La dette et l'informatique

Maurice Nivat
 

   Une des raisons de la dette est le fait que la production de richesses en France est en régression constante depuis dix ans, la désindustrialisation de la France est une triste réalité. Il est donc nécessaire de songer à relancer une production industrielle qui produise de la richesse.

   Comme nous ne sommes plus seuls sur cette planète à vouloir produire et vendre il parait nécessaire de renforcer l'innovation, ce sont les produits innovants qui ont le plus de chances d'amener des bénéfices économiques substantiels.

   Cette innovation passe de plus en plus depuis au moins deux décennies par l'informatisation : informatisation des objets produits et vendus, informatisation des processus de fabrication, informatisation de la gestion des entreprises. Cela n'est un mystère pour personne.

   En effet, si la mécanique et l'analyse mathématique ont été très importantes pour l'industrie de 1945 à 1990 et si la bonne formation à ces disciplines nous a permis de rencontrer de vrais succès (hydraulique, automobile, aviation, radars...) c'est l'informatique qui joue un rôle moteur désormais, même dans les disciplines susnommées.

   Cette informatisation nécessite de la part de tous les acteurs, chercheurs, développeurs, concepteurs, ingénieurs, techniciens, managers, décideurs une connaissance suffisante des concepts et une expérience pratique réelle des méthodes de l'informatique (que j'entends ici au sens le plus large, y incluant toutes les sciences et techniques connexes) que n'ont aujourd'hui qu'une minorité de ces acteurs. L'informatique est une science intimement liée à de nombreuses techniques mais aussi un état d'esprit qui s'acquière en la pratiquant pendant assez longtemps.

   Dans ces conditions il parait essentiel pour l'avenir de notre beau pays de mettre en place un enseignement de l'informatique à tous les niveaux en commençant très jeune. Nous retrouverons le chemin de l'innovation quand tous les jeunes sauront assez d'informatique pour s'en servir avec un maximum d'efficacité, pour la faire intervenir dans leurs projets, et seront assez familiers avec elle pour avoir envie d'en faire. On ne peut faire véritablement avancer que ce que l'on a vraiment envie de faire avancer !

   On ne s'en tirera pas avec des expédients et des demi-mesures, des horaires étriqués, des professeurs mal formés ou l'asservissement de l'informatique à d'autres disciplines qui pour nobles qu'elles soient ont d'autres finalités et d'autres buts. Avec l'informatique on doit donner aux jeunes un goût pour le « faire », pour la résolution effective de problèmes réels, que des disciplines plus spéculatives ne leur donne pas.

   Ne nous y trompons pas : des pays émergents comme la Chine, l'Inde, le Brésil ont compris eux l'intérêt de l'informatique dans la compétition industrielle. Nous devons réagir, nous devons agir, il n'est que temps de réfléchir à cet enseignement généralisé de l'informatique et d'ouvrir un grand chantier national à ce sujet.

Maurice Nivat
Membre correspondant de l'Académie des Sciences
Membre d'honneur de l'EPI
Groupe ITIC-EPI-SPECIF

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Association EPI
Janvier 2012

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