre 50 %) : cadres moyens et supérieurs, profession libérale et CEO.
Nous obtenons, pour le statut professionnel, par ordre décroissant : les cadres moyens (12) ; cadres supérieurs (11) ; employés (6) ; professions libérales (5) ; dirigeants (2) ; apprenti et stagiaire (2) ; aucun (2) et autre (1).
2.3. Le questionnaire et la variable « optimisme »
Nous avons élaboré le questionnaire à partir de nos lecteurs sur le hacking, le haut-potentiel et d'après le schéma MDDT (Modèle différenciateur du Don et du Talent) de Françoys Gagné.
Le questionnaire comporte neuf grandes catégories de variables : les données sociodémographiques, l'identification, le hacking, l'informatique, la personnalité, les traits de personnalité ou éléments conatifs et cognitifs impliqués dans les styles cognitifs, le contexte familial, l'entourage de proximité et la scolarité.
Les questions sont de type alternatif (79 questions), suggèrent une série de propositions (74 items), se basent sur une échelle de Likert (2 énoncés), ou permettent de s'exprimer librement (53 unités). Cinq questions requièrent une réponse numérique. Et enfin une quinzaine de questions se recoupent.
Le temps n'était pas limité mais le participant ne pouvait pas revenir en arrière.
Tableau 2 - Les variables étudiées dans le questionnaire.
Catégories de variables |
Variables |
Questions |
Codification |
Valeur alpha de Cronbach |
Données
sociodémographiques |
Âge |
A2 |
1 |
|
Genre |
B1 |
27 |
|
Niveau d'étude |
B4 |
39 |
|
Profession |
B2 B6 J25 K8 |
28 41 42 281 322 |
|
Secteur d'activités |
B7 |
43 |
|
Temps consacré à l'activité professionnelle |
B8 |
44 45 |
|
Études |
B3 |
29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 |
|
Profession envisagée |
B5 |
40 |
|
Identification |
Pseudo |
A1 |
0 |
|
Hacking |
Age de début |
A3 |
2 |
|
Existence des hackers |
D3 |
63 |
|
Evénement déclencheur |
D5 D6 |
67 68 |
|
Activités |
A4 à A15 |
3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 |
|
Motivations |
A16 |
15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 |
|
Niveau à atteindre |
A17 |
25 |
|
Difficultés techniques dissuasives ou non dissuasives |
A18 E2 |
26 140 |
|
Premier(s) mentor(s) |
D4 G23 |
64 65 66 |
|
Pratique délibérée |
D7 |
69 |
|
Ressources apprentissage |
D8 |
70 71 72 73 74 |
|
Hacking légal (les plateformes) |
D1 |
62 |
|
Compétences autres que techniques |
D9 |
75 76 77 78 |
|
Catégorie appartenance |
D10 D11 D12 D13 |
79 80 81 82 83
84 85 86 |
|
Cibles privilégiées |
D15 |
96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111
112 113 114 |
|
Interruption de l'activité |
D16 D17 D18 D19 |
115 116
117 118 119 |
|
Reprise de l'activité |
D20 |
120 |
|
Politique sécurité informatique |
D21 |
121 |
|
Définition du hacking (du passé et du présent) |
M1 M2 |
368 369 |
|
Informatique |
Age de la première utilisation d'un ordinateur |
C1 |
46 |
|
Premier(s) tuteur(s) |
C2 |
47 48 |
|
Premières activités |
C3 |
49 50 51 52 |
|
Jeux videos |
C4 C5 |
53 54 55 56 57 58 59 60 61 |
|
Panacée |
J18 |
273 274 |
|
Personnalité |
Centres d'intérêt avant l'activité et centres d'intérêt actuels |
D14 E1 |
87 88 89 90 91 92 93 94 95 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 |
|
Valeurs |
D22 J33 J34 K7 L1 |
122 298 299 314 344 348 |
|
Talent autre que celui de la sécurité informatique |
E3 E4 |
141 142 |
|
Livre et film préférés |
E5 E6 |
143 144 |
|
Identification (psychanalyse) |
E7 K6 |
145 305 306 307 308 309 310 311 312 313 |
|
Personnalité temporelle |
F1 F2 F3 K14 L12 L13 K11 |
146 147 148 329 363 364 326 |
|
Anticonformisme |
G9 G10 G12 G13 J16 J24 |
157 158 271 280 |
|
Autonomie |
I3 I18 K7 L1 |
217 314 243 |
|
Opportunisme |
L1 |
338 |
|
Pragmatisme |
L1 |
341 |
|
Aspects cognitifs |
G1 G12 G13 I1 I2 I14 I15 J27 K5 L7 |
149 210 211 212 213 214 215 216 239 240 283 304 357 |
|
Troubles dys- |
J1 J2 J3 |
244 245 246 |
|
Latéralisation |
J6 |
256 |
|
Vécu émotionnel (enfance, adolescence et adulte) |
G7 G8 G11 G12 G13 G19 H1 I4 J5 J7 J10 J11 J12 J13 J14 J17 J18 J21 J22 J23 J28 J30 J31 K1 K3 K4 K15 K16 L1 L4 L14 |
155 156 159 160 161 162 163 164 165 166 167 175 201 218 219 220 221 222 223 248 249 250 251 252 253 257 254 255 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 272 277 278 279 284 286 287 300 302 303 330 331 332 333 334 335 337 340 343 345 349 351 354 365 |
|
Dépendances |
J20 J32 K10 L10 L11 L1 |
276 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 325 360 362 361 362 345 |
|
Relations interpersonnelles |
H2 H3 H4 H5 H6 H7 H8 I4 J9 J17 J18 K12 K13 L1 L2 L3 L8 L9 L15 L16 |
202 203 204
205 206 207
208 259
272 273 274
327 328
336 338 339 340 342 346 347 348 350 352 353
358 359
366 367 |
|
Rapports avec la hiérarchie |
H9 |
209 |
|
Second choix professionnel |
K9 |
323 324 |
|
Aspects conatifs |
L5 L6 |
355 356 |
|
Traits de personnalité ou éléments conatifs et cognitifs impliqués dans les styles cognitifs |
|
I6 J8 J15 J19 J26 J29 K2 K5 L1 L13 I16 |
258 270 275 282 285 301 304 349 364 241 |
|
Contexte familial |
Informatique |
G2 G3 G4 G5 |
150 151 152 153 |
|
Secteur scientifique |
G6 |
154 |
|
fratrie |
G14 |
168 169 |
|
Relations familiales |
G15 G16 G17 G24 |
170 171 172 173 193 |
|
Famille et hacking |
G18 G20 G21 G22 G23 |
174 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 |
|
Climat |
G25 |
194 |
|
Don et talent |
G26 G27 G28 G29 |
195 196 197 198 199 200 |
|
Entourage de proximité |
Informatique |
G4 |
152 |
|
hacking |
G20 G21 G23 |
176 177 178 179 180 181 182 183 184 192 |
|
Scolarité |
Problèmes généraux |
I4 I6 |
218 219 220 221 222 223 230 |
|
Lacunes académiques |
I5 |
224 225 226 227 228 229 |
|
Résultats scolaires |
I17 |
242 |
|
Absentéisme |
I7 I8 I9 |
231 232 233 234 |
|
Redoublement et saut de classes |
I10 I11 I12 |
235 236 237 (???) |
|
Filière |
I13 |
238 |
|
Une question porte sur l'optimisme [343]
Sur quel pôle êtes-vous ? [Optimiste].
Très élevé : 4 / Élevé : 3 / Moyen : 2 / Bas : 1 / Très bas : 0.
Dans les résultats, nous avons agrégé « Très élevé et élevé » et « Très bas et bas » ainsi avons-nous trois niveaux : Bas-Moyen-Élevé.
3. Résultats
L'optimisme, dans notre schéma, est l'un des facteurs du « Tempérament ». L'optimisme est plus précisément une variable de la « qualité de l'humeur ». Cette variable a été calculée avec les 369 autres variables. Nous présentons ici une cinquantaine de liens significatifs.
Les chiffres entre crochets correspondent au numéro de codification de la variable. Lorsque le nombre de participants n'est pas égal à 42, nous le signalerons.
Enfin nous indiquerons également l'absence d'associations significatives qui figurent fréquemment dans la littérature.
3.1. Le niveau d'optimisme dans les deux groupes de hackers
Il n'existe pas de différence significative entre les deux groupes de hackers (Neffectif = 42 ; p = 0,341).
47 % des hackers experts et 48 % des hackers amateurs présentent des scores élevés. Pour les scores moyens, nous obtenons respectivement 29.41 % et 32 % et enfin pour les scores bas, respectivement 23.52 % et 20 %.
3.2. Les données concernant le hacking
Le hacking a été exploré à l'aide de huit items.
3.2.1. Le hacking (système de traitement automatisé des données) [7]
L'item correspondant à la conception et/ou à la cession d'un matériel ou d'un programme en vue d'attaquer un STAD [13] a un rapport significatif avec l'optimisme (p = .064). Ce sont les hackers les moins optimistes (44.44 %) et les plus optimistes (40 %) qui ont ce type d'activité.
3.2.2. Le carding [14]
Quatre questions relatives au carding [14] ont été posées.
Ce sont surtout les personnes très optimistes (15 %) qui cèdent un équipement ou un programme pour la contrefaçon. Les carders dont l'optimisme est moyen sont moins nombreux à se livrer à une telle activité (7.69 %). Pour la variable [14], nous obtenons p = 0,035.
3.2.3. L'événement déclencheur de la passion [67]
Les hackers dont l'optimisme est de niveau moyen (61,53 %) sont les plus nombreux à déclarer qu'un événement particulier a déclenché leur passion du hacking. Ils sont suivis par les participants très optimistes (35 %) et peu optimistes (11,11 %).
3.2.4 Les différentes couleurs successives [85]
Les neuf hackers (soit 39,13 %) qui se sont successivement définis comme « White Grey Black [15] » Hat sont en majorité des sujets peu optimistes (66,60 %). Les hackers très optimistes occupent le second rang (53,84 %). Aucun hacker dont l'optimisme est moyen a été successivement White, Grey ou Black Hat.
3.2.5. Le full et le responsible disclosure [16] [121]
Quarante-et-une personnes se sont exprimées à ce sujet.
Tableau 3 - Les pourcentages de l'optimisme et le parti pris
pour la divulgation totale ou responsable des vulnérabilités.
Score Optimisme |
Full Disclosure |
Responsible Disclosure |
Ni l'un ni l'autre |
Pas d'opinion |
Bas |
33,33 % |
44,44 % |
11,11 % |
11,11 % |
Moyen |
16,66 % |
41,66 % |
8,33 % |
33,33 % |
Élevé |
5 % |
55 % |
15 % |
25 % |
p = 0,063
3.2.6. Une idole, un hacker [307]
Neuf réponses étaient proposés concernant les éventuelles idoles de l'adolescence et préadolescence.
Seules les variables [307] et [308] ont un rapport significatif avec l'optimisme. Les valeurs de p sont respectivement 0,022 et 0,034.
Au début de la carrière, ce sont surtout les personnes moyennement (69,23 %) et très optimistes (60 %) qui avaient un hacker pour idole. En revanche les sujets peu optimistes ne sont que 11,11 % à avoir admiré un hacker.
La variable [308] concerne une personnalité politique ou publique. Les pourcentages pour cette variable sont très différents : 22,22 % des hackers peu optimistes et 5 % des hackers très optimistes avaient une grande considération pour une telle personnalité.
3.2.7. Le hacking, l'appât du gain ? [318]
L'argent en tant que « réussite sociale » est une conviction partagée par 53,84 % des hackers moyennement optimistes, 33,33 % des hackers peu optimistes et par seulement 10 % des hackers très optimistes.
3.3. Les données environnementales
3.3.1. Les premières activités sur Internet [51]
Le surf dès les premières utilisations d'un matériel informatique a un lien statistiquement significatif avec l'optimisme (p = 0,015). L'exploration très précoce d'internet est le fait de 55 % d'enfants ou adolescents très optimistes, de 38.46 % moyennement optimistes et de 33.33 % peu optimistes.
3.3.2. L'informatique, secteur d'activité maternelle ? [151]
Le seul hacker dont la mère travaille ou travaillait dans le secteur informatique a un score bas d'optimisme (p = 0,095).
3.3.3. Le scepticisme parental [189]
Seulement treize participants ont répondu à la question sur la réaction du père et/ou de la mère suite à la prise de connaissance des activités de hacking de leur enfant. Les participants avaient le choix entre 7 réponses.
Le scepticisme parental (76,92 %) entretient un rapport avec l'optimisme (p = 0,042) : tous les sujets dont le score de l'optimisme est bas ou moyen ainsi que 62,50 % des très optimistes sont concernés.
