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DIX NOUVELLES COMPÉTENCES POUR ENSEIGNER

Philippe Perrenoud, ESF éditeur, 1999 et 2002, 192 pages, 22 euros.

     L'auteur, sociologue, spécialiste de l'éducation et professeur à l'Université de Genève, livre les résultats de son expérience et de sa réflexion dans le domaine de la formation des enseignants face aux évolutions de la société et de l'école. Il en tire la définition et l'analyse détaillée de dix familles de compétences de base présentées sous la forme d'un référentiel publié en 1996 et adopté pour la formation continue des enseignants primaires de Suisse romande :

  1. Organiser et animer des situations d'apprentissage
  2. Gérer la progression des apprentissages
  3. Concevoir et faire évoluer des dispositifs de différenciation
  4. Impliquer les élèves dans leur travail
  5. Travailler en équipe
  6. Participer à la gestion de l'école
  7. Informer et impliquer les parents
  8. Se servir des technologies nouvelles
  9. Affronter les devoirs et les dilemmes éthiques de la profession
  10. Gérer sa propre formation continue

     Plus que la justesse et la validité d'un référentiel dont chacun pourra discuter - comme le fait d'ailleurs Philippe Perrenoud dans sa conclusion - l'intérêt de l'ouvrage réside dans sa présentation des points de vue et des évolutions qui se manifestent à la charnière du XXe et du XXIe siècles. C'est particulièrement le cas pour ce qui concerne la représentation que les enseignants se font des TIC (Technologies de l'information et de la communication).

     L'auteur ne mâche pas ses mots et ne cache pas sa méfiance à l'égard de ceux qui mènent la ronde (page 121) :

« Les vendeurs de machines, de logiciels ou de communication en quête de marchés, mais plus encore d'influence » ;

« Les politiciens soucieux de ne pas rater le virage informatique et télématique, prêts à des mesures spectaculaires, aussi mal fondées soient-elles » ;

« Les spécialistes des usages scolaires des technologies nouvelles, auteurs de didacticiels, formateurs en informatique et autres gourous de l'Internet, qui cherchent à vous faire adhérer à l'informatique sur le modèle de la conversion. »

     Toutes ces attitudes ont conduit à un grand scepticisme chez beaucoup d'enseignants qui auraient pourtant été les « agents » les mieux armés pour introduire et guider un usage raisonné de l'informatique. Il n'est donc pas question d'enseigner une nouvelle discipline ou de cultiver les TIC comme une fin en soi mais de définir quelques compétences pratiques :

  1. Utiliser des logiciels d'édition de documents.

  2. Exploiter les potentialités didactiques de logiciels en relation avec les objectifs de l'enseignement.

  3. Communiquer à distance par la télématique.

  4. Utiliser les outils multimédias dans son enseignement.

     L'auteur dit très bien que les enseignants seront, à terme, déconsidérés s'ils ne maîtrisent pas les TIC mais, ajoute-t-il, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'outils et que l'essentiel demeure la capacité à enseigner, à communiquer aux élèves la faculté de raisonner, de juger et de créer.

     C'est une approche prudente. Elle tient compte des réticences de nombreux enseignants et peut s'expliquer par le peu de conviction des responsables à « banaliser » l'usage des TIC. On pourrait pourtant aller beaucoup plus loin dans l'analyse en démontrant que les compétences évoquées pour satisfaire aux mutations de l'école et de la société sont, en fait, irriguées par l'apport des TIC dont les enjeux vont bien au-delà d'une spécialité parmi d'autres.

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