Gérard Verroust
Cet article correspond au dernier chapitre d'un document de
cours intitulé "Histoire, épistémologie de
l'informatique et révolution technologique" (2ème
année de Maîtrise Sciences et Techniques
Hypermédia - Université Paris VIII).
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document, dont on trouvera en annexe les titres des 14 chapitres
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Une nouvelle science transdisciplinaire
On a vu qu'on trouve au centre de la révolution
scientifique et technique contemporaine une nouvelle étapedans la compréhension et la maîtrise par l'homme des
phénomènes et lois de la Nature : la
compré-hension, la maîtrise et l'utilisation des
processus de direction et de commande et de l'information qui les
représente. Comme la mathématique ou la philosophie
(avec lesquelles elle entretient des relations
privilégiées), cette science nouvelle intervient
pratiquement dans toutes les autres branches du savoir et y
crée parfois des développements considérables.
Rappelons par exemple que l'électronique qui s'est
développée au sein de la physique, à partir de
l'électricité est la branche des sciences de
l'information qui traite de l'usage de l'électricité
pour traiter, transporter, diffuser de l'information, qu'elle soit
analogique ou numérique. Par ailleurs, la révolution
biologique contemporaine est fondée sur la maîtrise des
codes, langages et supports de l'information biologique, sans parler
de la théorie des réseaux neuronaux, de celle de la
régulation ago-antagoniste, etc. Les sciences humaines sont
concernées. On retrouve par exemple dans les modèles de
fonctionnement des systèmes nerveux vivants les
propriétés de mémorisation décrites dans
l'antiquité par les auteurs qui traitaient des arts de la
mémoire, etc.
En outre il est clair que cette science nouvelle n'est pas
réductible à la mathématique comme on l'avait
longtemps pensé, même si, comme la physique, elle
utilise la mathématique et y suscite en retour des
problé-matiques nouvelles. Qu'on songe qu'on sait aujourd'hui
construire des automates qui fonctionnent et pour lesquels on manque
d'outil mathématique de description ou de prévision.
La Révolution informationnelle et l'enseignement
Nous avons vu qu'au coeur du nouveau système technique de
la révolution informationnelle, on trouve des savoirs
fondamentaux nouveaux, même si leurs sources remontent
à l'antiquité ou au moyen-âge.
- Théorie des automates et intelligence artificielle
- Représentation des connaissances, modélisation
- Sémiotique
- Systémique, théorie de l'autonomie
Il faut enseigner à tous les humains les fondements de
l'univers technique d'aujourd'hui et de demain. C'est une question de
liberté, de dignité humaine.
Nous sommes confrontés à un défi comparable
à celui de la Révolution Industrielle. On sait que la
politique d'alphabétisation massive, bien adaptée aux
besoins de la société du XIXe siècle, a
fait de la France une grande puissance scientifique et industrielle.
Et aujourd'hui on peut parler d'une nouvelle alphabétisation.
On a vu que dans le nouveau type de société en
émergence, trois activités humaines sont confondues :
- Production directe ou indirecte
- Recherche & développement
- Enseignement, communication des connaissances.
Et en outre les gains considérables de productivité
réduisent considérablement le temps consacré
aux activités productives, faisant jouer un rôle de plus
important à la création artistique, la recherche, les
jeux, le plaisir, etc. dans l'activité humaine.
Donc dans la société informationnelle,
l'enseignement devient une activité permanente puisque toute
sa vie il faudra communiquer son savoir, son expérience
personnelle, ses résultats et recevoir ceux des autres. C'est
ce qu'implique la mise en oeuvre de l'intelligence collective. Mais
l'enseignement initial est bouleversé dans tous ses aspects :
1 - contenu
2 - fonction
3 - méthodes
4 - organisation
1 - Contenu - Bien évidemment comme cela s'est
déjà produit dans l'histoire, un changement profond de
la base matérielle de la société conduit
à de nouveaux savoirs et à une recomposition des
savoirs.
Les nouveaux savoirs sont ceux qui fondent le nouvel univers
technique dans lequel les hommes vont vivre, créer.
(Théorie des automates, Intelligence artificielle,
Modélisation et représentation des connaissances,
formalisation, sémiotique, systémique, etc.). Nous en
avons vu les fondements dans ce cours.