3.3.4. Le redoublement et le saut des classes [235]
La valeur de p, pour cette variable, est 0,079.
Une classe au moins a été redoublée par 55 % d'adolescents très optimistes, 30,77 % d'adolescents moyennement optimistes et 11 % d'adolescents peu optimistes.
Pour le saut d'une classe ou plus, nous obtenons les pourcentages suivants : 10 % des adolescents très optimistes, aucun adolescent moyennement optimiste et 22,22 % d'adolescents peu optimistes.
Le parcours plus « typique » (aucun saut et aucun redoublement de classes) a été déclaré par 35 % des participants très optimistes, 69,23 % des moyennement optimistes et 66,66 % des peu optimistes.
3.3.5. La filière de l'enseignement secondaire [238]
L'optimisme et la filière suivie au lycée ont un lien significatif (p = 0,074).
Tableau 4. L'optimisme et la filière suivie dans le secondaire (pourcentages).
Score optimisme |
Général |
Technologique |
Professionnel |
Gén./Techn |
Techn/Prof |
Bas |
55,55 % |
0 |
0 |
33,33 % |
11,11 % |
Moyen |
69,23 % |
7,69 % |
0 |
15,38 % |
7,69 % |
Élevé |
65 % |
15 % |
10 % |
10 % |
0 |
3.3.6. Les lacunes en physique-électronique [225]
22,22 % des hackers peu optimistes et 15 % des hackers très optimistes estiment avoir actuellement des lacunes en physique et/ou en électronique (la valeur de p est 0,092).
3.3.7. Les lacunes en informatique autre que la sécurité informatique [226]
Seuls 33,33 % des hackers peu optimistes pensent avoir des lacunes en informatique (p = 0,004).
3.3.8. Le niveau d'études [39]
L'optimisme et le niveau d'études ont un lien significatif (p =0,024). Si nous considérons le niveau master et plus, les hackers moyennement optimistes sont les plus nombreux (84,61 %), ils sont suivis par les hackers très optimistes (75 %). Les diplômés Bac+5 et plus ne sont plus que 55,55 % parmi les hackers peu optimistes.
3.4. Les émotions
Les participants pouvaient cocher par oui ou par non à six propositions (joie, tristesse, colère, peur, dégoût et surprise) à la question : « Quelle(s) émotion(s) ressentiez-vous le plus souvent ? ».
L'optimisme est associé avec la peur (p = 0,024), la colère (p = 0,025) et la surprise (p = 0,058).
La peur [265]
33,33 % des personnes peu optimistes éprouvent le plus souvent la peur, contre 15,38 % des moyennement optimistes et 10 % des très optimistes.
La colère [264]
La colère est ressentie par 88,88 % des personnes peu optimistes, 30,76 % des moyennement optimistes et par 35 % des très optimistes.
La surprise [267]
Seuls les hackers très optimistes (30 % de ce groupe) connaissent le plus souvent la surprise.
3.5. La régulation émotionnelle
3.5.1. La labilité émotionnelle [284] et [354]
L'énoncé de l'item [284] est : « Avez-vous des états émotionnels fluctuants (des down et des up) ? » et celui de l'item [354] est : « Êtes-vous sujet(te) aux sautes d'humeur ? ».
Tous les hackers peu optimistes ont connu des hauts et des bas émotionnels. Les états émotionnels fluctuants sont présents chez 46,10 % des hackers moyennement optimistes et 45 % des hackers très optimistes. La valeur de p est 0,010.
100 % des hackers peu optimistes révèlent avoir des sautes d'humeur. C'est le cas de 38,46 % des hackers moyennement optimistes et 40 % des hackers très optimistes (p = 0,014).
Les deux variables sont liées : 75 % des personnes qui ont un état émotionnel fluctuant, ont des « sautes d'humeur ». (p = 0,001).
D'autre part « les sautes d'humeur » et l'instabilité ont un rapport significatif. 91,66 % des sujets instables connaissent des sautes d'humeur. Ce n'est le cas que pour 36,66 % des sujets du groupe « sans instabilité ». (p = 0,003).
3.5.2. Les crises de larmes [257]
Le besoin de pleurer « parfois » est présent dans toutes les catégories : 55,55 % des hackers peu optimistes, 23,07 % des hackers moyennement optimistes et 55 % des hackers très optimistes.
Ce besoin est « absent » pour 22,22 % des hackers peu optimistes, 76,92 % des hackers moyennement optimistes et 45 % des hackers très optimistes.
22,2 % des hackers peu optimistes ressentent « fréquemment » ce besoin, ce qui n'est le cas pour aucun hacker des autres catégories.
3.5.3. Les traitements régulateurs de l'humeur [269]
Prenez-vous un thymorégulateur (régulateur de l'humeur) ?
Aucune personne très optimiste suit un traitement de type « thymorégulateur ». Ce n'est pas le cas pour 7,69 % des sujets moyennement optimistes et pour 22,22 % des personnes peu optimistes.
3.6. Le tempérament
3.6.1. La préférence manuelle [256]
Nous avons obtenu 40 réponses à cet item. L'optimisme et la préférence manuelle sont des variables associées (p = 0,026).
Tableau 5. L'optimisme et la préférence manuelle.
Préférence manuelle |
Optimisme bas |
Optimisme moyen |
Optimisme élevé |
Droite |
0 % |
91,66 % |
75 % |
Gauche |
25 % |
8,33 % |
5 % |
Les deux mains |
25 % |
0 |
20 % |
3.6.2. Les symptômes évoquant le trouble attentionnel dans le cadre scolaire [166] et à domicile [165]
Les symptômes évoquant un trouble attentionnel à l'école est présent chez 36,36 % des sujets moyennement optimistes et 28,57 % des personnes peu optimistes. En revanche il est peu fréquent parmi la population des hackers très optimistes (6,25 %). La valeur de p est 0,085 pour 34 participants.
28,57 % des sujets peu optimistes ont manifesté des troubles évoquant le trouble attentionnel à domicile, contre 18,75 % des sujets très optimistes. Nous relevons l'absence des personnes moyennement optimistes (Neffectif : 34 ; p = 0,018).
3.6.3. La logorrhée infantile [160]
Les pourcentages pour les hackers peu optimistes, moyennement optimistes et très optimistes sont respectivement 33,33 %, 30,76 % et 25 % (Neffectif : 42 ; p =0,005).
3.6.4. L'instabilité [159]
L'instabilité importante a été identifiée par les proches dans deux groupes : celui de l'optimisme bas (22,22 %) et de l'optimisme élevé (5 %). Cette instabilité est absente chez les moyennement optimistes. La valeur de p est 0,069.
Nous savons d'autre part que l'instabilité est significativement associée aux sautes d'humeur [354]. La valeur de p est 0,003.
3.6.5. Le besoin de nouveauté [275]
76,92 % des personnes moyennement optimistes et 75 % des personnes très optimistes ont un fréquent besoin de nouveauté. Seuls 55,55 % des sujets peu optimistes éprouvent souvent ce besoin (p = 0,061).
3.6.6. Le dynamisme [351]
Tableau 6. L'optimisme et le niveau de dynamisme (pourcentages).
Niveau optimisme |
Dynamisme bas |
Dynamisme moyen |
Dynamisme élevé |
Optimisme bas |
44.44 % |
22.22 % |
33.33 % |
Optimisme moyen |
15.38 % |
46.15 % |
38.46 % |
Optimisme élevé |
0 |
30 % |
70 % |
p = 0,007
3.6.7. Le besoin de récupérer [276]
Les participants dont l'optimisme est bas ne parviennent pas à faire des pauses pour récupérer. En revanche l'aptitude à faire des pauses est présente chez 60 % des participants très optimistes et 61,53 % des moyennement optimistes. La valeur de p est 0,024.
3.6.8. La pratique sportive [360]
La question est : « Pratiquez-vous un ou plusieurs sport(s) ? »
75 % des personnes très optimistes pratiquent au moins un sport contre seulement 38 % des personnes moyennement optimistes et 33,33 % des personnes peu optimistes. La valeur de p est 0,109.
3.6.9. La timidité [339]
Niveau d'optimisme |
Timidité basse |
Timidité moyenne |
Timidité élevée |
Optimisme bas |
22,22 % |
22,22 % |
55,55 % |
Optimisme moyen |
23.07 % |
15.38 % |
61,53 % |
Optimisme élevé |
40 % |
35 % |
25 % |
p = 0,108
3.7. Les autres dimensions de la personnalité
3.7.1. Les traits
Intuition [357]
85 % des hackers très optimistes, 84,61 % des moyennement optimistes et 44,4 % des hackers peu optimistes se déclarent intuitifs (p = 0,013).
Autonomie [314]
Le questionnaire comprend huit propositions concernant la représentation de la réussite sociale : la liberté-autonomie, un travail intéressant, le pouvoir, un travail offrant la sécurité, l'argent, la reconnaissance, l'innovation et « autres ».
L'optimisme entretient un rapport significatif avec deux de ces propositions (p = 0,051).
La liberté et l'autonomie, en tant que réussite sociale », est surtout la représentation des hackers peu optimistes (88,88 %) et dans une moindre mesure celle des hackers très optimistes (70 %). Les participants moyennement optimistes ne sont plus que 46,15 % à avoir une telle représentation.
Nous avions déjà évoqué le lien significatif de l'optimisme avec l'argent, en tant que réussite sociale.
Confiant [340]
Niveau de l'optimisme |
Confiant bas |
Confiant moyen |
Confiant élevé |
Bas |
33,33 % |
44,44 % |
22,22 % |
Moyen |
15,38 % |
46,15 % |
38,46 % |
Élevé |
0 |
15 % |
85 % |
p= 0,003
Notons qu'il n'existe pas de différences significatives entre les deux groupes de hackers (experts et amateurs) pour cette variable « confiant » ( N : 42 ; p = 0,314).
Questionnement des règles [271]
L'énoncé de cette question : « Êtes-vous celui qui questionne les règles de l'école, de l'entreprise et de la société ? ». Le participant avait le choix entre trois options : souvent, parfois ou jamais.
Niveau de l'optimisme |
Souvent |
Parfois |
Jamais |
Bas |
100 % |
0 |
0 |
Moyen |
16,66 % |
75 % |
8,33 % |
Élevé |
40 % |
50 % |
10 % |
p = 0,013
Centres d'intérêt avant le hacking [90] et [93]
Nous avions demandé aux participants leurs centres d'intérêt avant le hacking. Ils disposaient de neuf réponses au choix : sport, sortie avec les amis, musique, écriture, autre activité artistique, matière scientifique, discipline académique, aucun centre d'intérêt et « autre ».
Le niveau d'optimisme entretient un rapport avec l'écriture [90]. 33,33 % des hackers peu optimistes et 20 % des hackers très optimistes s'adonnaient à l'écriture. Nous notons l'absence des participants moyennement optimistes pour cette activité.
L'optimisme et l'intérêt pour les matières académiques [93] avant le hacking ont aussi un lien significatif (p =0,064). Ce sont surtout les hackers peu optimistes qui s'intéressaient à l'une des matières académiques avant le hacking (33,33 %). Seuls 7,69 % des hackers moyennement optimistes et 5 % des hackers très optimistes avaient ce centre d'intérêt.
Centres d'intérêt actuel (avec ou sans le hacking) : le sport [123] et « autre discipline académique[136]
Neuf centres d'intérêt ont été énoncés : sport, sortie avec amis, musique, lecture, écriture, autre activité artistique, matière scientifique, autre discipline académique et aucun centre d'intérêt.
Les sportifs sont plutôt très optimistes (65 %). Les sujets moyennement optimistes (30,76 %) et peu optimistes (11,11 %) occupent respectivement le second et le troisième rang pour l'activité sportive (p = 0,056).
L'intérêt pour les disciplines académiques autres que les matières scientifiques est observé chez 23,07 % des hackers moyennement optimistes et 15 % des hackers très optimistes (p = 0,067).
Livres « mémorables » [143]
La question était : « Quel est le livre qui vous a le plus marqué(e) mis à part les livres de sécurité informatique ? »
Nous avions déterminé 20 genres de livres selon l'analyse des 38 réponses.
Science-fiction 0 / sciences 1 / roman social 2 / fantasy 3 / histoire 4 / finances 5 / dictature numérique 6 / stratégie 7 / politique 8 / pédagogie 9 / vulgarisation psychologie 10 / roman intimiste 11 / philosophie 12 / développement personnel 13 / roman historique 14 / hacking 15 / thriller ésotérique 16 / New Age 17 / témoignage service de renseignement : 18 / art de la séduction 19 / autobiographie 20
Transmettons les principales observations. Ce sont les hackers peu optimistes qui apprécient le moins le genre « science-fiction ». Les sujets les plus optimistes sont deux fois plus à les aimer. La stratégie et les sciences politiques sont le genre littéraire peu lu et seuls les participants peu optimistes les consultent. Il n'y a pas de lecteurs peu optimistes pour les ouvrages de vulgarisation psychologique. En revanche ils s'intéressent aux livres de développement personnel et de philosophie (p = 0,073).
