ÉDITORIAL Un problème de rapport Q/P Regardons autour de nous, l'informatique se développe partout où elle rend des services évidents sans introduire des contraintes majeures. Elle ne se développera de façon significative dans l'enseignement que lorsqu'elle résoudra plus de problèmes qu'elle n'en pose. Il faudra d'abord qu'elle « facilite la vie » de l'étudiant au cours de sa formation de telle sorte qu'il voit l'intérêt, devenu enseignant, de la mettre à la disposition de ses élèves. Il faudra aussi qu'il y soit encouragé par des programmes rénovés et des recommandations explicites. Il faudra surtout que l'informatique facilite sa démarche pédagogique grâce à des logiciels adaptés, nombreux, diversifiés et raisonnablement faciles d'emploi. Aucun individu « normal » ne souhaite a priori compliquer sa tâche, celle de l'enseignant est déjà lourde ; au contraire chacun cherche naturellement le rapport qualité/prix le plus favorable possible. Nous sommes actuellement pour des raisons diverses dans une phase où, pour la grande majorité des enseignants, le prix à payer est trop lourd et donc le rapport jugé dérisoire. Comment augmenter ce rapport ? En augmentant la « qualité » : l'informatique ne s'imposera que si elle contribue efficacement à résoudre des problèmes didactiques et pédagogiques difficilement solubles par les approches traditionnelles. Par exemple, faire face à l'hétérogénéité des classes, créer des motivations fortes par un travail valorisant avec des outils modernes, mettre les élèves en situation de recherche, faciliter leur autonomie... La liste n'est pas exhaustive. Un recensement des apports de l'informatique et des technologies associées dans les différentes disciplines a été réalisé par les groupes EPI. Nous le faisons connaître. De nombreux articles ont été publiés et continuent de l'être dans le Bulletin de l'association. Le travail est également engagé dans les Directions, à l'INRP, au CNDP, dans plusieurs Groupes Techniques Disciplinaires, etc. [1] Souhaitons qu'il soit mené à son terme et conduise à des décisions. En diminuant le « prix » : nous voulons parler, chacun l'a compris, des difficultés qu'il convient d'aplanir. Un enseignant correctement formé, dès sa formation initiale, ne rencontrera guère de difficultés à utiliser des logiciels conviviaux, répondant à ses besoins pédagogiques, sur des machines disponibles au bon endroit. Il n'aura pas de difficultés non plus à s'adapter aux évolutions à venir. Il y sera encouragé si son travail personnel en est facilité : accès à des banques de données pédagogiques, utilisation de logiciels aidant à l'évaluation et d'outils facilitant la création de documents pédagogiques personnalisés. Ce rapport Q/P a une chance d'atteindre une valeur considérée comme attrayante par la grande majorité des enseignants dans des délais raisonnables si une volonté politique cohérente et durable se manifeste. Elle seule peut peser efficacement et vite sur la formation initiale, l'évolution des programmes, la recherche pédagogique, les équipements et la production de logiciels répondant aux besoins. Nous nous répétons. Mais une vérité répétée ne devient pas moins vraie. Paris, le 20 mai 1992 Jacques LUCY, Président Paru dans la Revue de l'EPI n° 66 de juin 1992. NOTE [1] Deux collègues, Victor Marbeau, IGEN, et Thierry Hatt viennent de faire un bilan très complet (cf. rubrique « Nous avons reçu ») des possibilités offertes par les technologies modernes en matière d'éducation. Espérons avec les auteurs, « que le recensement du possible et du souhaitable en matière de Technologies Nouvelles pourra apporter une contribution appréciable à leur diffusion ». Mais si les bilans sont des conditions nécessaires, ils sont loin d'être suffisants ! ___________________ |