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La Science : école de citoyenneté

Ce texte de l'Académie des sciences a été remis à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la recherche, le 10 mars 2015.

   Le système éducatif français est en grande difficulté. Toutes les enquêtes montrent des taux d'illettrisme et d'innumérisme inacceptables qui ont des conséquences graves tant sur l'avenir des jeunes que sur notre société. En contradiction avec les principes fondamentaux de notre République, ces difficultés sont très inégalement réparties sur le territoire et dans les différentes couches sociales de notre population. L'Académie des sciences s'inquiète de cette situation et entend bien contribuer à la recherche et à la mise en place de solutions pour ce qui concerne l'enseignement des sciences dont l'importance n'est pas suffisamment considérée eu égard aux enjeux pour la formation scientifique des citoyens et la stimulation des vocations scientifiques.

   Depuis longtemps, l'Académie participe à la réflexion sur l'enseignement et agit. Elle a transmis à plusieurs reprises, à la demande du Ministère de l'Éducation nationale, des propositions relatives au Socle commun de connaissances et de compétences en 2006 ainsi qu'aux programmes, et a cherché à faire introduire des contenus de connaissances substantiels et riches dans le nouveau Socle commun de compétences, de connaissances et de culture qui vient d'être promulgué. On lui doit également un grand nombre de propositions concrètes, comme par exemple celle du rapport récent sur la place que devrait occuper l'informatique dans l'enseignement. Au-delà de réflexions et de propositions, l'Académie agit également, en particulier à travers la Fondation La main à la pâte dont le succès a dépassé nos frontières. La formation continue des maîtres, traitée par l'Académie dans ses avis de 2005, 2007, 2010, est en effet cruciale et les neuf Maisons pour la science au service des professeurs en proposent une approche nouvelle. La formation initiale est tout aussi décisive dans les nouvelles matières comme l'informatique, qui ne pourront pas être correctement enseignées selon les objectifs fixés sans une formation solide des enseignants.

   Désormais il faut redoubler d'efforts. Connaître et comprendre quelque peu la science n'est évidemment pas le seul remède, mais c'est une condition nécessaire au redressement de la situation. Une maîtrise minimale de concepts scientifiques, mais surtout de la méthode scientifique, est indispensable au renouveau de l'École, du primaire au lycée. La pratique de la science apprend à raisonner par soi-même : elle est un fort antidote au dogmatisme. L'élève qui a compris des démonstrations, même très simples, ou qui a réalisé des expériences scientifiques est mieux équipé pour faire ses propres choix et pour vivre dans notre société, où l'émotion et les fausses informations sont omniprésentes. La science est aussi un effort collectif qui nécessite d'argumenter, discuter, convaincre, ou d'abandonner ses opinions. La pensée scientifique est une école de débat, donc une école de citoyenneté.

   Pour que la raison demeure ou redevienne l'une des valeurs fondamentales de notre pays, l'Académie des sciences peut jouer un rôle dans les graves enjeux actuels de l'éducation. Elle est prête à mettre son expertise au service de cette cause pour contribuer à poursuivre l'effort à tous les niveaux de l'enseignement, partout mais surtout là où le vivre ensemble est le plus menacé. La science doit jouer un rôle majeur dans le renouveau de notre système éducatif, en contribuant à lui redonner la place qui lui revient dans l'enseignement général, mais aussi dans la préparation aux métiers de la science et de ceux qui s'appuient sur ses fondements.

Paris, 10 mars 2015
Académie des sciences

http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/enseignement_100315.pdf

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Avril 2015

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