Intelligence artificielle (suite)
 

   Il nous semble que l'arrivée soudaine des IA génératives sur la place publique nous conduit à nous interroger sur leur impact dans l'enseignement et plus généralement sur l'impact de ce qu'il est convenu d'appeler « l'intelligence artificielle  ».

« État de l'art et de la pratique de l'intelligence artificielle dans l'éducation »

   Un article récent (2022) « État de l'art et de la pratique de l'intelligence artificielle dans l'éducation » de deux auteurs européens [1], a été publié dans le Carnet de veille et de valorisation des travaux de recherche sur le numérique dans l'éducation soutenus par la Direction du numérique pour l'éducation (MENJ) [2].

   Les auteurs passent en revue les systèmes d'IA existants dans l'éducation, y compris les IA génératives, et leurs hypothèses pédagogiques et éducatives. Ils décrivent différentes façons d'utiliser ces nouveaux outils. Il nous a paru intéressant de faire connaître cette mise au point aux lecteurs d'EpiNet, et nous la reproduisons dans la rubrique « Articles » de ce numéro.

   La traduction est de notre collègue François Bocquet.

   Tout d'abord, pour comprendre l'avenir de l'IA dans l'enseignement, il faut se pencher sur son histoire [3], c'est fait dès l'introduction.

   La section suivante revient sur les tentatives de définition de l'IA et décrit brièvement l'état de l'art dans les deux domaines connexes que sont l'IA basée sur les données et l'IA basée sur les connaissances. Ensuite, la troisième section de cet article propose une taxonomie de l'IAEd qui distingue l'IAEd axée sur l'élève, l'enseignant et l'institution, en donnant des exemples de l'état de l'art de l'IAEd pour chacune de ces différentes familles d'utilisation. La quatrième section présente un certain nombre d'obstacles potentiels sur l'autoroute de l'IAEd, notamment les défis liés aux droits de l'homme, à l'éthique, à la personnalisation, à l'impact, au techno-solutionnisme, au colonialisme de l'IAEd et à la commercialisation de l'éducation. La dernière section résume et examine les futurs possibles de l'IAEd.

   En fin d'article, un peu plus de 200 références essentiellement en anglais. Une trentaine en français.

« L'intelligence artificielle de la maternelle à la Terminale : que devrait savoir chaque enfant sur l'IA ? »

   On lira également avec intérêt un article de 2019 : « L'intelligence artificielle de la maternelle à la Terminale : que devrait savoir chaque enfant sur l'IA ? » [4] par David Touretzky (Carnegie Mellon University), Christina Gardner-McCune (University of Florida), Fred Martin (University of Massachusetts Lowell), et Deborah Seehorn (CSTA Curriculum Committee).Article également remarquablement traduit par François Bocquet.

   Il ne semble pas avoir inspiré, ou si peu, les rédacteurs d'« Une stratégie numérique pour l'éducation (2023-2027) » [5]. On y cherche des développements sur l'IA.

   Les auteurs développent eux cinq « grandes idées » soulignant que nous en sommes aux premières étapes de l'élaboration des lignes directrices de l'IA pour les élèves de la maternelle à la Terminale, grâce à une collaboration entre les experts en IA et les enseignants. Le travail est en cours... On peut le suivre notamment ici [6].

« L'IA au quotidien : quelle position pour l'enseignant·e ? »

   On relira avec profit l'article de Colin de la Higuera « L'IA au quotidien : quelle position pour l'enseignant.e ? » que nous avons publié dans le numéro d'EpiNet de mars [7].

   Mais tout va très vite en ce moment... Ainsi dans l'interview récente de Yann Le Cun publiée par Usbek et Rica [8] : on peut lire : « Les grands modèles de langage tels que ChatGPT ne sont pas "pilotables" : on n'arrive pas à produire de textes longs et cohérents, on n'arrive pas à planifier leurs réponses. Ils seront vite dépassés... À peine adopté, ChatGPT serait-il déjà ringard ? ». Ce n'est pas, pour lui, le moment de faire une pause...

Bonnes lectures.

15 mai 2023

Jean-Pierre Archambault
Président de l'EPI

Cet article est sous Licence Creative Commons Attribution 4.0 International.
https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr

NOTES

[1] https://edunumrech.hypotheses.org/8350, par Wayne Holmes - UCL Knowledge Lab, IOE, UCL's Faculty of Education and Society, University College London (UCL), London, UK et  Ilkka Tuomi - Meaning Processing Ltds., Helsinki, Finland.
Et en français : htpps://www.epi.asso.fr/revue/articles/a2305g.htm

[2] Éducation numérique et recherche. Présentation et ligne éditoriale du Carnet de veille et de valorisation des travaux de recherche sur le numérique dans l'éducation soutenus par la Direction du numérique pour l'éducation (MENJ).
https://edunumrech.hypotheses.org/a-propos

[3] Qui passe notamment par les systèmes experts. Et là, l'EPI se souvient du numéro spécial de son Bulletin « Systèmes experts et enseignement » paru en décembre 1984 :
https://www.epi.asso.fr/revue/dossiers/s84p003.htm
https://www.epi.asso.fr/revue/dossiers/s84p005.htm

[4] « Envisioning AI for K-12: What Should Every Child Know about AI ? »
https://edunumrech.hypotheses.org/1970 (en document dans EpiNet n° 254 d'avril 2023).

[5] Dans les « Documents » d'EpiNet de février 2023 :
https://www.education.gouv.fr/media/120418/download

[6] DNE – Éducation, numérique et recherche  – Veille et diffusion des travaux de recherche sur le numérique dans l'éducation :
https://edunumrech.hypotheses.org/

[7] http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a2303f.htm

[8] «  D'ici cinq ans, plus personne n'utilisera un modèle tel que ChatGPT » Yann Le Cun :
https://usbeketrica.com/fr/article/d-ici-cinq-ans-plus-personne-n-utilisera-un-modele-tel-que-chatgpt