Discours généraux sur les TIC en éducation : Éric Bruillard Au cours de la préparation d'un texte consacré aux recherches menées dans le domaine des TIC en éducation, en prenant l'exemple des ENT (espaces numériques de travail), j'ai été amené à étudier la place des recherches dans les plans et rapports officiels et dans les discours, pour l'essentiel dans les sites spécialisés. Cela m'a conduit à analyser plus en détail leur contenu et à essayer d'en saisir le mode de construction. Quel lien peut-on établir entre la ou plus exactement les recherches et ces rapports ? Comment ces derniers sont-ils alimentés ? Mais aussi quelle circulation peut-on observer relativement au contenu et aux propositions de ces différents rapports ? Un peu surpris des éléments que j'ai pu dénicher, j'ai choisi d'en faire un compte-rendu spécifique afin de décrire en détail certains points, parfois anecdotiques, mais dont la somme me semble significative. Des rapports officiels en abondance et finalisés, mais parfois construits et cités superficiellement On ne peut pas dire que le domaine des TIC en éducation souffre d'une pénurie de rapports, loin s'en faut. Ainsi, en se limitant aux rapports politiques qui traitent de cette question, de manière centrale ou incidente mais avec des recommandations, et en laissant de côté les rapports plus techniques comme celui sur le manuel scolaire (Séré et Bassy, 2010) ou celui sur l'industrie du logiciel (Di Cosmo, 2011), on trouve quatre rapports conséquents en moins d'un an et demi : le rapport du député Jean-Michel Fourgous (15 février 2010), celui du Haut Conseil de l'Éducation sur « le numérique à l'École » (avril 2010), le rapport du Conseil d'Analyse Stratégique (18 avril 2011 ; Auverlot et al., 2011) et celui des députés Patrick Bloche et Patrice Verchère (22 juin 2011), Révolution numérique et droits de l'individu. Au milieu, le 25 novembre 2010, est annoncé le Plan de développement des usages du numérique à l'École par le ministre de l'éducation. Ces différents rapports sont reliés puisqu'ils s'appuient, au moins en partie, sur le premier, le rapport Fourgous, abondamment repris dans le plan ministériel de novembre 2010. On s'aperçoit rapidement d'une première petite anicroche. Le rapport a un site d'appui Réussir l'école numérique [1] accessible depuis Educnet [2], qui a été détourné [3], ce qui n'atteste pas d'un intérêt soutenu des uns et des autres pour son contenu. Ces différents rapports émanent de différentes institutions et leurs normes de construction ne sont pas uniformes. Face à des contraintes d'opérationnalité, avec des échéances laissant souvent peu de temps disponible, ils doivent construire un discours orienté vers un certain nombre de propositions et leurs développements internes intègrent cette exigence ; ce n'est certainement pas la qualité de l'argumentation interne qui importe. Leur construction est liée à des réseaux (les consultations) et correspond à une compilation de points de vue qui peuvent aider, voire légitimer les conclusions tirées. Des constats de manque, de « retard », obtenus par comparaison (entre des populations, des situations ou différents pays) sont souvent commodes pour justifier certaines initiatives. Situer quelques reprises entre les différents rapports est instructif. Un exemple intéressant concerne la comparaison entre l'utilisation à domicile et l'utilisation en classe des TIC par les enseignants. Avec Georges-Louis Baron, nous avions montré, il y a une quinzaine d'années, qu'il n'y avait pas de passage simple entre l'utilisation à domicile même professionnelle et l'utilisation face aux élèves. Mais cette question n'est pas interrogée, ne reste, comme nous allons le voir, qu'une suite de données numériques. Le rapport Fourgous, en page 8, énonce qu'« en 2009, 97 % des enseignants sont équipés d'un ordinateur à leur domicile et 94% utilisent les TIC pour préparer leurs cours » [4]. Un peu plus loin, page 116, reprenant les données d'une enquête européenne publiée en 2006, la source étant donnée en note de bas de page [5], des taux d'utilisation en classe sont fournis : Enfin, page 123, les deux séries de données, bien qu'elles ne correspondent pas aux mêmes dates, sont mises en perspective, avec le recours au sempiternel « retard » qui remplace toute argumentation : Le rapport du Haut Conseil de l'Éducation, postérieur au rapport Fourgous, le