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ÉDITO
L'école et l'exclusion
F. Jarraud
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Le CEREQ vient de publier une intéressante étude sur les jeunes sortis de l'école sans diplôme. Elle suit leur intégration dans la société sur 5 ans et montre les risques d'exclusion.
Soulignons d'abord que ces jeunes sont nombreux : plus de 146 000 en 1992, soit 27% de leur tranche d'âge. La plupart ont quitté l'école en fin de collège ou à l'issue d'un cycle professionnel court (CAP, BEP). On ne surprendra personne en rappelant qu'ils sont issus de milieux populaires.
Cinq ans après cette sortie, plus de la moitié sont dans une situation d'exclusion sociale totale ou partielle : 21% sont sans emploi et sans logement autonome, les autres ont un emploi précaire ou pas d'emploi du tout.
Ces chiffres, malgré leur dureté, ne nous surprennent pas. L'étude montre d'autres caractéristiques plus rares.
D'abord la longueur des études des sans-diplôme. Paradoxalement ces jeunes destinés à entrer rapidement sur le marché du travail sont obligés de rester plus longtemps dans le secondaire que leurs camarades. L'âge médian de sortie de formation est de 21 ans pour les jeunes ayant passé sans succès un bac professionnel alors qu'il est de 19 ans pour ceux qui ont été reçus à ce bac.
Ensuite l'effet relatif du niveau scolaire. Certes plus le niveau des jeunes est élevé, meilleure est leur intégration. Mais il faut remarquer que la majorité des jeunes sans diplôme ayant un emploi stable et un appartement ont quitté l'école avec un niveau scolaire assez bas : troisième ou première année CAP BEP ou terminale CAP BEP. Un quart des jeunes les plus marginalisés dans le système éducatif sont autonomes cinq ans après. Il faut croire qu'ils sont porteurs d'autres compétences que l'école n'a su déceler.
Plusieurs questions ne sont pas abordées par cette étude. Est-ce normal qu'un jeune sur quatre quitte le système scolaire sans diplôme ? L'école républicaine doit-elle laisser sur le pavé prioritairement les jeunes de milieu populaire ?
Enfin se pose la question des remèdes à cette situation. Dans quelle mesure l'intégration des TIC dans le système éducatif permettrait-elle de redonner du goût pour les études à ces jeunes ainsi qu'une formation ouverte sur les besoins de la nouvelle économie et utilisant au mieux leurs compétences ?
François Jarraud
Les jeunes sortis de l'école sans diplôme face aux risques d'exclusion
http://www.cereq.fr/cereq/b171.pdf
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ACTUALITÉS
François Jarraud
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Information professionnelle
- Concours
15 000 postes sont offerts aux concours externes de recrutement d'enseignants, soit 10% de plus qu'en 2000, avec un effort particulier pour les PLP2. 8 465 postes sont proposés aux concours internes (+ 36%).
http://www.education.gouv.fr/discours/2001/concours.htm
- Concours (bis)
Le détail des postes offerts aux différents concours est publié dans le B.O. n°6.
http://www.education.gouv.fr/bo/2001/6/perso.htm
- Examens
Le calendrier des examens des baccalauréats général, technologique, professionnel et des brevets de technicien est paru.
http://www.education.gouv.fr/bo/2001/6/ensel.htm
- Bac pro
La circulaire d'organisation du baccalauréat professionnel exploitation des transports 2001 est en ligne sur le site économie et gestion de l'académie de Strasbourg. Vous pouvez télécharger les 10 documents au format word.
http://www.ac-strasbourg.fr/pedago/eco_gest/boite_outils.cfm
- Violence
Un premier bilan sur la violence en milieu scolaire est publié sur le site ministériel. Si les signalements diminuent dans l'Oise et en Haute-Garonne, certains sites restent très difficiles et les voient augmenter en nombre et en gravité. Il s'agit des sites d'Ile-de-France où se sont concentrés, ce dernier trimestre, des incidents particulièrement graves. C'est là que de nombreux signalements concernent des intrusions, des coups et des blessures ainsi que l'utilisation d'armes blanches. Les établissements concernés par le premier plan de 1997 gèrent mieux la violence que les autres. Pour le ministère, la qualité des équipes de direction, celle des équipes pédagogiques sont des facteurs clés pour faire reculer la violence avec la maîtrise des partenariats avec les services municipaux et la police. C'est certain. Pour autant l'augmentation des moyens pédagogiques dans certains établissements est souvent réclamée par les collègues.
