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jecode.org : stimuler le goût de l'informatique
chez les enfants par la programmation

Bastien Guerry, Martin Quinson, David Roche
 

Pourquoi jecode.org ?

   jecode.org a été lancé en novembre 2013 par trois membres de l'association EPI : David Roche, Martin Quinson et Bastien Guerry. À l'époque, deux sujets de discussion avaient fait surface sur la liste du groupe ITIC : l'École 42, fondée par Xavier Niel, dont la première promotion travaillait depuis deux mois ; et code.org, qui annonçait en octobre 2013 l'organisation d'une « heure de code » à travers les États-Unis, heure pendant laquelle des millions d'enfants ont été exposés aux rudiments de la programmation.

   Ces initiatives partagent deux traits communs : elles sont centrées sur la programmation (distincte à la fois de la science informatique et de l'« informatique-outil »), et elles ont une position originale par rapport au système scolaire. L'école 42 forme des développeurs, pas des informaticiens ; code.org initie à la programmation, pas à l'informatique. L'école 42 accepte des candidatures d'étudiants sans diplôme et celui qu'elle délivre n'est pas reconnu par l'État ; l'initiative code.org, même si elle tisse peu à peu des partenariats avec de nombreuses écoles aux États-Unis, a surgi hors du système éducatif et elle est soutenue par des acteurs privés du numérique. Sans se prononcer sur le bien-fondé de ces projets, jecode.org reprend ces deux idées : se concentrer sur la programmation comme porte d'entrée vers l'informatique, et partir du périscolaire pour aller vers l'institution.

   jecode.org, c'est un site web, une liste de discussion et des rencontres régulières : le site [1] référence les projets qui se reconnaissent dans ces deux idées, ainsi que les ateliers d'initiation à la programmation qu'elles organisent ; la liste de discussion [2] compte à ce jour une soixantaine d'inscrits et permet d'échanger sur les pratiques des uns et des autres, et sur ce que nous voulons produire ensemble à terme ; les rencontres (ou « Code Cambouis ») ont lieu à Paris tous les derniers lundi du mois à partir de 19h00 et sont annoncées sur le site et notre lettre d'information mensuelle.

Pourquoi le verbe « coder » ?

   Nous sommes partis de « code.org » et avons cherché une variation en français : « jecode.org » nous a paru clair et engageant. Le verbe « coder » a deux acceptions : la première, familière, où « coder » est synonyme de « programmer » : je code quand je conçois et écris un programme informatique ; la deuxième, plus rigoureuse, où « coder » désigne le fait d'implémenter un algorithme dans un langage précis, tandis que « programmer » se rapporte plutôt à l'activité de conception, en amont du code.

   Dans « jecode.org », le mot « code » est utilisé dans son acception familière [3] : cette acception correspond à ce qui a effectivement lieu dans les ateliers d'initiation à la programmation : non pas des cours théoriques d'informatique, mais des activités (ré)créatives, où les étapes de conception et d'implémentation se trouvent entremêlées, le but premier étant pour les enfants de prendre plaisir à monter des petits projets de choses « qui marchent ».

   Utiliser le mot « coder », c'est sacrifier au vocabulaire courant [4], sûrement teinté d'anglicisme, mais c'est aussi décrire adéquatement ce qui a lieu pendant les ateliers, et proposer de ne pas séparer la pratique de la théorie.

Les enfants, pas les élèves

   jecode.org ne milite pas directement pour l'enseignement de l'informatique à l'école, ni pour l'introduction d'ateliers de code dans le système scolaire. Certes, la question de la généralisation d'un enseignement de la programmation et de l'informatique intéresse tous les participants, mais jecode.org cherche d'abord à rassembler des personnes qui mènent des ateliers avec des enfants.

