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La 4e édition de la journée ISN-EPI
et son contexte
 

   Cette 4e édition de la journée « Informatique et Sciences du numérique » de l'EPI aura lieu le jeudi 12 mars 2015 au Loria, à Nancy [1]. Cette journée d'exposés et d'ateliers est à destination des enseignants de la spécialité ISN mais aussi de tous les collègues du second degré ou du supérieur intéressés par l'enseignement de l'informatique. Parmi les thèmes : la sécurité informatique, Scratch, l'informatique débranchée... Programme et inscription [1].

   La journée ISN-EPI s'inscrit dans une problématique dont l'actualité ne se dément pas.

   Lors d'une conférence de presse, François Hollande a notamment rappelé que le numérique serait enseigné de l'élémentaire à la terminale, « avec des diplômes correspondants » [2].

   Le 9 février dernier, l'EPI et la SIF ont été reçues par Alain Séré, IG, conseiller de la ministre de l'Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem [3]. Concernant le lycée, un enseignement d'exploration d'informatique va être expérimenté à la rentrée 2015. L'enseignement de spécialité optionnel de Terminale S « Informatique et Sciences du numérique va être étendu en Première (ES, L et S) à la rentrée 2016 puis en Terminale à la rentrée 2017. Il y aura des adaptations selon les filières. Des modules de formation à l'enseignement de l'informatique, orientés ES, L et S, débouchant sur une certification, vont être mis en place dans les ESPE. Notons que la question de la création d'un Capes et d'une agrégation d'informatique n'a pas été évoquée dans l'approche annoncée de la formation des enseignants. Une aide, sous forme d'une convention (MENESR-SIF...) est souhaitée pour accompagner ce chantier (définition des contenus scientifiques, production de ressources pédagogiques, formation des enseignants). L'initiation à l'informatique dans le primaire se fera dans le cadre du périscolaire. Au collège, des éléments d'informatique figureront dans les programmes de mathématiques et de technologie. L'EPI et la SIF vont demander à rencontrer Michel Lussault, Président du Conseil Supérieur des Programmes (CSP), afin de proposer une aide pour la prise en compte des éléments du socle dans la rédaction des programmes.

   Marie-Paule Cani, enseignante et chercheure en informatique graphique, est nommée professeure invitée au Collège de France sur la chaire Informatique et Sciences numériques (chaire créée en partenariat avec Inria) [4]. Pour elle, « il faut généraliser l'enseignement de l'informatique et y attirer les filles ».C'est, dans le monde d'aujourd'hui, « un enjeu très important pour la France ». Elle précise qu'elle « ne veut pas parler de l'utilisation des ordinateurs (la bureautique), mais de la science informatique ». Et « pour enseigner l'informatique, il faut des enseignants. Il faut donc que soit créée une agrégation d'informatique ». Rappelons que la dernière agrégation créée, de « sciences médico-sociales », le fut en septembre 2012 [5]. À quand donc une agrégation d'informatique ? (et un Capes). La question de la formation des enseignants est essentielle pour assurer la réussite des enseignements.

   Le congrès de la Société Informatique de France s'est tenu à Orléans les 3, 4 et 5 février. Le thème en était « Femmes et Informatique ». La situation est préoccupante : on constate une baisse continue du nombre de femmes dans le monde de l'informatique. En effet, la proportion de femmes diminue, aussi bien dans les études en université ou en école d'ingénieurs, qu'au recrutement dans les postes de responsabilité dans le public ou le privé. Les obstacles sont connus. Ils concernent les sciences en général et plus particulièrement l'informatique. On sait le conditionnement social qui commence dès l'enfance, les stéréotypes en la matière. Ils renvoient à la situation des femmes dans la société. Des initiatives existent pour lutter contre cette réalité. Le congrès a appelé à promouvoir une culture de l'égalité dès le plus jeune âge et un enseignement de la science informatique pour tous dès la seconde, facteur de créativité et de progrès technique.