http://www.education.gouv.fr/discours/2001/violendp.htm
- Santé des élèves
Le B.O. spécial n°1 est consacré à la politique de santé en faveur des élèves : mission des médecins de l'E.N., des infirmières, orientations générales.
http://www.education.gouv.fr/bo/2001/special1/som.htm
- CNDP
Le CNDP créé une lettre d'information "Quoi de neuf sur le site du CNDP ?". Elle vous tiendra informé une fois par mois, par e-mail, des mises à jour des espaces du site Web du CNDP. Pour s'abonner envoyer un message à quoi_de_neuf-subscribe@liste.cndp.fr
- JEM
Le CRDP de Versailles a organisé les 6 et 7 février les Journées Enseignement et Multimédia. Une rencontre importante entre enseignants, acteurs pédagogiques et entreprises. Parmi les activités : la première table-ronde des listes de discussion et forums pédagogiques.
http://www.crdp.ac-versailles.fr/crdphtml/default.htm
- Gestion des notes
Bien des logiciels permettent de gérer les notes des élèves. Laurent Delaveau propose des feuilles Excel qui permettent une exploitation assez poussée des notes des élèves. Il recense également les logiciels existants.
http://www.multimania.com/rolfan
Actualité des tic
- Catalogue
Le Catalogue collectif de France offre la possibilité d'accéder, sur son site web, à plus de 14 millions de notices d'ouvrages et de périodiques des principales bibliothèques françaises.
http://www.ccfr.bnf.fr
- CREIS
Le 12ème Colloque du CREIS, organisé avec le soutien de du LABSIC (Paris-Nord), le CIII, l'IRIS, la revue Terminal, la VECAM. Au programme : les services publics en ligne, l'Internet local et le citoyen, droits, réseaux et cyberjustice, régulation, communication et démocratie, savoirs et construction des pratiques, où va l'informatisation de l'éducation : de l'anticipation des usages aux questions industrielles ?
http://www.creis.sgdg.org
- JRES2001
Les JRES 2001 ont pour ambition de présenter un panorama très complet en terme de technologies, d'usages, de stratégies, d'organisation et de développement dans le monde des réseaux. Elles auront lieu au Palais des congrès de Lyon du 10 au 14 décembre 2001.
http://www.jres.org/
- Moteur de recherche
Après avoir développé un moteur de recherche sur les discours du premier ministre, Auracom met en place une interrogation sur les sites publics nationaux et locaux (plus de 3 000).
http://www.auracom.fr/apub
- Cour des comptes
La cour des compte publie son rapport annuel. Sont épluchés cette année les comptes de la coupe du monde de football, de la Cité des sciences et de l'industrie, de l'INA, du réseau d'accueil et d'orientation des jeunes, de la formation professionnelle.
http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/fic_pdf/ccomptes2000.pdf
http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/fic_pdf/ccompte_resum.pdf
- Cession de matériel informatique
"Afin d'associer le plus grand nombre à l'avènement de la société de l'information" une circulaire du 1er décembre 2000 prévoit la cession gratuite par l'État de matériels informatiques "aux personnes les plus défavorisées ainsi qu'à des associations de parents d'élèves et des associations de soutien scolaire".
http://www.internet.gouv.fr/francais/textesref/circu011200.htm
- Téléphone mobile
Le téléphone mobile est-il dangereux pour la santé ?
http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/telephon_mobil/intro.htm
- ASTI
L'ASTI lance un hebdomadaire électronique :
http://asti.asso.fr
- Impôts
Le ministère de l'économie et des finances ouvre un nouveau site : accès des citoyens aux services (formulaires, téléprocédures, recours en cas de litiges), publications du ministère, chiffres-clés du ministère.
http://www.minefi.gouv.fr
- Cybercrime
La Commission européenne publie un rapport présentant ses orientations stratégiques en matière de lutte contre la délinquance informatique.