3.7.2. Les relations interpersonnelles
Compétences sociales [75]
Elles sont détenues par 70 % des hackers très optimistes, 30,76 % des hackers moyennement optimistes et 22,22 % des hackers peu optimistes (p = 0,074).
Rapports avec la hiérarchie [209]
Niveau de l'optimisme |
Bons |
Moyens |
Mauvais |
Pas de hiérarchie |
Bas |
11,11 % |
66,66 % |
11,11 % |
11,11 % |
Moyen |
69,23 % |
7,69 % |
15,38 % |
7,69 % |
Élevé |
55 % |
25 % |
0 |
20 % |
p = 0,020
Sentiment de solitude [272]
Il est fréquent chez tous les hackers peu optimistes, 53,84 % des moyennement optimistes et des 25 % très optimistes (p = 0,050).
Fort sentiment d'injustice [201]
L'injustice est fortement ressentie par 61,53 % des hackers moyennement optimistes. Les pourcentages pour la catégorie « peu optimistes » et « très optimistes » sont semblables (respectivement 55,55 % et 55 %) (p = 0,032).
3.7.3. La personnalité temporelle [329]
L'énoncé de la question est : « Passé/Présent/Futur... Vivez-vous plutôt dans... »
Niveau de l'optimisme |
Passé |
Présent |
Futur |
Bas |
22,22 % |
22,22 % |
55,55 % |
Moyen |
7,69 % |
46,15 % |
46,15 % |
Élevé |
5 % |
65 % |
30 % |
p = 0,066
3.7.4. Les troubles
Doute [278]
Il est complètement absent chez 11,11 % des hackers peu optimistes, 15,38 % des hackers moyennement optimistes et chez 40 % des hackers très optimistes (p = 0,075).
Procrastination [148]
Ce sont surtout les hackers peu optimistes (66,66 %) et moyennement optimistes (53,84 %) qui remettent tout au lendemain. Seuls 20 % des hackers très optimistes procrastinent (p = 0,076).
Troubles du sommeil
Cinq questions portaient sur les troubles du sommeil : hypersomnies, insomnies, problèmes d'endormissement, rêves d'angoisse ou aucun problème. L'optimisme est associé avec l'hypersomnie [330] et l'insomnie [331]. Les valeurs de p sont respectivement 0,105 et 0,018.
22,22 % des participants peu optimistes, 7,69 % des moyennement optimistes et 5 % des participants très optimistes sont sujets à des hypersomnies.
Ce sont les moins optimistes et les très optimistes qui sont surtout insomniaques, respectivement 44,44 % et 40 %, Seuls 7,69 % des moyennement optimistes le sont.
3.8. Les motivations [de 15 à 24] et les valeurs [298 et 299]
Neuf motivations étaient proposées dans ce questionnaire : la curiosité intellectuelle/ l'envie de relever des défis techniques, l'idéologie, la révolte, l'ennui, le besoin de reconnaissance, le pouvoir-le contrôle, la vérification de la sécurité informatique, le gain financier, et enfin le flow (sensation). Ils pouvaient également cocher la case « Aucune raison particulière ».
D'autre part, après avoir demandé aux sujets s'ils étaient attachés à des valeurs, on les invitait à les spécifier. Les réponses ont été analysées selon la taxinomie de Shalom H. Schwartz (2006).
Uniquement deux motivations ont un rapport avec l'optimisme : l'idéologie [16] et la révolte [17]. Les valeurs de p sont respectivement 0,052 et 0,020,
L'optimisme et les valeurs sont également liés (p = 0,065), Seuls 34 participants ont précisé les valeurs.
Concernant les motivations, nous n'avons relevé aucun hacker moyennement optimiste. La motivation « idéologie » est partagée par 33,33 % des hackers peu optimistes et 5 % des très optimistes. D'autre part, 22,22 % des hackers peu optimistes et 5 % des très optimistes sont motivés par le sentiment de révolte.
Tableau 7 - L'optimisme et les valeurs (pourcentages).
Valeurs |
Optimisme bas |
Optimisme moyen |
Optimisme élevé |
Pouvoir et bienveillance |
14,28 % |
0 |
0 |
Sécurité |
28,57 % |
10 % |
11,76 % |
Universalisme |
28,57 % |
10 % |
47,05 % |
Conformité |
0 |
10 % |
5,88 % |
Bienveillance |
14,28 % |
50 % |
17,64 % |
Autonomie |
14,28 % |
0 |
5,88 % |
Pouvoir |
0 |
10 % |
0 |
Bienveillance et conformité |
0 |
0 |
5,88 % |
Pouvoir, universalisme et bienveillance |
0 |
10 % |
0 |
Pouvoir et universalisme |
0 |
0 |
5,88 % |
3.9. Les cibles
Les sites et les réseaux militaires étrangers [100]
La valeur de p est 0,105. Les optimistes moyens n'attaquent pas ce type de cible. Ce n'est pas le cas des 22,22 % des hackers peu optimistes et des 10 % très optimistes.
Les grosses entreprises et les multinationales [97]
11,11 % des participants peu optimistes et 30 % des participants très optimistes ont ciblé ou ciblent les grosses entreprises et multinationales (p = 0,019). Les optimistes moyens, comme précédemment, ne s'attaquent pas ce genre de structures.
Les infrastructures critiques nationales [112]
11,11 % des hackers peu optimistes et 10 % des hackers très optimistes s'en prennent aux infrastructures critiques nationales. Comme dans les cas précédents, les sujets d'optimisme moyen s'abstiennent (p =0,050).
3.10. Les absences d'associations avec l'optimisme
Nous n'allons pas énumérer toutes les variables étudiées dans cette recherche mais celles relatives aux principales caractéristiques citées par les différents auteurs qui se sont intéressés à l'optimisme (voir le cadre théorique).
Nous précisons l'effectif et la valeur de p dans un tableau récapitulatif.
Tableau 8. L'absence d' associations entre les variables
(caractéristiques principales relevées dans la littérature) et l'« optimisme ».
Variables |
Items |
Effectifs |
Valeur de p |
Pourcentages |
Joie [262] |
|
42 |
0,131 |
Bas :33,33 %
Moyen : 43,84 %
Élevé : 80 % |
Le risque [258] |
La prise de risque |
42 |
0,952 |
Bas : 22,22 %
Moyen : 15,38 %
Élevé : 10 % |
La persévérance |
Passage d'une passion à une autre sans pousser la pratique jusqu'au bout [140] |
|
0,651 |
Bas : 55,55 %
Moyen : 23,07 %
Élevé : 40 % |
« aller le plus loin possible » [25] |
|
0,193 |
Bas : 55,55 %
Moyen : 53,84 %
Élevé : 60 % |
L'engagement |
Libertés civiles |
42 |
0,814 |
|
Originalité |
Actes, questions ou commentaires jugés ou ressentis comme déplacés.
|
42 |
0,730 |
|
La sensibilité [300] |
Pragmatisme élevé |
42 |
0,170 |
|
Empathie |
Aptitude à se faire des amis [327] |
42 |
0,452 |
|
Intuition |
Compétences intuitives [77] |
42 |
0,631 |
|
Anticipation [283] |
|
42 |
0,397 |
|
Rumination |
Bouillonnement affectif [279] |
42 |
0,986 |
|
Concentration [304] |
|
42 |
0,968 |
|
Perfectionnisme [356] |
|
42 |
0,287 |
|
Pragmatisme [341] |
Opportunisme élevé |
42 |
0,594 |
Bas : 55,55 %
Moyen : 69,23 %
Élevé : 85 % |
Opportunisme [338] |
|
42 |
0,224 |
Bas : 11,11 %
Moyen : 53,84 %
Élevé : 50 % |
Indifférence aux Détails [230] |
|
42 |
0,112 |
Bas : 77,77 %
Moyen : 15,38 %
Élevé : 35 % |
Planification [147] |
|
42 |
0,358 |
|
Âge [2] |
|
42 |
0,767 |
|
Anticipation
[283] |
|
42 |
0,397 |
|
Impulsivité
[349] |
|
42 |
0,230 |
|
Insatisfaction
[365] |
|
42 |
0,326 |
|
Dépendance au travail [293] |
|
42 |
0,637 |
|
Passion harmonieuse [273] |
|
42 |
0,264 |
Perfectionnement en tant que remède contre le spleen |
Introversion - Extraversion [367] |
|
42 |
0,452 |
Bas : 55,55 % introvertis
Moyen : 53,84 % introvertis
Élevé : 65 % introvertis et extravertis à la fois |
Les chiffres entre crochets correspondent à la codification des réponses.
Tableau 9 - Portraits des hackers peu, moyennement ou très optimistes.
Caractéristiques |
Optimisme bas |
Optimisme moyen |
Optimisme élevé |
Hacking |
Conception/cession équipement, programme en vue de cibler un STAD (44,44 %) |
|
Conception/cession équipement, programme en vue de cibler un STAD (40 %)
Cession programme, équipement pour activité de Carding (15 %) |
Cibles |
Réseaux militaires étrangers (22 %)
Grosses entreprises et multinationales (11,11 %)
Infrastructures critiques nationales (11,11 %) |
|
Réseaux militaires étrangers (10 %)
Grosses entreprises et multinationales (30 %)
Infrastructures critiques nationales (10 %) |
White/Grey/Black hat successivement |
Positif |
|
Positif |
Full/Responsible disclosure |
Pourcentage élevé pour le Full disclosure par rapport aux optimistes « moyen et élevé » |
|
|
Idole au début de l'activité de hacking |
Personnalité politique ou publique |
Hacker |
Hacker |
Présence d'un événement déclencheur du hacking |
Aucun |
Positif |
Aucun |
Surf précoce sur internet |
Négatif |
Négatif |
Positif |
Attitude des parents après avoir appris le hacking de leur enfant |
Scepticisme |
Scepticisme |
|
Saut d'une classe ou plus |
Positif |
Négatif |
Négatif |
Redoublement d'une classe ou plus |
Négatif |
Négatif |
Positif |
Filière dans le secondaire |
Enseignement général et technologique |
|
Enseignement technologique ou professionnel |
Lacunes |
Physique-électronique |
|
Physique-électronique |
Lacunes en informatique autre que la sécurité informatique |
Positif |
Négatif |
Négatif |
Niveau diplômes |
|
Bac + 5 et plus |
Bac +5 et plus |
Symbole de la réussite sociale |
Liberté / autonomie |
Argent |
Liberté / autonomie |
Émotions |
Peur
Colère |
|
Surprise |
Labilité émotionnelle |
Positif100 % |
Positif +/- 40 % |
Positif +/- 40 % |
Stratégies régulation émotionnelle |
Larmes (55,55 %) parfois
Traitement régulateur de l'humeur |
Larmes (23,07 %) parfois |
Larmes (55 %) parfois |
Préférence manuelle |
Gauchers et ambidextres |
Droitiers |
Droitiers et ambidextres |
Symptôme infantile évoquant le trouble de l'attention |
À l'école et à domicile |
À l'école |
|
Présence de l'instabilité |
Positif (22,22 %) |
Négatif |
Positif (5 %) |
Besoins spécifiques |
|
Nouveauté
Récupération |
Nouveauté
Récupération |
Niveau du dynamisme |
Bas |
Moyen |
Élevé |
Pratique d'un sport ou plus |
Négatif |
Négatif |
Positif |
Timidité |
Élevée |
Élevée |
|
Intuition |
|
Positif |
Positif |
Niveau de « confiance » |
Bas et moyen |
Moyen et élevé |
Élevé |
Questionnement des règles et consignes |
Fréquent |
Parfois |
Parfois et fréquent |
Centres d'intérêt avant le début du hacking |
Écriture
Matières académiques |
|
Écriture |
Centres d'intérêt actuels |
|
Disciplines académiques autres que les matières scientifiques |
Sports
Disciplines académiques autres que les matières scientifiques |
Livres « mémorables » |
Stratégie
Sciences politiques
Développement personnel
Philosophie |
Science-fiction et Ouvrages de vulgarisation en psychologie |
Science-fiction et Ouvrages de vulgarisation en psychologie |
Compétences particulières dans le hacking |
|
|
Sociales |
Rapports avec la hiérarchie |
Moyens |
Bons |
Bons
Ou Pas de hiérarchie |
Sentiment de solitude |
Positif |
Négatif |
Négatif |
Sentiment d'injustice |
Négatif |
Positif |
Négatif |
Temps préférentiel |
Futur |
Présent et futur |
Présent |
Doute |
Positif |
Négatif |
Négatif |
Procrastination |
Positif |
Positif |
Négatif |
Hypersomnie |
Positif |
Négatif |
Négatif |
Insomnie |
Positif |
Négatif |
Positif |
Motivations |
Idéologie
Révolte |
|
|
Valeurs |
Sécurité
Universalisme |
Bienveillance |
Universalisme |
4. Discussion
Un peu plus de quarante-sept des hackers se déclarent optimistes, c'est légèrement supérieur au pourcentage de la population française standard (45 %) [17]. A priori, l'optimisme n'est ni un facteur accélérateur ni un facteur inhibiteur sur le chemin progressif des aptitudes vers le Talent [18] en sécurité informatique puisqu'il n'existe pas de différence significative entre les deux groupes de hackers (experts et amateurs) concernant cette variable. Notre hypothèse principale est : « L'optimisme est un facteur de performance ». Cette hypothèse se décline en cinq hypothèses spécifiques : l'optimisme est un facteur de performance scolaire, universitaire, professionnelle et mentale. La performance des optimistes s'étaye sur un tempérament et autres dimensions de la personnalité appropriés à leur environnement (micro- et macro-). Les auteurs citent l'absence d'émotions négatives ou la régulation fonctionnelle des émotions, la motivation voire l'enthousiasme communicative... Ces facteurs influencent ainsi positivement la cognition (leurs capacités cognitives en particulier dans la prise de décision) et la santé.
