Enseignement de l'informatique et réforme du lycée
La question de la formation des professeurs devant enseigner à la rentrée 2019 la spécialité « Numérique et Sciences Informatiques » (NSI), en Première, et « Sciences Numériques et Technologie » (SNT), en Seconde, a suscité et suscite de nombreux échanges émanant du « terrain », tant sur la liste du groupe ITIC-EPI-SIF que sur la messagerie de l'association, traduisant de réelles inquiétudes parfaitement justifiées. Cette question est essentielle car la formation des professeurs est une condition sine qua non de la réussite de ces créations d'enseignement de l'informatique qui doivent être l'amorce d'un processus donnant à tous les élèves la culture générale scientifique de leur époque.
De plus, les échanges interrogent fortement la faisabilité de la réforme du lycée, ses conséquences et ses véritables objectifs. Le communiqué de l'EPI, publié le 30 novembre 2018 [1], en témoigne. Il faut dépasser la contradiction qui existe entre une « bonne nouvelle », à savoir l'informatique devenant discipline scolaire, et le cadre dans lequel elle intervient.
L'EPI, qui milite depuis sa création en 1971 pour faire de l'informatique, et des technologies de l'information et de la communication en général, un facteur de progrès et un instrument de démocratisation, comprend l'opposition grandissante à une politique éducative qui tend à augmenter les inégalités sociales et territoriales.
L'orientation dès la classe de seconde, la logique des spécialités – qui introduit de grandes disparités entre les établissements – sont notamment des choix lourds de conséquences qui auraient mérité une large concertation. Sans compter qu'au 21e siècle, alors que l'informatique et le numérique sont omniprésents dans la société, NSI devrait être une spécialité « plus classique » et non pas « plus spécifique » [2].
Quel que soit l'avenir de la réforme du lycée, il est dans le sens de l'Histoire scientifique, sociétale et industrielle de notre pays d'intégrer un enseignement de l'informatique et du numérique dans l'enseignement général et d'y mettre les moyens matériels et humains, de former les enseignants, de créer sans attendre un Capes et une agrégation.
Nous le redirons tant que ce sera nécessaire : au vu des enjeux, les tergiversations pour créer ces deux concours, validant des formations universitaires spécifiques, sont dérisoires, incompréhensibles.
14 décembre 2018
Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI
NOTES
[1] http://www.enseignerlinformatique.org/2018/11/30/communique-de-lepi-du-30-11-2018/
http://www.epi.asso.fr/revue/docu/d1812a.htm
[2] La note de service n° 2018-109 précise que seules sept spécialités qualifiées de « plus classiques » doivent pouvoir être accessibles pour chaque lycéen de la voie générale, non pas dans son lycée, mais dans un périmètre « raisonnable ». Mais ni SI ni NSI ne figurent parmi ces « classiques ». Qualifiées de « plus spécifiques », elles « feront l'objet d'une carte académique, voire nationale », comme si la connaissance du numérique ne pouvait pas être aujourd'hui utile dans la plupart des formations supérieures, y compris littéraires, et des métiers. (...)
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/12/13/bac-l-education-nationale-ne-pourra-pas-assurer-une-offre-raisonnable-sur-tout-le-territoire_5396688_3232.html?utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1544698574
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