Un manuel pour la formation des professeurs d'informatique Nous avons le plaisir de commencer cet éditorial de juin 2011 en informant nos lecteurs que l'année scolaire se termine de la meilleure des façons pour l'EPI. En effet, nous souhaitons la bienvenue à Gérard Berry, professeur au Collège de France et membre de l'Académie des Sciences, et Maurice Nivat, également de l'Académie des Sciences, tous les deux nouvellement membres d'honneur de notre association. Venons-en au manuel Introduction à la science informatique, dirigé par Gilles Dowek, directeur de recherches à l'INRIA, édité par le CRDP de Paris, pour la formation des professeurs qui enseigneront l'enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » créé en Terminale S à la rentrée 2012. Il paraîtra au début du mois de juillet 2011, sous licence Creative Commons (paternité, pas d'utilisation commerciale, pas de modification). Gérard Berry en a écrit la préface. Il y a 17 auteurs [1]. Le livre comporte une introduction « algorithmes et machines » et 7 chapitres : Représentation numérique de l'information ; Langages et programmation ; Algorithmique ; Architecture ; Réseaux ; Structuration et contrôle de l'information ; Bases de données relationnelles et Web. Ce manuel s'inscrit dans un processus éducatif et culturel dont les enjeux sont essentiels. Ceci nous amène à la formation de tous les enseignants. Les statuts éducatifs de l'informatique étant divers, cette formation doit l'être aussi. Il faut distinguer les publics, chaque enseignant appartenant souvent à plusieurs publics à la fois :
Pour tous, un enseignement de l'informatique, au lycée et au collège, donnant les fondamentaux de culture générale, est et serait le bienvenu (il signifie à la fois gain de temps ultérieur et efficacité). Les enseignants étant d'anciens élèves, les problématiques de la formation des élèves rejoignent ici celles des enseignants. Depuis une trentaine d'années, « la synergie de la microélectronique, du logiciel et des réseaux de télécommunication a détrôné les techniques fondamentales du système productif, jusqu'alors celles de la mécanique, de la chimie et de l'énergie » [2]. Comme l'industrialisation n'a pas supprimé l'agriculture mais l'a industrialisée, « l'informatisation ne supprime pas l'industrie mécanisée : elle l'informatise » [2]. Elle est la forme contemporaine de l'industrialisation. « S'entrelaçant avec le travail des opérateurs humains, l'informatique s'insinue dans l'intimité de la gestion et de la production dont elle devient inséparable... L'économie mécanisée était fondée sur l'alliage de la main d'oeuvre et de la machine, l'économie informatisée, elle, sur l'alliage du cerveau humain et d'un automate programmable » [2]. Cette troisième révolution industrielle suscite des incompréhensions et rencontre des résistances. Des contradictions sont à l'oeuvre. Par exemple, celle entre la distribution de la légitimité à l'« intelligence collective » et le pouvoir des dirigeants. Le citoyen est concerné. L'immatériel a une existence bien matérielle. Ses différentes empreintes écologiques, tout au long de son cycle de vie, sont loin d'être anecdotiques, de la phase de production d'un équipement électronique (extraction et transformation des matières premières, assemblage des pièces) à l'élimination des déchets et au recyclage, en passant par la consommation électrique des ordinateurs et des réseaux [3]. Les problématiques afférentes à l'immatériel et à l'informatique sont à la fois nombreuses, diverses et fondamentales. La société ne saurait se dispenser de donner à tous une solide culture générale scientifique en la matière. La création de cet enseignement d'informatique en TS est une avancée qui va dans le bon sens. Et le manuel Introduction à la science informatique contribuera à sa mise en oeuvre. Le 15 juin 2011 Jean-Pierre Archambault NOTES [1] Introduction à la science informatique, sous la direction de Gilles Dowek, éd. CRDP de Paris, préface de Gérard Berry et contributions de : [2] Michel Volle « Le nouveau monde » [3] « Évaluation des impacts environnementaux de l'informatique : quels outils ? quelles limites ? », Françoise Berthoud et Marianne Parry, Terminal n° 106-107, avril 2011. ___________________ |
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