Qu'en est-il dans notre population d'étude ?
L'éloge de l'optimisme est mis à mal par la chercheuse Julie Norem (2015) qui a élaboré le très intéressant concept de « pessimisme défensif ».
Peut-on qualifier les hackers dont le score est bas sur l'échelle de l'optimisme de « pessimistes défensifs » ?
Selon la première définition de l'optimisme - sa conception directe - il s'agit d'une disposition mentale basée sur les attentes uniquement positives de l'individu. Et comme pour les conceptions indirectes (style explicatif), l'optimisme ne peut être que bénéfique pour la performance et la santé.
Afin de vérifier ces assertions, nous allons discuter successivement de cinq thèmes : la performance, la santé psychique, le tempérament, les traits de personnalité et les éventuels troubles psychologiques. L'analyse des résultats nous permettra d'apporter des réponses à nos cinq hypothèses spécifiques.
4.1. La performance scolaire, universitaire et professionnelle
Nous allons évoquer les données obtenues dans l'enseignement secondaire, supérieur et dans le contexte professionnel.
Généralement les élèves, aujourd'hui adultes peu optimistes, connaissaient davantage de succès scolaires que les collégiens et lycéens, adultes aujourd'hui très optimistes. En effet nous constatons un saut de classe ou plus chez les premiers et au moins un redoublement chez les seconds.
Au niveau des résultats universitaires, les étudiants très optimistes n'arrivent qu'en seconde position après les étudiants moyennement optimistes. L'écart de points est important entre les optimistes très optimistes et les peu optimistes (+ 19 points) est l'est beaucoup moins entre les très optimistes et les moyennement optimistes (+9 points). Il suffirait d'être moyennement optimiste pour réussir ses études supérieures. Nous ne concluons donc pas les mêmes conclusions que le chercheur Anderson (cité dans Martin-Krumm, 2012) qui avait relevé un niveau universitaire particulièrement élevé chez les sujets très optimistes.
D'autre part il n'existe pas d'association entre les niveaux de l'optimisme et le statut socio-professionnel.
Analysons dans ce paragraphe uniquement les objectifs. Nous traiterons ultérieurement les autres aspects de la Performance.
Le fait frappant est que les hackers moyennement optimistes constituent une classe à part. Seuls les participants peu optimistes et très optimistes ont des cibles très complexes comme les infrastructures critiques nationales, les réseaux militaires étrangers et les grosses entreprises multinationales. Les pourcentages concernant ces infrastructures sont semblables pour les deux populations (10 %-11 %). Si les hackers très optimistes privilégient les grosses entreprises et multinationales par rapport aux hackers peu optimistes (30 % contre 11,11 %), ils ciblent moins les réseaux militaires étrangers (10 % contre 22 %).
Les motivations et les valeurs peuvent expliquer ces différences.
Les hackers peu optimistes sont non seulement motivés par l'idéologie et la révolte mais ils ont aussi la sécurité pour valeur. Les hackers très optimistes ne se caractérisent pas par une quelconque motivation. Par contre ils partagent, avec les hackers peu optimistes, une valeur commune : l'universalisme.
Les cibles similaires et complexes visés par les hackers peu optimistes et très optimistes s'expliquent difficilement par les motivations puisque nous n'avons pas relevé de motivations particulières pour les hackers très optimistes.
En revanche, la valeur pourrait jouer un rôle fondamental.
Si nous nous référons aux valeurs fondamentales de Shalom H. Schwartz (2006), l'universalisme traduit la priorité de l'intérêt collectif et donne simultanément l'occasion, aux individus de se « dépasser ». La valeur « sécurité » des hackers peu optimistes correspond aussi à la priorité à intérêt collectif mais exprime en même temps le souhait de la continuité, à l'instar de la conformité et de la tradition.
Précisons que la sécurité est, selon S. H. Schwartz (2006), corrélée positivement à l'anxiété et négativement au niveau d'études. Selon cet auteur, la réussite sociale permet de modérer les troubles anxieux et la remise en question de ses compétences. Compte tenu du statut socioprofessionnel similaire entre les hackers peu optimistes et très optimistes, nous pouvons arguer que l'anxiété n'a probablement pas les compétences pour objet.
La dernière remarque que nous pourrions formuler au sujet des valeurs est la présence de la bienveillance des hackers moyennement optimistes. La bienveillance est absente dans les deux autres catégories. Cette valeur est cependant compatible avec l'universalisme et relève de la même motivation que la conformité. Contrairement à l'universalisme, la bienveillance est l'intérêt que l'individu porte avant tout à son groupe d'appartenance (Shalom H. Schwartz, 2006).
En conclusion, les personnes peu optimistes sont plus performantes au niveau scolaire et le sont un peu moins au niveau universitaire. La réussite professionnelle des participants peu optimistes et très optimistes est très similaire.
4.2. La santé psychique
Observe-t-on davantage d' émotions positives chez les participants très optimistes ?
Est-il exact que les individus optimistes régulent mieux leurs émotions ?
Nous avons relevé deux émotions dites négatives chez les hackers peu optimistes (la peur et la colère) et une émotion à valence neutre (la surprise) chez les hackers très optimistes. Les participants moyennement optimistes forment encore ici une classe à part (absence d'émotions caractérisées).
Quels sont les avantages et les inconvénients de chacune de ces trois émotions ?
Il existe différentes formes de colère comme la colère froide. Certaines conduisent aux actes violents. Dans la fureur, l'individu n'a plus accès à la raison ce que Goleman (1997) nomme l'« incapacité cognitive ». Mais la colère a des effets bénéfiques si elle permet par exemple de « dire ses quatre vérités » (Goleman, 1997). John Sturart Mill a aussi défini par ailleurs « la colère empathique [19] » (Goleman, 1997).
La surprise est une émotion à la fois positive et négative. Pascale Belorgey et Nathalien Van Laethem (2019) citent à son propos les adjectifs suivants : « ébahi, émerveillé, enthousiaste, étonné, impatient, secoué, sidéré, stupéfait, et troublé. »
Dans la littérature consacrée à l'optimisme, l'enthousiasme est souvent la clé de la réussite (voir Philippe Gabilliet, 2018) : elle est à la base de la persévérance, de la créativité, des relations interpersonnelles de bonne qualité etc. Bref pour beaucoup d'auteurs, l'optimisme est corrélé au bonheur.
Seulement la surprise a, pour Reisenzein (2000), des points communs avec la peur et la colère. Au niveau stratégique, surprendre son adversaire donne à l'auteur un avantage considérable, même si ce n'est qu'à court terme (Baulon, 2014). Par contre si on se laisse surprendre par la partie adverse, cela peut se révéler fatal. Plus on se croit invincible, et plus la surprise est grande (C. Brustlein, 2015).
Toujours d'après Reisenzein (2000), si la surprise s'accompagne de joie, elle est une réaction positive et si elle s'accompagne de colère, elle est une réaction négative. Comme nous l'avons vu précédemment, nous ne sommes dans aucune de ces configurations : les hackers très optimistes n'ont pas déclaré éprouver fréquemment de la joie ou de la colère.
Si la surprise facilite les processus cognitifs comme l'attention, l'exploration, elle peut aussi distiller le doute. Dans notre recherche, les hackers très optimistes et moyennement optimistes ne doutent pas et non pas de troubles de type attentionnel. Doit-on conclure que les hackers très optimistes ne connaissent que le versant positif de la surprise ?
La surprise [20] chez les participants est une variable significativement associée à certaines valeurs, entre autres, à l'universalisme, ce qui nous intéresse ici tout particulièrement. La surprise est un facteur positif de l'apprentissage et de l'ouverture sur l'extérieur et est probablement au fondement de cette valeur chez les hackers très optimistes.
Dans notre recherche plus généralement la surprise a un rapport significatif avec les compétences sociales, l'identification précoce avec un hacker, l'absence de timidité et du doute. Nous retrouvons toutes ces variables dans l'optimisme élevé.
Comme le score élevé d'optimisme n'est pas lié aux émotions positives comme la joie ni avec même un état de satisfaction, nous sommes tout de même dans l'incapacité de donner précisément une valence à cette émotion.
La peur est ressentie principalement par les hackers peu optimistes (33,33 %). Les hackers très optimistes et moyennement optimistes connaissent peu cette émotion.
La peur est présente à des degrés divers dans les activités risquées. En milieu incertain, la peur est à la fois de valence positive et négative.
L'anticipation n'est pas associée à la peur dans notre population d'étude. Et l'anticipation ici n'a aucun rapport avec le niveau de l'optimisme. Par conséquent il serait difficile d'évoquer l'anxiété chez les hackers peu optimistes.
La peur nous protège contre le danger (Goleman, 1997). Et dans les secteurs exigeant la performance comme dans le sport de haut niveau, si elle est transcendée, elle peut s'avérer en fait fort utile, elle permet en effet de se surpasser (Ducasse et Chamalidis, 2016).
Plus généralement dans notre étude, la peur est surtout fréquente chez les hackers experts. Dans le hacking, la peur est plutôt rationnelle : on ne sait jamais à qui on a affaire (R. Chiesa et al., 2008) et les pièges [21] sont bien réels.
Si 33,33 % des hackers peu optimistes révèlent une peur fréquente, 55,55 % de ces hackers recherchent tout de même souvent la nouveauté. Ainsi ne s'agit-il pas de la peur de l'Inconnu. D'ailleurs ils ont le futur [22] comme temps préférentiel. La peur n'est pas associée non plus à la prise de risque (d'ailleurs aucun rapport n'a été établi entre le niveau de l'optimisme et la prise de risque). Les hackers dont la peur est fréquente ne craignent donc pas la perte de contrôle. D'autre part, nous ne relevons pas non plus de sentiments dépressifs. Il n'existe pas de lien significatif entre le score bas de l'optimisme avec la tristesse.
La peur en tant que signal d'alerte incite à la vigilance. Cette émotion est plutôt salutaire dans le hacking défensif (contrairement au fait de se laisser surprendre). L'absence de peur est dans la plupart des cas contre-productive dans les activités à haut-risque. Effectivement comme cette émotion accroît l'éveil physiologique, elle permet à l'individu de s'adapter aux environnements incertains et risqués. Les personnes prêtent une attention particulière aux signaux de l'environnement (Norem, 2015). L'éveil ne doit cependant pas être excessif : selon la loi Yerkes-Dodson, il impacte négativement la performance. Pour un fonctionnement intellectuel optimal, le niveau de l'éveil ne doit être ni trop élevé ni trop bas (Norem, 2015).
Enfin la colère [23] est la seconde émotion souvent éprouvée par les hackers peu optimistes. De quelle nature est-elle ? Le score bas de l'optimisme a aussi un lien significatif avec les motivations : « révolte » et « idéologie »... L'idéologie [24] est probablement le socle de la colère et de la révolte.
Chiesa et al. ont constaté que l'agressivité et l'hostilité étaient présentes chez les « ethical hackers [25] » mais non pas chez les cyber-warriors, industrial spies, government agents ou les military hackers, autrement dit ceux pour qui le hacking est une mission étatique ou une activité lucrative. Pour ces auteurs, l'agressivité caractérise d'autre part les crackers [26].