   Davantage d'informaticiens, hommes et femmes, car il y a des besoins croissants et une pénurie de professionnels qualifiés. Ainsi la direction des systèmes d'information France de la Société Générale cherche-t-elle à recruter 650 ingénieurs en CDI, 150 alternants et une centaine de stagiaires d'ici la fin de l'année, afin d'accompagner sa transformation numérique [6]. Le groupe compte s'appuyer sur la pédagogie de certaines écoles comme 42 pour l'aider à trouver les bons candidats... sans oublier les incontournables développeurs toujours aussi difficiles à trouver. « Actuellement, tout le monde se les arrache », indique Odile Grassart, directrice recrutement du groupe Société Générale. De son côté, Viviane Chaine-Ribeiro, présidente de la Fédération Syntec, déclare « L'Éducation nationale doit se bouger et vite sur l'enseignement numérique » [7]. Elle précise : « Il y a d'abord la question de la formation initiale. Les équipes pédagogiques du ministère de l'Éducation nationale doivent absolument se saisir du numérique comme matière d'enseignement. Aujourd'hui rue de Grenelle, il y a des gens qui réfléchissent et décident quoi apprendre et comment l'apprendre dans des matières comme les mathématiques, le français, cela n'existe pas pour le numérique. » Elle ajoute : « Nous avons un vrai problème de disponibilité de compétences. Car il y a, d'une part, la transformation digitale de toutes les entreprises et, d'autre part, les besoins des acteurs du numérique et de l'écosystème des start-up. Nous sommes la seule branche à présenter une création nette d'emplois mais nous n'avons pas assez d'experts. »

   Qu'on se le dise ! Les enjeux d'une culture générale informatique pour tous sont forts et le système éducatif tarde à y faire face, malgré des avancées.

15 février 2015

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

NOTES

[1]  Programme des journée ISN-EPI 2015 :
http://idees.loria.fr/index.php?n=Main.ProgrammeJourneeISN-EPI2015

[2] Site de l'Élysée (conférence de presse du 5 février 2015) :
http://www.elysee.fr/chronologie/#e8497,2015-02-05,conf-rence-de-presse-2
Sur le site des Échos
http://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/0204137585560-hollande-invente-la-grande-ecole-du-numerique-1090573.php?54GToxSUczdfHG7r.99

[3] Ont été reçus par Alain Séré, IG et conseiller de la ministre, Laurent Chéno, IG, et Christine Gaubert-Macon, IG : Jean-Pierre Archambault, Georges-Louis Baron, Gérard Berry, Maurice Nivat, Claude Terrosier, François Villemonteix.

[4] La création 3D au Collège de France :
http://www.afjv.com/news/4750_la-creation-3d-au-college-de-france.htm

[5] Voir : http://blog.educpros.fr/claudelelievre/2012/10/29/sciences-medico-sociales-une- nouvelle-agregation/
« Sciences médico-sociales » : une nouvelle agrégation
L'arrêté du 14 septembre 2012 ajoute à l'article 1er de l'arrêté du 28 décembre fixant les sections et les modalités d'organisation des concours de l'agrégation l'alinéa suivant : « Section sciences médico-sociales ».
Cette nouvelle (et dernière) agrégation se situe dans la longue procession historique des créations d'agrégations : en premier les agrégations de la « culture humaniste » (grammaire, lettres classiques, philosophie, histoire), puis celles du domaine des mathématiques et des sciences (qui vont se diversifiant ) , sans compter celles de langues vivantes (en plusieurs étapes temporelles). Et enfin les dernières venues, dont l'ordre d'apparition n'est pas non plus sans signification : en 1962, création d'une agrégation de techniques économiques et de gestion (transformée en 1980 en économie et gestion) ; suivent celles de mécanique en 1968, de génie civil, de génie électrique, de génie mécanique en 1975. L'agrégation d'éducation musicale apparaît en 1974, celle d'arts plastiques en 1975. En 1977 est créée une agrégation de sciences économiques et sociales.
L'éducation physique et sportive (créée en 1982) fermait jusqu'alors la marche de la reconnaissance des excellences disciplinaires (à l'exception de la création de l'agrégation d'une dernière langue vivante – le japonais – en 1984).

La DSI de la Société Générale recherche 900 informaticiens :
[6] http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-la-dsi-de-la-societe-generale-recherche-900-informaticiens-60089.html

[7] « L'Éducation nationale doit se bouger et vite sur l'enseignement numérique », déclare Viviane Chaine-Ribeiro :
http://www.usine-digitale.fr/editorial/l-education-nationale-doit-se-bouger-et-vite-sur-l-enseignement-numerique-declare-viviane-chaine-ribeiro.N312347

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Association EPI
Février 2015

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