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Vous avez dit « innovant » ?
Lycée Pilote de Jaunay Clan entre contraintes et libertés

Scérén - CRDP Poitou Charentes, 2005, 224 pages, 20 €.

   Ce livre s'adresse à toutes celles et tous ceux qu'intéressent les pratiques pédagogiques innovantes et les collèges et lycées « différents ». Il a été rédigé par l'équipe éducative de l'établissement qui propose le bilan des pratiques pédagogiques et institutionnelles de ce Lycée Pilote Innovant (LPI) depuis son ouverture en 1987. On s'intéressera tout particulièrement au chapitre sur « Les TICE » (pages 131 à 143). En effet le LPI évolue avec toujours en filigrane l'idée que des solutions informatiques doivent être mises en oeuvre au service des enseignements.

   Le parc informatique, le plus souvent en réseau, est particulièrement bien doté. La pratique des logiciels libres, intégrée à la formation des élèves, conduit ces derniers à développer des compétences leur permettant d'appréhender différents outils plutôt qu'à devenir des utilisateurs captifs de logiciels propriétaires. Tous les élèves de seconde bénéficient de deux heures d'informatique et tous ceux de première, d'une heure. Les enseignements sont divisés en informatique « outil » et informatique de programmation qui a pour objectif l'acquisition de compétences transversales de type méthodologie, conceptualisation, abstraction, etc. et conduit ainsi certains élèves à des productions plus « pointues ».

   Ainsi, ce qui est considéré comme important dans un lycée « innovant » ne l'est pas pour les lycées « ordinaires » ! N'est-ce pas le Ministre de Robien qui parlait récemment de développer l'innovation ?

   On notera également la pratique de « coformation dans laquelle certains élèves "ressources" deviennent à l'occasion formateurs. Cette pratique existe également entre adultes et "bien entendu" entre élèves et enseignants ». Voilà qui rajeunit certains d'entre nous qui ont utilisé ces démarches dans les lycées où sévissait l'abominable option informatique.

   Malgré tout, un déficit de formation existe chez les enseignants qui conduit à creuser un écart croissant entre les élèves et certains adultes (notamment les nouveaux arrivants). Autre difficulté, la fragilité de l'attribution des « personnes ressources » indispensables au bon fonctionnement des TICE.

   On lira avec intérêt les quatre pages concernant les « fonctionnalités et les usages » (pages 136 à 139) qu'il est impossible de résumer ici sans les dénaturer.

   Depuis la rentrée 2003-2004, le LPI expérimente le B2i pour les lycéens et le C2i pour les étudiants de BTS. Citons les auteurs : « Si l'objectif qualitatif affiché par l'institution est clair au niveau de la mise en place du B2i dans tous les établissements français, les moyens de mise en oeuvre ne suivent généralement pas (moyens humains, matériels, emploi du temps, nécessaire travail d'équipe). Pour l'équipe du LPI, il s'agira d'un projet résolument volontariste qui ne vise pas à former une petite partie d'élèves qui, pour la plupart, ne font que renforcer les compétences acquises par ailleurs, chez eux par exemple, mais bien de réussir le pari d'une qualification certifiée de tous les élèves au sortir de la terminale. »

   Il semble que le LPI a les moyens matériels et humains de tenir le pari. Ce n'est effectivement pas le cas dans nombre d'établissements ordinaires.

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Association EPI
Décembre 2006

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