Les colères [27] sont plurielles, elles sont de différents types, d'intensité et de durée diverses.
En tant qu'humeur négative, elle serait théoriquement à l'origine de la production d'idées de qualité supérieure. En effet les chercheurs ont observé un lien entre l'humeur négative et les idées de bonne qualité alors que l'humeur positive serait impliquée non pas dans la qualité des idées mais dans sa quantité (Norem, 2015).
Comme nous l'avions souligné dans nos travaux antérieurs, ce n'est pas la présence ou l'absence de telle ou telle émotion qui est décisive dans la Performance mais bien plutôt sa régulation. Qu'en est-il chez les hackers dont le niveau de l'optimisme est élevé et bas ?
Les participants très optimistes sont moins enclins à être la proie de la variabilité émotionnelle mais il n'en sont pas pour autant totalement exempts. Quarante pour cent des hackers très optimistes ont des sautes d'humeur et quarante-cinq pour cent connaissent la fluctuation émotionnelle. Bien sûr ces états sont susceptibles d'affecter davantage la population dont le score d'optimisme est bas. Ce sont les hackers peu optimistes qui suivent un traitement thymorégulateur. Devons-nous en déduire que le gène 5HTT serait plus court chez les participants peu optimistes et qu'ils seraient donc plus vulnérables au stress ? P. Gabilliet (2018) estime que les optimistes sont les recrues idéales pour des postes impliquant le stress élevé. Seulement nous verrons ultérieurement que les personnes très optimistes peuvent aussi souffrir de troubles de sommeil. Le stress, en tous les cas, n'impacte pas le niveau d'ambition des participants peu optimistes.
D'autre part Grove et Heard affirment que la régulation émotionnelle n'est pas corrélée à l'optimisme. Il en va probablement autrement pour la gestion des difficultés (Martin-Krumm, 2012). Ici l'optimisme n'a pas de rapport significatif avec les difficultés techniques et le défi.
Par contre les hackers peu optimistes sont jugés instables par leurs proches.
Nous avons mis en évidence le lien que l'instabilité entretient avec les sautes d'humeur [28].
Les participants moyennement optimistes évacuent peu la tension émotionnelle par des crises de larmes [29] ce qui n'est pas le cas de ceux qui sont très optimistes (55 %) et peu optimistes (55,55 %).
Plus généralement nous n'avons pas relevé de liens significatifs entre les stratégies de lutte contre une humeur dépressive passagère [30].
Nous n'avons malheureusement pas de données concernant la « distraction » qui est la phase des personnes très optimistes avant une épreuve.
Si les hackers moyennement optimistes sont droitiers, nous notons deux particularités chez les hackers peu optimistes et très optimistes. L'ambidextrie est une caractéristique commune des sujets peu optimistes et très optimistes. Par ailleurs les participants peu optimistes sont surtout gauchers ; et les très optimistes, droitiers.
D'après Moïra Mikolajczak (2020), la prépondérance de l'activité de l'hémisphère gauche favorise la régulation des émotions. Nous ne pouvons confirmer [31].
En définitive, au regard des pourcentages élevés de la labilité émotionnelle - bien qu'il y ait une différence significative entre les « très » optimistes et les « peu » optimistes - la régulation émotionnelle n'est effective que pour un peu plus de la moitié des « très optimistes ».
Est-ce que les hackers très optimistes sont avantagés au niveau du tempérament et des traits de la personnalité ?
4.3. Le tempérament
4.3.1. Les traits de personnalité
Nous allons envisager l'identification [32], l'appartenance spécifique à la communauté des hackers, les attitudes face aux règles et à la hiérarchie, les variables telles que la confiance, la procrastination, le doute, les compétences sociales au sens large et les centres d'intérêt. Nous tenterons d'identifier des éléments à la faveur de la créativité ou de tel ou tel style cognitif. Nous terminerons ce paragraphe par les troubles insomniaques.
Seuls les hackers moyennement et très optimistes avaient pour idole, un hacker [33], au tout début de leur activité. En revanche les participants peu optimistes s'intéressaient à une personnalité politique ou publique. Nous n'avons pas plus de précisions concernant les hackers et les personnalités concernés, tous des figures d'identification.
Cependant selon les liens significatifs de ces deux variables, nous pouvons déduire que :
L'absence du sentiment de solitude, l'aptitude à la récupération et le goût pour la SF sont les points communs des optimistes de niveaux élevé et moyen et des participants qui avaient pour idole, un hacker [34].
Les interactions sociales permettent sans doute de « positiver ».
Les hackers dont l'idole était un personnage public ou politique présentent, avec les hackers peu optimistes, un manque de dynamisme, des rapports moyens avec la hiérarchie et surtout la valeur « sécurité » [35].
Cette valeur traduit la recherche de relations harmonieuses et une volonté de « continuité » ou de « conservation ». Il s'agit avant tout d'éviter des « pertes ». Cette valeur est soit personnelle, collective ou les deux. Les intérêts collectifs sont néanmoins prioritaires. La valeur de « sécurité » est à distinguer des valeurs de l'affirmation de soi comme le « pouvoir ». Au niveau international, la valeur « sécurité » occupe la quatrième position dans l'échelle des valeurs.
La valeur « sécurité » entretient théoriquement des rapports significatifs avec l'anxiété et le caractère « consciencieux » (S.H. Schwartz, 2004).
L'anxiété est régulée grâce à l'affirmation de soi (le pouvoir) ou à la volonté que l'état existant perdure comme dans la continuité (sécurité, conformité, tradition) (Shalom H. Schwartz, 2004).
Alors que les hackers moyennement et très optimistes n'ont pas indiqué de motivation particulière, les hackers peu optimistes sont mus par l'idéologie et la révolte (ces motivations ne sont pas totalement absentes chez les « très optimistes » (5 %). D'après nos données, il n'existe pas de lien entre cette idole (personnage politique ou publique) et les motivations (révolte [36] et idéologie [37]) ou la colère [38] (émotion la plus fréquemment ressentie par les hackers peu optimistes) et non plus avec la conviction « full disclosure [39] ».
D'autre part les hackers peu optimistes et très optimistes ont un point commun : avoir porté successivement un « chapeau » White/Grey/Blac [40]. Des sujets peuvent passer d'une catégorie à une autre selon le moment ou selon l'orientation qu'ils désirent résolument donner à leur carrière.
Définissons rapidement ces termes.
Il existe presque autant de taxinomies de hackers que de chercheurs. En revanche, il existe une sorte d'entente entre tous pour reconnaitre trois grandes catégories : les « hats » (white, grey/gray et black) de l'éditeur de logiciels de sécurité MacAfee. Ce dernier avait au départ juste déterminé deux grandes divisions : les White et les Black Hat. Les Black Hat ont une intention diamétralement opposée à celle des deux autres (White et Grey).
Le terme « Grey hat » a été introduit par le groupe des hackers L0pht [41]. Les Grey Hat ne sont ni des salariés experts en cybersécurité (White hat) ni des Black Hat aux desseins obscurs.
Précisons qu'il n'y a pas non plus unanimité pour la définition des termes « White » et « Grey [42] » Hat. Certains réserveront le terme de « White Hat » aux seuls professionnels de la sécurité informatique (hackers éthiques) alors que d'autres y incluront les hackers partisans du responsible disclosure [43].
Les hackers moyennement optimistes n'ont pas été successivement White-Grey-Black hat [44]. Des éléments peuvent l'expliquer comme la représentation de la réussite sociale.
La réussite sociale est symbolisée par l'argent pour les participants moyennement optimistes, et par la liberté et l'autonomie pour les participants peu et très optimistes [45]. Les hackers ayant porté une couleur exclusive à un moment, et une autre à un autre instant ont la même représentation de la réussite sociale que les hackers peu ou très optimistes.
Cette image de la réussite sociale se reflète dans l'attitude « Questionnement des règles ». Les participants les moins et les plus optimistes se donnent en effet la possibilité de remettre en question les « normes ».
Au niveau des relations interpersonnelles et plus précisément des rapports avec la hiérarchie, les hackers moyennement optimistes sont en première position (69.23 %) et sont suivis par les hackers très optimistes (55 %). L'écart de ces deux pourcentages est relativement important et s'explique par l'esprit critique des hackers très optimistes.
L'absence de hiérarchie traduit un désir d'indépendance ou d'autonomie. Selon la représentation de la réussite sociale des hackers, les chiffres que nous obtenons pour « l'absence de hiérarchie » ne nous surprennent pas : les hackers très optimistes (20 %) et peu optimistes (11,11 %) sont plus nombreux que les hackers moyennement optimistes (7,69 %).
Des facteurs - que nous n'avons pas tous identifiés - expliquent l'écart qui reste encore important entre les « très optimistes » et « peu optimistes ». L'un de ces facteurs est la « confiance ».
Plus le score de l'optimisme est élevé, plus la « confiance » est importante : les participants peu optimistes pensent être peu ou moyennement confiants, les moyennement optimistes ont une confiance moyenne ou élevée ; et les très optimistes, une confiance élevée. Observons tout de même que les hackers peu optimistes ont davantage une confiance de niveau moyen (44,44 %) qu'une confiance « basse » (33,33 %). 22,22 % des hackers peu optimistes peuvent être aussi très confiants. 15 % des hackers très optimistes ont une confiance « moyenne ».
Les sujets les moins optimistes se déclarent très timides à l'instar des sujets moyennement optimistes (respectivement 55,55 % et 61,53 %).
Les personnes timides manquent de confiance en elles, non pas tant au niveau des compétences mais plutôt au niveau de leurs aptitudes à agir favorablement au niveau social (André, 2011).
Mais peut-être que les hackers peu optimistes manquent également de confiance en leurs compétences.
En effet ils sont les seuls à douter et à croire qu'ils ont des lacunes. Ils procrastinent (caractéristique néanmoins partagée avec les personnes moyennement optimistes). Comme nous l'avons vu ce sont aussi des hackers qui ont des cibles risquées comme celles des « très optimistes ». Leurs particularités psychologiques n'entament donc en rien leurs ambitions.
L'élément pertinent que nous avons d'autre part relevé est que le surf sur internet est particulièrement précoce chez les hackers très optimistes. Néanmoins ce surf précoce n'a pas de rapport significatif avec la variable « confiant » [46].
Ducasse et Chamalidis (2016), coaches de sportifs de haut-niveau, affirmaient que le doute naît chez les individus persuadés que le monde idéal ou parfait existe. Toutefois au niveau clinique, le doute a souvent été observé chez les personnes souffrant d'un trouble attentionnel ou de la procrastination (manifeste aussi chez les hackers moyennement optimistes). Dans cette étude, les participants très optimistes ne sont pas largement affectés par le doute mais peuvent être convaincus d'avoir des lacunes comme les sujets peu optimistes. Ces derniers déclarent avoir des lacunes en informatique autre que la sécurité informatique et en physique-électronique ; et les très optimistes, en électronique et/ou en physique. Nous ne pouvons savoir si ces idées sont fondées ou non. En tous les cas, la croyance en des insuffisances personnelles permet le dépassement de soi, comme l'Histoire des Jeux Olympiques l'a montré à diverses reprises [47].
Nous pouvons relier l'absence de confiance à la peur, émotion fréquemment ressentie par les hackers peu optimistes mais peut-être également à l'attitude parentale.
En effet après près avoir pris connaissance des activités de hacking, les parents des sujets peu et moyennement optimistes se sont ont montré sceptiques. Cette défiance parentale ne serait-elle pas à l'origine de leur optimisme peu élevé et à une moindre confiance ?
Des auteurs ont effectivement souligné l'importance des facteurs environnementaux, et en particulier celle de l'éducation dans le développement du style explicatif (voir en particulier Martin-Krumm, 2012).
Les compétences sociales ont été surtout notifiées par les hackers très optimistes, qui par ailleurs ne sont pas très timides dans leur majorité. D'autre part, nous constatons que le sentiment de solitude est peu éprouvé par ceux-ci, ce qui est cohérent. P. Gabilliet (2018) évoque un large réseau à leur sujet. L'auteur pense que ce réseau leur offre des opportunités. De l'extérieur, les individus très optimistes sont considérés comme « chanceux ».
En fait, selon cet auteur, ils savent aussi exploiter les opportunités (plus nombreuses que la moyenne des gens en raison d'un large réseau). Cependant nous n'observons pas, dans notre recherche, de rapport significatif entre l'optimisme et l'opportunisme. Il reste fort probable que les opportunités soient cependant plus importantes au regard de leurs compétences sociales.
Les compétences sociales n'impliquent pas forcément des aptitudes à l'empathie.