cite abondamment. Il commence par critiquer une de ces remarques, la corrélation « entre le niveau scolaire relatif, son évolution (mesurés par les tests PISA) et la présence des TICE à l'école » [6]. Le rapport fait un panégyrique appuyé de l'expérimentation « Manuels numériques et ENT », alors que l'expérimentation était en cours (les comptes-rendus sont beaucoup plus mitigés ; MEN, 2011). Il est jugé comme étant le « programme le plus accompli » (page 8) « le programme le plus porteur » (page 11), jugements peut-être en lien avec « un projet économique et culturel de soutien à l'activité des éditeurs français » (page 13). Il est précisé (page 6), suite à une étude en Angleterre, citant Chaptal (2008, p. 3) qui en rend compte, que « Les enseignants ont emboîté le pas de ce programme : 96,4 % d'entre eux déclarent avoir utilisé un ordinateur en classe au cours des 12 derniers mois contre 74,3 % dans l'ensemble de l'Europe et 65,5 % en France ». Et dans le même rapport, reprenant la même source que le rapport Fourgous (et que le texte de Chaptal), page 5 : « Si, en 2006, comme on l'a vu plus haut, 65,5 % des enseignants utilisent les TICE tous niveaux confondus, seuls 8 % des enseignants se servent d'un ordinateur en classe à l'école primaire. » Le glissement est saisissant : l'étude européenne repose sur des déclarations (non vérifiées) d'enseignants et il n'est plus question, dans la citation, de préciser une quelconque fréquence d'utilisation. Cela devient : « utilisent les TICE ». Les rapports sont ensuite abondamment cités et commentés dans la presse spécialisée, au risque d'aboutir à un imbroglio difficilement compréhensible. Ainsi, les chiffres précédents sont commentés dans le magazine Paroles d'élus : Au-delà des erreurs et des approximations (même avec les erreurs, on ne voit pas pourquoi c'est l'équipement des enseignants qui est en question), ce qui est intéressant de noter, outre le fait que les journalistes, souvent pigistes, ont peut-être encore moins de temps que les rédacteurs des rapports, c'est l'absence de consultation des sources primaires et de vérification du contexte de production des statistiques. Il ne s'agit pas de produire un bêtisier, mais de constater qu'au fond, tous ces chiffres n'ont aucune importance. Ils servent de décor pour frapper l'opinion afin de « faire passer » le message que l'on souhaite véhiculer. On joue simplement sur l'écart entre différents nombres. Mais la question, pourquoi faudrait-il que les enseignants utilisent davantage les TIC dans leurs cours avec les élèves n'est pas posée et, pire encore, on ne discute pas le fait que s'il s'agit de développer des compétences pour les élèves, il faudrait avant tout que ce soit eux qui les utilisent, plus que les enseignants ! Notons que l'on trouve maintenant d'autres chiffres dans le rapport d'Alluin pour la DEEP daté d'octobre 2010 (pages 23 et 24), chiffres repris dans le rapport du Conseil d'analyse stratégique (page 11) [8]. Ces glissements sur les chiffres posent la question de la mise à disposition de données publiques sur les questions de TIC en éducation. Certaines données sur les matériels sont disponibles [9]. Des études sont menées, sur des taux d'utilisation, peu sur des types d'utilisation et elles sont insuffisantes. L'observatoire national des TICE, proposé dans le rapport de la mission e-Educ (page 67) n'a pas été mis en place [10]. Nous avons vu que les chiffres peu à peu déformés provenaient d'une étude comparative européenne. Les comparaisons internationales sont en effet un élément récurrent et souvent central dans les rapports : données provenant de grandes enquêtes internationales, telles que PISA, d'études de l'OCDE, de missions spécifiques d'études, de rapports d'agences ou de la Commission Européenne, sans doute parfois de sites de communication institutionnelle. Mais les présentations faites sont rarement approfondies. D'ailleurs, si on peut reprocher aux élèves de ne pas vérifier les sources, des rapports et les articles journalistiques ne font pas forcément mieux. Fantasme : des robots qui enseignent Un exemple caractéristique a trait aux robots. Commençons par le titre qui peut enflammer notre imagination : Comment ne pas être intéressé, quoique un peu inquiet : des enseignants dépassés, sous pression, des robots qui vont les remplacer. Le sous-titre précise : On trouve cet article sur le