Une rentrée pas comme les autres
Depuis six mois nous vivons une période difficile. Au moment où nous écrivons ces lignes la situation a de quoi inquiéter. Le nombre de contaminations augmente de manière exponentielle dans tout le pays. Les services de réanimation des hôpitaux se préparent à une arrivée importante de malades et craignent la saturation courant octobre. Un seul espoir raisonnable (en dehors des vaccins qui risquent de se faire attendre) réside dans le civisme des citoyens dont on espère un meilleur respect des gestes barrières, du port du masque, de la distanciation... Mais une politique des tests cohérente est également indispensable.
Consignes rappelées par le premier ministre le 11 septembre, sauf qu'elles sont difficilement applicables dans les classes. Or plusieurs études montrent que la contamination se fait essentiellement sur les lieux de travail et à l'École !
Dans ce contexte, où en sommes nous ?
Les syndicats dans leur ensemble ne souhaitent pas la fermeture des écoles et des établissements scolaires mais ont rappelé leurs demandes formulées en prévision de la rentrée.
Ainsi, le SNES-FSU dans une lettre ouverte au Président (10 septembre 2020) : « les personnels et leurs représentants ont appelé pendant des semaines à une préparation à la hauteur de la difficulté, pour éviter à tout prix des fermetures d'établissements, assurer une scolarité la plus normale possible à tous les jeunes tout en préservant la santé de la communauté éducative dans son ensemble. Il aurait fallu une organisation et des moyens, des idées, du dialogue...tout ce que nous avons proposé pour une rentrée en temps et en heure et qui dure. Tout ce que le Ministre de l'Éducation nationale n'a pas daigné entendre. » [1].
« Et qui dure »... Effectivement, en cas de fermeture des classes et des établissements, se pose à nouveau le problème de l'enseignement à distance, un défi pas tout a fait inédit mais toujours mal préparé.
Dans la période de confinement les enseignants ont fait face comme ils ont pu avec leurs moyens personnels et des ressources institutionnelles limitées. On risque de leur demander une fois de plus d'assurer la « continuité pédagogique » mais avec quels moyens nouveaux ? Les établissements tournent encore, grâce à la conscience professionnelle des personnels, mais à quel prix et pour combien de temps ?
De nombreux enseignants sur le terrain se sont fait l'écho de problèmes rencontrés : difficultés pour se connecter, outils informatiques mal adaptés, manque de formation.
Le ministère ne fera pas l'économie de traiter rapidement les questions des moyens, des programmes, de la formation des enseignants ...
Et rappelons que l'éducation, comme la santé, n'est pas un coût mais un investissement.
15 septembre 2020
Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI
NOTE
[1] https://www.snes.edu/Covid-Monsieur-le-President-defendez-l-ecole.html
|