Pour le développement
de l'informatique pédagogique
dans le système éducatif
Texte approuvé par l'Assemblée
Générale de l'association Enseignement Public et
Informatique réunie le 20 octobre 1990
" ... Les écoles, les collèges, les
lycées et les établissements d'enseignement
supérieur sont chargés de transmettre et de faire
acquérir connaissances et méthodes de travail. Ils
contribuent à favoriser l'égalité entre les
hommes et les femmes. Ils dispensent une formation adaptée
dans ses contenus et ses méthodes aux évolutions
économiques, technologiques, sociales et culturelles du pays
et de son environnement européen et
international... " Art. 1 de la loi
d'orientation sur l'Education de juillet 89. (Extrait)
Le rôle de l'enseignement et de la formation dans le
contexte économique et social de cette fin du XXe
siècle est considérable. Tout doit être mis en
oeuvre pour élever le niveau général de la
population.
Le développement de l'informatique dans le système
éducatif s'inscrit dans l'évolution technologique de
l'ensemble de la Société.
Or, la France dispose d'un grand service public de l'Education et
de la Formation permanente qui a engagé depuis plus de vingt
ans des actions originales d'introduction de l'informatique dans tous
les ordres d'enseignement. Des milliers d'enseignants de toutes
disciplines et de tous niveaux utilisent l'ordinateur comme outil
d'amélioration et de transformation de leur enseignement.
Il faut actualiser les programmes d'enseignement et de formation
en intégrant les apports de l'informatique aux
différentes disciplines.
Il faut aussi former tout au long de leur vie scolaire,
universitaire, professionnelle, toujours plus d'individus ; pour
ce faire, l'EPI considère qu'il doit être fait
résolument appel aux Technologies de l'Information et de la
Communication et en particulier à l'informatique
pédagogique au sens le plus large du terme.
Le moment est venu d'identifier les problèmes
posés au système éducatif susceptibles
d'être en partie résolus par le recours à
l'informatique. Quels sont les besoins, exprimés par les
enseignants, les élèves et par la société
dans son ensemble, et comment l'informatique peut-elle contribuer
à les satisfaire ?
Le moment est venu d'apprécier la place de
l'informatique et des techniques qui lui sont liées, dans les
différentes activités et dans les différentes
disciplines, de définir les contours d'une nouvelle culture
générale.
Contenus et méthodes pédagogiques
" Un Conseil national des programmes donne des avis et
adresse des propositions au ministre de l'Education nationale sur la
conception générale des enseignements, les grands
objectifs à atteindre, l'adéquation des programmes et
des champs disciplinaires. ces objectifs et leur adaptation au
développement des connaissances... "
Art.6 (Extrait)
" Une réflexion en profondeur sur les contenus
de l'enseignement et les programmes est aujourd'hui indispensable.
L'école doit intégrer l'évolution des sciences
et des techniques qui constitue un élément
déterminant pour élaborer les contenus des disciplines
et le choix des programmes... " Rapport
annexé à la loi. (Extrait)
Compte tenu du déploiement de l'informatique et des
Technologies de l'Information et de la Communication en
général, dans un nombre toujours croissant
d'activités humaines, compte tenu des apports de
l'informatique pédagogique aux élèves
(motivation, prise d'initiatives, valorisation, meilleure
compréhension dans de nombreux domaines...), il convient de
réexaminer les contenus comme les méthodes
d'enseignement.
En utilisant les compétences existantes, il convient de
faire très soigneusement le point sur les acquis de
l'utilisation pédagogique et de l'enseignement de
l'informatique tout en poursuivant la recherche de voies nouvelles.
Rappelons que l'EPI, refusant tout dogmatisme, ne pratique aucune
exclusive à l'encontre d'aucune des principales voies
actuellement identifiées.