site apprendreaapprendre.com. Voici la suite : L'installation de robots dans les écoles vise également à répondre à un déficit d'enseignants natifs anglophones en Corée, et plus particulièrement en province. Selon M. KIM So-Yung, un des responsables de l'institut "l'enseignement par robot a prouvé de son efficacité et entraînera des changements importants au sein du marché de l'éducation". » [12] En lisant cet article, on est un peu déçu, il ne s'agit en rien d'un dispositif autonome, mais simplement d'un matériel piloté à distance. Une source est citée, celle de l'ambassade de France [13]. Cet article est repris dans le rapport Fourgous (page 77), dans une forme beaucoup plus claire, commençant par la fin du texte précédent : Le robot "enseignant-multimédia", piloté à distance par le professeur, est capable de se connecter à Internet et Skype (logiciel de téléphonie sur IP), afin de maintenir une interaction permanente avec les élèves. Il peut afficher différents fichiers, texte, son, vidéo... « Après deux mois, nous témoignons d'une progression plus importante que celle initialement attendue » indique Madame CHOI Mi-Ra, directrice de l'institut. » L'expression « robot-enseignant » est conservée et on est réduit à faire des hypothèses sur la différence possible entre l'entreprise conceptrice et l'institut qui atteste d'une progression. Mais une seule source est citée, celle du site précédent [14]. La première source initiale est un bulletin de l'ambassade de France en Corée [15], intitulé Nouvelles technologies de l'information et de la télécommunication. Des écoles coréennes s'équipent de "e-professeurs". Il est repris à l'identique par plusieurs sites [16]. À l'identique pour le texte, mais des images vont être ajoutées. Ce sont des illustrations qui n'ont rien à voir avec les robots en question, ces derniers étant totalement contrôlés à distance par des enseignants d'anglais. Les deux exemples sont suggestifs : des robots plutôt humanoïdes et féminins ! [17] La source initiale, n'est finalement citée que dans la dépêche de l'ambassade de France, Korea IT News : Robot Teaching English [18]. L'article, paru en 2009, intègre une image qui correspond beaucoup mieux à la description que l'on peut lire dans le texte [19]. La lecture de l'article (annexe 1) donne un éclairage un peu différent sur la situation. Il ne s'agit pas de « pression sur les enseignants », mais de coût pour recruter des enseignants dont la langue maternelle est l'anglais (pressure of hiring native teachers). C'est finalement de l'enseignement à distance, avec le fait que l'écran est en quelque sorte mobile. C'est lié au marché de l'enseignement de l'anglais en Corée, dans un institut qui apparaît privé. Je ne suis pas certain qu'il y ait une grande prouesse technique et c'est plutôt destiné à des jeunes enfants. Ils travaillent seuls face à des écrans, et le « robot » piloté par un enseignant distant offre certainement des interactions un peu plus riches, appréciées des élèves. Aller à la source détruit les illusions que l'on aurait pu avoir avec les titres alléchants proposés. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant que l'on trouve cette référence à la Corée, puisque la Corée du Sud est citée dans la plupart des rapports récents sur les TIC en éducation. Des « évocations » internationales rarement très élaborées, se résumant à quelques données contrastées Ainsi, dans le rapport du Haut Conseil de l'Éducation, la Corée du Sud est citée en exemple : « Les classes sont chargées mais les élèves passent moins de temps à l'école que les élèves français. Les performances PISA sont très bonnes... » C'était aussi dans le rapport Fourgous (p. 76-78), avec pour l'essentiel des sources journalistiques et d'agences, plus forcément accessibles. De même dans le rapport du Conseil d'Analyse Stratégique, la Corée du Sud est à l'honneur, mettant en exergue le projet de manuels numériques et, pour un enseignement plus individualisé, le cas du Cyber Home learning (plus de 300 000 utilisateurs quotidiens). Pas de source citée, on a l'impression de communication institutionnelle reprise sans confrontation avec d'autres points de vue. Il est cependant noté (page 18) que « La diffusion de ce projet pilote a été facilitée par le lancement d'une campagne de communication autour du thème "Knowledge Korea" », attestant que tout cela prend place au