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Michel Volle, 14 février 2009.

   Une analyse intéressante de la crise actuelle qui repose en grande partie sur une informatisation mal gérée. Nous reproduisons ci-dessous quelques passages qui donneront envie de lire cet article original de 6 pages.

   À partir de 1975 l'informatisation a transformé les entreprises : le travail humain s'appuie désormais sur l'assistance que lui apportent l'automate programmable et le réseau. Le mot informatique, fort bien trouvé, désigne d'ailleurs exactement l'articulation entre l'automate et le cerveau humain : l'étymologie d'information évoque la forme que prend celui-ci après la rencontre avec des données...

   Un pragmatisme étroit n'a cependant voulu voir dans la machine que le gain de productivité, puis dans l'ordinateur qu'une machine de plus. Il a masqué la nature des transformations à l'oeuvre aux économistes, aux managers et aux politiques. La science économique, née avec Adam Smith au XVIIIe siècle en symbiose avec l'industrie, peine d'ailleurs à s'affranchir de modèles qui l'empêchent de rendre compte des conséquences économiques de l'informatisation...

   Pour répondre à un tel bouleversement les comportements doivent se libérer des habitudes acquises, le raisonnement doit élaborer de nouveaux modèles. Mais cela demande un délai pendant lequel se creuse un déséquilibre et c'est lui, pensons-nous, qui cause la crise actuelle...

   En effet ni les institutions, ni les entreprises, ni les consommateurs n'ont pu encore acquérir les comportements qui répondraient exactement aux possibilités et aux risques que présente l'économie informatisée...

   Si la cause immédiate de la crise financière réside dans le comportement des financiers, sa cause matérielle réside dans l'informatisation qui a rendu ce comportement inévitable...

   L'erreur qui domine aujourd'hui, qui bloque l'économie, c'est l'adhésion à des valeurs, des comportements, des lois d'anticipation qui correspondaient au système productif industrialisé mais ne correspondent pas au système productif informatisé et automatisé...

   La politique économique ne pourra être efficace que si elle s'appuie sur une conscience claire du phénomène de l'informatisation et de la séquelle de ses effets anthropologiques...

   Or nous ne disposons pas, aujourd'hui, de la doctrine d'emploi de l'informatique ni de ses corollaires que l'on nomme « économie de l'immatériel », « économie cognitive », « économie de la connaissance » etc. La crise financière actuelle, certes grave, révèle une carence qui porte en elle la menace d'une crise plus profonde encore.

http://www.volle.com/travaux/laser.htm.
http://www.volle.com/travaux/laser.pdf.

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Avril 2009

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