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Collège numérique pour cours interactifs

Martine Laronche, Le Monde daté du 18 mars 2009.

On croit rêver !

   Un miracle éducatif est en train de se produire dans un collège récemment pourvu de tableaux tactiles interactifs (déjà 17 installés, il y en aura 25 à la rentrée). « La jeunesse de l'équipe a contribué à la réussite du projet. (...) Cette nouvelle technologie bouleverse notre façon d'enseigner. » Tels sont les commentaires qui accompagnent le récit de ce miracle dans Le Monde du 18 mars 2009, page 24, sous le titre « Collège numérique pour cours interactifs ».

   Voilà donc que plusieurs salles de classe (sans doute 17 sur 25) sont équipées d'un tableau-écran d'ordinateur suffisamment grand pour que tout le monde le voie, avec possibilité de diffuser du texte, des images et des sons, le tout télécommandé, en réseau, branché Internet... sans compter une salle informatique de 30 postes en libre accès, une réserve de 30 portables pour les besoins ponctuels et un accès par mot de passe à la gestion des dossiers administratifs.

   S'il faut en croire l'article, chaque enseignant – surtout les jeunes – se trouve enfin doté de l'outil multimédia dont dispose n'importe quel « commercial » s'adressant à plus de 10 personnes !

   Franchement, on se croirait à Lourdes !

   Sauf que dès 1985, année du Plan Informatique Pour Tous (les jeunes profs dont il est question dans l'article n'étaient pas encore nés !), ce genre de dispositif était possible avec un petit MO5, un boîtier d'incrustation, un crayon optique et une grosse télévision. Il y avait même eu un colloque au Cnam sur ce sujet : « De l'ordinateur au tableau noir ! »

   Et tout ce matériel – certes un peu primitif – était produit en France par Thomson... L'article ne dit pas si le fournisseur actuel, la société Interwrite Learning, est basée en Auvergne ou au Texas !

   Mais ne boudons pas notre plaisir : faire entrer le monde entier dans la classe est effectivement une merveille où l'enseignant peut puiser toutes les ressources pour motiver les élèves, illustrer son propos ou encourager les initiatives.

   « C'est beaucoup mieux qu'avant, on n'utilise pas la craie... » dit un élève. C'est donc qu'il y en avait encore il y a peu !

   « Les collégiens ont-ils pour autant de meilleurs résultats ? » demande perfidement la journaliste. « Il est trop tôt pour le dire » explique le principal en soulignant « l'extrême fragilité des élèves en difficulté » et en ajoutant judicieusement : « La mauvaise maîtrise de ces nouvelles technologies, souvent liée à une mauvaise maîtrise de la langue, se rajoute à leurs difficultés scolaires et risque de creuser l'écart avec les élèves moyens et bons. »

   C'est pourtant l'objectif premier de l'école obligatoire que de réduire cet écart... C'est aussi le coeur de métier de l'enseignant qui mérite bien pour ce faire de connaître toutes les techniques qui pourraient l'aider. C'est Charlemagne qui l'a dit le premier en dotant les écoles du tableau noir et de la craie. Il serait temps de passer à l'étape suivante : au moins un ordinateur et un grand écran dans chaque classe sans plus de secret pour l'enseignant que la craie au bout de ses doigts !

Lu sur http://jlmalapomepi.over-blog.com/, le blog de Jean-Louis Malandain.

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Avril 2009

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