Pour un plus libre traitement de textes plus libres

Alex Lafosse
 

     « Dans notre régime où sévit la soi-disant neutralité, où l'école reste jalousement à l'écart de la vie... nos journaux muraux seront-ils de simples recueils de travaux scolaires groupés par centres d'intérêt, ou pourrons-nous y fixer une certaine vie, une certaine vigueur, reflétant l'esprit de nos classes ? » - Célestin FREINET - Avril 1931.

     La querelle sur le point de savoir si le traitement de texte, en tant qu'outil de création d'écrit, est ou non supérieur à la plume est en passe d'éclipser celle des guerres Picrocholines sur la manière d'entamer les oeufs-coque : par le petit ou le gros bout ?

     Selon Jérome Lindon, l'ordinateur « serait en train de stériliser une partie de la création littéraire ». « Comment Proust s'y serait-il pris devant un Macintoch ? » se demande de son côté Poirot-Delpech.

     On sait aussi que si Umberto Eco est définitivement pour, Annie Ernaux voit dans l'explosion des « tags » sur les murs des cités, la réponse d'une écriture manuelle trop injustement déprisée [1].

     Certains font même remonter la querelle fort avant dans le temps, évoquant par exemple les cours de pédagogie dispensés à la promo 1848 de l'École normale de Rennes :

« La plume d'oie, par son élasticité, la facilité avec laquelle on la taille pour tous les genres d'écriture et son prix modéré a une supériorité incontestable. Néanmoins on peut utiliser les plumes métalliques pour les dictées et les devoirs à la maison » [2].

     Querelle appelée d'ailleurs à rebondir, nous l'allons voir à propos du... brouillon ; le vaut-il mieux manu ou « tapuscrit » ?

PÉDAGOGIE DU FAIRE SEMBLANT...

     En Collège, les rôles sont en tous cas bien répartis : au professeur de Français de faire produire du texte. Au professeur de Technologie d'enseigner à en traiter.

     Premier hic : on ne parle pas du même texte. Celui produit en Français continue d'être traité à la plume. Celui en techno, à l'ordinateur, demeure la sacro-sainte commande fictive, auprès d'un fournisseur supposé, de composants électroniques imaginaires.

     Et bien malin le prof de Français qui réussirait à amener ses élèves devant un ordinateur ; de même qu'hier les « nanoréseaux » étaient « squattés » par les profs de maths, les P.C. le sont aujourd'hui dans des ateliers de techno sur-occupés, sinon bouclés à double tour. (sécurité oblige !)

     D'autant que ce n'est pas la techno, ses lettres fossilisées et ses exercices systématiques de découverte du clavier qui vont pouvoir donner - ou redonner - goût d'écrire à qui que ce soit.

     Les logiciels dont on dispose à cet effet (Works le plus souvent) étant d'ailleurs en partie dépassés.

     Pour s'initier aux subtilités d'utilisation de pareil intégré, une secrétaire de profession a besoin d'une dizaine de jours de stage intensif en petit groupe : presque plus que le temps total de formation de base à l'informatique d'un prof de techno. Dispensée d'ailleurs à une époque où Windows comme Winword étaient inconnus.

     Qui pourrait de toute manière s'essayer, durant une partie des quelques heures de techno et au niveau de classes de collège si rarement dédoublées en dépit des textes, à introduire véritablement à cet outil de Bureautique professionnelle sans risquer d'écoeurer à jamais de toute production écrite ?

     Premier problème posé donc : quelle pédagogie pour l'appropriation de l'outil informatique par les jeunes : la mise en situations réelles d'apprentissage ou le faire semblant ?

     Doit-on demander à la technologie d'apprendre l'outil ou d'apprendre à l'utiliser ?

     Le seul « avantage » indéniable d'une pédagogie du faire semblant étant qu'elle permet d'esquiver tous les problèmes de relation à l'environnement qu'une pédagogie « en vraie grandeur » ne manque pas de faire naître !

... OU TRAVAIL EN VRAIE GRANDEUR ?

     Pourtant, bien des gens peuvent en témoigner, l'écran d'un traitement de texte peut exercer sur les jeunes [voire même les moins jeunes] une fascination réelle qui pousse indéniablement à écrire.

     Est-ce la jubilation d'aligner, au lieu de pattes de mouches, des lettres bien moulées, bien brillantes ?

     Toujours est-il qu'aussi bien au Mouvement FREINET qu'à l'A.F.L. comme en tout autre mouvement pédagogique centré sur la production d'écrit par les jeunes, le phénomène a, dés le début de l'école élémentaire, pu être bien mis en évidence.

     Que cette fascination se trouve ou non relayée et renforcée par le journal scolaire, sur papier, écran télématique [3], affiche ou Télécopie.