   D'autre part, nous disons « enfants » et non « élèves » pour insister sur le fait que nous rassemblons des personnes oeuvrant dans le cadre périscolaire, non pour endosser tel ou tel mouvement pédagogique. Bien sûr, les participants partagent leurs expériences et leurs points de vue pédagogiques sur la liste, mais tous sont libres de leurs méthodes, et jecode.org ne suit aucun credo pédagogique.

   Que vous soyez un particulier, une école, une médiathèque, une association, écrivez-nous, nous vous répondrons. Les porteurs d'initiatives autour du code sont les bienvenus sur le site et sur la liste de discussion. C'est aussi cas pour les enseignants et les parents, s'ils jugent important que leurs enfants s'ouvrent à des représentations de l'informatique qu'ils ne trouvent pas ailleurs. Les discussions de la liste seront encore plus riches si des enseignants et des parents nous rejoignent massivement.

jecode.org, pas code.org

   jecode.org est une initiative informelle. Nous ne sommes pas soutenus par des entreprises ou engagés dans des partenariats. Nous sommes un petit réseau d'acteurs qui mettons notre enthousiasme à la disposition des personnes que le sujet intéresse. Nous nous distinguons en cela de code.org, qui est devenu une énorme machine, largement financée, et qui a aujourd'hui un impact aux États-Unis et à l'international.

La suite ?

   L'avenir de jecode.org dépend de ce que les participants en feront ; en tant qu'initiateurs de ce projet, nous avons à coeur de garder le groupe ouvert aux personnes de tous horizons, aux discussions libres et aux projets, mêmes farfelus.

   Nous continuerons de travailler sur le site Web pour améliorer la lisibilité des initiatives et des événements et pour offrir un espace où les participants pourront produire ensemble des contenus : des tutoriels sur des logiciels facilitant l'initiation, des fiches décrivant des séquences pédagogiques, des traductions de logiciels et de tutoriels, etc.

   Nous avons commencé à mettre en place des flux de données pour que le site jecode.org alimente la carte des événements de la codeweek.eu [5], qui se tiendra au mois d'octobre 2014.

Carte des événements de la codeweek.eu

   Et nous tiendrons des réunions régulières pour échanger et mettre les mains dans le « cambouis » de la pédagogie et du code : si vous avez envie d'en savoir plus, inscrivez-vous à notre lettre d'information depuis le site et venez discuter avec nous sur la liste de diffusion ! Il est si urgent de donner prise à nos enfants sur l'univers numérique qu'on ne peut pas attendre les réformes scolaires : nous avançons ici et maintenant, en construisant, en critiquant, et en partageant.

3 mai 2014

Bastien Guerry
Martin Quinson
David Roche

Cet article est sous licence Creative Commons by-sa 3.0 (Paternité - Partage dans les mêmes conditions). http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/fr/

NOTES

[1] http://jecode.org/

[2] http://listes.jecode.org/cgi-bin/mailman/listinfo

[3] La distinction entre implémentation et conception est importante lorsqu'on se demande ce qui doit être enseigné à l'école : est-ce le savoir-faire utile à la traduction d'un algorithme dans un langage de programmation ou le savoir permettant de concevoir cet algorithme ? Nous croyons que les deux vont ensemble : même si, en théorie, l'étape du code n'est pas indispensable, en pratique, coder est la meilleure façon d'apprendre à programmer.

[4] Certains s'inquiètent des connotations péjoratives associées au verbe « coder ». En utilisant ce verbe, on risquerait de trop insister sur les aspects purement techniques de l'informatique ; le but de l'école étant de former des élèves qui « pensent par eux-mêmes », et non des robots... il faudrait éviter d'employer un terme qui évoque ces tâches rébarbatives qu'on espère déléguer un jour à des machines, comme celle de « pisser » du code. Nous ne partageons pas ces craintes, qui nous paraissent reposer sur une forme de mépris et de méconnaissance des aspects techniques, lesquels demandent toujours de la réflexion.

[5] http://events.codeweek.eu/

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Association EPI
Juin 2014

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