L'ÉDUCATION ET L'INFORMATISATION DE LA SOCIÉTÉ Jean Claude Simon Les propositions sont reprises en trois groupes
COMPRENDRE L'INFORMATIQUE ET SES CONSÉQUENCES Une formation générale à l'informatique Proposition 1 II est très probable que l'objectif à atteindre est d'introduire dans l'enseignement général une formation à l'informatique pour tous, de l'ordre de deux cents heures en tout. Toutefois étant données les difficultés Inhérentes à l'introduction immédiate d'une nouvelle discipline obligatoire pour tous, une mesure transitoire est proposée : création progressive d'une option de « formation à l'informatique », ouverte à tous, de cent heures au collège (4e et 3e), cent heures au lycée (2de et 1re). L'évaluation de ces options permettra la mise au point d'un enseignement obligatoire pour tous. Proposition 2 En attendant que tous les adultes aient reçu au cours de leurs études cette formation à l'informatique, il sera progressivement mis en place, pour les instituteurs, une formation à l'informatique dans les écoles normales d'instituteurs : une unité de formation (UF) obligatoire de « formation à l'informatique » est créée ainsi qu'une UF facultative, faisant suite à l'UF obligatoire. Proposition 3 Création d'un CAPES et d'une agrégation d'éducation informatique, afin de soutenir les formations proposées au niveau des lycées, et création d'une « bivalence informatique » pour les professeurs de collège. Des professeurs associés, provenant de l'industrie informatique, pourront être nommés, sous certaines conditions à préciser. Un enseignement d'informatique pour les spécialistes Proposition 4 Des enseignements d'informatique doivent être introduits ou renforcés dans les enseignements techniques. Les études aboutissant au bac technique série H et au BTS GECI seront réorientées. La micro-informatique doit avoir une place privilégiée dans l'enseignement technique. Proposition 5 Un enseignement d'informatique doit être introduit en premier cycle des universités, en rapport avec l'orientation des études, lettres, droit, médecine, etc. Des moyens doivent être donnés pour l'enseignement d'informatique dans les DEUG scientifiques, pour lesquels il a déjà été rendu obligatoire. Proposition 6 Les IUT, les maîtrises d'informatique doivent être équipés en ordinateurs d'enseignement. lis doivent fonctionner avec le contingent d'enseignants en rapport avec le nombre d'étudiants. Proposition 7 Devant le besoin, dans la profession informatique, de spécialistes de haut niveau, il est demandé de créer des grandes écoles d'ingénieurs informaticiens : par exemple une dans le cadre de l'université Pierre et Marie Curie, une dans le cadre de l'École centrale lyonnaise. UTILISATION DE MOYENS INFORMATIQUES DANS L'ENSEIGNEMENT Proposition 8 Dans la ligne de l'expérience des 58 lycées et de la mise en place des 10 000 micros, former dans les lycées et collèges des « sections informatisées », regroupant les professeurs qui, sur la base du volontariat, désirent utiliser pour leurs enseignements l'EAO directif ou non directif. Proposition 9 Certaines ENI utiliseront des moyens informatiques pour certains enseignements, dans le même esprit que les lycées. Proposition 10 Création d'une banque de didacticiels et d'un réseau de distribution, si possible interconnectant les établissements informatisés entre eux. Échange de didacticiels avec l'étranger ; en particulier échange de professeurs avec leurs didacticiels en provenance du Québec. Cette banque pourrait également servir, sur le plan national, aux besoins de certains enseignements professionnels ou militaires. Proposition 11 Les expériences pédagogiques utilisant l'audiovisuel et l'informatique sont poursuivies dans les écoles maternelles et primaires. Proposition 12 Une qualification est demandée aux enseignants qui utiliseront certains moyens informatiques. Cette qualification sera déterminée par l'Inspection générale. Proposition 13 Un effort spécial doit être fait pour les élèves handicapés physiques, et en particulier les déficients sensoriels. Les techniques existantes qui les concernent seront développées et appliquées dans l'enseignement. Pour les déficiences mentales, la complexité des problèmes et l'état des connaissances demandent qu'au préalable soient intensifiés des efforts de recherche à peine amorcés. Proposition 14 Utilisation d'EAO pour aider les élèves qui n'atteignent pas un niveau suffisant dans les « capacités de base », avant leur entrée en 6e. Proposition 15 L'utilisation de moyens informatiques étant bien adaptée à la formation des adultes (en particulier à l'informatique), incitation financière de l'État aux projets de développement d'EAO directif ou non directif, les plus significatifs pour la formation professionnelle initiale ou continue. Proposition 16 Le niveau de l'équipement informatique des universités et centres de recherche français devrait être au moins égal à celui des unités équivalentes de pays comme le Canada, la Grande-Bretagne, le Japon. Un effort particulier doit être fait sur l'équipement informatique des bibliothèques (banque de données, informatique documentaire). Proposition 17 Certains cours ou enseignements spéciaux disparaissent. Dans un but de conservation du patrimoine intellectuel, ces cours pourraient être conservés sous une forme d'EAO. Proposition 18 Un « centre d'études fondamentales sur l'apprentissage » est créé. Il a pour objectifs :
CULTURE ET ÉDUCATION D'UN LARGE PUBLIC Proposition 19 L'enseignement à domicile devrait être développé. II est proposé de renforcer les moyens du CNEC (ex-CNTE), et d'étudier un système français d'enseignement à domicile, qui par exemple pourrait utiliser le système Videotex de la Direction générale des télécommunications. Proposition 20 Créer dans les provinces françaises des « mini-Palais de la Découverte », qui mettraient à la disposition du public des moyens, des expériences, dont le rôle serait de susciter son intérêt pour les sciences et techniques modernes. En particulier des terminaux d'ordinateurs pourraient être mis en libre disposition. Proposition 21 Création d'une « fondation de l'audiovisuel » à buts culturels et éducatifs. Cette fondation, qui pourrait être rattachée au Collège de France, accueillerait pour une durée d'un an ou deux des « directeurs de recherche », élus et provenant soit des grands établissements comme le Muséum, le Collège de France, la Maison des sciences de l'homme, les Hautes études, soit de l'enseignement supérieur, soit des musées nationaux, soit de personnalités françaises ou étrangères, ayant contribué au patrimoine culturel. Ils seraient tenus d'assurer, avec les chaînes nationales de radio et de télévision, des émissions de caractère culturel et éducatif. Ces émissions devraient être centrées autour de thèmes d'intérêt général, abordés par plusieurs disciplines. ___________________ |