     Voir à ce sujet la relation d'une expérience, menée l'année précédente, de mise en jeu du traitement de texte par une CPA (Classe Préparatoire à l'Apprentissage), d'effectif heureusement réduit, ayant utilisé ses six heures mensuelles de Français à la réalisation chaque mois d'un journal - papier, affiche et fax -.

     Expérience ayant débouché, en collaboration avec leurs correspondants aux Etats-Unis, à Barcelone et en Nouvelle Zélande sur la production d'un « Journal à quatre mains » édité par la Mission Culturelle auprès de l'ambassade de France à Wellington [4].

     Et tout récemment abouti à la réception, au collège et dans les familles, de la classe de « nos corres du bout du monde ».

« SECRÉTAIRE » ÉLECTRONIQUE

     « Secrétaire » étant, nous le verrons, à prendre sous la double acception qui en amorce la définition dans le Quillet : « Dépositaire des secrets de quelqu'un » et « Personne employée par quelqu'un à rédiger ses lettres ».

     Un peu, en effet, l'utilisation que je proposais cette année aux classes de sixième d'un des Collèges où j'exerce.

     Les thèmes de travail indiqués demeurèrent larges et peu contraignants ; réponses aux questions de correspondants Néo-Zélandais ; nos habitudes alimentaires, le tabagisme..., questions à leur adresse (le tout en Français), lettres au Père Noël ou aux extraterrestres (en écho au fax d'une École bretonne)

     Mais aussi possibilités rappelées de travailler pour un autre professeur, voire à usage personnel ; lettre à un parent, un ami...

     La possibilité d'éditer un journal, évoquée au départ, ne fut guère rappelée par la suite.

     En début de séance les enfants pouvaient choisir seuls ou à deux, voire à trois, un des sept à huit ordinateurs disponibles et équipés de logiciels très simples de P.A.O. ou, pour leur grande majorité, de traitement de texte (Works).

     À l'issue de chaque séance j'emportais, pour « correction » à la maison, les disquettes contenant les productions des enfants.

     Le tirage des textes était en général assuré sur imprimante à jet d'encre, copie remise la séance suivante, soit pour témoigner du travail réalisé, soit pour suite à donner (corriger ou compléter).

« REWRITING » ET « BROUILLON PÉDAGOGIQUE »

     Orthographe, style et mise en page étaient soit corrigés avec l'élève en cours de séance soit « rewrités » par mes soins avant restitution de la « copie ».

     Si je préfère utiliser ici le terme anglo-saxon, plus technique et journalistique, c'est par souci d'éviter une confusion avec celui de « réécriture », auquel des expériences récemment mises en avant par l'Association Française pour la Lecture ont conféré une signification d'un pédagogisme délibéré, dont certaines approches sont jugées discutables par certains [5].

     Précisons que le souci de respecter le fond ; le contenu voulu par l'auteur, demeurait central. Si, en de très rares occasions, des propositions d'ajouts ou de retraits lui étaient faites au niveau du fond, il était en même temps bien précisé qu'il demeurait totalement libre de les refuser.

     Argument de certains écrivains pour ou contre le traitement de texte : la possibilité, perdue ou enfin dépassable, du bon vieux brouillon de papa.

     « Alors que depuis qu'il est utilisé à des fins pédagogiques, les comptes-rendus ne manquent pas qui louent les vertus de cet outil à offrir en permanence un brouillon propre », Michèle Caillot-Gary et Allain Glykos [6] revendiquent quant à eux le brouillon en tant qu'« espace privé qui n'a pas à être propre, mais d'abord un chantier où le texte se travaille, se reprend et se rature... »

     Brouillon par contre appelé par les tenants à l'A.F.L. du logiciel « Genèse du texte », à s'élaborer entièrement sur ordinateur aux fins d'analyse ultérieure [7]. Principe simple : enregistrer au moment de l'écriture toutes les opérations effectuées par le scripteur pour rappel et étude ultérieure en commun.

     Autre phénomène également intéressant à exploiter selon Michèle Caillot-Gary et Allain Glykos, celui, si fréquent lors de débuts en traitement de texte, de la page accidentellement disparue :

« - M'dame, M'dame ; y m'a bouffé mon texte ! - Qui peut dire à Karine où se trouve son texte ? - Derrière l'écran, y s'est enroulé par le haut ! - Mais non ; sous le clavier : - Idiot : Dans la mémoire, bien sûr ! - Non, non ; dans la disquette ... »

     Intéressante aussi cette réfutation par les mêmes du pont aux ânes selon lequel l'ordinateur serait l'outil Skinnerien par excellence, incontournable autant qu'obligatoire, de toute pédagogie individualisée.

CRÉATIONS...

     Extrêmement divers, souvent surprenants en tous cas que les thèmes de ces « textes libres » de mes jeunes de onze-douze ans.