sein d'un projet de communication. Même s'ils prennent des précautions d'usage sur les comparaisons internationales avec la nécessité de tenir compte du contexte (page 16), peut-être une simple prétérition, ils développent abondamment les exemples. Or, s'agissant de la Corée du Sud, des éléments de contexte essentiels devraient être rappelés : la situation géopolitique du pays, la pression scolaire, les cours complémentaire dans des instituts privés (hagwon) (Madec, 2010)... En effet, pour Kwak (2004), selon des données datant de 2003, plus de 70% des parents coréens envoyaient leurs enfants suivre des cours privés environ 7 heures par semaine. Le fait que les élèves passent trop de temps à suivre des cours complémentaires dans des institutions privées a conduit le gouvernement coréen à établir, en 2010, une limite horaire le soir à ne pas dépasser et l'enseignement à distance est devenu une manière de contourner la loi, les élèves pouvant continuer à travailler chez eux. Le Cyber Home Learning System (CHLS) a été conçu par le gouvernement coréen afin d'améliorer la qualité de l'enseignement public et pour réduire l'écart d'enseignement avec les cours privés. S'il y a en effet en moyenne quotidienne, plus de 360 000 personnes accédant au système (MEST & KERIS, 2009), la plupart des utilisations correspondent à des niveaux compris entre le CM1 et la 5e (Seo et Koo, 2010), les lycéens étant assez peu utilisateurs. Enfin, en 2010, la Commission Nationale Budgétaire a souligné que les effets du CHLS n'ont pas été suffisants et en dessous des objectifs fixés (Les infos sur SBS [20], 6, Juillet 2010) [21]. Par ailleurs, concernant les manuels scolaires en Corée, la première innovation a été de passer d'un système entièrement contrôlé par l'État à une production confiée au secteur privé, avec encore, pour le moment, un système d'approbation par l'État. Le passage aux manuels numériques, quant à lui, est en phase avec les priorités industrielles nationales coréennes et cela permet sans doute d'orienter la production des éditeurs de manuels. On pourrait multiplier les exemples, mais des études détaillées et bien informées sur les pays ne sont pas forcément accessibles et le temps manque souvent pour les mener à bien, surtout pour des rapports aux échéances rapprochées. Ne se diffusent que quelques données chiffrées abondamment reprises et des exemples d'initiatives alimentant la rhétorique d'un prétendu retard français, invitant à des politiques massives d'équipements. Quelques années plus tôt, c'était d'ailleurs en France que cela se passait, même si les expérimentations ont été peu concluantes. La télévision coréenne était présente lors d'une présentation du cartable électronique Vivendi dans un collège de la Somme (Moreuil) au début des années 2000 (Bruillard, 2003 ; Romby, 2003). Sur le site du collège, plusieurs images et vidéos célébraient l'événement. Une photographie montrait deux élèves comparant le poids du cartable électronique avec celui de plusieurs manuels scolaires [22]. Un bilan plutôt négatif sur la prise en compte de la recherche « De nombreuses études scientifiques, menée en France et à l'étranger ont montré les apports du numérique dans l'éducation, à tous les niveaux, école, collège et lycée. » Cet extrait du Plan de développement des usages du numérique à l'École (2010, page 3) résume la manière dont les recherches et principalement les résultats de recherche sont instrumentés. L'annexe 3 reprend abondamment le rapport Fourgous dans une sorte de liste à la Prévert de « résultats » aux dates et aux contextes non pris en compte. Curieusement, l'annexe se conclut en reprenant un texte d'Alain Chaptal, contredisant une partie des résultats précédemment énoncées, puisqu'il affirme qu'« il ne faut pas attendre de l'usage des TIC des résultats rapides se traduisant par des modifications quantitatives des résultats traditionnels du système, les améliorations qu'on peut attendre sont essentiellement de l'ordre du qualitatif ». Mais c'est sans doute la suite qui intéresse le ministère : le fait que les technologies peuvent accompagner les changements d'ordre pédagogique et « favoriser une nouvelle vision de leur métier de la part des enseignants », tout en prenant en compte le fait que cette évolution exige du temps (ce qui permet de s'exonérer à bon compte en cas d'absence de résultat). Pour terminer ce rapide