http://europa.eu.int/ISPO/eif/InternetPoliciesSite/Crime/crime1.html
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PÉDAGOGIE
Quelques obstacles à l'utilisation des technologies en classe
et quelques moyens de les surmonter
Robert Bibeau
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Il est inutile de consacrer des efforts et des crédits à soutenir l'intégration des TIC en pédagogie si le personnel enseignant n'utilise pas ces ressources numériques ou si les enseignants ne les rendent pas disponibles aux élèves dans le cadre de projets éducatifs ou d'activités d'apprentissage. Malgré d'importants efforts, financiers et humains de la part du Ministère, des commissions scolaires et des enseignants, l'intégration des nouvelles technologies en éducation est toujours confrontée à des obstacles récurrents et tenaces. D'après une enquête menée auprès des directions d'école québécoises, seule une minorité d'enseignantes et d'enseignants (44,5% au primaire et 16,8% au secondaire) possède la formation suffisante pour utiliser l'ordinateur à des fins didactiques avec leurs élèves.(1)
En 1993, une étude révélait que, malgré un préjugé favorable vis à vis des technologies de la part des enseignants, seulement 55% d'entre eux utilisaient l'ordinateur avec leurs élèves au primaire et 18% au secondaire.(2) En 1999, 52,9% du personnel enseignant au primaire et 16,6% au secondaire déclaraient utiliser l'ordinateur avec leurs élèves plus d'une heure par semaine. L'examen des commentaires fournis par les directions d'écoles lors d'enquêtes du ministère de l'Éducation du Québec révèle les mêmes écarts entre le primaire et le secondaire et les mêmes obstacles à l'intégration des TIC à l'école.
Quels sont ces obstacles tenaces et récurrents ? Statistique Canada et l'Association internationale pour l'évaluation du rendement scolaire (IEA) ont mené une étude sur cette question auprès des écoles canadiennes. Leur rapport indique pour les écoles québécoises huit freins potentiels : le nombre insuffisant d'ordinateurs, le nombre insuffisant de types de logiciels, le manque de temps pour préparer les leçons, les difficultés à intégrer les ordinateurs en classe, la difficulté de prévoir à l'horaire l'utilisation des ordinateurs, l'absence de temps à l'horaire des enseignants pour explorer le Web, le manque de connaissances et de compétences des enseignants en TIC, et enfin l'insuffisance des possibilités de formation.(3) On rencontre les mêmes difficultés en France.
"Difficultés rencontrées par le professeur : il est souvent sollicité par de nombreux élèves en même temps. Il lui incombe de savoir résoudre les immanquables problèmes liés au matériel et aux logiciels. Il doit connaître les logiciels utilisés et planifier soigneusement les séquences de leur utilisation. Il doit savoir gérer le stress, l'agitation, le bruit que provoque souvent ce type de travail. Il ne dispose pas toujours de la salle informatique au moment où il en aurait besoin."(4)
Tous ces freins sont liés aux paramètres du contexte organisationnel scolaire. Il faudra agir sur l'ensemble de ces contraintes et sur l'organisation scolaire au secondaire si l'on souhaite favoriser la mainmise des enseignants sur ces technologies et leur appropriation par les élèves.
La problématique de la formation du personnel enseignant
Les chercheurs dans le domaine de l'éducation soutiennent que la technologie aura moins d'influence sur la qualité de l'apprentissage si elle est uniquement utilisée pour appuyer des façons traditionnelles d'enseigner et d'apprendre et que par conséquent l'utilisation des ressources offertes par la technologie et l'autoroute de l'information (Internet) exige de restructurer les programmes d'études, les méthodes d'enseignement, l'espace physique de la classe et l'horaire de l'école.(5) Dans ces conditions, comment supporter les enseignants dans leur démarche d'appropriation des technologies ?(6)
Les enseignants sont-ils suffisamment formés pour intégrer les contenus numériques aux activités d'enseignement ? Il semble qu'une majorité d'entre eux réclame de la formation et du soutien technique.
Les chercheurs identifient sept niveaux d'intégration d'une innovation technologique dans le milieu scolaire : 0- non-utilisation ; 1- orientation ; 2- formation initiale ; 3- automatisme ; 4- indépendance ; 5- intégration ; 6- renouveau. À ces divers niveaux d'intégration de l'innovation technologique sont associés autant de niveaux de préoccupations chez le personnel scolaire : 0- éveil ; 1- information sur l'innovation ; 2- implication personnelle ; 3- gestion de l'implantation ; 4- observation des conséquences ; 5- collaboration à l'intégration ; 6- Intégration dans le système. 7- Un nouveau cycle d'innovation peut maintenant être amorcé.
Les recherches et les entrevues menées auprès de centaines d'enseignants québécois indiquent divers niveaux d'intégration de l'innovation technologique auxquels correspondent différents niveaux de préoccupations face aux technologies.
