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Une réforme qui pose problème
et ne règle pas les problèmes en suspens
 

   La 21e siècle est le siècle de l'informatique et du numérique [1]. Les besoins en compétences réelles sont considérables. Le système éducatif se doit d'y répondre si l'on veut que la France tienne toute sa place dans le concert des nations aux plans culturel, scientifique et économique. Notre pays manque d'ingénieurs capables de s'attaquer aux grands défis de demain. Notamment, l'environnement et le développement durable. On ne peut se satisfaire de demi-mesures. L'informatique doit être une composante à part entière de la culture générale et technique de tous les élèves. Plus généralement, c'est la culture générale scientifique qui est questionnée.

Les mathématiques et les sciences au lycée

   Ces derniers temps, un débat national s'est installé sur la place des mathématiques [2], [3]. Suite aux alertes d'un collectif de sociétés savantes et d'associations de sciences, auquel l'EPI s'est jointe, sur la place des mathématiques et plus généralement des sciences dans les parcours de formation des lycéens du cycle terminal au lycée général (déséquilibre en faveur des sciences humaines). Ces alertes font ressortir, en plus d'une baisse de la part des filles en mathématiques, une chute considérable du volume de formation dans toutes les disciplines scientifiques hors tronc commun exceptée l'informatique.

   Le problème est notamment lié à la structure de la réforme du lycée qui n'est pas questionnée par le comité créé. Il ne faut pas chercher des motivations pédagogiques sophistiquées pour les mathématiques et la réforme du lycée. Les choses sont extrêmement simples : on manque de professeurs de mathématiques donc on diminue les horaires de mathématiques !

La réforme du lycée

   Cette réforme désorganise le fonctionnement du lycée. Elle fait disparaître le groupe classe (l'enseignement a une composante cognitive mais c'est aussi une relation humaine). Elle débouche sur un bac chaotique à organiser, très compliqué, avec à la fois des notes en contrôle terminal et d'autres en contrôle continu. Le bac perd son caractère de diplôme national. Pourquoi ce régime « forcené » imposé d'évaluation permanente ? Il se confirme que le nouveau lycée est un lycée profondément inégalitaire. Le collectif demande la possibilité d'élargir en terminale à trois spécialités (au lieu de deux) la formation des lycéens.

   Nous nous associons à cette demande.

   L'enseignement scientifique, comme les autres, pâtit du contexte défavorable créé par la réforme du lycée.

La revalorisation des enseignants

   Les professeurs français sont particulièrement mal rémunérés (avant-dernière place en Europe). On manque d'enseignants mais les concours se révèlent non attractifs (Comment par exemple résister aux offres de salaire des entreprises demandeuses de compétences réelles en informatique quand une forte vocation n'est pas là ?). En cause, l'absence de revalorisation du métier d'enseignant, un contexte dans lequel ce métier s'avère de plus en plus difficile à exercer, la crise de recrutement qui en découle. Ce sont des questions essentielles.

Formation et recrutement de professeurs d'informatique

   Autre question essentielle qui ne date pas d'hier, la formation des enseignants. Capes et Capet NSI ont été créés ainsi qu'une agrégation d'Informatique. Des avancées significatives dont nous nous sommes félicités, ayant par ailleurs contribué à leurs créations. Mais la situation préoccupante de l'enseignement d'informatique dans l'Enseignement supérieur a des conséquences négatives pour la formation des professeurs du secondaire.

   51 % des enseignants de NSI étant des professeurs de mathématiques : le nécessaire recrutement de professeurs de mathématiques ne doit pas se faire au détriment de l'informatique. Souvenons-nous que l'option informatique des lycées des décennies 1980 et 1990 (assurée pour moitié par des professeurs de mathématiques) a été supprimée par manque d'enseignants formés, le Conseil National des Programmes se chargeant de trouver des raisons « pédagogiques » ! Il est plus que jamais urgent de recruter des enseignants d'informatique, Cela signifie aussi donner des moyens à l'Enseignement Supérieur pour les formations initiales et continues, augmenter de façon importante les postes aux concours, en urgence créer des capes et agrégation internes, et créer des équivalences de diplômes, ... bref avoir de l'imagination et y mettre les moyens à la hauteur des enjeux.

   Une réflexion de fond est nécessaire pour apporter une solution équilibrée au problème de la formation scientifique dans l'enseignement secondaire faisant toute sa place à l'informatique.

15 mars 2022

Jean-Pierre Archambault

NOTES

[1] Lettre ouverte de l'association Enseignement Public et Informatique (EPI) aux candidates et candidats à la Présidence de la République. Pour l'intégration de la science et technologie informatique dans la culture générale scolaire :
https//www.epi.asso.fr/revue/articles/a2202a.htm

[2] Communiqué collectif du 23-02-2022. Mathématiques, une réponse inadaptée aux problèmes du lycée :
https://www.enseignerlinformatique.org/2022/02/28/communique-collectif-23-02-2022/

[3] Réforme du lycée et impact sur les sciences. Communiqué du 18-02-2022 : ADIREM, AEIF, APMEP, ARDM, CFEM, EPI, Femmes Ingénieures, Femmes et Mathématiques, GEM, SFB, SFdS, SIF, SMAI, SMF, UDPPC, UPA, UPS :
https://www.epi.asso.fr//blocnote/Collectif-sciences-18-02-2022.pdf

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