Conte au collège Jacques Mauger Cet article présente un exemple d'emploi du logiciel CONTE en classe de français, plus précisément dans une 3ème de collège, et donne des indications sur la nouvelle version de ce produit, qui porte le nom de CONTE 2. INTRODUCTION Le logiciel CONTE édité par FIL est un des plus couramment employés actuellement en classe de français. Présent dans les « valises IPT », il a attiré l'attention d'un certain nombre de collègues, tant professeurs qu'instituteurs. Il semble d'ailleurs que son emploi soit plus fréquent au cours moyen qu'au collège. Certains professeurs lui reprochent en effet un côté « simpliste » ou « limité » qui d'après eux ne permet pas de l'employer utilement avec des élèves plus âgés. Par ailleurs, les défauts techniques de fonctionnement - mineurs mais irritants - relevés dans la première version ont pu rebuter certains utilisateurs. L'objet de cet article est donc de :
I - PROBLÈMES TECHNIQUES DE LA VERSION 1 Les remarques suivantes ne concernent que la première version diffusée par FIL (valise IPT). Le problème essentiel était celui de la sortie imprimante : il n'était pas possible d'obtenir une sortie complète, le texte créé était irrémédiablement tronqué, et de plus les mots étaient coupés n'importe comment à la marge droite. Ce problème est résolu depuis longtemps. Dans l'académie d'Aix par exemple, plusieurs formateurs ont corrigé le logiciel. Les corrections à faire peuvent être obtenues auprès des différentes antennes du Centre de Ressource des Technologies Nouvelles (Marseille, Aubagne, Istres, Cavaillon, Digne, Gap). Je suppose qu'il en est de même dans les autres académies. Il ne faut pas confondre ce défaut réel avec la traditionnelle non-sortie de fichier imprimante, due avec NR33 à la saturation de la disquette A (sans message d'erreur pour l'annoncer). Veiller à ce qu'il reste toujours assez de place sur A pour les fichiers spool quand on utilise un traitement de texte ou un programme comme CONTE qui génère de nombreux fichiers .IMP ! II - PRÉSENTATION DE LA VERSION 2 Cette version corrige les défauts antérieurs et présente les améliorations suivantes :
Il faudra tester exhaustivement les possibilités nouvelles pour s'assurer de leur fonctionnement correct, mais on peut affirmer que la possibilité de reprendre et de compléter un texte commencé dans une autre séance est une amélioration essentielle, et qui fonctionne parfaitement. Le professeur devra évidemment indiquer aux élèves les noms de fichier à employer pour la sauvegarde. Par ailleurs, il n'est plus possible - en janvier 1989 - de se procurer ce logiciel auprès de la CAMIF. Il faut espérer que la diffusion des produits de FIL sera reprise par un autre fournisseur. III - EXEMPLE D'UTILISATION EN CLASSE DE 3ème Cette proposition d'insertion de l'emploi du logiciel CONTE en classe de troisième s'inspire largement d'un compte-rendu rédigé par J.-P. Generosi, professeur de Lettres au collège Bastide du Tron (Marignane), ainsi que d'une étude de J.-C. Fontaine, instituteur et animateur informatique, publiée dans le journal du CRTN (Aix-Marseille). 1. Thème d'ensemble : les contes (niveau 3ème de collège) L'ensemble du travail effectué sur ce thème n'est pas détaillé dans ce compte-rendu, mais peut en être déduit facilement. 2. Objectif de cette phase du travail : introduction à l'Orient littéraire 3. Déroulement - première séance (1 heure), synthèse : les contes d'Occident a/ Jeu de questions et de réponses permettant le rappel des personnages imaginaires et mythiques rencontrés par les élèves dans leurs lectures (explication, lect. dirigées, lect. suivies). À titre d'exemple, voici les personnages retrouvés par une classe de troisième d'assez bon niveau : Géants : Gargantua (*), le Morholt (* : Tristan et Yseut, Micromé gas, Polyphème, l'Ogre (Petit Poucet), Gulliver(*). Cette synthèse rapide s'appuie sur des lectures effectuées au premier trimestre (*) ou les années antérieures, et dégageant certains personnages de contes, devenus traditionnels au cours des siècles. b/ Vers l'Inconnu :
