LA SIMULATION DE GESTION Marie-France Amare, Professeur d'Économie et Gestion, Simuler, c'est mettre en situation le formateur et l'apprenant dans une représentation simplifiée de la réalité. La complexité de cette réalité observée détermine la répartition des rôles entre les acteurs. De la simple observation dans un champ d'expériences déterminé, à la prise de décision dans un environnement aléatoire, c'est dans ce dernier contexte que se situe la simulation de gestion. La simulation de gestion est-elle la méthode d'apprentissage ? La simulation de gestion est la transposition d'une pratique sociale de référence. Elle se définit par trois caractéristiques. D'une part, elle permet, par la mise en situation des formés, d'accéder à une représentation du réel de l'entreprise. Elle suscite le travail autonome au sein d'équipes, c'est une démarche de révélation et d'élucidation des problèmes. Elle favorise la découverte ou l'approfondissement de concepts, objets de connaissances, c'est un tremplin vers la conceptualisation. Elle privilégie la démarche méthodologique en vue d'une transmission de savoirs et de savoir faire, c'est une méthode pédagogique. Elle révèle des comportements, c'est un outil de formation à la communication. D'autre part, la simulation de gestion donne au professeur quatre dimensions. Il construit le « scénario » pédagogique, canevas décrivant l'enchaînement des travaux à réaliser et des modalités de leur évaluation, c'est un concepteur. Il apporte, à l'ensemble des acteurs, des savoirs et des savoir faire, c'est un formateur. Il écoute et conseille les équipes, c'est un animateur. Il fait la synthèse, évalue et rend compte, c'est un auditeur. Enfin la simulation génère la création d'équipes pédagogiques motivées. Les quatre dimensions du professeur, que nous avons décrites, seront d'autant mieux exploitées qu'elles résulteront de la mise en commun des compétences disciplinaires diverses. Cette pratique interdisciplinaire est rendue possible par le contexte défini par la simulation : Quelles modalités d'exploitation ? Sont présentés ci-après deux exemples d'exploitation de simulation de gestion : « Apimarché » (Édité au CNDR Auteurs : M. et Mme Lavabre, professeurs d'Économie et Gestion) et « Simitali » (Auteurs du logiciel Simitali : Marc Combes et Daniel Boitaud, professeurs d'Économie et Gestion). 1. Apimarché : Un logiciel d'apprentissage disciplinaire Dans le contexte d'une classe de première technologique tertiaire, un professeur d'économie et gestion met en oeuvre ce logiciel pour bâtir la progression de son enseignement de gestion. Objectifs de l'enseignant
Étape n° 1 : se situer dans le contexte « entreprise » Découvrir une entreprise très simple (apiculture) grâce à un support polycopié qui simule, pour chaque élève, la première période de production de miel. Les concepts de base de gestion et d'économie d'entreprise sont ainsi introduits. Étape n° 2 : apprendre à gérer l'entreprise Découvrir le couple produit (vente de miel) et marché (mise en concurrence d'entreprises gérées par les élèves). Cette découverte est guidée, dans un premier temps, par un logiciel d'apprentissage qui positionne les notions de situation, de décisions et d'objectifs à atteindre. Définir les objectifs, la stratégie qui permettra de les atteindre. Respecter les règles du marché et adopter des tactiques (décisions prises à chaque période) cohérentes avec les objectifs fixés. S'organiser pour analyser les résultats.... En parallèle se familiariser avec l'apprentissage des fonctionnalités des outils logiciels : tableur, grapheur, traitement de texte... Étape n° 3 : décider et comprendre Les acteurs découvrent l'environnement concurrentiel et décident. Des travaux interdisciplinaires sont proposés (Exemples : en droit, plainte d'un voisin dérangé par les abeilles ; en techniques commerciales conception du logo, en expression, rédaction d'une lettre...). L'élève identifie les problèmes, ... comprend ... avant d'apprendre. 2. Simitali : Un logiciel d'apprentissage interdisciplinaire Cette fois, le contexte se situe lors de l'accueil d'étudiants de deuxième année de BTS « Hôtellerie-restauration » et « Tourisme ». Cent étudiants (trois classes) sont regroupés durant une période bloquée d'une semaine. Ces classes sont éclatées en groupes autonomes assumant la fonction de direction d'entreprises concurrentes. Trois professeurs animent cette séquence pédagogique : Objectifs de l'équipe pédagogique