tour d'horizon, l'ouvrage récent de Benoît Sillard (2011), confirme nos précédentes remarques. C'est un livre grand public avec un chapitre sur l'éducation, de quelqu'un de très bien informé puisqu'il a dirigé pendant plusieurs années la sous direction des TICE (enseignement scolaire et enseignement supérieur) et a été délégué interministériel aux usages de l'Internet. On va retrouver tous les « ingrédients » précédemment évoqués : nombreuses citations au rapport Fourgous, des chiffres erronés sur les ENT [23], une section sur le « retard français », reprenant la Corée comme modèle (page 25). Puis une section sur « la valeur des TICE » qui auraient de multiples avantages (utilisation de l'image et du son, travail en groupe, suivi individuel très poussé...), sans préciser de quelle technologie il s'agit dans les différents cas. Quel bilan tirer ? Une multiplicité de discours, peu de données partagées indépendantes, sauf des statistiques très générales issues d'enquêtes internationales, des sources reprises sans vérification notamment des éléments de contexte, tout cela favorisant des glissements de sens, dans des agendas et des temporalités différentes ; les TICE, une étiquette commode pour convoquer la recherche et s'abriter derrière des résultats soigneusement décontextualisés ; un mode de raisonnement en puzzle par simple proximité de pièces, sans argumentation solide pour relier le tout : à partir d'une douzaine de pièces que l'on déforme, on reconstitue un puzzle de 2000 pièces montrant le panorama que l'on souhaite présenter, support aux idées que l'on souhaite faire avancer, sans argumentation pouvant laisser place à un quelconque débat. Il est certes difficile de faire autrement et manifestement, les chercheurs n'ont pas su prendre leur place et mettre leurs pièces dans ces puzzles. Mais pour la recherche, cet état de fait est pour le moins « dissolvant », la faisant disparaître sous un monceau de résultats pas toujours très cohérents. Pour résumer : des slogans... en attente de débats Le problème n'est pas tant qu'il y ait des erreurs, des approximations, des manques de confrontation des sources, mais le fait que cela caractérise un mode de pensée. On comprend la pression temporelle qui doit contraindre les rédacteurs, mais circulent des résultats approximatifs, non discutés, semblant admis sans prise de distance ni débat. Des chiffres non vérifiés deviennent des évidences qui ne peuvent plus être discutées. En fait, ces modes de circulation des textes constituent un formidable plaidoyer CONTRE les TIC à l'école, attestant du risque important qu'elles véhiculent quant au développement d'un embryon d'esprit critique. En tous cas, cela montre que l'éducation a du pain sur la planche pour aider les élèves à utiliser les TIC autrement, pour les armer afin qu'ils comprennent ce qui peut être masqué et développent des compétences pour acquérir une maîtrise éclairée de ces technologies. Il est donc à souhaiter que se développent des espaces de débats, susceptibles d'informer sur les multiples manières de prendre en compte les TIC et l'informatique en éducation. Dans cette perspective, des associations indépendantes comme l'EPI, associant praticiens et chercheurs, ont certainement un rôle à jouer. De manière plus générale, s'agissant des chercheurs, une réflexion est à poursuivre sur leurs responsabilités sociales et sur la valorisation des résultats de la recherche. Éric Bruillard Références Alluin, François (2010). Les technologies de l'information et de la communication (TIC) en classe au collège et au lycée : éléments d'usages et enjeux Les dossiers évaluations et statistiques - DEPP - N°197 octobre 2010, 83 p. http://media.education.gouv.fr/file/197/18/9/Dossier197_158189.pdf Auverlot, Dominique ; Hamelin, Joël ; Lejeune, Eugénie ; Loyer, Jean-Loup ; Rivière, Laurence ; Schaff, Clément (2011). Le fossé numérique en France. Rapport du Gouvernement au Parlement établi en application de l'article 25 de la loi n° 2009-1572 du 17 décembre 2009 relative à la lutte contre la fracture numérique, 120 p. Bigot, Régis et Croutte, Patricia (2010). La diffusion des technologies de l'information et de la communication dans la société française, CREDOC, Enquêtes « Conditions de vie et Aspirations des Français ». n°269, Décembre 2010, 231 p. Bloche, Patrick et Verchère, Patrice (2011). Révolution numérique et droits de