Mais on assiste à une recomposition des savoirs : les
découvertes essentielles aujourd'hui se font dans des champs
interdisciplinaires. Qu'on songe aux sciences cognitives qui
s'étendent depuis la psychologie jusqu'à
l'électronique en passant par la neurophysiologie, la
génétique, le connexionnisme, la systémique.
De plus comme lors de toute époque de transformations
profondes se reconstitue une alliance de la théorie et de la
pratique, une fécondation réciproque. Cette situation
a déjà été vécue au
XVIIIe siècle et a fondé la démarche
des Encyclopédistes.
Enfin le transfert du savoir ouvrier vers des systèmes
automatiques pose le problème de la transmission du savoiracquis par l'action directe entre l'homme et la matière. Le
travail manuel non dissocié du travail intellectuel devient
une activité culturelle et pédagogique plus que jamais
nécessaire. Dans son utopie (News from Nowhere), William
Morris imagine une société de l'avenir dans laquelle le
travail devient une activité de loisir librement
effectuée pour le plaisir. On songe aussi à
l'utilisation des passions dans la société d'harmonie
de Charles Fourier, la diversité des profils, des
désirs des humains conduisant toujours à trouver ceux
pour lesquels un travail donné est un jeu, une passion, un
plaisir.
2 - Fonction - La fonction de l'enseignement initial reste la
préparation à la vie individuelle et sociale ce qui
implique bien sûr l'acquisition des connaissances, de
l'expérience accumulées depuis l'origine de
l'humanité.
La société industrielle du XIXe
siècle avait besoin pour se développer d'hommes
porteurs d'un savoir ouvrier indispensable pour agir directement sur
des outils ou des machines dans le cadre d'une organisation
productive fondée sur la division du travail. On avait besoin
d'une armée d'ouvriers sachant lire, écrire, compter
mais bien disciplinés. Un apprentissage à la fois riche
et spécialisé, bien encadré. Et par ailleurs la recherche, la création, le
développement étaient effectués par des
professions intellectuelles spécialisées : corps
intermé-diaires entre la classe possédante et les
producteurs directs. Un ordre d'enseignement bien distinct formait
ces élites.
On sait toutefois que l'enseignement français,
marqué par la tradition humaniste des Lumières,
n'assignait pas à l'enseignement un rôle uniquement
utilitaire mais aussi émancipateur, ce qui place aujourd'hui
la France dans une situation originale face à une conception
anglo-saxonne marchande étroitement utilitariste de
l'enseignement.
Aujourd'hui, il s'agit de préparer à une
société fonctionnant en réseau. Et la dimension
émancipatrice devient stratégique. Il faut apprendre
à vivre, à créer, à communiquer, à
collaborer dans des situations non-hiérarchiques, et aussi
à développer son originalité, ses
potentialités, ses richesses propres ce qui est nouveau.
3 - Méthodes - Le développement des nouvelles
technologies de l'information et de la communication conduit
à mettre en oeuvre des systè-mes interactifs
d'enseignement d'une grande puissance car ils conjuguent la richesse
de la communication (textes, sons, images fixes ou animées)
avec l'interactivité qui demande à l'usager
l'activité concrète nécessaire à
l'acquisition des connaissances. Et en outre ils s'adaptent
exactement au profil de l'usager et à son rythme
d'apprentissage.
Ces nouveaux moyens ne suppriment pas le rôle de
l'enseignant vivant (pas plus que le livre ne l'avait fait) mais
modifient profondément sa manière de travailler.
Par ailleurs il faut rappeler que la connaissance implicite
intuitive des propriétés d'un système
informatique qu'on acquiert en l'utilisant comme outil d'enseignement
ne saurait remplacer l'enseignement nécessaire des bases
conceptuelles des sciences de l'information et de la commande.
4 - Organisation - On retrouve dans l'organisation de
l'activité enseignante elle-même toute la
problématique de la révolution informationnelle.
Au XIXe siècle, l'apprentissage de
l'obéissance à l'autorité dans un système
hiérarchique bien structuré faisait partie de
l'apprentissage aux valeurs idéologiques et morales qui
fondaient la société. Ainsi l'École et la
Famille se complétaient parfaitement.
L'enseignant, dont la fonction est plus nécessaire que
jamais, n'est plus le maître (mot lourd de sens) qui dispense
du haut de son autorité des savoirs définitifs, dans
une relation de domination/obéissance, mais le coordinateur
qui doit susciter de chaque élève des qualités
nouvelles : Initiative, originalité, aptitude à
communiquer et à raisonner pour construire son savoir.
