À propos des préconisations de Richard Descoings Le 2 juin dernier, Richard Descoings a remis au Président de la République ses préconisations sur la réforme du lycée dont l'EPI a pris connaissance avec intérêt [1]. Vaste et importante question pour le pays que cette réforme, aux multiples facettes [2]. Occasion à ne pas manquer de poser une autre question, pédagogique car sociétale, qui revêt une importance « certaine », à savoir celle de la nécessité d'une discipline informatique en tant que telle dans le lycée du 21e siècle. En effet, cette discipline est encore la grande absente dans le lycée actuel. Or, l'informatique est partout dans le monde qui devient numérique [3]. Au plan mondial, elle représente plus de 30 % de la R&D. Ce qui signifie que dans la « vraie vie » elle est une des composantes majeures de la science contemporaine. Pour l'EPI et le groupe ITIC de l'ASTI, il ne peut qu'en aller de même au lycée, l'informatique devant y être une composante à part entière de la culture scientifique scolaire des élèves, quel que soit leur parcours (séries générales, technologiques et professionnelles). Dans son rapport, Richard Descoings pointe « une orientation subie, conséquence d'une information insuffisante et orientée, les lycéens choisissant une voie plus par défaut plus que par goût aux contenus et aux débouchés professionnels ». Il propose de « faire de la Seconde une vraie classe de détermination ». Le lycée est effectivement l'espace et le moment où les élèves construisent leur autonomie intellectuelle, leur accession à la citoyenneté et où naissent les vocations. L'on sait la pénurie d'informaticiens qualifiés, plus généralement celle concernant les métiers des TIC : Viviane Reding, membre de la Commission européenne, responsable des télécommunications, soulignait en octobre 2008 au « Forum des femmes pour l'économie et la société », la pénurie de main-d'oeuvre qui menace le secteur européen des TIC dans lequel, faute de personnel qualifié, ce sont 300 000 emplois qui risquent de rester vacants en 2010 [4]. Un enseignement de l'informatique ne peut que favoriser les indispensables vocations dont la société a un besoin urgent. Richard Descoings souligne « l'excessive généralité de la série S qui porte atteinte aux besoins d'élèves puis d'étudiants dotés d'une véritable maîtrise scientifique ». « Généralité » mais aussi, dans les programmes actuels nous l'avons dit, singulière absence. L'omniprésence de l'informatique dans les autres sciences, sa place dans l'entreprise et la société, les dialogues que, par exemple, les ingénieurs d'un secteur industriel donné (aéronautique, chimie...) doivent avoir avec les spécialistes informatiques... font que de nos jours une véritable maîtrise scientifique implique celle de l'informatique. Au 21e siècle, dans la société numérique, une section scientifique au lycée ne peut que faire toute sa place à une discipline informatique. Les filières technologiques qui ont vocation à former des cadres compétents doivent voir leurs enseignements informatiques renforcés ; et les élèves de la série L, dont il est nécessaire de développer la culture scientifique, se verraient proposer une option comprenant de l'informatique. Nous nous félicitons par ailleurs de la volonté de conforter la place des nouvelles technologies par l'utilisation des TICE, de la promotion de la pédagogie de projet à laquelle l'informatique se prête particulièrement bien, de la prise de conscience de l'insuffisance des moyens consacrés à la maintenance informatique et du rappel d'une indispensable formation des enseignants. L'EPI et le groupe ITIC de l'ASTI ont été reçus le 2 juin à la DGESCO [5]. La rencontre a donné lieu à des échanges riches et approfondis portant à la fois sur les questions de fond qui sont posées et les réponses éducatives concrètes à leur apporter, notamment : quels contenus scientifiques pour un enseignement de l'informatique en classe de seconde, dans l'ensemble des séries générales et technologiques, sous la forme d'une discipline dans les séries scientifiques, en particulier en S ? quelles modalités de formation des professeurs appelés à assurer de tels enseignements ? mise en place d'expérimentations en classe de seconde à la rentrée 2009 [6]. Un beau chantier pour la prochaine année scolaire ! Le 24 juin 2009 Jean-Pierre Archambault NOTES [1] http://www.education.gouv.fr/cid28372/preconisations-sur-la-reforme-du-lycee.html. [2] Le rapport de la mission d'information de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale (rapporteur B. Apparu) sur la réforme du lycée est téléchargeable à : http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i1694.asp#P1002_276849. [3] Pourquoi et comment le monde devient numérique, leçon inaugurale de Gérard Berry au Collège de France, 17 janvier 2008. [4] Avis de recherche : l'Europe a besoin de cybercendrillons. [5] Jean-Pierre Archambault, Président de l'EPI et membre du Bureau de l'ASTI, et Gilles Dowek, professeur d'Informatique à l'École Polytechnique et membre du groupe ITIC de l'ASTI, ont été reçus le mardi 2 juin 2009 à la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) du Ministère de l'Éducation nationale par Élisabeth Monlibert, Sous-directrice des écoles, des collèges et des lycées généraux et technologiques, et Véronique Fouquat, Chef du bureau des programmes d'enseignement. [6] Nous avons fait référence aux propositions de programmes « Un module informatique et société numérique en classe de seconde » et « Proposition de programme Seconde Première Terminale » que le groupe ITIC de l'ASTI a élaborés. ___________________ |
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