Nous constatons également que l'optimisme n'est pas associé à l'empathie et que la « bienveillance » est la valeur surtout prédominante chez les sujets moyennement optimistes. Les compétences sociales sont par conséquent bien une aptitude et elle n'est pas à assimiler avec l'allocentrisme ou l'altruisme. D'ailleurs les niveaux de l'optimisme et de la sensibilité ne sont pas associés. Dans l'empathie, un niveau de sensibilité est requis...
Les centres d'intérêt renseignent sur la personnalité. Afin de suivre l'évolution des centres d'intérêt, nous avions proposé deux questions relatives aux hobbies avant et après le début du hacking. Nous n'évoquons ici que ceux qui ont un rapport significatif avec le niveau de l'optimisme.
Avant la carrière, les participants peu optimistes et très optimistes s'adonnaient à l'écriture, activité qui exige un minimum de créativité. Nous ne connaissons malheureusement pas le type de rédaction (roman, nouvelle, poèmes etc.) ni les thèmes abordés. Mais rappelons que les mêmes hackers ont en commun, la liberté, l'autonomie et la remise en question des normes... Seraient-ils les plus créatifs ?
Un article sur les recherches de Oyvind Lund Martinsen [48] (2011) de la Norwegian Business School sur la créativité a par conséquent attiré notre attention. Il a déterminé sept traits de la personnalité créative : l'orientation associative, l'originalité, l'engagement, l'ambition, le holisme [49], l'instabilité émotionnelle et le niveau bas de la sociabilité.
« L'orientation associative » correspond à l'imagination et « l'errance entre la réalité et la fiction ». Nous n'avons pas de données à ce sujet. Nous savons juste que les participants très optimistes sont des lecteurs d'ouvrages de science-fiction à l'instar des moyennement optimistes. Les hackers peu optimistes sont attirés par une littérature plus terre-à-terre.
Par l'originalité, O. L. Martinsen souligne le rejet des normes et des clichés ainsi que le besoin d'agir selon ses valeurs. Par conséquent la fréquence du questionnement des règles et des consignes des hackers peu optimistes et de certains hackers très optimistes nous interpelle. Nous avons aussi noté que l'universalisme était la valeur que ces deux groupes de hackers partageaient ce qui traduit une certaine ouverture de l'esprit outre le dépassement de soi.
En ce qui concerne des valeurs de hacking très affirmés comme le full disclosure, seuls les participants peu optimistes y sont sensibles. Rappelons que le full disclosure est une solution radicale de traitement de la cybersécurité qui s'effectue par la publication des failles informatiques
« L'engagement » permet généralement des défis complexes. Ils sont facilités par le flow ou l'hyper-concentration (focalisation sur la tâche). Les créatifs ressentent souvent le flow. Nous n'avons pas observé de rapport significatif du niveau de l'optimisme avec le flow. Par contre nous avons déjà remarqué la similarité des cibles très risqués des hackers peu optimistes et très optimistes. Comme les personnalités créatives se distinguent par leur « ambition », nous supposons cette dimension chez les hackers peu optimistes et très optimistes.
Si l'ambition se définit comme la recherche de récompenses sociales, elle se vérifie guère ici pour les hackers peu et très optimistes (pas de recherche du prestige social ou de l'argent).
Les motivations, les valeurs et les objectifs engagent. Ce qui semble être le cas des hackers peu et très optimistes.
Le cinquième trait distinctif de la théorie de Martinsen (2011) est le holisme (que nous appelons souvent approche systémique, par opposition à l'approche analytique).
Pour schématiser, nous retenons essentiellement l'intuition, la négligence des détails et la faiblesse des ressources attentionnelles [50].
Ce sont surtout les hackers moyennement (84,61 %) et très optimistes (85 %) qui ont indiqué des aptitudes à l'intuition (contre seulement 44,44 % pour les hackers peu optimistes). Il n'existe pas de rapport significatif de cette variable avec l'optimisme (tableau 8).
Il n'y a pas davantage de lien significatif entre le niveau de l'optimisme et l'indifférence aux détails (tableau 8). Cependant les tendances sont fortes au vu des pourcentages. Les détails sont négligés par 77,77 % des hackers peu optimistes, 35 % des hackers très optimistes et par 15,38 % des hackers moyennement optimistes.
Seuls les hackers peu optimistes ont manifesté des signes évoquant un trouble de l'attention (dans deux endroits différents).
Aucun groupe ne remplit tous les critères du traitement holistique : l'indifférence aux détails (hackers peu optimistes), les faibles ressources attentionnelles (hackers peu optimistes) et l'intuition (hackers très et moyennement optimistes).
Le sixième trait de la personnalité créative défini par Martinsen (2011) est « l'instabilité émotionnelle ». La labilité émotionnelle a été évaluée par deux variables : les états émotionnels fluctuants et les sautes d'humeur. La labilité émotionnelle est fréquente chez les hackers peu optimistes (100 %) mais elle n'est pas complètement absente dans les deux autres catégories de l'optimisme (entre 38,46 % et 46,10 %). Martinsen affirme que ce trait est souvent corrélé à un manque de confiance en soi. Effectivement la labilité émotionnelle ne va pas toujours de pair avec le peu de confiance en soi : chez les participants « moyennement optimistes », la labilité émotionnelle co-existe avec la confiance(elle est ici plutôt d'un niveau moyen).
Toujours selon cet auteur, la « pauvreté des relations » interpersonnelles s'explique par l'attitude critique à l'égard d'autrui. Nous avons peu d'éléments à notre disposition pour infirmer ou confirmer excepté le sentiment de solitude exprimé par les hackers peu optimistes.
Enfin le chercheur met l'accent sur le risque du manque de pragmatisme chez les personnalités créatives. Dans cette recherche, l'optimisme n'entretient aucun rapport avec le pragmatisme mais les écarts de pourcentage sont importants (tableau 8) : Plus on est optimiste, plus on est susceptible d'être pragmatiques. Nous obtenons respectivement pour les peu, moyennement et très optimistes, 55 %, 69.23 % et 85 %.
Concernant l'évolution des hobbies, l'écriture a fait place aux sports et disciplines académiques autres que les matières scientifiques chez les participants très optimistes. S'il y a créativité, elle doit s'exprimer surtout aujourd'hui dans le milieu professionnel et dans le hacking.
4.4. Les insomnies
Les hackers moyennement optimistes semblent être épargnés par les troubles du sommeil. Les sujets peu optimistes et très optimistes ont des insomnies. L'hypersomnie est d'autre part un trouble répandu chez les participants peu optimistes.
Dans la littérature, Les troubles du sommeil ont souvent un lien avec la régulation dysfonctionnelle des émotions.
Les émotions sont à l'origine d'un nombre élevé de troubles du sommeil et réciproquement ces derniers sont responsables de la mauvaise régulation émotionnelle diurne.
Nous n'avons pas d'explication au sujet de l'origine des troubles insomniaques [51]. Comme ces hackers ont le présent et le futur pour temps préférentiels, il est fort probable que les insomnies ne soient pas dues à des événements passés.
Enfin nous allons tenter de caractériser l'optimisme peu élevé. En particulier, nous allons essayer de répondre à ces deux questions : l'optimisme peu élevé est-il à assimiler au pessimisme ? Et dans l'affirmative, est-il stratégique autrement dit peut-on le qualifier de « pessimisme défensif » ?
4.5. Qualification du score bas de l'optimisme chez les hackers
Nous comparons nos données des personnes peu optimistes avec celles des ouvrages que nous avons étudiés (voir cadre théorique). Nous ne citerons pas les variables pour lesquelles il n'existe pas d'association. Et nous ne rappellerons pas la remise en question des caractéristiques soi-disant de l'optimisme (ex. joie).
Tableau 10 - Le score bas de l'optimisme et les variables pertinentes pour sa caractérisation.
Variables |
Optimisme |
Pessimisme |
Pessimisme défensif |
Confiance
Engagement
Présent
Risque
Joie
Passion harmonieuse [52]
Pas d'attachement aux détails
Mauvaise régulation émotionnelle
Estime de soi/doute
Passivité [53]
Sentiment de solitude
Affects négatifs
Motivations
Objectifs difficiles
Evitement/Performance préservée
Besoin de nouveauté [54]
Procrastination
Sensibilité aux signaux négatifs |
Non
Oui
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Oui
55 %
|
Futur
Oui/Non
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui [55]
Oui
Oui
Oui |
Oui
Futur
Non
Non [56]
Oui
Oui
28,57 % [57]
Oui |
Les hackers peu optimistes ont des points communs avec le pessimisme, le pessimisme défensif mais également avec l'optimisme élevé.
Optimisme
Les hackers peu optimistes et très optimistes ont un engagement similaire. En outre puisque la performance est préservée, les sujets peu optimistes ont l'aptitude d'éviter les affects négatifs. Nous rappelons que c'est l'attitude des optimistes stratégiques (« distraction »).
Comme les optimistes de score bas, les très optimistes bien qu'ils soient minoritaires dans leur groupe, peuvent faire preuve de passivité, souffrir de solitude, éviter la nouveauté, être en proie à la procrastination, manquer d'enthousiasme, ne pas être passionné, prêter attention aux détails, ne pas toujours avoir une régulation fonctionnelle des émotions et de douter...
Il est vrai aussi que les différents auteurs ne s'accordent pas toujours sur l'importance de telle ou telle dimension. Il en est ainsi par exemple pour le risque. Tandis que pour P. Gabilliet (2018), la prudence caractérise les personnes non optimistes, pour J. Norem (2015) les optimistes stratégiques évitent les risques.
Pessimisme
Les critères que les hackers peu optimistes partagent avec les pessimistes sont très nombreux : le doute, la passivité (mais seulement 10 % des hackers peu optimistes), la motivation (révolte) et la procrastination. Les pessimistes, selon de nombreux auteurs, vivent dans le passé, et également dans le futur (anticipations négatives). Devons-nous retenir le critère « futur » en sachant que les anticipations ne sont pas négatives pour ces hackers ? La même question se pose au sujet du pessimisme défensif.
Pessimisme défensif
Les points communs entre les hackers peu optimistes et les pessimistes défensifs sont la poursuite d'objectifs complexes, la performance et le fait de se projeter dans le futur. En revanche, les hackers ne sont pas aussi attachés aux détails que les pessimistes défensifs.
Mais comme les pessimistes, ordinaires et les pessimistes défensifs, les hackers sont sensibles aux signaux négatifs (voir leur valeur « sécurité »).
Les objectifs difficiles en dépit de la présence de la procrastination (et du doute) nous convie à poser l'hypothèse qui sera à confirmer ou à infirmer « Le score bas de l'optimisme des hackers correspond au pessimisme défensif défini par Julie Norem (2015) ».
Il nous manque en effet une donnée essentielle pour conclure : est-ce que le « pessimisme » des hackers peu optimistes se manifeste dans tous les secteurs de la vie ?
La performance des hackers peu optimistes laisse à penser que le score bas de l'optimisme correspond au pessimisme défensif.
4.7. Les limites de l'étude
Le questionnaire est une méthode qui - comme toutes les méthodes cependant - présente des limites. Son inconvénient majeur est l'impossibilité pour le chercheur d'approfondir certains thèmes. Il permet par contre un diagnostic rapide et économique.
Le questionnaire en ligne ne permet pas de reformuler les questions, nous ne donnons pas le même sens aux mots et n'avons pas tous la même représentation. D'autre part ce questionnaire exploratoire n'était pas destiné à évaluer en particulier l'optimisme sinon nous aurions cherché à caractériser l'optimisme et le pessimisme (optimisme classique, optimisme stratégique, pessimisme, pessimisme défensif) avec des questions précises sur le contexte d'apparition des différentes formes d'optimisme ou de pessimisme.
Nous aurions très certainement sondé les styles explicatifs (causalité, stabilité et globalité) et examiné aussi les liens entre l'optimisme et la santé physique.
Le questionnaire - bien que l'approche soit plus superficielle qu'un test - est l'outil à privilégier pour aborder un nombre relativement important de dimensions. Il nous a permis de confirmer ou d'infirmer les hypothèses des différents auteurs.
Enfin le questionnaire reste l'un des outils privilégiés pour l'obtention de données quantifiables et comparables auprès d'une population géographiquement très dispersée.
En ce qui concerne le test exact de Fisher, des pourcentages aux écarts très important ont été constatés et pourtant en dépit de ces écarts, l'hypothèse nulle n'a pas été rejetée. On peut s'interroger sur la puissance de ce test (différence entre la valeur de p obtenue et la valeur de p attendue). Selon Jean-Paul Maalouf, le test non paramétrique est certes plus robuste [58] mais moins puissant que le test paramétrique [59]. L'autre raison est l'insuffisance de données du tableau de contingence : plus on a de données, plus le test est puissant [60]. Selon J.-P. Maalouf, la puissance d'un test « est la capacité à aboutir à un rejet de H0 lorsqu'elle est fausse. [61] ».