- Les pionniers, forment un groupe d'environ 15% du personnel scolaire au Québec. Ils ont déjà adopté les TIC depuis un certain temps et y consacrent les efforts requis pour surmonter les obstacles et offrir à leurs élèves des opportunités d'utilisation des TIC et de l'Internet. La plupart d'entre eux se situent aux niveaux 4 et 5 de l'échelle d'intégration des innovations.
- Les hésitants, environ 60 à 70% des enseignantes et des enseignants des réseaux scolaires. Ils ne sont pas réfractaires aux TIC mais ils se demandent si le jeu en vaut la chandelle. L'effort consenti est-il à la mesure des bénéfices pédagogiques espérés, se questionnent-ils ?(8) Ces derniers se laissent facilement décourager par les divers obstacles et renoncent à utiliser les technologies si les conditions techniques ou pédagogiques ne sont pas favorables. Ceux-ci se répartissent entre les niveaux 2 et 3 de l'échelle d'adoption d'une innovation, ce qui donne une idée de la formation et du soutien que requiert ce groupe d'enseignant.
- Les résistants, regroupent environ 15% des éducateurs. Ceux-ci ne sont pas convaincus de l'utilité pédagogique de ces outils technologiques et ne les utilisent que pour la gestion scolaire et la préparation d'examens. Ce groupe d'usagers se situe aux niveaux 0 et 1 de l'échelle de préoccupation face aux technologies. La formation et le soutien que ce groupe requiert est assez important.
Le groupe des hésitants se décompose lui-même en deux sous-groupes : les anxieux pour qui l'ordinateur est une boîte mystérieuse, dont ils connaissent très peu le fonctionnement. Ils l'utilisent le moins souvent possible en classe de crainte qu'il ne se brise. Ces gens connaissent peu de logiciels et n'ont qu'une faible appréciation du potentiel de l'ordinateur et d'Internet. Ils se situent surtout au niveau 2 de l'échelle d'adoption de l'innovation technologique et réclament un effort important en terme de formation et de soutien.
Les inquiets au contraire sont des gens qui ont amorcé une démarche d'appropriation de l'outil. Au Québec, ils sont environ 20% du personnel enseignant. Ils utilisent régulièrement les TIC pour préparer leurs cours et réaliser leurs recherches. Toutefois, ils se sentent beaucoup trop insécures pour l'utiliser en classe avec leurs élèves. Ce groupe se situe au niveau 3 de l'échelle de préoccupation face aux technologies. Il faudrait peu de chose, des contenus appropriés, une formation adéquate axée sur leur tâche en classe et du soutien technique, pour que ce groupe bascule du côté des mordus des technologies. C'est probablement vers eux que devraient être dirigées les offres de perfectionnement au cours des prochaines années.
Si l'on souhaite intégrer les TIC en milieu scolaire, soutenir les enseignants dans l'utilisation de ces nouveaux outils interactifs, il faut considérer l'ensemble des services de formation et de soutien requis par le personnel enseignant utilisateur des TIC dans leur pratique professionnelle ; gestion de classe, organisation scolaire, prestation de cours, formation à l'utilisation des TIC, encadrement, monitorat et mentorat, apprentissage "collaboratif" soutenu par les pairs, coopération et développement d'une culture de réseau dans le milieu scolaire en général et parmi les enseignants en particulier.
Le document "La formation à l'enseignement" publié par la Direction de la formation et la titularisation du personnel scolaire du Ministère de l'Éducation indique à titre de compétence à acquérir par le personnel enseignant : "Intégrer les technologies de l'information et des communications à des fins de réparation et de pilotage d'activités d'enseignement-apprentissage, de gestion de l'enseignement et de développement professionnel."(9)
Divers modèles de perfectionnement du personnel scolaire ont été expérimentés au cours des années, chacun a ses avantages et ses difficultés. On identifie cinq modèles de perfectionnement du personnel enseignant à l'utilisation des TIC.
- Le modèle de recherche active en concertation avec un groupe d'universitaires ; (10)
- le modèle de formation en cascade où des éducateurs instruisent leurs pairs comme il se pratique dans le RECIT ;(11)
- le modèle de la formation en réseau virtuel ;(12)
- le modèle des centres de formation professionnels ;(13)
- le modèle coopératif de formation comme il se pratique dans l'équipe de Prof-Inet avec ses "projets assistés". Un "projet assisté" ne se limite pas à offrir un projet pédagogique avec les TIC, il offre surtout un cadre d'élaboration de projet, de la formation, en gestion de classe notamment, et une aide efficace au cours de la réalisation du projet de façon à accroître l'autonomie des participants.(14)
Des ressources devraient être consenties pour le développement de contenus numériques de formation et d'autoformation en ligne et pour la mise en place de services de soutien destinés au personnel enseignant.