Cela veut dire que de plus en plus on verra ce qu'on constate avec
l'usage des ordinateurs dans les écoles : des
élèves se trouveront être plus à l'aise
que leur enseignant dans la maîtrise de nouveaux concepts ou de
nouveaux outils, et les enseignants dont le rôle change devront
non seulement l'accepter mais s'en réjouir.
L'enseignant apprend aux jeunes élèves à
aller chercher les informations, et à les critiquer, à
construire son propre savoir. Il doit leur apprendre à la fois :
- à développer leurs aptitudes personnelles
originales, irremplaçables,
- à communiquer, collaborer en vue de la réalisation
collective d'objectifs communs.
D'où l'intérêt par exemple des classes
télématiques expérimentales de Rachel Cohen,
connectées à Internet, ou de ce qu'on appelle aussi aux
USA le CSCL (Computer Supported Cooperative Learning) ou
éducation coopérative assistée par ordinateur.
Et là nous voyons apparaître le problème
essentiel de la ou des langue/s de communication utilisée/s
sur les réseaux électroniques. Il faut :
- Savoir et pouvoir utiliser sa langue pour exprimer toute la
richesse, les finesses de sa pensée,
- Savoir comprendre la langue des autres dans laquelle s'exprime
la richesse de leur pensée.
En conjonction avec le développement des moyens
informatiques d'aide à la traduction, l'apprentissage des
langues étrangères devra jouer un rôle de plus en
plus important.
Pour conclure, nous remarquons que les missions
traditionnellement imparties à l'Enseignement
Supérieur (autonomie intellectuelle, construction des
connaissances, aptitude à la communication) devraient devenir
celles de tous les ordres d'enseignement.
Famille, vie sociale
Pour comprendre l'importance de la révolution
informationnelle sur les aspects y compris les plus intimes de la vie
humaine, il nous faut rappeler l'originalité de l'être
humain dans l'histoire de la vie sur terre. Quelle que soit
l'explication qu'on donne de l'apparition ou de l'émergence
de l'homme sur terre, celui-ci se distingue des animaux par une
qualité essentielle : il est le premier être vivant chez
qui l'acquis prime sur l'inné, et dont en particulier le
système nerveux se construit en grande partie après la
naissance. Indépendamment de tel ou tel détail du
patrimoine génétique d'un individu, ce qui le
différencie des animaux c'est qu'il n'est pas
étroitement déterminé biologiquement.
Ceci veut dire qu'à partir d'un certain héritage
biologique, l'homme est avant tout un être social. Il est le
premier être vivant qui a une histoire. Il y a un
progrès mesurable dans la maîtrise de concepts d'une
génération à l'autre. On a vu que Charles
Babbabe n'a pas inventé l'ordinateur car il fallait faire
appel à des notions qui étaient entièrement hors
de l'entendement des hommes du siècle dernier. Aujourd'hui il
est normal que des enfants soient plus à l'aise avec un
ordinateur que leurs enseignants, plus âgés.
Mais aussi comment le rappellent sans arrêt les historiens,
les ethnologues, le développement de la famille monogamique
patriarcale est un phénomène récent et
limité. Depuis des siècles nombre de chercheurs
(Morgan, Malinowski, etc.) font remarquer que les organisations
sociales diverses de l'humanité ont engendré une grande
diversité d'organisations familiales, de comportements
sexuels, affectifs. Il semble raisonnable de penser que de nouvelles
formes de vie individuelle vont résulter du changement
fondamental des bases matérielles de la société
que constitue la révolution informationnelle. Et aujourd'hui
on assiste à un conflit dramatique entre l'idéologie
sociale, les valeurs de la société industrielle du
XIXe siècle inscrites dans la sensibilité
profonde, la sexualité, les modes de pensée des
individus et la nouvelle base matérielle en émergence
qui conduit déjà à des modifications
spontanées de comportements.
Un nouveau système de valeurs
Libéré de servitudes biologiques, disposant
grâce au bond en avant de la productivité de loisirs
considérables ou plutôt de la possibilité
d'effectuer des travaux non productifs au sens étroitement
marchand, devant développer ses richesses propres, son
originalité et non plus se plier à un rôle
stéréotypé imposé par la discipline du
système productif, tel est l'humain de la
société de demain, ou d'après-demain. On est
bien loin des valeurs officielles héritées de la
société industrielle classique.