Le rejet de l'hypothèse nulle implique le risque de se tromper. Ce risque est proportionnel à la valeur de p.
Le non rejet de l'hypothèse nulle présente aussi un risque. Il est d'autant plus important que la puissance du test est faible.
Mais le gros avantage du test exact de Fisher est qu'il est un test conservateur et non laxiste. Les valeurs significatives ne sont en effet pas aisément obtenues.
Le terme « exact » du test correspond au fait que la valeur de p n'est pas calculée de manière approximative. Le test exact de Fisher est l'équivalent du test paramétrique du chi-2. Dans ce dernier test, la valeur de p se fonde sur une approximation (la valeur de p ne pouvant être prise en considération qu'asymptotiquement [62]).
C'est un test qui reste valable quel que soit la taille des échantillons et quelle que soit la distribution des données (normale ou pas [63]).
Le test non-paramétrique est de surcroît adaptée aux données qualitatives.
La population d'étude comprend uniquement des professionnels intervenant dans un milieu risqué et incertain. Les résultats a priori auraient pu être biaisés. Mais ce n'est pas le cas puisque nous obtenons le même pourcentage d'optimistes dans cette population que dans la population standard.
Les participants ne sont pas tous issus de pays occidentaux. Il aurait été intéressant de vérifier que l'optimisme est bien un élément du tempérament et donc non susceptible d'être influencé par la Culture. Le questionnaire ne comprend aucun item sur la culture.
4.8. Les recommandations
De nombreuses recherches doivent être encore menées sur les différents types de l'optimisme et du pessimisme. Les études effectuées Outre-Atlantique ont été et sont prometteuses : les études initiées par Nancy Cantor et Julie Norem (1986) en particulier incitent à affiner encore les taxinomies existantes.
D'après les résultats de cette recherche, beaucoup de questions subsistent. Les données recueillies rendent la catégorisation difficile. Mais même si nous avions eu des informations supplémentaires sur le contexte des manifestations optimistes ou pessimistes (dans le cas d'une non généralisation), nous ne sommes pas si sûrs que nous aurions été plus avancés avec les classifications actuelles. Par exemple, les hackers dont le score est bas ont à la fois les particularités du pessimisme défensif et celles de l'auto-handicap. Et que dire des participants dont le score est élevé ? Est-ce que nous devons maintenir le « diagnostic » d'optimiste stratégique ou d'optimiste ordinaire à leur sujet ? Dans ce cas devons-nous par conséquent faire abstraction de leurs insomnies et sautes d'humeur ?
Force est de constater que le niveau de l'optimisme n'est en tous les cas pas un facteur de performance puisqu'il n'existe aucun rapport significatif de cette variable avec les groupes des hackers (experts et amateurs).
Ainsi l'optimisme ne peut faire l'objet d'un examen particulier dans le process de recrutement des professionnels de la sécurité informatique, même pour les postes ultra-sensibles.
Les auteurs ne s'entendent pas sur le caractère opérant ou inopérant de l'optimisme et du pessimisme dans les secteurs professionnels. Le débat en ce qui nous concerne est clos.
L'optimisme - s'il est vraiment un élément du tempérament - ne varie pas selon le contexte culturel comme la prise de risque (E. Hall (1990), R. Kouabenan, (2006), R. Nisbett et A. Norenzayan (2002), O. Meier (2004), le vécu temporel (Yap, Ji et Hong (2018), E. Hall (E. Hall (1983), O. Meier (2004)) et les styles cognitifs (Ramirez et Price-Williams (1974) cité par Nahai Gu (2017), Vikin cité par Nisbett Richard E. et Norenzayan Ara (2002), Fessler et Machery (2012), Yap, Ji et Hong, 2008) [64].
Il serait judicieux d'orienter également les recherches vers la psychobiologie.
Conclusions
Nous savions que l'optimisme était inopérant dans la Performance puisqu'il ne donnait pas lieu à une différence significative entre les deux groupes de hackers (amateurs et experts).
Nous avons donc tenté de démontrer son inefficacité dans la Performance. Ce facteur joue un rôle tout à fait mineur sur le chemin du Don au Talent.
Nous avions mis à l'épreuve cinq hypothèses spécifiques : l'optimisme est associé aux performances scolaires, universitaires et professionnelles ; les personnes optimistes ne connaissent pas d'affects négatifs grâce à une régulation efficace des émotions que permet justement l'optimisme ; le tempérament et les traits de personnalité des personnes optimistes sont conformes aux exigences de leur micro- [65] et macro-environnement [66] ; les objectifs élevés, la motivation et la persévérance caractérisent les personnes optimistes.
Pour traiter ces hypothèses, nous nous sommes reportés aux résultats obtenus, auprès de quarante-deux hackers experts et amateurs. Nous avions à notre disposition de nombreuses variables relevant du hacking, d'éléments environnementaux (famille, statut socioprofessionnel, parcours scolaire et universitaire, rapports avec la hiérarchie etc.), des émotions et de leur régulation, du tempérament et autres dimensions de la personnalité.
Nous avions en effet conçu un questionnaire de 371 items (disponible en ligne sur invitation) à partir de nos lectures sur les hackers, le don et d'après le modèle différenciateur du Don et du Talent (MDDT) de Françoys Gagné.
Dans notre essai de modélisation du Talent [67], l'optimisme ne figurera pas parmi les facteurs [68] facilitateurs ou accélérateurs dans le processus développemental permettant au Don de se métamorphoser progressivement en Talent.
Les performances scolaires, universitaires et professionnelles des hackers « peu optimistes » et « très optimistes » sont similaires. Leur statut socioprofessionnel est d'ailleurs similaire. Les objectifs entre ces deux populations sont pareillement ambitieux (voir les cibles).
S'ils n'ont pas en commun les mêmes motivations, ils partagent tout de une valeur : l'universalisme. Cette valeur autorise la personne à se surpasser tout en étant très attentifs aux intérêts collectifs (Shalom H. Schwartz, 2006). De façon générale, la position des valeurs est très fortement sous-évaluée dans la psychologie de la performance. Les valeurs [69] jouent un rôle aussi, sinon plus important que celui des motivations.
Les seules émotions « associées » à l'optimisme sont la peur et la colère des participants « peu optimistes » ; et la surprise des hackers « très optimistes ». Aucun rapport significatif n'a été relevé avec la « joie » et la « tristesse ». D'après nos résultats plus globaux la peur ne peut être assimilé à de l'anxiété. De plus la colère est contenue (absence d'impulsivité). Enfin nous ne pouvons déduire la valence précise de la surprise. D'autre part est-ce qu'il s'agit du fait d'être surpris ou celui de surprendre ? Il est probable que les participants ont compris cet item comme le fait d'être surpris.
Concernant la régulation fonctionnelle des émotions, les hackers « très optimistes » paraissent avoir une légère avance sur les hackers « peu optimistes » mais elle est toute relative. En effet, une part non négligeable de la population des « très optimistes » souffre d'insomnie et d'humeur labile.
Les personnes très optimistes sont « confiants » et dynamiques mais ils ne sont pour autant plus persévérants, engagés, intuitifs, concentrés, rigoureux, perfectionnistes, pragmatiques, opportunistes et doués pour la planification. Leur sort ne les satisfait pas non plus davantage que les autres.
Par conséquent leur tempérament ne leur procure aucune supériorité significative dans la Performance. Il en est de même au niveau relationnel : bien qu'ils aient des compétences sociales utiles pour leur activité, ils ne sont pas plus aptes à l'empathie. Les hackers très optimistes ne sont d'ailleurs pas plus opportunistes que les hackers « moyennement » optimistes.
Les facteurs de la performance tels que le besoin de nouveauté est bien présent chez les très optimistes mais il l'est aussi chez les moyennement optimistes.
La valeur « sécurité », exclusivement présente chez les hackers « peu optimistes », implique la conscienciosité et permet de réguler l'anxiété potentielle (Schwartz, 2006).
Nous avons tenté d'appréhender la créativité. Elle suppose la liberté, l'autonomie et une certaine remise en question des normes. Les hackers très optimistes et peu optimistes ont cette capacité à prendre du recul par rapport à ce qui est communément établi et ont en commun la même représentation de la réussite sociale, la liberté et l'autonomie. Leur valeur commune - l'universalisme - traduit l'ouverture d'esprit et elle nécessite le dépassement de soi. Oyvind Lund Martinsen (2011) a aussi identifié parmi les traits de la personnalité créative, l'engagement, le holisme, la labilité émotionnelle et une plus ou moins grande introversion. Ce sont surtout les hackers peu optimistes qui répondent davantage aux critères de l'engagement (full disclosure, motivations) et de la fluctuation des humeurs. Par contre nous n'avons pas observé de rapport significatif avec l'introversion/extraversion et nous ne pouvons préjuger de la nature de leur sentiment de solitude. Quant au holisme, nous ne pouvons ici que nous référer à trois variables : l'intuition, la négligence des détails et de la faiblesse des ressources attentionnelles. Le niveau de l'optimisme n'a pas de rapport avec l'intuition même si les hackers très optimistes et peu optimistes ont déclaré deux fois plus que les hackers « moyennement » optimistes avoir des compétences intuitives. Le niveau de l'optimisme n'a pas non plus de lien significatif avec la négligence des détails bien que les hackers peu optimistes ont fortement la tendance à ne pas accorder d'importance aux détails. En ce qui concerne l'attention, il semble que les hackers aient manifesté, dans l'enfance ou l'adolescence des symptômes évoquant un trouble attentionnel [70]. Dans la littérature spécialisée, la négligence des détails fait partie du tableau clinique du trouble attentionnel.
Curieusement le besoin de nouveauté n'a pas été évoqué par O. L. Martinsen (2011). Dans notre population d'étude, il est moins éprouvé par les hackers peu optimistes.
Les études sur la créativité sont à l'état embryonnaire. Il serait cependant capital de mener des recherches sur la créativité en sécurité informatique, secteur hautement stratégique s'il en est.
D'autres thèmes devraient être approfondis tels que la prise de risque, le vécu temporel, les styles cognitifs, l'impact culturel sur la Performance...
L'auto-handicap, le pessimisme défensif et l'optimisme stratégique, concepts étudiés de manière approfondie par Julie Norem (2015) apportent une avancée incontestable dans la recherche sur l'optimisme.
Nous aurions choisi le terme de « pessimisme stratégique », très explicite au regard de l'expression « optimisme stratégique ».
Nous ignorons si les hackers très optimistes sont des optimistes stratégiques, ni même si les hackers peu « optimistes » sont des pessimistes défensifs. En tous les cas, ils ont en commun des objectifs complexes et une valeur impliquant le dépassement de soi.
Mais ces hackers (très optimistes et peu optimistes) présentent aussi des caractéristiques très hétérogènes.
En listant les principaux points communs et divergents de nos trois catégories (score faible, moyen et élevé de l'optimisme), nous serions tentés de croire qu'il est possible d'affiner les classifications existantes...
Sophie Léac
Laboratoire de psychologie et de sécurité informatique
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Cet article est sous licence Creative Commons (selon la juridiction française = Paternité - Pas de Modification).
http://creativecommons.org/licenses/by-nd/2.0/fr/
NOTES
[1] Voir en particulier l'auto-handicap, l'optimisme stratégique et le pessimisme défensif (Julie Norem, 2015).
[2] Les termes « pessimisme défensif » et « optimisme stratégique » ont été élaborés par Nancy Cantor et Julie Norem en 1986.
https://www.researchgate.net/publication/223078835_Mood_and_performance_among_ defensive_pessimists_and_strategic_optimists
https://link.springer.com/referenceworkentry/10.1007/978-3-319-24612-3_1061
L'auto-handicap est une expression de Edward Jones et de Steven Berglas (1978). Il recouvre le pessimisme ordinaire (ou classique).
https://en.wikipedia.org/wiki/Self-handicapping
[3] https://www.ifop.com/publication/loptimisme-des-francais-face-a-lavenir/
[4] https://www.cnrtl.fr/etymologie/optimisme
[5] Les différentes formes de l'optimisme et du pessimisme ont été axiomatisées par Nancy Cantor et Julie Norem en 1986.
[6] Le cortex cingulaire antérieur (CCA) est la partie frontale du cortex cingulaire, qui ressemble à un « collier » s'enroulant autour du corps calleux (dont les fibres relaient les signaux neuronaux entre les hémisphères cérébraux droit et gauche).