- deuxième séance : utilisation du programme informatique « CONTE ». (1 heure ou moins suivant les modalités retenues) Pour cette première séance en salle d'informatique, on utilise l'option « conte aléatoire » proposée par le menu. Le logiciel génère (beaucoup plus rapidement avec la version 2 qu'avec la version 1) autant de contes aléatoires que l'on a lancé de postes de travail. Les élèves lisent à l'écran le texte produit par l'ordinateur, puis demandent sa sortie sur imprimante. Il est possible de « gagner du temps » en faisant générer préalablement, en dehors de la présence des élèves, les textes nécessaires. Cependant, pendant cette séance, les élèves découvrent le fonctionnement du logiciel et certaines de ses commandes, ce qui rend le travail plus rapide ensuite. Et l'aspect quelque peu « magique » de cette génération d'un texte par une machine les intrigue beaucoup : autant profiter de cette motivation ! Toutefois, avec 12 postes de travail, le tirage sur imprimante prend beaucoup de temps. On se trouvera bien d'écourter cette phase en ayant préparé les photocopies nécessaires (pas forcément de contes tous différents) afin que chaque élève (ou chaque binôme) dispose rapidement du texte sur lequel va porter la suite du travail. - troisième séance (1 heure) : étude des contes aléatoires produits par l'ordinateur Si on demande simplement aux élèves leur opinion, sans vouloir trop structurer le déroulement de la discussion au départ, ils ont en général tendance à dresser un tableau contradictoire de ce qu'ils appellent les « avantages » et les « inconvénients » de ce type de programme :
Toutes ces réflexions émanent d'élèves, et sont parfois un peu « naïves ». Le professeur, de son côté, orientera la séance vers la révision des notions de plan, de portrait et de logique du récit (même dans le domaine de l'imaginaire). Surtout, une comparaison détaillée des textes produits peut permettre aux élèves de découvrir qu'ils ont tous la même structure, ceci au niveau du plan général, comme de chaque paragraphe et presque de chaque phrase à l'intérieur du même paragraphe. Voici quelques éléments à faire découvrir :
Cette fixité se retrouve dans la structure même des phrases : - 1re phrase : complément de lieu/verbe/sujet/épithète/épithète On peut faire la même démonstration pour les autres paragraphes, en relevant progressivement avec les élèves les éléments fixes et les variantes. Ces contes « aléatoires » se ressemblent tous. Ils sont bâtis sur une même structure. Caque paragraphe est construit sur un modèle fixe. Chaque phrase est, elle aussi, bâtie sur un modèle fixe. On peut en déduire comment le programme les crée :
Il est également intéressant de faire remarquer aux élèves que les adjectifs sont accordés correctement, ce qui implique la présence de « marqueurs » du genre des noms dans le fichier. - quatrième séance (1 heure) : exploitation des comptes-rendus de lecture Lecture de comptes-rendus (notamment de contes « orientaux »), mise en évidence des enrichissements possibles : richesse de certains portraits, variété des situations, apparition d'histoires secondaires (tiroirs) .. l'imaginaire et le réel. - cinquième séance (1 heure) : création d'un conte en utilisant l'option « conte personnel » Les consignes peuvent être variées, depuis « Rédigez un conte sur le modèle traditionnel » jusqu'à « Construisez un conte absurde en faisant des choix contradictoires ». L'expérience montre que le « détournement du logiciel » n'est pas très facile, tellement la structure imposée est contraignante. On peut aussi imposer aux élèves de prendre systématiquement l'option « autre choix » ; pour certains, cela rend l'exercice très difficile. Suivant le degré de familiarisation des élèves avec l'emploi de l'ordinateur, et les consignes de rédaction, il est possible que cette séance exige plus d'une heure. Dans ce cas, la version 2 permet de mémoriser le texte commencé (à la fin de chaque paragraphe), et de continuer le travail à une autre séance. On peut aussi, si les élèves connaissent le traitement de texte SCRIPTOR, se servir des utilitaires de CONTE 2 pour mettre le texte produit à ce format, pour correction ultérieure. Noter que la mise au format ASCII ne fonctionne pas correctement, à cause du codage des lettres accentuées spécifique du MO5 (le é représenté par Be...). A la rigueur, on peut utiliser un éditeur (celui de TURBO-PASCAL fait l'affaire), pour remplacer automatiquement tous les groupes Be par é, et de même pour è, à, ù, ô, etc... Si le coeur vous en dit, et si l'oeuvre le mérite ! - exploitation écrite : composition française traditionnelle, sous la forme d'une réécriture des contes obtenus sur ordinateur (enrichissements divers). Les principales consignes données peuvent être de développer les cadres seulement suggérés par le programme mais non développés pendant la séance sur ordinateur, et de chercher à créer une ambiance précise (conte moderne ou merveilleux ou classique...) Les résultats sont très variables suivant le niveau général des élèves. - sixième séance (1 heure) : correction des travaux CONCLUSION Je laisse la parole à M. Générosi : « Les travaux de synthèse ont débouché sur une ouverture vers le deuxième trimestre et un programme très structuré où l'informatique s'est glissée à la fois comme outil, support de réflexion, et source de création. Jacques Mauger Paru dans la Revue de l'EPI n° 55 de septembre 1989. ___________________ |