l'individu : pour un citoyen libre et informé. Rapport d'information par la mission d'information commune sur les droits de l'individu dans la révolution numérique. Assemblée Nationale, 22 juin 2011, 366 p. Bruillard, Éric (2003). Textbooks and electronic resources for low secondary schools. An analysis of the situation in France. In The Seventh International Conference on Learning and Educational Media (IARTEM), Bratislava, 24-27 septembre 2003. Chaptal, Alain (2008). TICE : Rule Britannia ?, Rapport d'étude réalisée pour Cap Digital, 35 p. téléchargeable (mai 2008) Di Cosmo, Roberto (2011). L'industrie du logiciel, Groupe de Concertation Thématique Mathématiques-STIC, Groupe de travail : Industrie du logiciel. Fourgous, Jean-Michel (2010). Réussir l'école numérique, rapport de la mission parlementaire sur la modernisation de l'école par le numérique, confiée par le Premier ministre, 15 février 2010, 328 p. Haut Conseil de l'Éducation (2010). Le numérique à l'école. 21 p. Kwak, Byong-Sun (2004). Struggle against Private Lessons in Korean Education Context. 28th annual conference of the Pacific Circle Consortium, Hong Kong Institute of Education, p. 21-23 avril 2004, Madec, Loïc (2010). FLE de l'enfer en Corée du Sud ?! Comprendre les contextes pour s'adapter, Education & Formation – e-292, MEST & KERIS (2009). A White Paper : Adapting Education to the Information Age. KERIS. (KERIS : Korean Education Research and Information Service ; MEST : Korean Ministry of Education, Science and Technology) Ministère de l'éducation nationale (2011). Évaluation de la première année de l'expérimentation MN&ENT– Synthèse. Direction générale de l'enseignement scolaire, Sous-direction des programmes d'enseignement, de la formation des enseignants et du développement numérique. Assistance à maîtrise d'ouvrage : Société Klee Group Romby, Anne (2003). Le « cartable électronique » : un exemple d'expérimentation dans un collège. Les manuels à l'heure des technologies. Résultats de recherches en collège, INRP, p. 159-176. Seo, Jeonghee & Koo, Yang Mi (2010). Analysis of Research on the Cyber Home Learning Service. The Journal of Korean Education, 37(4), p. 207-238. Séré, Alain et Bassy, Alain-Marie (2010). Le manuel scolaire à l'heure du numérique : Une « nouvelle donne » de la politique des ressources pour l'enseignement, juillet 2010, 107 p. Sillard Benoît (2011). Maîtres ou esclaves du numérique ? 2049 : Internet, notre second cerveau. Éditions Eyrolles, 246 p. Korea IT News : Robot Teaching English
"Here, the teacher comes. Let's start study!" In an English lecture institute in Ilsan, a 1 on 1 conversation study between elementary student and native speaking teacher has just begun. However, there's no native teacher in the class but only a robot installed by the government to provide remote learning service, the world's first service for learning using communications robot. The institute is one of 8 pilot centers nationwide. Hwakin English, an English lecture service company, has introduced the robot teachers in September to reduce the pressure of hiring native teachers. The principle of teaching English by robot is simple. A native speaking teacher in a foreign country can remotely control the communications robot installed in the class room to lead the conversation with students. In this class room, the native speaking teacher is in the Philippines. It has been two months for the teacher to remotely teach English to students in Korea. ◊ Better than Expected Students also feel the connection and the interactivity with the teacher via the robot. During the break time, the robot can play with students out of the class room. By combining the video communications with the robot technology, a robot became a real teacher. The institute said that there's no change between on-site teachers and remotely controlled robot teachers. Choi Mi-ra, director of the institute, said, "Some students are introvert, avoiding the conversation with teachers. But, they are open to the robot teacher. In the past two months, we witnessed better performances than expected. Particularly, the native speaking teachers are good at remotely controlling the robot." ◊ Solution for Lack of Native Speaking Teacher Hwakin English General Manager Kim So-yung said, "The educational effect of remote learning has been proven. Now, the expensive price of the communications