Une démarche cohérente et motivante pour les étudiants acteurs Étape n° 1 : s'informer
Étape n° 2 : décider et comprendre Phase n° 1 : les acteurs découvrent l'environnement concurrentiel. La gestion d'entreprise est un compromis entre des intérêts différents des divers sous systèmes : production, financier, commercial, personnel.... Chaque entreprise vit dans un environnement partenarial créé par l'animation :
Autour du coeur du modèle comptable et financier gravitent des travaux complémentaires ou « challenges », tâches interdisciplinaires conçues par l'équipe pédagogique (exemples : dossier de financement, de gestion, de communication, d'animation touristique...). Phase n° 2 : les acteurs recréent le contexte de l'entreprise pour analyser leurs résultats et prendre leurs décisions.
Étape n° 3 : rendre compte, lors de l'assemblée générale, qui se déroule durant une demi-journée en milieu de la semaine suivante Chaque équipe justifie à sa façon et présente la stratégie menée durant la semaine et la situation atteinte. Les actionnaires, ensemble des étudiants des autres entreprises, interpellent les dirigeants. Cette assemblée se termine par la synthèse et l'évaluation présentée par l'équipe pédagogique. Note : une version bilingue du logiciel permet une participation active des enseignants de langues vivantes. Dans quelles situations d'apprentissage ? Les méthodes d'apprentissage habituelles mettent en jeu deux types de partenaires, le formateur et l'apprenant dans la classe. La simulation de gestion peut, en structurant autrement le cadre traditionnel, générer un scénario conçu par une équipe pédagogique, au service du groupe d'apprenants dans un espace aménagé. Le scénario met en synergie des situations d'apprentissage.
On privilégie alors le savoir-faire et le savoir être.
Mais la simulation ne s'improvise pas elle suppose une formation La formation initiale et continue des enseignants à cette pratique pédagogique interdisciplinaire peut être réalisée en trois étapes. Le formateur vit la simulation en OBSERVATEUR, puis en ACTEUR et enfin en METTEUR en SCÈNE. Le formateur observe pour se convaincre. Deux cassettes entièrement conçues par les étudiants du BTS audiovisuel du lycée des Arènes (lycée de la communication) de Toulouse, peuvent servir de point de départ à une observation des exemples présentés succinctement en pages précédentes. On appréhendera ainsi les diverses dimensions : La cassette « Simulation de gestion » est disponible en passant commande, au prix de 290 F TTC port inclus, à : Lycée Polyvalent des Arènes La cassette « Simulation Apimarché » est en cours de montage. Le formateur expérimente pour être convaincu. La mise en oeuvre dans le plan de formation continue (MAFPEN) ou initiale (IUFM) (formations disciplinaires ou transversales) de formations à la simulation peut constituer un thème d'étude centré sur le rôle respectif de l'élève, de l'équipe pédagogique et des outils audiovisuels et informatiques. Deux étapes doivent être suivies : Certains auteurs sont prêts à encadrer de telles formations. Le formateur met en oeuvre et exploite la créativité des élèves. L'atmosphère de satisfaction générale (formateurs, formés, « administratifs »), qui se dégage de la cassette audiovisuelle, atteste de l'efficacité pédagogique d'un apprentissage par la simulation. Paru dans L'intégration de l'informatique dans l'enseignement et la formation des enseignants ; actes du colloque des 28-29-30 janvier 1992 au CREPS de Châtenay-Malabry, édités par Georges-Louis Baron et Jacques Baudé ; coédition INRP-EPI, 1992, ___________________ |
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