Elle déplore, par contre, que ne soit pas défini au
niveau national une pratique cohérente des technologies pour
l'ensemble des cursus scolaires et universitaires et rappelle sa
proposition de création d'une mission placée
directement sous la responsabilité du Ministre d'Etat. La
décennie 90 doit être celle de l'intégration
effective et cohérente de l'informatique et des technologies
associées dans l'ensemble du système éducatif.
Dès l'Ecole élémentaire, il faut donner
à l'informatique pédagogique un rôle moteur dans
les apprentissages fondamentaux, lecture, écriture,
calcul ; mais une certaine maîtrise des technologies
modernes doit faire également partie des apprentissages
fondamentaux en cette fin de siècle. C'est par l'utilisation
précoce des outils informatiques dans les différentes
activités scolaires qu'on donnera aux nouvelles
générations une réelle familiarité avec
ces derniers.
Un certain nombre de compétences qui devront être
acquises par les élèves à la fin de
l'école élémentaire doivent être
clairement définies et les enseignants devront être
formés en conséquence.
L'enseignement de la technologie au Collège doit être
partout assuré et faire une large place à
l'informatique. Il doit se développer de façon
cohérente en liaison avec les autres disciplines qui
établissent également des liens
privilégiés avec elle notamment par l'utilisation de
didacticiels. Tout élève à l'issue de la classe
de troisième devra être familiarisé avec des
outils professionnels adaptés (traitement de texte, tableur,
"boîtes noires" permettant de faire des calculs, des dessins,
des manipulations de texte, des simulations...) afin d'être
capable d'en mettre en oeuvre les principales fonctionnalités
(insertion, suppression, écriture au format, traitement de
données numériques, calcul d'écarts dans des
tableaux de valeurs numériques...) et cela dans des
applications ayant un contenu disciplinaire. Il devra avoir
été également initié à la
recherche documentaire faisant appel aux technologies modernes en
particulier dans le cadre du CDI équipé
multimédias.
Savoir rechercher l'information, la traiter, communiquer,
apprendre par soi-même dans des activités de recherche
individuelles et collectives en manipulant des matériels
récents, autant de compétences qui devront être
progressivement acquises tout au long de la scolarité.
Au Lycée comme au Collège, l'utilisation de l'outil
informatique doit être prévue explicitement dans les
programmes et dans les recommandations pédagogiques ;
facultative dans un premier temps, elle s'imposera progressivement en
même temps que les enseignants seront mieux formés. Un
certain nombre de pistes ont été reconnues, on sait ce
qu'il est possible de faire, les équipements se mettent
progressivement en place grâce notamment aux efforts des
collectivités locales, certains progiciels et didacticiels ont
prouvé leur intérêt et donnent satisfaction -
même si beaucoup reste à faire par le Service Public
dans ces domaines. Dans l'intérêt des
élèves, dont l'essentiel de la vie professionnelle se
déroulera au siècle prochain, il n'est plus possible de
différer encore sous prétexte que rien n'est stable
dans ce domaine, que toutes les conditions ne sont pas remplies. Le
seront-elles d'ailleurs jamais ?
L'EPI donne la priorité, dans l'enseignement
général comme dans les enseignements technologiques et
professionnels, à l'intégration de l'informatique dans
les différentes disciplines ; il convient de
préciser pour chacune d'elles son impact sur les contenus
enseignés et dans quelle mesure elle permet d'envisager de
nouveaux contenus. Une mission nationale et le Conseil National des
Programmes pourraient réaliser les bilans nécessaires.
Des objectifs globaux à atteindre, des compétences
à acquérir par les élèves devraient
être soigneusement définis pour chaque étape du
cursus scolaire. Ces compétences pourraient être
acquises grâce aux actions conjointes des différentes
disciplines, du CDI, du travail indépendant, des modules
informatiques...
L'EPI contribue, par sa présence au sein du Conseil
Scientifique National, au développement et à
l'évolution de l'option informatique des lycées
répondant à une demande plus spécifique.