robot is the only left issue. The robot will make a significant change in the English education market." The company hopes that the price of the robot goes down to KRW 2 million. A robot in the class room said, "Thank you. Bye bye!" Then, students respond to the robot. Of course, they are saying to a teacher in the Philippines. It was a bit surprising moment. NOTES [1] http://www.reussirlecolenumerique.fr/. [2] http://www.educnet.education.fr/technocol/actualites/rapport-fourgous-pour-reussir-lecole-numerique [3] A la place, une publicité pour un aspirateur : Robot comme un aspirateur? (L'aspirateur à eau : l'appareil idéal pour les allergiques à la poussière! / Irobots : L'aspirateur robot est un aspirateur complètement autonome capable de nettoyer tout seul la surface complète de votre maison ou appartement). (Consulté plusieurs fois en août 2011, dernière consultation 11 septembre 2011). [4] Ce résultat est donné page 8 et rappelé page 219 et page 239. On ne trouve pas la source de ce résultat, sauf page 194, reprenant une étude CREDOC de 2008 : « En 2008, 94 % des enseignants et 68 % des élèves ont utilisé un ordinateur chez eux pour leur activité professionnelle (ou leurs études) ». Mais le mot « enseignant » n'est nulle part présent dans le document de Bigot et Croutte (CREDOC, 2008). http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/etude-credoc-2008-101208.pdf [5] Information and Communications Technologies (ICTs) in Schools. Étude de la commission européenne sur l'utilisation des TICE en classe réalisée dans 27 pays d'Europe. En ligne. Consulté le 22/10/09. http://ec.europa.eu/information_society/newsroom/cf/document.cfm?action=display&doc_id=175 « Only 66 % of French classroom teachers have used computers in class in the 12 months prior to the survey, with some variation across school types but hardly any variation between urban and rural areas. With this figure France belongs to the bottom half of European countries. Voir Étude Empirica, http://ec.europa.eu/information_society/eeurope/i2010/docs/studies/final_report_3.pdf [6] Note 4 page 1 du rapport du HCE « Le numérique à l'école ». [7] http://www.parolesdelus.com/le-magazine/dossier/ecole-numerique-francaise-une-chimere/les-enjeux-des-tic-dans-le-monde-educatif [8] « En France, 80 % des enseignants déclarent utiliser les TIC pendant leur cours et 64 % organisent des séquences pédagogiques avec "manipulation d'outils TIC par les élèves", mais 40 % des enseignants en font usage moins d'une fois par semaine. » [9] Voir par exemple http://eduscol.education.fr/pid25644/chiffres-cles-2009.html [10] Pour le développement du numérique à l'école. Rapport de la mission e-Educ, Mai 2008. En gros, il s'agit du rapport précédent celui du député Fourgous. [11] Le « e-professeurs » qui est dans la source a sauté dans le titre. [12] http://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/des-écoles-coréennes-equipent-de-e-professeurs-789-8-12.html ; consulté le 9 septembre. [13] Origine : -Ambassade de France en Corée / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/58543.htm [14] Note de bas de page n° 268. « Apprendre à apprendre.com ». En ligne. Consulté le 19/12/09. [15] http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/58543.htm [16] Parfois le titre est suivi de la phrase d'accroche avec un lien sur la dépêche. [17] Première image : site apprendreaapprendre.com. Seconde image : artesi.artesi-idf.com [18] http://english.etnews.com/news/detail.html?id=200902110006 [19] Je n'ai gardé que la partie droite de l'image, montrant uniquement le « robot » et pas les enfants qui sont à côté. [20] Poor Cyber Home Learning Service, a Waste of Budget (July 6, 2010). SBS News. Retrieved October 23, 2010, from http://news.sbs.co.kr/section_news/news_read.jsp?news_id=N1000766645 [21] Éléments fournis par Yang Mi Koo dans un scénario sur l'avenir de l'éducation en Corée, dans le cadre de l'atelier de réflexion prospective soutenu par l'ANR nommé PREA2K30 (http://prea2k30.risc.cnrs.fr/) [22] http://www.ac-amiens.fr/college80/moulin_moreuil/SVT/cartabl&/cartable.htm [23] Les ENT seraient mis en place dans « un peu plus de 1 000 établissements » (page 23). L'ouvrage est daté d'avril 2011. Les chiffres officiels, depuis 2009 tournent autour de 2 000. Voir par exemple Educnet ___________________ |
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