Paris, le 22 octobre 2013
Les signataires à : |
M. Alain Boissinot,
Président du Conseil Supérieur des Programmes
|
Objet : demande de rencontre.
Monsieur le Président,
La loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République prévoit qu'« une option "Informatique et sciences du numérique" sera ouverte de façon adaptée à chacune des séries du baccalauréat technologique et général. ». Ceci a été confirmé récemment par une lettre de Vincent Peillon au Président du Sénat que ce dernier a porté à notre connaissance.
Enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » ouvert en terminale S à la rentrée 2012, extension « à la rentrée 2014 à l'ensemble des terminales des séries du baccalauréat général et technologique », expérimentation dans l'académie de Montpellier, enseignement de l'informatique dans les CPGE, etc. Un processus est en marche.
Il s'agit d'avancées importantes. En effet, l'informatique est au coeur des activités numériques essentielles pour notre pays. L'informatique sous-tend le numérique comme la biologie sous-tend le vivant et les sciences physiques l'industrie de l'énergie. Son impact sociétal et économique explose au XXIe siècle. L'informatisation est la forme contemporaine de l'industrialisation. On ne compte plus les débats de société suscités par le numérique et l'informatique (loi Hadopi, neutralité du Net, libertés...).
Selon nous, ces avancées doivent tendre vers la création, dans le secondaire, d'une discipline de science informatique pour tous et pour l'ensemble des niveaux. Son enseignement – comme le préconise le rapport de l'Académie des Sciences (L'enseignement de l'informatique en France - Il est urgent de ne plus attendre) – doit débuter dès le collège au même titre que celui de la physique ou de la biologie, après une sensibilisation à l'école primaire [1]. Enfin, il ne doit pas être à caractère optionnel, puisque ce sont bien tous les citoyens qui sont déjà confrontés à des questions qui ne sauront se résoudre que grâce à une compréhension du monde numérique, rendue possible par une initiation à la science informatique.
L'informatique doit être une composante de la culture générale scientifique et technique de tous les élèves.
Ajoutons que les pays autour de nous prennent conscience aussi de ces enjeux et de l'importance d'enseigner l'informatique dès le collège voire l'école. À ce stade, le projet français nous semble encore très en retrait de ce qui devrait être fait et de ce que font des pays développés ou émergents. Une des raisons de cette frilosité réside peut-être dans le fait qu'un problème de l'oeuf et de la poule se pose en France : pour être ambitieux en matière de formation à l'informatique il faut des enseignants formés pour cela, et pour recruter des enseignants dont la discipline est l'informatique, il faut qu'un volume d'enseignement le justifie. Or il n'y a quasiment pas d'enseignants formés à l'informatique dans l'enseignement secondaire.
Nous souhaiterions nous entretenir avec vous de cet important dossier qui conditionne en grande partie l'avenir culturel et économique de notre pays.
Nous vous prions d'accepter, Monsieur le Président, l'expression de notre considération distinguée.
- Serge Abiteboul, Professeur au Collège de France (2012), membre de l'Académie des Sciences, membre du Conseil National du Numérique.
- Jean-Pierre Archambault, Président de l'association Enseignement Public et Informatique (EPI).
- Gérard Berry, Professeur au Collège de France, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie des technologies.
- Colin de La Higuera, Président de la Société Informatique de France (SIF).
- Gilles Dowek, Directeur de recherche à l'INRIA, Grand Prix de philosophie de l'Académie Française.
- Maurice Nivat, membre de l'Académie des Sciences.
Contact : Jean-Pierre Archambault
bureau@epi.asso.fr
NOTE
[1] L'enseignement de l'informatique en France - Il est urgent de ne plus attendre
Rapport de l'Académie des sciences - Mai 2013.
http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/rads_0513.pdf
|