En fait nous arrivons à une situation radicalement nouvelle
rêvée depuis longtemps par de nombreux utopistes et dans
laquelle devient possible la disparition quasi-totale du travail
aliéné auquel on est contraint pour assurer ses
besoins fondamentaux. C'est en effet ce seul type de travail qui est
mis en cause et non le travail créatif de l'artiste, de
l'artisan, du savant, activité choisie par laquelle l'homme se
construit, se réalise, s'assimile le monde matériel et
social en agissant sur celui-ci et en développant et
enrichissant avec plaisir ses possibilités personnelles,
toujours uniques.
Quel nouveau système politique, économique, social
saura mettre en oeuvre cette révolution ? On comprend
l'intérêt actuel porté aux utopies (et en
particulier à l'oeuvre de Charles Fourier) aux valeurs
féministes, etc. qui peuvent donner des clés pour
l'avenir, aux techniques de déprogrammation individuelles
(mouvement des thérapies, oeuvre de Wilhelm REICH) pour
libérer les individus de vieux conditionnements
aliénants, aux nouvelles formes de vie familiale, sexuelle
qui, d'ailleurs se manifestent spontanément alors que la
morale officielle inscrite dans la loi, implicitement admise et donc
imposée par les médias de masse est toujours celle de
la société industrielle patriarcale du XIXe
siècle...
Il est intéressant aussi de relire les extraordinaires
intuitions de William Morris, utopiste anglais du siècle
dernier qui imaginait une société du loisir
incroyablement actuelle dont il ne supposait la réalisation
que dans plusieurs centaines d'années.
Certains ont fait remarquer que la société
informationnelle conduirait à la réalisation des
idéaux des Lumières, après la longue
parenthèse de la révolution industrielle et des formes
aliénantes qu'elle a prise par suite de contraintes
matérielles qui n'existent plus. On en arrive ainsi à
renouer avec une des dimensions originales de la culture
française. Mais quelle organisation politique aussi émergera ? Quelle
sera l'organisation démocratique de demain ? Problème
ouvert alors que, comme le signalent nombre de politologues, se
manifeste un désintérêt spontané pour les
institutions et organisations actuelles.
Ajoutons, et ce n'est pas rien, que plus que jamais auparavant la
création artistique individuelle et collective deviendra une
activité sociale majeure concernant tous les humains. Et avec
des moyens de création, de diffusion sans
précédent. On peut penser être au début
d'une période nouvelle de la vie artistique de
l'humanité. On a pu parler aujourd'hui de la
possibilité d'un miracle grec pour tous. On sait qu'on appelle
miracle grec ce moment dans l'histoire de l'humanité où
le développement de l'organisation sociale et une division du
travail basée sur l'esclavage a permis à une couche
étroite d'hommes de se consacrer à autre chose
qu'à la survie quotidienne et qui donc ont pu
développer arts, lettres, science, philosophie.
L'information, produit stratégique et son statut
Afin de faire comprendre le type de problèmes auquel est
confronté le système économique, nous allons
examiner le statut de l'information comme marchandise.
Nous avons vu qu'aujourd'hui l'homme, au lieu de créer
directement des objets avec des outils ou des machines qu'il conduit
directement, incorpore des parties de son savoir de
production/création dans des machines automatiques de type
nouveau sous forme d'information.
Si cette information qui constitue une partie de lui-même
devient propriété de son employeur, celui-ci ne
possède pas simplement un produit fabriqué par son
salarié mais la force productive de ce salarié, une
partie du travailleur lui-même. Il se constitue ainsi un
rapport esclavagiste... Rappelons qu'en économie capitaliste
sont inaliénables tant les oeuvres de l'esprit que tout ou
partie de la personne. Et l'introduction récente dans le droit
de dispositions dépossédant les salariés de leur
production informationnelle au profit de leur employeur, si elle a
été motivée par le souci de défendre les
intérêts des classes possédantes, pose des
problèmes d'éthique graves et crée des
contradictions inextricables. Remarquons que cette relation entre
travail vivant et travail mort avait déjà
été étudiée au XIXe
siècle, mais elle ne concernait alors que quelques aspects
marginaux de l'incorporation de tours de mains ouvriers dans quelques
machines-outils.
