AVANT-PROPOS

Georges-Louis Baron et Jacques Baudé
 

   Après plus d'un an de préparation, ce colloque sur l'intégration de l'informatique dans l'enseignement et la formation initiale et continue des enseignants s'est tenu en janvier 1992. Un de ses objectifs était de permettre à des acteurs de la formation, de la recherche et de l'innovation venant de différents champs disciplinaires de se rencontrer, vingt ans environ après les premières opérations nationales d'introduction de l'informatique dans les lycées.

   Il s'agissait de faire le point à un moment relativement « critique » : d'une part, et cette tendance semble bien établie, l'informatique tend à se dissimuler derrière des instruments logiciels à vocation d'outils quotidiens dont l'intégration dans les différents enseignements est le plus généralement considérée comme indispensable. D'autre part, si jusqu'à présent, c'est essentiellement grâce à des programmes de formation continue que les enseignants ont pu se familiariser avec les applications éducatives de l'informatique, la mise en place des IUFM renouvelle la question. Quelle place l'informatique et ses instruments (et plus généralement les technologies de l'information et de la communication) peuvent-ils y trouver ?

   Faire le point est une première étape. Il fallait aussi essayer de déterminer, en se fondant sur les résultats obtenus depuis deux décennies et sur les évolutions techniques et sociales, quelles sont les perspectives, à la fois pour la formation et la recherche.

   Ce lien entre formation et recherche est essentiel : la plupart des formations assurées en informatique pédagogique depuis vingt ans (essentiellement donc dans le cadre de la formation continue), ont entretenu des liens étroits avec la recherche, qui identifie des pistes, étudie les effets de dispositifs existants et contribue à créer de nouveaux outils et environnements d'apprentissage. Il est important à ce sujet que les IUFM entretiennent eux-aussi un rapport très privilégié à la recherche, et notamment à la recherche en éducation.

   Le comité de pilotage du colloque a essayé de prendre en compte toute la diversité des expériences menées dans différents secteurs de la formation, avec comme hypothèse que l'ensemble de la communauté éducative pourrait entendre et tirer parti des messages de chacun.

   Délibérément, les contributions générales ont été limitées et le « coeur » du colloque a consisté en ateliers consacrés à différents thèmes identifiés lors de la phase de préparation. Chacun d'entre eux, d'une durée d'une demi-journée, a été animé par une personnalité du domaine, qu'elle soit enseignant, formateur, chercheur, inspecteur ou responsable ministériel. Après des exposés introductifs, des discussions et des débats parfois animés se sont succédés.

   C'était d'ailleurs une des raisons d'être du colloque : dans un domaine encore en évolution, plusieurs points de vue existent ; le débat est possible et il est même indispensable ; quelles que soient les décisions de mise en oeuvre qui sont prises, elles gagnent à être largement et contradictoirement éclairées. Se déroulant dans le cadre d'une manifestation scientifique, ces débats ne sont pas strictement contraints par des considérations d'ordre opérationnel.

   Une fois le colloque achevé et les participants retournés à leurs obligations quotidiennes, restait à essayer de conserver par écrit une partie des opinions et témoignages de chacun, afin de permettre à un lecteur intéressé par la question de l'informatique en éducation d'avoir accès à une partie de la substance de ces débats.

   C'est l'objet du présent ouvrage qui regroupe des contributions écrites présentées par les participants. Il faut le considérer comme un panorama, à un moment donné, sur la question des conséquences de l'intégration de l'informatique dans l'enseignement, notamment pour les formations d'enseignants (tout particulièrement d'enseignants de second degré, puisque cet ordre d'enseignement était majoritairement représenté au colloque).

   Dans une première partie, des points de vue généraux parfois assez tranchés sur les enjeux et les perspectives du développement de l'informatique sont présentés : en quoi l'informatique est-elle une technologie du travail intellectuel ? Comment les « nouvelles technologies de l'information et de la communication permettent-elles de comprendre l'intelligence humaine et de penser différemment la formation des enseignants ? Faut-il former à l'informatique de l'école primaire à l'université (et comment) ? Comment l'informatique change-t-elle les façons de travailler dans l'industrie ?

   Une deuxième partie est organisée autour de thèmes forts et récurrents très discutés pendant le colloque et relatifs aux pratiques et démarches pédagogiques. Ainsi, la modélisation et la simulation, les banques et bases de données, l'ordinateur outil pour l'enseignant, sont des thèmes dont l'importance se confirme. Par ailleurs, toute formation doit avoir une dimension prospective : ce qui semblait relever de la science-fiction voici quelques décennies est en passe de se concrétiser. De nouveaux environnements de travail apparaissent (notamment des ordinateurs portables). Quelles en sont les nouvelles potentialités, quelles transformations du système éducatif vont-ils permettre ?

   La troisième partie est, pour sa part, centrée sur les aspects liés à la formation des enseignants. Elle aborde tout d'abord, de différents points de vue, la question des compétences transversales que doivent avoir les enseignants pour mettre en oeuvre des outils logiciels. Puis enfin le problème des ingénieries de formation qui peuvent (ou doivent) être utilisées est posé.

   Puissent les lecteurs trouver dans cet ouvrage des éléments de réponse à des questions qui se posent, ou se poser de nouvelles questions.

Paru dans L'intégration de l'informatique dans l'enseignement et la formation des enseignants ; actes du colloque des 28-29-30 janvier 1992 au CREPS de Châtenay-Malabry, édités par Georges-Louis Baron et Jacques Baudé ; coédition INRP-EPI, 1992, p. 9-11.

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