Culture générale et enseignement de l'informatique,
une large convergence !
Khalil Rouhana (directeur, Direction générale des Réseaux de communication, du contenu et des technologies, Commission Européenne) a donné les chiffres suivants à l'occasion de la rencontre internationale Sillages 2012 qui s'est tenue le 25 octobre 2012 à l'ENS Ulm [1]. Il y a 500 000 postes de travail non pourvus dans le secteur du numérique (ingénieurs, cadres, techniciens) pour l'ensemble de l'Union Européenne. Et il en est prévu 750 000 à l'horizon 2015. Khalil Rouhana a indiqué qu'un effort devait être fait pour que le numérique devienne une discipline de base, et cela dès le plus jeune âge. Des objectifs doivent être fixés à court, moyen et long termes.
L'Académie des Sciences a publié un rapport le 25 septembre 2012 [2]. Elle rappelle qu'elle « s'est réjouie de la création d'une nouvelle spécialité de science informatique en Terminale S en 2012 ». Mais elle ajoute : « Néanmoins, observant l'immense révolution liée au monde numérique et ses conséquences sur l'emploi comme sur la vie sociale, l'Académie considère que la pratique actuelle des TICE (usages) dès l'école primaire est loin de fournir une véritable introduction à la science informatique. L'Académie considère qu'une introduction à cette dernière est indispensable dans tous les lycées, possible dès le collège, et sans doute dès le primaire. »
Dans un rapport remis par l'Inspection Générale des Finances (IGF) en janvier 2012 [3], on peut lire qu'il existe un « manque d'attractivité pour les formations informatiques lié à l'absence d'enseignement de l'informatique comme une matière à part entière dès le secondaire, à l'inverse d'autres matières scientifiques comme les mathématiques ou la biologie ». Ce rapport est pointé par Fleur Pellerin, Ministre déléguée à l'Économie numérique, dans la consultation des acteurs du numérique sur les priorités à donner en matière d'économie numérique [4].
Et l'on sait que l'industrie, au-delà des informaticiens, a également besoin de personnels ayant acquis et assimilé une culture générale en informatique leur permettant non seulement de dialoguer efficacement avec leurs collègues informaticiens, mais aussi de prendre le recul nécessaire face à leur outil de travail afin d'être des vecteurs actifs de son amélioration et de sa performance.
Il y a donc beaucoup à faire. Mais d'intéressantes et larges convergences venues du monde académique et du monde économique se précisent. Elles sont de nature à favoriser les nécessaires évolutions.
Premier pas positif, un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » a donc été créé en Terminale S à la rentrée 2012. Plus de 10 000 élèves l'ont choisi. Il a ouvert dans, dernier chiffre connu, 727 lycées. Une conférence « ISN au lycée » sera proposée par l'EPI lors du prochain salon Educatice, le mercredi 21 novembre 2012 [5]. L'extension d'ISN en Terminales ES et L a été annoncée par Vincent Peillon. Selon nous, la priorité accordée à l'école primaire doit se traduire par une initiation à l'informatique. Et il faut revisiter la place de l'informatique dans le cours de technologie au collège.
Notons que pour les organisateurs du colloque « Vers un musée de l'informatique et de la société numérique en France ? » [6] qui a eu lieu les 7 et 8 novembre 2012 au Musée des Arts et Métiers à Paris, « 2012 est à la fois l'année où la "science informatique" entre officiellement dans les programmes scolaires, le 50e anniversaire du mot informatique et le 100e anniversaire de la naissance du logicien Alan Turing, l'un des inventeurs de l'ordinateur. ». Dans son intervention, Jacques Baudé, président d'honneur de l'EPI, a souligné la constance avec laquelle l'association déroule son fil d'Ariane depuis sa création en 1971 [7]. La pluralité et la complémentarité des approches s'enracinent dans les premières déclarations de l'EPI [8]. Même si, sur le long terme, l'association a publié et continue de publier beaucoup plus de pages (des milliers) sur l'utilisation de l'informatique dans les différentes disciplines et activités, elle mobilise depuis quelques années – avec d'autres – l'essentiel de ses forces pour obtenir pour tous la création d'un enseignement de culture générale informatique.
Au moment où l'on parle avec insistance de relances économique et industrielle, il y va de l'intérêt supérieur du pays.
15 novembre 2012
Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI
NOTES
[1] Association SILLAGES.info : http://sillages2012.eventbrite.fr/
[2] Avis de l'Académie des sciences sur la refondation de l'enseignement :
http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/avis250912.pdf
[3] Le soutien à l'activité économique et à l'innovation, janvier 2012, page 28 et annexe 3.
http://www.igf.finances.gouv.fr/webdav/site/igf/shared/Nos_Rapports/documents/2012/2011-M-060-02.pdf
[4] http://www.redressement-productif.gouv.fr/le-ministere/fleur-pellerin
Consultation sur les priorités en matière d'économie numérique :
http://www.redressement-productif.gouv.fr/consultation-sur-priorites-matiere-deconomie-numerique
[5] Educatec-Educatice. Conférence organisée par l'EPI :
http://www.educatec-educatice.com/animation_30_396_418_p.html?cid=1493
[6] Colloque pour un musée Informatique en France : http://minf.cnam.fr/
[7] « Quelques points de repère dans une histoire de 40 ans : L'association Enseignement Public et Informatique (EPI) », Jacques Baudé, EpiNet n° 132, février 2011.
http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h11epi_jb.htm
[8] Éditorial du premier Bulletin de l'EPI, décembre 1971.
http://www.epi.asso.fr/revue/01/b01p001.htm
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