NOUS AVONS LU
La révolte du pronétariat
Joël de Rosnay et Carlo Revelli, édition Fayard coll. Transversales, 2006, 252 pages, 18 euros.
L'inventeur de mots nouveaux qu'est Joël de Rosnay n'a pu résister au jeu de mot sur prolétaire mais c'est évidemment de toute autre chose qu'il s'agit ! Les quelques 800 millions d'internautes sur la planète sont tout sauf des prolétaires même si le débat actuel sur la loi Dadvsi vient nous rappeler que la lutte entre les « infocapitalistes » et le monde internet est bien réel !
Dès l'introduction, nous sommes dans le vif du sujet.
Les citoyens du monde sont en train d'inventer une nouvelle démocratie. Non pas une « e-démocratie », caractérisée par le vote à distance via Internet, mais une vraie démocratie de la communication. Cette nouvelle démocratie, qui s'appuie sur les « média des masses », émerge spontanément, dynamisée par les dernières technologies de l'information et de la communication auxquelles sont associés de nouveaux modèles économiques. Ni les média traditionnels, ni les hommes politiques n'en comprennent véritablement les enjeux. Les média des masses, seuls véritables média démocratiques, vont radicalement modifier la relation entre le politique et le citoyen, et, par voie de conséquence, avoir des impacts considérables dans les champs culturel, social et politique. Les internautes commencent seulement à réaliser à quel point le Net du futur va leur permettre d'exercer leur pouvoir, si tant est qu'ils parviennent à se montrer solidaires et organisés.
Traitant du foisonnement des nouveaux outils (blogs, wiki, P2P, podcasting, RSS, etc.) les auteurs décrivent les principes d'un système reposant sur des relations de pair à pair plutôt que sur la distribution de masse de contenus culturels, caractéristique des médias dominés par des « infocapitalistes ». Le web peut ainsi faire émerger une véritable conscience collective que l'on commence à voir à l'oeuvre, par exemple, au niveau franco-français, dans le récent dossier Dadvsi.
Sans pour autant céder à une vision naïve du Net, les auteurs – qui semblent conscients des dangers d'une communication sans contrôle – prônent l'utilisation du Net comme outil puissant entre des mains citoyennes. On ne demande qu'à les suivre même si on peut se demander dans quelle mesure les internautes parviendront à « se montrer solidaires et organisés ». Cette « intelligence collective », que Joël de Rosnay appelle de ses voeux, nous semble un objectif encore bien éloigné !
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Association EPI
Avril 2006
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