Pour compenser une certaine dérive élitiste de cette
option, qui ne tient pas forcément à la matière
elle-même, l'association est favorable à une
diversification de cet enseignement (possibilité de
différents modules), ainsi qu'à un contrôle en
cours de formation.
Rappelons que, dans l'enseignement général, une
discipline informatique obligatoire n'est pas souhaitable sur
l'ensemble du cursus, pas plus qu'il n'est souhaitable de rattacher
l'informatique aux mathématiques.
Dans l'enseignement technologique et professionnel, il faut
poursuivre résolument l'introduction des technologies modernes
dans tous les enseignements en collaboration, chaque fois que
nécessaire, avec les milieux universitaires et professionnels
compétents.
Les Universités doivent amplifier leur effort
d'intégration de l'informatique dans l'ensemble des
enseignements scientifiques et littéraires en même temps
que, devant l'ampleur des problèmes de formation, elles
doivent se lancer résolument dans l'utilisation des moyens
modernes de traitement et de diffusion de l'information.
L'enseignement en amphi conduit à la
dépersonnalisation du fait d'effectifs de plus en plus
nombreux. Il est possible, si on en a la volonté, de concevoir
dès maintenant des formes de transmission des connaissances,
faisant appel aux Technologies de l'Information et de la
Communication, qui permettent de libérer du temps et de
l'espace ainsi disponibles pour des activités en groupe plus
restreints (travaux pratiques, travaux dirigés).
Dans tous les cas, les modes d'évaluation doivent s'adapter
aux nouveaux contenus et aux nouvelles méthodes.
Il faut augmenter de façon importante le nombre
d'ingénieurs en informatique en portant l'effort sur les
formations à bac + 4/bac + 5 et en
permettant aux techniciens supérieurs
expérimentés d'accéder aux diplômes de ce
niveau.
Les moyens en logiciels et en matériels
L'informatique permet de moderniser les contenus, de créer
des situations pédagogiques nouvelles donc de diversifier les
approches, encore faut-il que les enseignants puissent
élaborer ou acquérir matériels, logiciels et
produits multimédias répondant à leurs besoins.
1 - Logiciels et produits multimédias
Il est et il sera de plus en plus artificiel de séparer
l'informatique des autres techniques éducatives visuelles et
sonores. Il convient de réfléchir dès maintenant
en terme de multimédias sans pour autant, par une sorte de
fuite en avant, négliger les didacticiels et progiciels
peut-être moins spectaculaires mais susceptibles d'une
utilisation immédiate avec les moyens actuels.
Chaque discipline et groupe de disciplines,
représentés par des praticiens confirmés,
devront faire le bilan des acquis en matière de logiciels - en
explorant l'ensemble des sources - devront recenser les besoins
exprimés et définir un certain nombre de
priorités pour le court et le moyen termes.
La création dans le service public d'un Atelier National
Logiciel nous semble prioritaire. Il devrait être le volet
logiciel d'un projet informatique global et volontariste. Il serait
chargé de l'édition et de la diffusion de logiciels
dont les enseignants ont besoin. Il pourrait aussi mettre à la
disposition des académies des outils de développement.
La diffusion serait faite au prix du support par les réseaux
de distribution (réseau CNDP, centres de ressources).
La validation des logiciels serait sous la responsabilité
d'une structure indépendante du type "Comité
Scientifique National".
La rentabilité commerciale n'étant pas le moteur de
l'Atelier National Logiciel, il serait possible pour chaque logiciel,
que soient en contact, l'auteur, le développeur et les
personnes chargées de la diffusion. Il serait alors possible
de fournir avec chaque logiciel une documentation pédagogique
et informative répondant de façon précise aux
préoccupations de l'enseignant désireux d'utiliser le
produit avec ses élèves.
L'Atelier National Logiciel serait chargé de la gestion de
la didacthèque nationale, de la diffusion des informations
concernant les productions des enseignants, de l'incitation à
la création.