Il comprend une zone ventrale et une zone dorsale. Il semble jouer un rôle dans une grande variété de fonctions autonomes comme la régulation de la pression artérielle et du rythme cardiaque, de fonctions cognitives, telles que l'anticipation de récompense, la prise de décision, l'empathie et l'émotion (Wikipedia)
[7] En psychologie de la santé, le lieu de maîtrise, parfois désigné par l'anglicisme lieu de contrôle (de l'anglais locus of control), est un concept proposé par Julian Rotter en 1954, qui décrit le fait que les individus diffèrent dans leurs appréciations et leurs croyances sur ce qui détermine leur réussite dans une activité particulière, ce qui leur arrive dans un contexte donné ou, plus généralement, ce qui influence le cours de leur vie.
Le lieu de maîtrise se définit plus précisément comme « la tendance que les individus ont à considérer que les événements qui les affectent sont le résultat de leurs actions ou, au contraire, qu'ils sont le fait de facteurs externes sur lesquels ils n'ont que peu d'influence, par exemple la chance, le hasard, les autres, les institutions ou l'État ».
Les personnes croyant que leur performance ou leur sort dépendent surtout d'eux-mêmes ont un lieu de maîtrise dit « interne » ; celles persuadées du contraire (c'est-à-dire que l'issue est avant tout déterminée par des facteurs extérieurs, hors de leur influence) ont un lieu de maîtrise « externe ». (Wikipedia)
[8] Toujours mieux !: Psychologie du perfectionnisme de Frédéric Fanget
[9] « self handicaping » de E. Jones et de S. Berglas (1978) (voir supra).
[10] Voir supra.
[11] Évitement et auto-handicap.
[12] « ils transforment des idées abstraites en scénarios concrets et précis divisés en différentes issues possibles, en élaborant chaque étape particulière de l'itinéraire à emprunter » (Julie Norem, 2015, p. 122).
[13] « L'expression système de traitement automatisé de données (ou STAD) est une expression utilisée en droit français (...) Les tribunaux ont aujourd'hui de cette notion une conception large2 : le réseau France Telecom est un système, le réseau Carte bancaire aussi, un disque dur, un radiotéléphone, un ordinateur isolé, un réseau local. On peut se demander jusqu'où la notion de « STAD » peut être retenue : un ordinateur portable, un PDA, téléphone portable, une montre, un objet connecté, etc. » (Wikipedia)
[14] Le Carding est l'exploitation des cartes et comptes bancaires et de toute autre information financière.
[15] Par « successif », il faut entendre le port d'une couleur exclusive à un moment donné. Et le passage de l'une des couleurs à une autre n'est pas forcément selon l'ordre indiqué dans le texte.
[16] En sécurité informatique, la divulgation complète (en anglais, full disclosure) est la pratique consistant à publier les vulnérabilités des logiciels jusqu'alors inconnues à tous le plus tôt possible, ce qui rend les données accessibles à tous sans restrictions / La divulgation responsable est semblable à une divulgation complète, avec l'ajout que toutes les parties prenantes acceptent de laisser un délai avant la divulgation pour que la vulnérabilité soit corrigée avant sa divulgation. (Wikipedia)
[17] https://www.ifop.com/publication/loptimisme-des-francais-face-a-lavenir/
[18] Les personnes talentueuses comme les personnes douées, selon F. Gagné (2007) se différencient des sujets « normaux » au niveau quantitatif. Il a élaboré une échelle métrique pour mesurer les « niveaux d'intensité » (différences quantitatives) du don et du talent. Les 5 niveaux définis sont les suivants : léger, modéré, élevé, exceptionnel et extrême.
[19] « Le sentiment naturel de vengeance éveillé par l'intelligence et la sympathie est lié aux blessures qui nous atteignent en atteignant les autres ».
https://www.rapport-gratuit.com/la-responsabilite-communautaire-au-cœur-de-la-prevention-du-suicide/
[20] Nous ne citons pas ici toutes les associations positives et négatives de la variable « surprise » qui dépasse le cadre de cet article.
[21] Dont les honeypots (« Le terme "honeypot" (pot de miel en français) est dans le jargon informatique un mécanisme de sécurité, il permet aux administrateurs de tromper les pirates et ainsi de déjouer des cyberattaques. Un honeypot simule des services de réseau ou des programmes d'application pour attirer les attaquants et ainsi protéger le système de production de dommages. »
http://ionos.fr/digitalguide/serveur/securite/honeypot-securite-informatique-via-des-leurres/
[22] D'autre part nous savons que la peur et l'anticipation ne sont pas associés dans cette recherche.
[23] D'après nos données de recherche, la colère n'est pas associée aux valeurs.
[24] « L'idéologie, simplification de complexité, oui, sur le plan cognitif, mais on en dirait autant de tout préjugé et de toute idée fixe ; il y a aussi une dimension affective dans les idéologies : des raisons enragées en quelque sorte. On pourrait peut-être parler d'une complexité affective qui est l'équilibre, et que vient rompre la focalisation voire la fixation de la colère sur des objets restreints. » de Jacques Dufresne (2019).
https://hv.agora.qc.ca/documents/colere_et_ideologie
[25] Selon la classification des auteurs, ce sont des professionnels de la cybersécurité ou des hackers « White hat » œuvrant pour une meilleure sécurité informatique (transmission de la faille aux administrateurs etc.)
[26] Un cracker est un type de pirate informatique, habituellement un « black hat » ou « grey hat », spécialisé dans le piratage de systèmes informatiques ou le cassage des protections dites de sécurité (ex. : protection anticopie) des logiciels.
Il conçoit des outils appelés cracks, qui contournent les protections des logiciels tels que les protections anticopie (de logiciels ou de documents audiovisuels) ou les partagiciels (qui nécessitent des clés d'enregistrement).
Le terme désigne parfois un cryptanalyste spécialisé dans le cassage de codes cryptographiques. (Wikipedia)
[27] La colère serait constituée de réactions émotionnelles, cognitives, comportementales et physiologiques à certainessituations. Pour Spielberger et al. « la colère est unaffect négatif, qui apparaît en réaction à des situations de provocation, de maltraitance ou de frustration ». Elle peutêtre momentanée (état) ou durable (trait). Elle inclut une palette d'émotions d'intensité variable allant de l'irritation légère à la rage la plus violente. Elle peut s'accompagner de cognitions et d'affects spécifiques mais aussi s'exprimerde façon comportementale (X. Borteyroua, M. Bruchon-Schweitzer et C.-D. Spielberger (2008).
[28] Plus largement avec la colère, la sensibilité, un dynamisme peu élevé, la timidité etc.
[29] Les pleurs sont négativement associés à la tristesse. Ils le sont également avec la procrastination.
[30] Codification [273], nous avons noté dans le tableau résumant les absences d'associations que la valeur de p était .264
[31] Nous obtenons respectivement pour les associations de la préférence manuelle [256] avec les états émotionnels fluctuants [284] et les sautes d'humeur [354] : p = 1 (Neffectif : 41) et p = 0,761 (Neffectif : 40).
[32] Parmi les idoles, seule la variable « scientifique » a donné lieu à une différence significative entre les hackers experts (52 94 %) et amateurs (20 %) : Neffectif : 42 ; p = 0,045
[33] L'identification à un hacker est de 52.38 % dans notre population d'étude.
[34] D'après l'analyse des associations de la variable « hacker pour idole » [307]
[35] Selon les liens significatifs de la variable « optimisme bas » avec «personne publique ou politique comme idole » [308].
[36] [17] N : 42 ; p =.,796.
[37] [16] N : 42 ; p = 0,.265.
[38] [264] N : 42 ; p = 0,.581 et p = 0,427.
[39] [121] N : 41 ; p = 0,495.
[40] 21 95 % personnes ont porté ces différentes couleurs successivement dans notre recherche.
[41] https://fr.wikipedia.org/wiki/L0pht_Heavy_Industries
[42] « Un grey hat (en français, « chapeau gris »), dans la communauté de la sécurité de l'information, et généralement de l'informatique, est un hacker ou un groupe de hackers, qui agit parfois avec éthique, et parfois non (...) Un exemple courant est une personne qui accède illégalement à un système informatique sans rien détruire ou endommager (du moins, pas volontairement), et qui ensuite informe les responsables de ce système informatique de l'existence de la faille de sécurité et émet éventuellement certaines suggestions pour régler ce problème. Malgré ces bonnes intentions, ceci est tout de même considéré comme un crime dans la plupart des pays. En effet, des personnes ont même déjà été condamnées au niveau criminel pour avoir comblé des trous de sécurité dans un système informatique auquel elles avaient illégalement accédé. » (Wikipedia)
[43] Communication de la vulnérabilité informatique à l'administrateur système suite à son intrusion dans les systèmes de l'entreprise.
[44] Le port exclusif d'une couleur à un instant t et le port exclusif d'une autre couleur à l'instantt+n.
[45] Suite à l'analyse de toutes les variables avec la variable « successivement White/Grey/Black hat » [85].
[46] [340]*[51] N : 41 ; p = 0,143.
[47] Voir en particulier l'histoire de Wilma Rudolph (1940-1994)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wilma_Rudolph
[48] https://fr1.nsp-ie.org/rasgos-personalidad-personas-creativas-2340
[49] Le style cognitif analytique implique l'indépendance au champ ou la décontextualisation de l'objet et la focalisation sur les propriétés de l'objet plutôt que sur ses relations avec les autres objets. Ce style comporte des règles de classification et des explications causales.
Le style cognitif holistique, au contraire, se base sur la relation entre les objets et donc sur la concentration du contexte (dépendance au champ). La similitude joue un rôle clé dans la classification et le raisonnement.
Nisbette et al. ont prouvé que les Occidentaux présentaient plutôt un style cognitif analytique lorsque que les asiatiques ont l'holisme pour style cognitif préférentiel (Fessler et Machery, 2012).
R. Nisbett et A. Norenzayan (2002) ont démontré que le traitement holistique et le traitement analytique ont caractérisé rétrospectivement la science chinoise et la science grecque. En raison de ces singularités, les découvertes importantes faites par ces deux groupes culturels n'ont pas eu lieu dans les mêmes disciplines. Les Chinois se sont distingués en arithmétique et en algèbre mais peu en géométrie. Les Grecs ont donné naissance à la science basée sur un système formel de règles et de catégories. On doit à Aristote la portée du syllogisme dans les sciences.
[50] https://virole.pagesperso-orange.fr/FCOGSTYL.html
[51] Dans notre recherche, le présent en tant que temps préférentiel, est associé à la latence d'endormissement, et non pas aux problèmes d'insomnie.
[52] Les auteurs évoquent l'enthousiasme. La passion harmonieuse n'a pas été recherchée dans cette étude mais nous avons une indication avec l'analyse des questions à la réponse : « remède contre le spleen ».
[53] Passivité (dans lutte contre le spleen [273] : très optimistes (10 %), moyennement optimistes (15,38 %) et peu optimistes (33,33 %) - Effectif : 42 ; p = 0,264.
[54] https://www.liguedesoptimistes.fr/2012/04/08/les-10-valeurs-de-loptimisme/
[55] La croyance en une impossibilité de changement et les anticipations négatives.
[56] Julie Norem (2015) observe que les affects négatifs sont absents dans le pessimisme défensif mis à part l'anxiété.
[57] Sécurité est l'une des valeurs déclarées.
[58] « Un test d'hypothèse est dit robuste s'il reste applicable même quand les conditions idéales de son utilisation ne sont pas remplies (par exemple, taille de l'échantillon insuffisante...) »
http://www.bibmath.net/dico
[59] Introduction aux tests statistiques illustrée avec XLSTAT.
https://www.youtube.com/watch?v=w5gmZRlufWI&t=2568s
[60] idem.
[61] idem.
[62] http://Project.mgx.cnrs.fr
[63] C'est un test distribution free.
[64] https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/56879-l-impact-de-la-culture-sur-la-creativite.pdf
[65] Il est le système ou l'environnement de proximité (famille, cercles amicaux, milieux scolaires, professionnels, réseaux...). Il est particulièrement important pour la personne qui a des prédispositions car le microsystème est pourvoyeuse de stimulation et de soutien si cette personne sait jouer de son réseau et de ses relations grâce à sa personnalité et ses compétences sociales.
[66] régional, national, supranational (culture, politique, institutions...).
[67] TPE = Talent, Personne et Environnement.
[68] Françoys Gagné (2007) évoquait les catalyseurs. Ils sont de deux types : intrapersonnels (I) et environnementaux (E).
[69] Les valeurs de Schwartz (2006) sont particulièrement utiles pour appréhender les motivations mais aussi pour analyser, prédire et expliquer les comportements.
[70] Il ne s'agit que d'une supposition. Nous avions repris, dans notre questionnaire, les principaux symptômes du tableau clinique du TDA/H.
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