     Leurs goûts musicaux, bien sûr, mais aussi les poissons de leurs rivières et les appâts auxquels ils mordent ou les dictons traditionnels sur le temps...

     Ou des textes si innocemment révélateurs qu'il ne faudrait surtout pas les confier à des psy !

     Parfois d'une puérilité -pour ne pas dire « cucuterie » - aussi déconcertante que rafraîchissante !

     Parfois sans ambiguïté aucune :

« Bonjour Vincent ! Est-ce que tu m'aimes, moi, ou bien est-ce Sophie ? Réponds ! »
« ... Tu peux le dire à Ludo ; il m'a forcé à sortir avec toi et tu m'as dit : - Peut-être en 6ème ».
« Oui ou non ? »
(Eulalie à un camarade encore en CM 2 !)

     Parfois curieusement pittoresques comme celle où on voit Annabelle et Sandrine, installées au même clavier et tapant à tour de rôle, démarrer sur un ton réellement très poétique qui, petit à petit, se gâte pour se terminer en échanges extraordinairement venimeux.

     Parfois étonnants raccourcis comme celui où Sandrine et Annabelle font amicalement sa fête à leur toujours souriant copain Loïc Chouzenoux :

« J'aime deux choses, toi et la rose ; la rose pour un jour, toi pour toujours.
Je déteste deux choses, moi et Chouzenoux, moi pour un jour, Chouzenoux pour toujours ! »

     Parfois frais et sensibles comme ces textes de fillettes évoquant leur passion pour l'équitation et dédiant un poème à leur Ponette...

     Parfois aussi si variés, truculents et pleins de verve comme « Les sous doués en vacances » d'Annabelle, « La classe folle » de Céline et Yoann, « Les zigotos casse-bonbons » de Laurent et Christophe, « Les turbo-chaussures » de Damien et Laurent, « Le rallye du Montenegro » de Vincent et Loïc ou « Salut les fans de foot ! » de Loïc et Laurent que l'idée originelle d'en tirer un journal de 6ème B en vint à s'imposer à nouveau d'elle-même.

... ET NÉGATION

     Ce qui n'alla pas sans les inévitables problèmes, d'ailleurs tout à fait prévisibles, avec les incontournables « adultes responsables » qui veillent dans chaque établissement scolaire !

     Un texte comme celui du bon gros Wilfried ne dépassait-il effectivement pas les bornes permises ?

« Le collège des Trois Vallées.
« Dans ce collège il y a des professeurs géniaux. Mes cours préférés sont l'Anglais, les Maths, la Musique et le Dessin. Le professeur de musique est classique, le professeur de maths adore les problèmes, quant au professeur de dessin, on dirait qu'elle a toujours un train à prendre...
« Ce collège connaît bien des aventures drôles, tristes ou gaies. En cette fin d'année, heureusement, elles sont de plus en plus drôles. C'est un collège d'aujourd'hui ! »

     Ni drôle ni gaie ne fut en tous cas la cabale déclenchée par ce professeur de dessin dont Wilfried appréciait tant les cours et dont il est vrai que le côté un peu « speedé » avait de tous temps été un thème d'aimable plaisanterie en salle des profs.

     Salle des profs qui n'en entra pas moins instantanément en révolution !

     Toujours est-il qu'après avoir refait six pages sur huit, sacrifié un quart de leurs textes, puis encore refait deux pages et encore sacrifié, les 6 B purent enfin, un peu grâce à l'aide de leur jeune prof de Français accouru à la rescousse, sortir leur journal.

     Mais non sans... interdiction de le diffuser à l'extérieur de l'établissement !

     Le tort avait certainement été de vouloir rendre public le confidentiel : une partie sans doute s'y prêtait, l'autre pas.

     Les textes avaient en effet été rédigés en un relatif vase clos, englobant les membres de la classe et l'adulte autour de « secrétaires électroniques » souvent utilisés comme sortes d'isoloirs/défouloirs.

     L'auto censure y avait donc été faible et la contradiction paraissait évidente entre la spontanéité et la confidentialité d'un « texte libre », confié à une sorte de « journal intime » (intime au moins pour la classe) et les contraintes d'une publication.

     Les « journaux intimes » ne sont-ils pas le plus souvent publiés après la mort de leurs auteurs ? Et malgré cela, souvent expurgés !

     Que faire alors ? Faudrait-il donc attendre la « mort » d'une classe avant de publier certains passages de son journal ? Où serait alors l'intérêt ?

MESSIEURS LES CENSEURS ...

     Le problème demeure en tous cas posé : un jeune ne saurait donc causer ni de son établissement, ni de ses parents, ni de ses programmes, ni de ses profs, ni de ses copains à part d'en dire : « Ils sont géniaux ! » point final ?

     Ou bien : « Les profs sont toujours à l'heure », comme dans cette publication récente de poèmes du collège en question - précision que l'Inspecteur d'Académie s'est bien naturellement fait un plaisir de reprendre dans la préface !