Dans notre esprit, cet Atelier ne doit pas être en situation
de monopole (le monopole d'édition privée qui existe
actuellement ne nous semble pas non plus souhaitable). Au contraire,
la collaboration entre les secteurs public et privé nous
semble être le mode normal de fonctionnement :
coéditions possibles, sous-traitance, collaborations
techniques... dès l'instant que sont satisfaits les besoins du
système éducatif.
Des solutions doivent être trouvées pour que les
enseignants souhaitant utiliser chez eux des didacticiels et des
progiciels dans le cadre de la préparation de leurs cours (sur
des matériels qui ont déjà
nécessité une mise de fonds importante) puissent
disposer de ceux-ci gratuitement au moins pour la durée d'un
prêt.
Dans le même ordre d'idée, il est anormal que les
enseignants n'aient pas accès, à titre individuel, aux
achats sous licence.
Rappelons enfin que la loi du 3 juillet 89 sur la protection des
logiciels nous semble totalement inadaptée au service
éducatif.
La démarche pédagogique est prioritaire sur le
logiciel. Il faut que la variété des logiciels
pédagogiques disponibles soit telle que l'enseignant puisse
faire des choix en fonction de sa pédagogie. On verrait alors
comment des logiciels considérés comme imparfaits ou
"trop simples" - à l'inverse des grands progiciels par exemple
- peuvent avoir un impact pédagogique important.
Les enseignants ont besoin aussi bien de ces progiciels puissants
et performants que de logiciels moins prétentieux, mais
pédagogiquement efficaces. Ainsi, convient-il par exemple de
réhabiliter les exercices d'entraînement et
d'évaluation - qu'il est souvent de bon ton de dénigrer
- et qui pourtant peuvent être utilisés avec profit par
les élèves. Les activités permises par ces
didacticiels sont bien identifiées, les résultats
obtenus facilement mesurables. Les enseignants y prennent souvent un
premier contact en confiance avec l'outil informatique et
peuvent ensuite aborder des didacticiels pédagogiquement plus
riches mais plus complexes d'utilisation.
Toute démarche enseignante - l'informatique
pédagogique n'y échappe évidemment pas - est
sous-tendue par un présupposé pédagogique. Pour
ce qui concerne les didacticiels, il est important que les
présupposés des auteurs soient clairement
explicités et facilement consultables avant l'achat. La
diversité des approches doit être la meilleure garantie
contre l'instauration d'une norme pédagogique dans ce domaine.
Reste que le champ du possible, déjà vaste, ne peut
que se complexifier ; l'enseignant voulant faire profiter ses
élèves de l'apport de l'informatique se heurtera de
plus en plus à des problèmes d'information. Quels sont
les logiciels susceptibles de répondre à ses
besoins ? Que permettent-ils de faire ? Comment se les
procurer ? Comment les mettre en oeuvre ?... Une
didacthèque nationale exhaustive et de qualité doit
être consultable par minitel (36-13). Les logiciels doivent
être disponibles pour consultation dans le réseau CNDP.
La mise en place de logithèques académiques regroupant
à la fois des produits du public et du privé doit
être vivement encouragée.
2 - Matériels
L'EPI souhaite la création d'une commission nationale
permanente de réflexion sur les matériels et de veille
technologique qui aurait à proposer une politique
cohérente d'équipement se développant dans la
durée et serait l'interlocutrice privilégiée des
responsables académiques. La finalité première
des matériels étant leur utilisation
pédagogique, cette commission devra obligatoirement comporter
des représentants des enseignants utilisateurs et être
particulièrement attentive aux résultats des
expérimentations menées sur le terrain. Là comme
ailleurs la concertation est indispensable.
L'achat et le renouvellement des matériels étant
maintenant de la responsabilité des collectivités
locales, il est à craindre qu'une certaine
inégalité s'instaure entre les établissements
scolaires. Des processus régulateurs doivent être mis en
place.