Robert Bibeau
Bibeau.robert@videotron.net
Notes :
1. Danvoye, Paul (1993)
2. Bédard, Hô (1994)
3. Statistique Canada. "Seconde Étude sur la technologie de l'information en éducation (SÉTIÉ), association internationale pour l'évaluation du rendement scolaire (IEA) et Centre de la statistique de l'éducation". Ottawa. 1999. Tableau 3.32. Page 238.
4. Lamontagne, Denys. "Utiliser avec succès l'ordinateur en classe : des données intéressantes de Jean-Claude Meier". Thot-Cursus. 11 avril 2000 : http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=4735
5. Bibeau, Robert : L'inforoute pédagogique québécoise. (Poitiers, novembre 1995) : http://www.grics.qc.ca/cles_en_main/projet/ressources/infopq.htm
6. Robert Bibeau, L'intégration des TIC (Août 2000) : http://thot.cursus.edu/rubrique.asp?no=7684
7. Hall, Hord (1987).
8. Voici une liste de question recueillies lors des entrevues : "En a-t-on réellement les moyens ? Sommes-nous le jeu de pressions faites par les grandes industries de l'information ? Est-ce que les réels besoins pédagogiques de l'école primaire ont été définis ? Quel autre choix avons-nous ? Les retombées positives de l'utilisation des TIC sur les apprentissages au primaire sont-elles connues et reconnues ?" Gervais, Mariette, page 17.
9. DFTPS (2000), page 21.
10. L'inforoute du savoir : http://www.infosavoir.com/
11. Réseau de ressources pour le développement des compétences des élèves par l'intégration des technologies : http://www.cemis-saglac.qc.ca/
12. http://www.enoreo.on.ca
13. http://csdm.qc.ca/cee/
14. http://www.cslaval.qc.ca/prof-inet/aai/collab/proj-ass5.htm
Vos réactions : epinet@melusine.eu.org
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PÉDAGOGIE
Une inspection de français en troisième en salle informatique
Hubert Steiner
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Avant-propos
La séquence d'ensemble : étude d'Horace (genre littéraire, vocabulaire, structure dramatique, règle des 3/4 unités, l'alexandrin). Avant la séance qui va suivre la pièce a été lue par les élèves : ils doivent remettre une fiche de lecture le Jeudi suivant, avec, entre autres, une étude par écrit de 10 vers qu'ils ont recopiés et qu'ils doivent traiter en indiquant : la césure à l'hémistiche, les accents, le nombre de syllabes dans chaque mesure. La richesse des rimes doit être mentionnée dans la marge à droite ; chaque élève devra ensuite réciter ce même ensemble (avec possibilité d'aller au-delà des 10 vers par cohérence) en justifiant en prélude leur choix.
Objectif de la séance informatique :
En 55, dans cette 3ème stable (collège-lycée) de centre-ville (Rouen) qui utilise la salle deux heures par semaine en français, initier les élèves à la versification. Pour eux, l'objectif à court terme est de pouvoir réaliser leur travail écrit, à moyen terme, d'assimiler les notions évoquées supra, à long terme, de savoir manipuler ces notions pour justifier un jugement esthétique sur des vers ici fortement rythmés. Les élèves sont venus avec leur exemplaire (scolaire ou non) d'Horace.
Logiciel : c'est un fichier EXE, sous Dos, créé par le professeur. Il permet une étude de l'alexandrin (richesse des rimes, césure à l'hémistiche, accents, d'où trimètre, tétramètre, etc.) dans Horace, sur 32 séries de 4 vers.
La séance
Chaque élève s'est installé devant sa machine. Tout marche, car la salle a été contrôlée juste avant par mes soins. Consigne orale : opter pour : VERSIFICATION, puis HORACE, puis EXPLICATION. Rendre disponible son exemplaire d'Horace. Distribution de la feuille technique, présentant les définitions, avec un exemple à compléter à partir de ce qui est donné à l'écran.
La feuille technique :
La tragédie classique utilise l'alternance des rimes masculines (sans finale en e muet) et des rimes féminines (finale en e muet).
