Introduction du Dossier « les ordinateur à l'école » dans la revue Terminal 19/1984. Le revue du Centre d'Information et d'Initiative sur l'Informatisation (CIII) s'est régulièrement intéressé au développement de l'informatique dans le système éducatif. Dans ce dossier elle a notamment longuement interrogé un acteur du terrain, Émilien Pélisset, formé « lourd » dès 1971, fondateur de l'atelier informatique du lycée Gabriel Fauré (Paris, 13ème) et futur président de l'EPI.


DIX ANS D'INFORMATIQUE DANS LES LYCÉES

 
     L'introduction de l'informatique dans les lycées s'est faite en deux temps : d'abord « l'expérience dite des 58 lycées », puis la généralisation à partir de 1978 avec celle des « 10 000 micros ».

L'EXPÉRIENCE DES 58 LYCÉES

     Née en 1970, cette expérience avait deux objectifs :

  1. Introduire une formation de culture générale à. l'informatique dans toutes les disciplines sans créer de discipline spécifique.

  2. Améliorer la pédagogie par le recours à l'Enseignement Assisté par Ordinateur (EAO) et amener les enseignants à s'interroger sur le contenu de leur enseignement.

     Cinquante-huit lycées furent équipés de mini-ordinateurs Mitra-15, un langage fut créé, le LSE (Langage Symbolique d'Enseignement), cinq cent enseignants reçurent une « formation lourde » pendant un an à plein temps et six mille autres « une formation légère » sous la forme d'un cours par correspondance diffusé par le CNTE accompagné de stages de deux à trois jours.

     L'expérience fut gelée en 1976 par le ministère pour en tirer le bilan qui n'est toujours pas publié. Mais pendant toute cette période, quatre cents logiciels d'EAO furent mis au point par des enseignants dans toutes les disciplines. Des équipes pluridisciplinaires, animées par les enseignants ayant reçu une formation approfondie, virent le jour coordonnées par l'INRP. Deux éléments sont à retenir dans le bilan de cette expérience :

  • La formation des enseignants fut nettement insuffisante. Le ministère cessa d'ailleurs rapidement la formation dit lourde en un an. Ceci explique peut-être le désintérêt de la masse des enseignants et leur manque de réaction devant l'installation dans les lycées (1/6 seulement des enseignants dans le lycées équipés utilisèrent l'ordinateur dans leur cours).

  • Du point de vue des lycéens, elle fut un succès. Tous ceux qui ont été interrogés, ou presque, préfèrent le travail avec l'ordinateur au cours traditionnel. Par contre, la programmation en libre service des machines en dehors des heures de cours, dans le clubs informatiques ne passionna qu'une minorité de lycéens (10 à 15 % selon les estimations).

     Alors que l'expérience des 58 lycées étaient gelée depuis deux ans, le ministère passa brusquement à sa généralisation sans qu'aucun bilan réel ne fut tiré de l'expérience de huit années.

LES DIX MILLE MICROS

     En fait, cette généralisation, n'était qu'un prétexte à une opération industrielle de soutien à des constructeurs de micro-ordinateurs comme Logabax. La télématique était à l'ordre du jour (rapport Nora, colloque sur l'informatisation de la société) et le faible coût des machines permettait une opération de grande envergure. Dans le foulée, le rapport Simon sur l'éducation et l'informatisation de la société préconisait un enseignement spécifique d'informatique dès la classe de quatrième. Aujourd'hui, cette opération a été mise en attente par le nouveau gouvernement, mais elle sera sans doute reconduite sous une autre forme. Ce qui est sûr, c'est que les mésaventures des constructeurs de micros comme Logabax, REE vont mettre un terme définitif à la politique d'uniformisation du matériel. Le LSE restera-t-il le langage de programmation de l'Éducation nationale, permettant ainsi une certaine unification des logiciels ? Cela semble de plus en plus remis en cause. Le débat entre EAO et enseignement de d'informatique comme disciplines à part entière sera-t-il tranché ? Autant de questions qui restent en suspens et qui sont l'objet de vifs débats dans les coulisses.

J. VETOIS

NDLR-EPI-site EPI (2003) : puis ce fut l'opération Informatique Pour Tous (IPT). Voir par ailleurs, notamment l'article signé Émilien Pélisset, dans cette rubrique « historique ».

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