L'évolution prévisible des matériels doit
être intégrée à toute réflexion
prospective sur l'utilisation pédagogique des technologies
modernes. Les logiciels et les formations doivent être
pensés en conséquence. Ainsi, la baisse des coûts
des écrans de grande dimension encouragera l'utilisation
collective des outils multimédias ; la
généralisation des ordinateurs de poche fera que, d'ici
quelques années, chaque élève et étudiant
disposera d'un ordinateur puissant comme il dispose actuellement
d'une calculatrice, l'enseignement doit s'y préparer.
Il est fondamental que la commission "matériels" puisse
informer les responsables suffisamment à l'avance de telles
tendances qui devront nécessairement influencer les politiques
de recherche pédagogique, de conception de logiciels et de
formation des enseignants.
Soucieuse d'un système éducatif toujours mieux
adapté à son temps, l'EPI propose que tout enseignant
en exercice puisse obtenir des conditions très favorables
(participation de l'Etat, réduction sur le prix d'achat,
réduction d'impôt...) pour l'achat d'un ordinateur et de
périphériques destinés à la
préparation de son travail professionnel et que chaque
étudiant se voie prêter, pour la durée de ses
études en IUFM, un ordinateur portable ainsi que les
principaux logiciels de base.
Dans chaque établissement scolaire, tout enseignant doit
pouvoir utiliser un ordinateur pour préparer ses cours, ses
travaux personnels ou consulter des logiciels qu'il souhaite mieux
connaître avant de se les procurer. A brève
échéance, il faut que chaque salle de réunion
des enseignants soit équipée au minimum d'un ordinateur
et d'une imprimante.
Structures
Rappelons que, pour un développement cohérent et
durable de l'informatique dans le système éducatif,
l'EPI demande la création d'une mission permanente
placée directement sous la responsabilité du Ministre
d'Etat rassemblant des compétences réelles et qui
aurait à faire des propositions pour le moyen et le long
termes. La régionalisation, qui permet une meilleure
adaptation des initiatives aux besoins locaux, engendre aussi
répétition et dispersion des efforts. Cette mission
serait l'interlocutrice privilégiée des missions
académiques dans lesquelles devraient être
représentés syndicats, associations
représentatives et personnalités reconnues pour leur
compétence.
Dans les établissements, toute démarche
pédagogique incluant l'informatique nécessite pour sa
pleine efficacité qu'un ensemble de moyens soit mis en oeuvre.
Ce qui peut apparaître comme une dépense
supplémentaire est souvent une économie globale
réalisée. Il en est ainsi du demi-service,
demandé de longue date par l'EPI, pour le soutien technique et
pédagogique des enseignants. Sans ce soutien indispensable,
les investissements consentis pour la formation, les matériels
et les logiciels sont trop souvent gaspillés voire perdus.
Les établissements regroupant des équipes
particulièrement actives devraient obtenir des moyens
spécifiques en matériels, logiciels et contingents
horaires.
Un statut de formateur en informatique pédagogique serait
à définir.
Le déploiement de l'informatique dans le système
éducatif concerne également l'informatique de gestion
administrative et d'organisation pédagogique. Il y a beaucoup
à faire dans le domaine des emplois du temps, du suivi des
élèves, de l'information de chacun. La formation des
chefs d'établissement et de leurs collaborateurs est
indispensable.
Formation des enseignants
" ... Dans le cadre des orientations définies
par l'Etat, ces instituts conduisent les actions de formation
professionnelle initiale des personnels enseignants. Celles-ci
comprennent des parties communes à l'ensemble des corps et des
parties spécifiques en fonction des disciplines et des niveaux
d'enseignement... "
" ... Les instituts universitaires de formation des
maîtres participent à la formation continue des
personnels enseignants et à la recherche en
éducation... " Art. 17
" ... Tous les enseignants, qui seront recrutés
à partir de 1992 au niveau de la licence,
bénéficieront, après leur recrutement, d'une
formation professionnelle. Ils recevront une base commune de
formation. Elle sera axée autour de trois objectifs:
- l'acquisition des connaissances et des savoir-faire
nécessaires pour concevoir, contrôler et faire
évoluer les situations d'apprentissage et
d'enseignement ;
- une connaissance de l'institution scolaire, de ses
publics et de l'environnement économique, social et
culturel dans lequel ils vivent ;
- l'acquisition de compétences dans les
différentes techniques de la communication et de
l'informatique... "
" ... Ils bénéficieront des
compétences de formateurs d'horizons divers... "
Rapport annexé.
