L'ordinateur : quel outil pour l'enseignant POUR L'ENSEIGNANT D'ABORD ? Pierre Miele Ma position tant d'acteur de la formation que d'observateur de ses effets me conduit plutôt à une réflexion sur ce que le thème de l'atelier suggère pour la problématique de la formation des enseignants. Une stratégie pertinente et efficace de formation d'un enseignant consiste à commencer par une appropriation de l'informatique par les outils de travail personnel ou de gestion de l'enseignement avant même de l'aider à en faire un instrument pédagogique. Cette évidence que l'informatique pourrait en premier lieu être utilisée dans le système d'enseignement pour y remplir les fonctions les plus courantes ailleurs, aura tout de même mis longtemps à émerger, et il semble bien qu'il faille encore argumenter. C'est une entrée légitime Si les ordinateurs ne pouvaient pas aider dans le cadre même de l'action pédagogique, leur place dans l'établissement scolaire serait néanmoins suffisamment justifiée comme outil de travail des enseignants. C'est la « PEAO : préparation de l'enseignement assistée par ordinateur ». Recherche documentaire, réalisation de documents, supports d'enseignement (traitement de texte, microédition...), gestion des élèves, communication... C'est une entrée formatrice et pédagogique Ces applications sont d'une puissance et d'un intérêt indiscuté : les enseignants acceptent a priori de s'y former et en deviennent généralement demandeurs (s'ils ont la possibilité matérielle de mettre ensuite en oeuvre...). L'approche par ces applications permet de ne pas éviter l'acquisition d'une représentation correcte de l'outil et de son fonctionnement. Au contraire, elles sont le support d'acquisitions technologiques et techniques, qui peuvent néanmoins rester superficielles, et qui sont indispensables pour une mise en oeuvre raisonnée et en sécurité de l'informatique, même dans des applications soi-disant transparentes. Dans cette formation, il est possible de suivre une démarche authentique d'apprentissage par résolution de problèmes au niveau de l'enseignant, et de développer des capacités telles que, par exemple, celle d'utiliser une documentation technique. À l'inverse, lorsqu'on admet l'idée que les applications pédagogiques peuvent, ou doivent pour des enseignants, être l'objet principal de leur formation (les aspects plus techniques sous jacents, la maîtrise d'outils généraux, étant renvoyés à la formation personnelle, non indispensable) :
Et l'on ne cesse de constater combien il est difficile alors de mener à propos de ces applications la réflexion d'ordre didactique dont on espère pourtant faire l'objet premier de la formation. C'est une entrée stratégique Les a priori, les penchants naturels des (futurs) enseignants ne les prédisposent pas forcément à une démarche volontaire d'appropriation. Comme pour beaucoup d'autres aspects de leur formation, les enseignants peuvent la refuser (s'ils ont le choix) ou la subir passivement, sans l'intégrer vraiment. Les applications qui fournissent une aide concrète directe à l'enseignant dans des tâches hors de la classe :
Il faut convaincre les établissements de mettre des ordinateurs en libre service pour les professeurs. Plus tard (bientôt ?) une salle des professeurs reliée au CDI, au système de gestion des élèves, aux salles d'enseignement, pourra devenir une salle de préparation de l'enseignement. De même, les dispositifs de formation doivent inclure la possibilité pour les formés de prendre le temps de s'entraîner et se convaincre pour eux d'abord, en offrant l'environnement d'équipement et d'assistance nécessaire. Paru dans L'intégration de l'informatique dans l'enseignement et la formation des enseignants ; actes du colloque des 28-29-30 janvier 1992 au CREPS de Châtenay-Malabry, édités par Georges-Louis Baron et Jacques Baudé ; coédition INRP-EPI, 1992, ___________________ |
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