     Certains diront probablement que l'observation du monde tel qu'il va suffit à fournir ample moisson de thèmes.

     C'est sans doute vrai mais seulement en un second stade.

     Si, au départ - et sans doute aussi un peu par la suite - l'enfant ne peut parler de ce qui le concerne directement, que lui restera-t-il donc qui le touche vraiment ?

     Peut-il y avoir véritable « réconciliation avec le lire-écrire » si celui-ci doit rester synonyme de dictées, interros ou autres évalos piégeantes ou barbifiantes. Sans possibilité de « se marrer », de rêver, de « s'éclater » ou se faire plaisir, comment y jamais prendre ou reprendre goût ?

     L'ironie ne pouvant bien entendu fonctionner que dans un seul sens.

     Qui n'a assisté en salle de profs - comme souvent en ce même collège - à ces assauts supposés hilarants de collègues déclamant à tour de rôle des extraits des copies de leurs élèves, épelant les fautes d'orthographe, détachant les erreurs de temps, soulignant les maladresses ou les naïvetés de style...

     Comment leurs élèves n'en auraient-ils pas plus ou moins obscurément conscience ?

     D'autant que le passage dans l'ouverture de la porte de nez de jeunes en quête de tel ou tel prof. n'interrompt nullement le lyrisme de si jubilatoires envolées...

... BONSOIR !

     Ce qui n'empêchera d'ailleurs pas les mêmes profs. de sacrifier plusieurs jours de cours pour assister à l'I.U.F.M. à un stage « d'équipe » sur la « lecture-plaisir » et la « pédagogie du détour » avec conférences de pédagos-psys n'ayant sûrement jamais vu de classes qu'en photo.

     Mais « n'est-il pas intéressant d'écouter de temps en temps l'avis de gens qui savent ? »

     N'entendez-vous pourtant point, à la simple évocation de l'idée d'un journal de jeunes, s'enfler leur contrariété de personnes responsables

« À quoi bon toutes ces bêtises : ils n'ont qu'à traiter les sujets de rédac, bûcher les interros de biolo, étudier leurs dates et l'accord des participes, et, surtout, prendre enfin conscience de ce qu'on ne cesse d'essayer de leur faire comprendre : qu'ils sont si nuls qu'ils feraient mieux de se mettre au travail !
« Sur ordinateur ou pas, ce type d'écrit débile ne saurait en tous cas jamais que semer et faire remonter le trouble... »

     Ne rions pas : le problème pourrait bien se reposer avec la généralisation des « portables pour tous », quand chaque élève se verra doté en permanence, comme déjà dans l'expérience du Collège Jean Moulin à Montmorillon, de son ordinateur personnel [8].

     Devra-t-on alors faire des « inspections de notebook » comme on fait des inspections de cahiers ou de casiers ?

     Qui empêchera en effet chaque jeune de noter les pires insanités dans un coin de mémoire de sa machine ? Voire de la connecter aux autres dans la classe ? Pire, de publier tout ça en P.A.O ? Voire de le « tagger » au mur avec une turbo-imprimante à jet d'encre renforcé !

     Le pire - comme le meilleur, qui sait ? - en ce qui concerne « l'écrire avec l'ordinateur » étant peut-être encore à venir...

Alex Lafosse
I.C.E.M. Pédagogie Freinet

Paru dans la  Revue de l'EPI  n° 74 de juin 1994.
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NOTES

[1] Sciences & Vie Micro de Novembre 91 : « L'écrivain et l'ordinateur »

[2] « Écrire avec l'ordinateur » et « Télématique, télécopie » Cahiers Pédagogiques nos 312 et 314/315 5, impasse Bon-Secours 75 543 Paris Cedex 11

[3] voir par exemple « La télématique dans une pédagogie de la communication » aux P.E.M.F. - B.P. 109 - 06 322 Cannes La Bocca Cx

[4] Voir, in Cahiers Pédagogiques n° 314 : « La vie en fax », Alex LAFOSSE sur le Journal Fax en Collège et à l'École Élémentaire.

[5] Voir Actes de Lecture n°40, propos recueillis par Claire Doquet.

[6] Écrire avec ou sans ordinateur au collège, éd. Delachaux et Niestle

[7] 1750 F à l'A.F.L. 24 rue des Petites Écuries 75010 PARIS - (1) 48 00 95 60

[8] Voir le compte rendu de l'expérience in Bulletin E.L.I.S.E. & C.E.L.E.S.T.IN. n° 43 - abonnement à 5 nos. de 50 pages par an auprès d'Alex LAFOSSE - Roc Bédière 24 200 SARLAT - Tél : 53 31 11 43 - Fax : 53 59 26 34 contre 180 F en chèque à l'ordre de « MANUTEC »

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