Il est de la responsabilité du MEN de prévoir que la
formation des enseignants ne leur fasse pas courir le risque
d'être largement dépassés, dans le domaine de
l'informatique, par leurs élèves ou leurs
étudiants. Revaloriser le métier d'enseignant c'est
également tout faire pour que son image soit celle de la
compétence dans la modernité.
Nous renvoyons à la contribution du groupe
"Formations" de l'EPI publié dans le Bulletin n°57 de
mars 90, pages 43 à 47
Recherche pédagogique
" ... Son développement [celui de
l'informatique] à l'école, amorcé depuis 1970 et
renforcé grâce au plan informatique pour tous, sera
poursuivi et appuyé notamment par un effort de recherche
pédagogique... " Rapport
annexé.
L'effort de recherche doit être amplifié. A ce titre,
il est fondamental que la loi d'orientation pour l'Education, dans
son rapport annexé, reconnaisse l'importance de la recherche
pédagogique dans le développement de l'informatique
à l'Ecole.
Les ordinateurs n'apportent pour l'instant qu'une faible
contribution à l'enseignement et à la formation et cela
dans tous les pays. Si on les compare aux progrès techniques
gigantesques, réalisés en quelques dizaines
d'années, les progrès en matière d'utilisation
pédagogique des machines sont modestes. Faut-il s'en
étonner quand on connaît les moyens matériels et
humains mis à la disposition, pas seulement en France, de la
recherche pédagogique ?
Or l'ordinateur permet de nouvelles approches, de nouveaux
contenus, de nouvelles situations d'apprentissage qu'il convient de
recenser par une recherche permanente proche du terrain.
Il existe des pratiques innovantes, spontanées,
multiformes, qu'il convient de répertorier, d'encourager, de
faire largement connaître (en faisant appel aux technologies
modernes, télévision, télématique...).
Il faut parvenir à expliciter les apports et les limites de
l'informatique dans tous les domaines : modernisation et
diversification des approches dans toutes les disciplines,
présentation de concepts difficiles, mise de
l'élève en situation de recherche, individualisation du
travail, soutien, développement de capacités
transversales en termes de savoirs et de savoir-faire. Ceci est
d'autant plus important que les besoins en formation (notamment en
formation initiale) sont très importants.
Pour ces situations nouvelles de nouveaux logiciels doivent
être conçus et testés avant d'être mis
à la disposition de tous. C'est là le rôle du
Service Public qui doit être pour cela doté des moyens
nécessaires. Créativité, émergence
d'idées nouvelles, scénarios pédagogiques
originaux, beaucoup reste encore à faire.
Il faut définir un statut d'enseignant-chercheur pour une
durée déterminée, dans le cadre d'équipes
de recherche constituées, sur un cahier des charges
précis aboutissant à une publication largement
diffusée (dans les Centres de formation, dans les
établissements...). Pour être fructueuses, les
recherches doivent concerner des équipes réunissant des
compétences différentes (enseignants du second
degré, chercheurs, universitaires...).
Il serait souhaitable que le CNRS développe des travaux
dans le domaine des apprentissages.
Toute recherche suppose un processus de communication de ses
résultats. Un large recensement des recherches
déjà effectuées et en cours doit être
facilement disponible par minitel.
Il est inévitable que ces actions soient
diversifiées dans le temps, dans l'espace, avec des
équipes variées. Il est important qu'elles soient
efficacement coordonnées aussi bien d'un point de vue
"vertical" : de la recherche théorique aux applications
sur le terrain et réciproquement, que d'un point de vue
"horizontal" : entre centres académiques ou avec des
organismes spécialisés (ex. : IREM).
