Quel que soit le nouveau Gouvernement mis en place à lissue des élections législatives, son devoir, face à la révolution technologique et à la compétition internationale, sera dassurer lavenir économique et culturel de la France en lui permettant de disposer à court terme datouts et de compétences fortes dans le domaine des sciences et techniques de linformation et de la communication. Ce besoin, qui ira croissant, ne pourra être satisfait que dans une société dont la culture aura intégré ces technologies grâce à un système éducatif résolument tourné vers le XXIème siècle.
Cest dans ce sens et pour faire connaître notre analyse et nos propositions quà loccasion de la campagne électorale le Bureau National de lEPI a adressé un courrier, accompagné de la déclaration de lAssemblée Générale doctobre 1996, à de nombreuses personnalités, candidats et responsables des différentes formations politiques.
Paradoxalement, alors que le thème des nouvelles technologies est totalement absent du débat et des projets éducatifs proposés (exception faite dun parti qui mentionne dans son programme la formation des élèves au multimédia et à Internet), les réponses reçues, toutes tendances confondues, approuvent sans réserve notre démarche et nos arguments et sengagent à les soutenir. Nous en prenons note et attendons des actes : nous ne pouvons nous accommoder de déclarations de circonstance.
La nouvelle Assemblée devrait donc pouvoir, unanimement et sans tarder, donner enfin à notre système éducatif des moyens à la hauteur des enjeux.
Les conditions de cette mutation semblent réunies :
· Les missions parlementaires sur les nouvelles technologies se succèdent (Voir éditorial du numéro 85 de mars 1997.). Après le sénateur Lafitte (Voir compte rendu dans la rubrique " Informations générales ".), le sénateur Martin-Lalande vient à son tour de déposer son rapport sur les réseaux et demande, entre autres, que chaque français ait son adresse Internet (Voir extraits dans la rubrique "Documents). Mais faudrait-il encore donner à chaque français un PC, un modem et un abonnement comme le fait fort à propos remarquer l'éditorialiste du magazine 01 Informatique.
· Parallèlement, lors de sa dernière réunion, le CIAT (Comité Interministériel dAménagement du Territoire, réuni à AUCH le 10 avril 1997.)a décidé de consacrer 80 millions de francs pendant 3 ans à la mise en réseau des établissements secondaires et dune partie des écoles. Nous rappelons que ces mesures pour léquipement doivent être accompagnées dune réflexion sur les contenus et dune formation de tous les enseignants.
· Pour sa part, le Ministère de l'Éducation nationale, que lEPI sollicite inlassablement, sort de sa réserve et ne ménage pas ses annonces. Le B.O. en date du 1er mai publie une interview et deux notes ( Voir la rubrique " Documents ".) de Bernard Dizambourg directeur de la DISTNB (Direction de lInformation Scientifique, des Technologies Nouvelles et des Bibliothèques).Ces textes, qui ont le mérite dexister et de comprendre des pans entiers nous convenant, sont malheureusement parsemés de " devrait ", " il faudrait " et, une fois encore, ce ne sont que des notes (même pas des circulaires) nengageant personne dautant plus que leur auteur est appelé à dautres fonctions et nous ignorons quelle sera la position de son remplaçant.
· Dans une note (Voir en page 174.) adressée aux responsables des MAFPEN par la Direction des Lycées et Collèges, le responsable du Bureau chargé des enseignements en Lycée relève et analyse les difficultés rencontrées pour le développement de loption informatique et conclut sur la nécessité de développer dans les académies les formations initiale et continue des enseignants.
· LInspection générale semble vouloir donner des orientations allant dans le même sens.
· Des personnalités de tous horizons, des experts demandent à travers les médias que les décideurs donnent à lécole les moyens " dorganiser la révolution culturelle quon attend delle ".
· Enfin, à la base, de nombreux enseignants, souvent avec des moyens réduits, mènent déjà depuis longtemps de remarquables actions et expériences de terrain qu'il conviendrait de mutualiser et qui mériteraient une reconnaissance institutionnelle.
Il est donc grand temps de passer de lexpérimentation à la généralisation afin que la France ne reste pas à lécart de la société de linformation et cela relève de la responsabilité et des décisions des politiques qui nous gouvernent. Cest dans cette optique que le groupe EDI (enseignement de linformatique) de lEPI, rejoignant les préoccupations dautres organisations (Voir communiqué dans la rubrique " Documents ".), a engagé une réflexion sur la création dune nouvelle discipline de culture générale, Sciences et Techniques de lInformation et de la Communication, afin que lécole éduque et maintienne la cohésion sociale en offrant à chacun les moyens de dépasser les inégalités et de sinsérer dans cette société porteuse de nouveaux emplois.
A loccasion du séminaire " Le maître, linformation, lélève ", organisé dernièrement au Luxembourg par la Commission Européenne, lEPI a présenté ses recommandations afin délaborer les moyens pour développer la formation des maîtres aux multimédias en termes pédagogiques. Nous transmettrons ce dossier au prochain Ministre de l'Éducation nationale qui, à peine nommé, devra participer avec ses homologues à la conférence des états de lUnion européenne en juin 1997. L'éducation et la formation seront au coeur des débats et ce projet français pourrait prendre une dimension communautaire avec pour dessein doffrir à la jeunesse, à défaut d'un " rêve européen " ( Proposé par J.L. Reiffers, Président du Groupe de réflexion sur l'éducation et la formation dans son rapport " Accomplir lEurope par léducation et la formation ".) , des raisons d'espérer en l'avenir.
Jean-Bernard VIAUD
Président de lEPI
23 mai 1997