A) identité des finales : une rime est dite
- pauvre : l'élément phonique final est commun. RARE.
ex. v. 65 - 66 : vous - époux ; ex. pers :
- suffisante : deux phonèmes finaux sont en écho réciproque. FREQUENT
ex. v. 5 - 6 : abattu - vertu ; ex. pers. :
- riche : trois phonèmes finals sont en reprise. FREQUENT
ex. v. 1 - 2 : douleur - malheur ; id. :
- léonine : quatre et plus. RARE
ex. 7 - 8 : alarmes - larmes ; ibid. :
La structure des rimes est plate : aa, bb, cc, etc. sauf l'oracle à Camille des vers 195 - 198 qui est à deux rimes croisées. abab
B) le rythme est celui de l'alexandrin, à cause du Roman d'Alexandre, à l'époque médiévale, écrit en vers de 12 syllabes.
Une césure (correspondant à un blanc de mot) coupe le vers ; elle est dite à l'hémistiche car elle coupe la moitié du vers.
De plus, un accent d'intensité, issu du latin, frappe les noms (donc, les adverbes en -ment, parfois les pronoms, si besoin est), les adjectifs, les verbes (sauf, parfois, les auxiliaires) en français.
La mesure s'arrête à cet accent :
L'alexandrin est un tétramètre si l'on a : 3/3//3/3
ex. v.1 Approuvez/ ma faibles/s(e) II et souffrez/ ma douleur/
3 3 3 3
Déroulement : il faut donner des explications personnalisées à ceux qui confondent syllabes et phonèmes, rimes masculines et féminines - placées là uniquement à titre de rappel puisque l'alternance est de règle - compte des syllabes et césure. Les plus rapides sont déjà dans l'EXERCICE.
une série : Horace, I, 1 - 4
approuvez ma faiblesse, et souffrez ma douleur ;
Elle n'est que trop juste en un si grand malheur :
Si près de voir sur soi fondre de tels orages,
L'ébranlement sied bien aux plus fermes courages ;
1) première et deuxième question : valeur de la rime (les diverses possibilités sont proposées en menu : pauvre, suffisante, riche, léonine ; la frappe attendue est limitée à : p, s, r, l (saisie à la volée ,sans Enter : pour limiter les manipulations du clavier) ce qui évite toute perte de temps à la frappe. Ce codage permet malgré tout à l'élève de se souvenir des 4 valeurs possibles d'une rime. Ici, 2 fois riches. La feuille, ses exemples, et leur comparaison avec ce qui apparaît à l'écran permettent de trouver souvent la solution. En cas d'erreur, à la demande du défaillant, le prof explique l'origine de son problème, en fonction de l'incompréhension exprimée.
2) mise en place de la césure à l'hémistiche avec les touches standards du clavier PC, vers la gauche ou la droite ; on valide l'endroit choisi pour la placer avec Entrée. Cette opération a lieu 4 fois, puisqu'il y a 4 vers ! Après une ou deux erreurs de comput digital, les seuls problèmes constatés sont formels : certains rentrent la marque de la césure... sur une virgule. Parfois, un problème dû à la prise en compte fautive de e muet. Il est facile alors de faire constater à l'élève qu'il veut construire un alexandrin de 13, 14 voire 15 syllabes.
3) placement des accents, avec ses règles, rappelées sur l'écran : en 3ème, les élèves arrivent, somme toute, à repérer les noms, adjectifs, verbes ou adverbes concernés :
par ex. pour le premier vers, ceci donne :
- - - -
Approuvez ma faiblesse et souffrez ma douleur (sachant que la césure à l'hémistiche reste affichée en permanence à l'écran...)
4) calcul du nombre de syllabes dans chaque mesure, qui s'arrête à l'accent. Ceci s'opère facilement avec le pavé numérique et son Enter. A la fin du premier vers, une série de remarques formelles apparaissent. Par ex. ici, le v. 1 est signalé comme un tétramètre, et le e muet de _faiblesse_ est mis en surbrillance. L'élève peut ainsi constater DE VISU la pertinence de la démarche formelle engagée : la versification permet de justifier un effet que l'élève a tendance à sentir sans pouvoir le justifier objectivement. C'est à ce moment que l'échange le plus fructueux a lieu avec l'apprenant : on peut lui faire sentir les allitérations ou les harmonies, lui faire percevoir l'impact d'un tétramètre ou d'un parallélisme. Ainsi, au fur et à mesure, le jeune se dégage de sa feuille anti-angoisse et va au-delà du bête calcul de syllabes et de la valeur des rimes. Il va sans dire que la terminologie technique est explicitée aux brillants élèves qui en font la demande, au cas par cas.