Il faut en outre rappeler, qu'en droit et en économie
politique l'information n'est pas une marchandise. En effet, une
marchandise est une chose possédée qu'on n'a plus
lorsque, lors d'une transaction, on l'échange contre de
l'argent. Or dans le cas de vente d'information le vendeur reste
propriétaire de cet objet qu'il peut continuer à vendre
indéfiniment. On comprend les règles souvent
étranges de fixation des prix par exemple de logiciels, et
l'absurdité de certains chiffres donnés sur lecoût du piratage, en fait rigoureusement impossible à
chiffrer.
Ceci concerne aussi les biens culturels. Dans le cas d'un livre
imprimé classique, le coût de fabrication n'est pas
négligeable et la rémunération de l'auteur,
inaliénable, est minime. Or nous nous trouvons en
présence maintenant de supports d'information dont la
capacité est gigantesque et le coût dérisoire, de
produits culturels dont le prix est presque uniquement
constitué par des droits d'auteur. On conçoit que cette
révolution est d'une importance plus grande encore que
l'invention de l'imprimerie.
Par ailleurs les techniques de reproduction, de transmission vont
de plus en plus tenir en échec toute méthode de
protection. En effet, l'usage des équipements bon
marché de recopie/duplication de toutes les informations
numérisées (musique, films, oeuvres littéraires,
etc.) va se généraliser. En outre la
numérisation permet et permettra de plus en plus tous les
trucages, détournements, transformations, altérations
non décelables. De plus la transmission à distance par
les réseaux (inforoutes d'Internet appelées
vulgairement "autoroutes de l'information", ATM, etc.) donnera
accès de partout dans le monde à ces informations.
C'est pourquoi diverses études prospectives conduisent
à faire remarquer qu'on s'achemine peut-être vers une
civilisation où la rémuné-ration du
créateur sera indépendante de la vente de sa
création, et ce en totale opposition avec les règles
fondamentales de l'idéologie libérale officielle
actuelle, mais aussi que des menaces peuvent peser sur
l'intégrité morale des oeuvres de toutes sortes
(détournements, falsifications indé-celables)
En outre on a souligné que l'interactivité met en
cause la notion même d'auteur dans une oeuvre combinatoire
où le lecteur construit sa propre lecture unique à
partir des matériaux donnés par le créateur. On
assiste ainsi à l'émergence d'un nouveau type d'oeuvre
artistique ; le jeu réalisé par un artiste pour des
spectateurs-acteurs. Par ailleurs les outils informatiques permettant
à chacun de réaliser sur des oeuvres
numérisées dont il dispose d'innombrables
altérations, détournements, annexions, transformations
ou falsifications posent des problèmes nouveaux.
Gérard Verroust
Paru dans la Revue de l'EPI n° 89 de mars 1998.
Vous pouvez télécharger cet article au format .pdf (144 Ko).
BIBLIOGRAPHIE
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ROUBAUD Jacques : L'invention du fils de Leoprepes, Lyon,
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VANEIGEM Raoul : Avertissement aux écoliers et
lycéens, Paris, 1001 nuits, 1995.
VERROUST Gérard : Déontologies et Éthiques,
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VERROUST Gérard : La Révolution informationnelle du
XXe siècle, Athènes, European Philosophy Conference,
1985.
YATES Frances A. : L'art de la mémoire, Paris, Gallimard,
1975
(COLLECTIF) : Informatique et enseignement, Paris, Documentation
Française, 1983
ANNEXE
Sommaire du document
01 * La formation du calcul d'Al Khorizmi à Turing
02 * Les instruments de calcul analogiques et numériques
03 * L'histoire des automates et de l'horlogerie
04 * la révolution industrielle et ses limites : Charles
Babbage
05 * L'évolution technologique jusqu'à la
synthèse de Von Neumann (1947)
06 * Rappels fondamentaux sur le fonctionnement d'une machine de
Von ou ordinateur
07 * Les "générations" d'ordinateurs : grandes
étapes des techniques électroniques
08 * La conquête de la mémoire
09 * Les grandes classes de langages de programmation
10 * Le dialogue homme-machine de la carte perforée
à la réalité virtuelle
11 * Cybernétique et Systémique, automates neuronaux
& connexionnistes
12 * Le calcul en temps réel, la conduite de processus
industriel, la robotique
13 * Révolution informationnelle, travail, production
14 * Révolution informationnelle & éducation,
vie sociale, familiale, culturelle.
___________________
Association EPI
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