Conclusion
" ... L'école a aussi pour vocation de
participer à l'adaptation permanente des femmes et des hommes
aux évolutions sociales, technologiques et professionnelles de
notre société... " Rapport
annexé.
L'informatisation de la Société est un
phénomène irréversible entraînant des
bouleversements à long terme y compris dans le système
éducatif qui doit reconsidérer en partie ses objectifs,
ses contenus et ses méthodes d'enseignement et de
formation.
Le développement de pratiques dispersées au cours
des vingt dernières années nécessite
impérativement un discours sur l'intégration
cohérente de l'informatique dans l'ensemble des cursus de
l'Ecole à l'Université ainsi que dans la formation des
adultes. Ce discours ne doit pas être figé et abstrait,
mais doit tenir compte des réalités que sont la
formation actuelle des enseignants, les matériels et logiciels
disponibles..., tout en étant raisonnablement prospectif.
La matière ne manque pas ; beaucoup d'idées ont
déjà été émises notamment dans nos
publications et dans de nombreux rapports dont le dernier en date,
celui de Monique GRANDBASTIEN, doit être exploité.
Ce qui manque c'est la volonté clairement affirmée
du Ministère de l'Education Nationale d'une politique
globale (matériels, recherche, logiciels, programmes
d'enseignement...) se développant dans la cohérence, la
continuité et la durée. Tout ne sera pas possible
simultanément, il faudra faire des choix progressifs
cohérents et s'y tenir. L'image positive de l'informatique
dans l'opinion publique est de nature à faciliter une telle
politique.
En même temps, un réel fonctionnement
démocratique s'impose à tous les niveaux de
décision. Ce n'est pas toujours le cas actuellement.
Dans un domaine aussi neuf et difficile, la réflexion doit
s'appuyer résolument sur la concertation. Des
procédures claires doivent être définies.
L'information doit être largement diffusée.
Il est difficile de préciser les échéances
tant de nombreux facteurs, comme la résistance au changement
par exemple, sont imprévisibles ; mais il est certain que
l'informatique et les Technologies de l'Information et de la
Communication en général, modifieront très
largement le système d'éducation et de formation. De
puissants moyens technologiques liés à l'informatique,
à la télématique et à l'audiovisuel
seront progressivement accessibles au grand public ; des
didacticiels "intelligents" apparaîtront sur le marché.
Il y a là un risque de plus d'inégalité
sociale que l'école se doit de compenser.
La séparation déjà plus ou moins nette
actuellement, entre éducation (des jeunes) et formation
(continue des adultes) perd peu à peu son sens dans la mesure
où l'évolution rapide des savoirs et des techniques ne
permet plus de former définitivement un individu au cours de
sa scolarité. Dans une formation répartie au cours
d'une vie professionnelle, les Technologies Educatives Modernes
utilisant l'ordinateur, la télématique, la
télévision, le vidéodisque... doivent occuper
une place importante qu'elles n'ont pas actuellement.
Là aussi, il faut conduire, dans la concertation, une
réflexion prospective à partir des
réalisations déjà amorcées en France et
à l'étranger.
Identifier les problèmes posés par le système
éducatif, apprécier la place de l'informatique, faire
le bilan des acquis, exercer une veille technologique, maintenir
à un haut niveau la recherche pédagogique et la
formation des enseignants, mettre en place une production de
logiciels répondant aux besoins, actualiser les programmes
d'enseignement en donnant la priorité au qualitatif sur le
quantitatif et en intégrant l'informatique, renforcer la
coopération internationale... autant de tâches,
difficiles mais cruciales pour l'avenir du système
éducatif, à réaliser au cours de cette
décennie, tâches auxquelles l'EPI continuera
à apporter activement sa contribution.
Paru dans la Revue de l'EPI n° 60 de décembre 1990.
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Association EPI
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