5) le QCM final sur le quatrain (qui a disparu de l'écran) intervient pour prendre un peu de hauteur par rapport à l'extrait : question sur le contexte, le sens.
La séance elle-même
D'allers en retours, les 9/10 de la classe, en 10 min, sont dans l'EXERCICE. On entre dans le vif du sujet. D'où explications personnalisées pour régler les erreurs (doigt levé ou appel discret). Ce sont aussi les questions d'ordre plus général, après l'étude technique, qui posent problème : certains essaient d'y répondre sans s'appuyer sur leur exemplaire d'Horace. Cela marche sur certains ex., pour l'élève futé, mais l'informatique est là aussi pour apprendre à ces derniers la rigueur, sans se contenter de leur esprit de finesse. Traitement donc sur le tas de ceux qui ont des problèmes avec les références.
Un appel au peuple à la 15ème minute permet de remédier aux dernières incompréhensions des plus faibles et de les lancer dans les exercices, en traitant avec chacun le premier ; finalement, tout le monde entreprend d'investir ses acquis après 20 minutes.
Reste à soigner au coup par coup les incompréhensions en essayant de percevoir leur origine (qu'est-ce qu'une syllabe, à ne pas confondre avec un phonème - ou un son simple, bien sûr ! E muet non perçu ? problème de numération, voire tout bêtement de logique concrète : placement du symbole de la césure, non sur un blanc de mot mais sur la dernière lettre de la 6ème syllabe. Le placement des accents permet de rappeler aussi à certains comment repérer un adjectif, un verbe, un nom, etc. Les dernières 10 min sont occupées en fait à répondre à des problèmes lexicaux ou d'ordre esthétique : les 9/10 des élèves, la versification bien en main commencent, comme eux, à se poser des questions de forme : effet d'une symétrie, voire d'un tétramètre ou d'une allitération, d'une harmonie, car ces informations sont présentées gratuitement, à la moitié du travail technique...
- sens : certains extraits semblent elliptiques ? les lecteurs... virtuels ! se rendent compte vraiment de l'utilité de leur support-livre pour répondre à la question sur le sens qui clôt l'étude des 4 vers.
Compte-rendu de l'inspection
Lors de l'entretien, d'emblée, Mme l'inspectrice tient à me remercier pour l'intérêt qu'elle a pris à mon cours. Au cours de la conversation franche qui s'ensuit, j'évoque mon premier échec au CAPES pratique, au prétexte d'utiliser trop l'ordinateur avec mes élèves, en 82, et le conseil de l'Inspecteur Général l'année suivante, de continuer à en faire autant, mais sans en parler ! Pour Mme l'Inspectrice "l'heure s'est déroulée dans une excellente atmosphère de travail et d'émulation, l'ordinateur évaluant lui-même les performances de chacun... Un travail très substantiel a été accompli par le professeur qui ne s'est pas contenté d'une approche mécanique... Voilà un remarquable effort, une intelligente adaptation d'une discipline à l'enseignement du français."
Mme l'Inspectrice évoque ensuite mon ardeur novatrice (vu le site http://fleche.org/lutece). La suite est moins glorieuse, bien sûr : tenue précise du cahier de textes (hélas !), accroissement du volume des lectures (je le regrette, je bats ma coulpe devant vous, collègues!).
Après de tels avatars, je ne sais plus comment signer !
Hubert Steiner
h.steiner@wanadoo.fr
Vos réactions : epinet@melusine.eu.org
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BIBLIOGRAPHIE
J'enseigne avec l'Internet en sciences de la vie et de la Terre.
Daniel Fages, Marie Laure Guenné, Clément Lièvre
CRDP de Bretagne, 2000, 78 pages, 75 F.
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Dans les sciences de la vie et de la terre (ex sciences naturelles, ex biologie-géologie) l'image, l'analyse de documents, ont toujours tenu une place importante. On comprend que les enseignants de cette discipline s'intéressent à l'Internet pour la formidable banque de données à leur disposition, et à celle des élèves. La possibilité pour les enseignants d'échanger facilement et rapidement entre eux est également un puissant attrait.
