Le point sur l'enseignement de l'informatique et sur l'utilisation pédagogique de l'informatique
Le 14 décembre dernier, le Conseil supérieur des programmes (CSP) a été saisi par la ministre sur certains points complémentaires, à savoir la création de nouveaux enseignements optionnels en ISN (Informatique et Sciences du Numérique) pour les classes de première ES, L et S et pour les classes de terminale ES et L [1]. Le volume horaire sera de deux heures hebdomadaires.
S'installent ainsi progressivement au lycée [2] :
- un enseignement de spécialité optionnel ISN en terminale S (rentrée 2012)
- un enseignement d'exploration « Informatique et création numérique » (ICN) en classe de seconde (rentrée 2015)
- un enseignement optionnel ISN en premières ES, L et S (rentrée 2016)
- un enseignement optionnel en terminales ES et L (rentrée 2017 peut-on penser)
Il y a aussi au collège, à la rentrée 2016, un enseignement d'informatique qui sera confié aux professeurs de mathématiques et de technologie : algorithmique, programmation, machines, réseaux. En primaire, à partir de la rentrée 2016, au CE1, les élèves seront initiés « au codage (informatique) et à la culture digitale ».
Résultats des actions conjuguées, au fil des ans, de la SIF, de l'EPI, de l'INRIA, de personnalités du monde informatique, etc., ces décisions rendent la formation des enseignants de plus en plus urgente ! Dans le secondaire, il faut former les enseignants d'informatique comme on le fait pour les autres disciplines, c'est-à-dire avec un Capes et une agrégation. La création d'une option informatique dans le Capes de mathématiques (50 % de mathématiques et 50 % d'informatique), en 2017, constitue une avancée [3]. Mais la rentrée 2016 se rapproche. Quid de la formation en informatique des professeurs de mathématiques et de technologie en collège ? Quid de celle des enseignants d'ISN ? Et, pour le primaire, à quand des certifications en informatique pour les professeurs des écoles dans les ESPE ?
L'enjeu d'un enseignement et d'une culture informatiques pour tous est de taille. L'entreprise sera numérique ou ne sera pas. Entendu sur France Info, « Tout Info, tout Éco », le mardi 26 janvier 2016 (extrait) [4] : « Le numérique source de compétitivité et de croissance. L'argument est souvent utilisé, mais cette fois on dispose d'une étude d'impact assez précise qui permet d'évaluer le phénomène ». Ce rapport, on le doit à France Stratégie, l'ancien Commissariat général du Plan, aujourd'hui dirigé par l'économiste Jean Pisani-Ferry. (...) « Le document part d'un constat : depuis 20 ans – précisément depuis le milieu des années 90 –, la France a décroché... ». (...) « Même bourrée d'idées et de talents, l'entreprise France n'a pas bien pris le pli numérique. » (...) « Il faut aux entreprises disposer d'une main d'oeuvre qualifiée, capable de s'adapter et de maîtriser les nouveaux outils numériques. » (...) « Cela passe, aussi, par une adaptation du système de formation, dès le collège, pour répondre aux besoins présents et futurs. » (...).
Discipline enseignée, composante de la culture générale, l'informatique est aussi outil pédagogique pour tous les enseignants. Son utilisation dans les cours s'apprend et trois jours ne saurait suffire. Elle est à la fois transversale et spécifique aux différentes matières enseignées. Là aussi le bât de la formation blesse. Une note d'information de la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) de janvier 2016 donne les pourcentages d'élèves qui ont déclaré utiliser le numérique régulièrement en classe en fonction des groupes de collèges et des disciplines [5] :
EPS 1,6 % ; Éducation musicale 3,6 % ; Arts plastiques 5,3 % ; Histoire-géographie 5,3 % ; Langues vivantes 5,4 % ; SVT 8,0 % ; Français 5,7 % ; Mathématiques 8,0 % ; Technologie 54,0 %.
Si l'on en croit ces chiffres (la vérité sortant de la bouche des enfants c'est bien connu !), après des décennies d'une politique d'« utilisation de l'outil informatique dans les différentes disciplines », il n'y a pas vraiment de quoi pavoiser ! Les formations initiale et continue se sont réduites comme peau de chagrin au fil des années. Le résultat est là. Et le pourcentage obtenu en cours de technologie, où l'informatique fait partie des contenus enseignés, ne doit pas surprendre, l'informatique objet et l'informatique outil étant complémentaires et se renforçant mutuellement.
Mais, et c'est important, les parents d'élèves s'impliquent en faveur de l'enseignement de l'informatique et de ses usages pédagogiques. Le 6 février dernier, la PEEP a organisé une journée « L'informatique et l'École » à laquelle l'EPI et la SIF ont été associées. Elle a donné lieu à de riches débats et interventions, à de multiples échanges, questions et réponses. On pourra notamment se référer à la vidéo de la matinée qui est en ligne et au compte rendu qui sera sur le blog de l'EPI [6].
15 février 2016
Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI
NOTES
[1] http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l1602a.htm
[2] https://www.republique-numerique.fr/projects/projet-de-loi-numerique/consultation/ consultation/ opinions/section-1-competences-et-organisation/l-enseignement-de-l-informatique-pour-tous
[3] http://cache.media.education.gouv.fr/file/capes_externe/12/7/p2017_capes_ext_math_ 512127.pdf
[4] http://www.franceinfo.fr/emission/tout-info-tout-eco/2015-2016/l-entreprise-sera- numerique-ou-ne-sera-pas-26-01-2016-06-53
[5] http://cache.media.education.gouv.fr/file/2016/20/8/depp-ni-2016-02-CoCon-2014-2015_ 527208.pdf
[6] https://www.youtube.com/watch?v=CAKyapO5JN8
http://peep.asso.fr/actu/infos-peep/journee-de-la-peep-l-informatique-et-l-ecole/
http://peep.asso.fr/actu/infos-peep/conference-numerique-2016-02-06/programme/
http://www.enseignerlinformatique.org/
|