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Quelques réflexions sur ISN et ICN dans un lycée

Stéphane Renouf
 

État des lieux

   J'enseigne les mathématiques et l'ISN-ICN dans un établissement accueillant environ 1 600 élèves qui propose 5 groupes d'enseignement d'exploration ICN en seconde, une classe de première S avec option informatique et deux spécialités ISN en Terminale S. Il y a donc environ 10 % des élèves pratiquant l'informatique et c'est en constante progression.

Bilan pédagogique

   Les élèves ont choisi de faire de l'informatique, du coup la progression est réelle et nous arrivons à avoir des projets ISN élaborés du type drones autonomes ou lunettes infrarouge avec des notes au bac excellentes. Parmi les élèves ayant choisi cette spécialité beaucoup se dirigent vers des BTS, DUT et licence informatique.

   À la présentation de la réforme du baccalauréat, les enseignants d'ISN dont je fais partie se réjouissaient de la prise de conscience de l'importance des sciences du numérique. Mais, au fil des annonces ministérielles, l'inquiétude a remplacé la joie. En effet, nous ne sommes pas sûrs d'être autorisés à l'enseigner alors que nous avons suivi une formation sur deux années et une visite d'inspection pour la délivrance d'une habilitation. Nous aurions été formés, nous nous serions investis et auto-formés pour rien... Du coup, qui va l'enseigner ?

   On parle des professeurs de mathématiques ayant passé le Capes Math-Info, mais leur nombre est très limité... On entend parler d'une formation dédiée, mais pour l'instant rien n'est mis en place alors que cet enseignement sera proposé dès septembre 2019.

   De plus, les derniers textes officiels ne semblent pas mettre les sciences du numérique en avant puisque nous sommes considérés comme une option rare au même titre que les langues anciennes et que le choix des lycées enseignant l'informatique et les sciences du numérique se fera au niveau académique voir national.

   C'est d'autant plus déroutant que l'intelligence artificielle, les sciences du numérique sont un secteur d'avenir, que les politiques déclarent vouloir l'encourager et que dans les autres pays (en Europe et Afrique) l'informatique est enseignée comme une matière à part entière au plus grand nombre.

   Certains nous disent, même parmi les professeurs, que les digitals natives n'ont pas besoin de cours, mais la réalité est toute autre ! Oui ils sont nés dedans mais n'ont pour la plupart qu'une connaissance superficielle, une connaissance de simples utilisateurs et c'est tout à fait normal puisqu'ils n'ont jamais travaillé les sciences du numérique. Ce n'est pas parce que l'on sait utiliser une truelle que l'on est un maçon !

   Les professeurs de mathématiques enseignent dès le collège les algorithmes, mais cela reste un enseignement mathématique.

Stéphane Renouf

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Octobre 2018

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