Dans la première partie de cet ouvrage, "L'Internet en classe", les auteurs, trois professeurs de SVT en lycée, vous apprennent comment rechercher un document sur le Web, comment capturer un site et l'utiliser hors ligne avec les élèves. Ils décrivent le matériel nécessaire (l'accès direct vers l'extérieur à partir du laboratoire SVT n'est pas toujours évident !), démontent par le menu quelques applications réalisables en classe. C'est clair, concret et tout à fait réutilisable pour faire ses premiers pas à condition d'avoir quelques connaissances en amont comme, par exemple, sur l'utilisation d'un moteur de recherche ou d'un logiciel de capture de site... Ils expliquent enfin (de façon forcément succincte compte tenu du volume de l'ouvrage) comment réaliser en html, et faire réaliser par les élèves, des documents diffusables sur intranet et sur l'Internet.
La seconde partie donne des adresses utiles pour des recherches sur le réseau mondial (moteurs de recherche, sites nationaux et académiques, laboratoires, instituts, revues spécialisées). Regrettons l'absence du web de l'EPI sur lequel on peut trouver les 39 numéros parus d'EPI.Net dont la rubrique SVT est pourtant unanimement reconnue. Mais nul n'est parfait !
Un glossaire termine cet ouvrage qui a sa place dans tous les laboratoires de SVT.
Jacques Baudé
J'enseigne avec l'Internet en sciences de la vie et de la Terre.
Daniel Fages, Marie Laure Guenné, Clément Lièvre
CRDP de Bretagne, 2000, 78 pages, 75 F.
Vos réactions : epinet@melusine.eu.org
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BIBLIOGRAPHIE
Les TICE et l'école
Dossiers de l'Ingénieurie informatique n° 33,
CNDP, décembre 2000
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Les "Dossiers" sont bien connus et attendus par les enseignants. Celui-ci est bienvenu au moment où le ministère annonce son intention de connecter toutes les écoles à Internet et de faire passer le "brevet informatique et internet" à tous les élèves du primaire dès 2003.
Une première partie de la revue est consacrée aux applications pédagogiques. Et il faut dire qu'elles sont très variées. Citons quelques enthousiastes : Pascal Fancéa montre à travers l'exemple de l'école du Versoud comment les élèves ont appris à organiser et réaliser un cédérom. A l 'école maternelle, un cédérom sert de support à des activités variées : maîtrise du geste, création de personnages, collages... Catherine Ravelli cite d'autres exemples d'utilisation raisonnée de l'informatique et d'Internet. Alain Couriaut et Anne Tual montrent comment se servir du logiciel ELSA en classe de lecture. Les sciences ne sont pas oubliées : François Chevalérias présente quelques usages scolaires présents : correspondre sur des projets, interroger des experts, simuler, etc.
Deux projets méritent le détour : celui des risques majeurs (Grenoble) et la célèbre "Main à la pâte". Mais, à Anthy sur Léman, Elisabeth Pouyau rappelle aussi ce que l'utilisation des TICE nécessite d'énergie et de disponibilité pour l'enseignant.
Une seconde partie de la revue sort du cadre réduit de la classe pour montrer comment les écoles peuvent s'organiser.
Chantal Courtaux rappelle les efforts du ministère pour équiper Les écoles et les faire communiquer. Jean-Louis Durpaire et Bernard Usé présentent le plan triennal d'équipement des écoles.
Alain Bentolila rend compte du réseau des observatoires de la lecture.
Une dernière partie présente les "nouvelles ressources". Il s'agit souvent de sites internet créés par des instits de terrain ou le tissu associatif. Sont mentionnés par exemple les association Freinet et EPI, les site de "Cartables", "qui s'est imposé sans conteste comme une référence", et Infoécoles.
La revue se termine sur un tableau des logiciels pour la classe.
Au total, un numéro très riche et que les enseignants liront avec profit. Encore n'avons nous rendu compte que d'une partie de son contenu ! Mais un numéro peut-être trop ambitieux tant la capacité de création des enseignants du primaire est grande. De nombreuses expériences n'ont pu trouver place dans ce "Dossiers". Vivement la suite !
François Jarraud
Les TICE et l'école.
Dossiers de l'Ingénieurie informatique n°33, CNDP, décembre 2000 - 35 FF.
http://www.cndp.fr/tice/dossiersie
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(fin de la première partie)
Prochain numéro le 12 Mars 2001.
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Lettres anciennes et Français : Jacques Julien
Maths : Pascale Lambert-Charreteur
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Enseignement primaire : Pierre-Marie Lasseron
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(26/02/01)
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